La résistance s’organise : Radio-Nairobi et les Forces Françaises Expatriées

L’ICIPE, l’institut où je travaille, est un institut des plus cosmopolites, où l’on rencontre pêle-mêle des Kenyans, des Tanzaniens, des Indiens, des Allemands, des Anglais, des Français, des Béninois et des Coréens. C’est bien loin de l’IFP où l’on se retrouvait entre français, et un mfaransa (un français en swahili) peut s’y sentir un peu perdu. Mais tout n’est pas perdu pour la francophonie. Si l’anglais est la lingua franca de l’institut, avec quelques termes swahili pour faire couleur locale, un petit groupe d’irréductibles gaulois résiste encore et toujours à l’assimilation.
C’est une demi-douzaine de français qui se réunit les midis pour prendre le café dans un labo désert. Tous taillés sur le même modèle, ils ont sillonné l’Afrique de l’Ouest dans le cadre des Instituts Techniques. Ils ont connus la guerre et les coups d’État, et ils échangent leurs souvenirs de rapatriement d’urgence en rigolant autour d’une tasse d’Arabica kényan : « Le dernier soir avant qu’on nous évacue, on était dans le jardin, on voyait les roquettes passer de l’autre coté du mur. »
La quarantaine, les cheveux coupées courts et la chemise réglementairement ouverte de deux boutons, ça pourrait être une officine des services secrets ou bien les agents de terrain de la Françafrique, mais c’est une bande de scientifiques passionnés par le terrain, l’archétype du chercheur que l’on veut devenir quand on est enfant. La thèse redevient attractive.

Nairobi : réflexions secondes.

Je ne connais pas encore très bien la ville, j’ai surtout vu la gated community et la route vers l’ICIPE (mon lieu de travail), mais quelques réflexions tout de même.
Premièrement, c’est grand. C’est bête mais je m’attendais à quelque chose un peu comme Pondichéry (on se raccroche au familier, tout ça) ; assez logiquement, une capitale d’État n’a pourtant pas grand chose à voir avec une petite ville de province. Mes trois minutes de scooter ont été remplacées par vingt minutes de voiture pour faire le trajet jusqu’au boulot. (Bon, aussi je pourrais être logé plus prêt si je trouve une colocation).
Le trafic à l’air très très bordélique (l’ECR c’était de la petite bière). Un concept assez ouf : l’autoroute à quatre voies dans chaque sens … avec passage piéton. Ca surprend au début.
Un truc très particulier aussi, c’est le ciel. C’est très certainement un gros cliché, mais les cieux d’Afrique sont différents de ceux d’Europe. Différence que je n’avais pas captée à Pondichéry en revanche. On a l’impression que le regard porte plus loin, que le ciel est immense et les nuages gigantesques. Aussi, c’est très vert (et un peu violet, parce que y’a des jacarandas partout (Il y aura des jacarandas et des banyans dans le jardin du manoir que je possèderai quand je serai grand). Il fait notablement plus froid qu’en Inde, et on (=je) n’envisagerai pas de dormir sans couette. Ce qui s’explique par le fait que Nairobi soit à 2000 mètres d’altitude, caractéristique qui se ressent aussi quand on essaye de piquer un sprint.
Aujourd’hui j’ai vu un garde avec une machette en train de vérifier si y’avait du courant qui passait dans les fils surplombés par des barbelés.

Sinon, il y a quelques points qui rappellent l’Inde. J’ai déja parlé des samossas et du simili-tchaï, mais cela ne s’arrête pas là. En effet, dû à la forte présence indienne, on trouve aussi des temples hindous à Nairobi, et un des chercheurs avec qui je travaille est indien (et hindou, au vu de la marque sur son front). Le séjour en Inde me donne d’ailleurs la capacité de comprendre quand il parle (très très vite), c’est toujours utile.

Sinon une photo qui ne vous renseigne en rien :

En fait, c’est même un double rainbow

First impressions of Nairobi

Quand j’ai repris ce blog pour y narrer mon intermède américain cet été, son sous-titre de l’époque, « Samossas & automates à pile », me semblait ne plus être très adapté. Je l’ai donc remplacé par l’actuel « Décalage horaire & chocs culturels » qui, s’il me semblait moins fort, me paraissait aussi plus adapté. Cette décision était peut-être un peu hâtive. En effet, aujourd’hui nous sommes allés prendre un thé avec Joseph, le chauffeur de la maison, et l’on nous a apporté une tasse de lait chaud avec un sachet de thé, c’est-à-dire un chai en devenir (le chai étant le thé indien, avec en plus du gingembre et des épices). Joseph a accompagné son thé d’un samossa, en faisant le petit déjeuner indien typique.
Je devrais donc revenir sur ce changement de sous titre, et peut-être pour prendre en compte les particularités du Kenya, choisir quelque chose comme « Samossas & kalachnikovs », puisque tous les militaires autour des bâtiments officiels en portent une négligemment passée en bandoulière. Ou encore « Samossas et embouteillages », puisque cela semble être la caractéristique principale de Nairobi.
J’ai fais mes débuts à l’ICIPE où je conduirais mes essais labo dans les mois à venir, j’ai commencé à rencontrer les gens et à discuter mise en place des expériences.
Je me suis aussi inscrit sur Ariane, le site du Ministère des Affaires Étrangères pour le suivi des français à l’étranger. Donc en cas de crise au Kenya, l’ambassadeur vient me chercher en personne en hélicoptère.
Sinon, je devrais rapidement avoir un numéro kényan, et je vais voir si je peux me mettre au swahili.

Au cas où mes talents picturaux ne vous parlent pas, il s’agit du drapeau kényan avec les couleur du drapeau indien.

Saison 3 : Kenya

Bien arrivé à Nairobi.
Pour le moment je suis hébergé par mon maitre de stage, qui vit dans une gated community. On est arrivé de nuit, donc je n’ai rien vu de Nairobi mais je compte bien m’y mettre dès demain.
Le voyage s’est bien passé, KLM essaie visiblement d’engraisser ses passagers, j’ai lu un Zola, j’ai survécu aux trois avions (Montpellier-Paris-Amsterdam-Nairobi) dont le premier à 06h45, et il est temps d’aller dormir.

Once Upon a Time S02E01 : critique

Le voyage en train d’hier soir a été l’occasion de regarder le premier épisode de la seconde saison d’Once Upon a Time (OUT), une série américaine à propos de personnages de contes de fée exilés dans notre monde (voir mes impressions sur la première saison ici).
Premier épisode plutôt prometteur, qui reprend certains des défauts mais surtout les qualités de la première saison, avec une volonté d’étendre l’univers dépeint. L’épisode s’ouvre ainsi sur une scène à New York où un inconnu reçoit d’un pigeon voyageur une carte postale vintage de Storybrooke ne portant qu’un seul mot : « Broken ». On n’en entendra plus parler pour l’épisode, laissant les pistes ouvertes quand à l’identité du destinataire et surtout de l’expéditeur.
On retrouve rapidement les deux étoiles de la série : Regina (Lana Parilla) et Rumpelstilkin (Robert Carlyle), dont les jeux sont toujours aussi bons. Leurs personnages se retrouvent face au même défi : composer entre leur volonté de puissance et de vengeance et les attentes de ceux qu’ils aiment (Belle pour Rumpel, Henry pour Regina). La scène où Regina se retrouve face à la populace qui lui demande des comptes et les terrifie simplement par son attitude est excellente, tout comme la confrontation entre Rumpel et Regina. Globalement, les scènes ou les personnages jouent avec leurs soudaines doubles identités sont bien faites (la réunion des sept nains notamment).

On retrouve avec déplaisir Henry le gamin chuintant, mais il arrive suffisamment tard dans l’épisode, donc cela reste supportable. On peut aussi déplorer un effet spécial très laid et deviner sans peine la catchphrase de cette saison : « Magic is different here ».

Coté Royaumes, on retrouve la Belle au Bois dormant dans un palais au style très oriental, retrouvée par son prince Philippe et une nouvelle venue qui réjouit : Mulan. Visiblement Disney profite de son influence sur la série pour agréger toute sa mythologie, mais cette fois-ci c’est accueilli avec plaisir. Mulan ajoute un personnage à la galerie du Girl empowerment de la série (on attend toujours un membre déclaré des minorités sexuelles et de genre par contre) et sera visiblement le quota ethnique de cette saison, ce qui est un progrès par rapport au génie de la lampe de la saison 1.

Enfin, un clin d’oeil à LOST : la storyline des Royaumes s’avère ne pas être un flashback comme dans la première saison mais un flash-aside se déroulant en même temps que l’histoire dans Storybrooke. On découvre qu’une partie des Royaumes a tenu contre le Sort de Regina, pour une raison inconnue (quête de la saison, bonjour). Et Blanche Neige et Emma s’y retrouvent propulsées, ce qui va donner l’occasion de mettre en scène un quatuor de Power Girls puisqu’elles sont découvertes par Mulan et la Belle au Bois Dormant (désolé je ne connais pas les noms des princesses Disney). Ça permettra aussi à Blanche Neige et Emma de créer la relation mère/fille qui leur faisait défaut (ce dont Blanche Neige se plaint très explicitement, un peu plus de subtilité dans le foreshadowing n’aurait pas fait de mal.)

Donc plein de pistes interessantes qui augurent bien pour cette seconde saison.

Last tango in Paris.

Mon dernier weekend parisien avant longtemps vient de s’écouler. Mais quel weekend ce fut ! Une apothéose urbaine, un élixir de parisianité.

Je n’ai pas pu voir tout le monde ni même faire tout ce que j’aurais voulu avec celleux que j’ai vu (trois jours c’est court, horriblement court), mais le peu fait fut mémorable.
Soirée en famille avec cousin-e-s, sushis et champagne, suivie d’un concert de toute beauté en K-Fêt et d’un passage aux platines avec Pévégé et Antoine à l’inté des bios (It’s a trap!) : ce fut le premier jour
Il y eut une nuit, il y eut un midi : passage chez Gibert pour renouveler le stock de romans de science-fiction à emporter, engraissage du lecteur Mp3 selon la même logique, puis diner au chinois canonique (aussi appelé La Muraille du Phénix par les non-normaliens) avec Pévégé et sa sœur, suivi de la Nuit Blanche : après quelques kilomètres de marche à pied peu concluants, nous sommes rejoints par Marie et Antoine, et nous allons assister aux concerts donnés dans la gare d’Austerlitz, sur les quais. Puis nous montons au dernier étage de la tour Zamansky à Jussieu, pour un panorama époustouflant sur Paris. Conclusion paisible en K-Fêt autour d’un kouign amann et d’un pastis, puis dans la thurne d’Alex (généreusement prêtée à votre serviteur pour le weekend) avec du whisky écossais, Archive et Sévan (It’s a flic!). Ce fut le second jour.
Il y eu une nuit, il y eut une alarme de réveil : brunch en Courô (I love the smell of scrambled eggs in the morning. Smelled like bliss), goûter brioche/chocolat avec Snoopy et Sévan et les grotas, puis retour à la maison, empaquetage, adieux à la famille et métro vers la gare de Lyon. Ce fut le troisième jour.

Et tous les regrets de partir qui n’étaient pas là avant sont apparus.

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Bars et weekends

Bon, niveau labo, la vie suis tranquillement son cours. Les tomates poussent, les mouches passent les filets et les congélateurs congèlent. Pas de résultats aberrants ou intriguants pour le moment, mais un rythme de travail agréable (je dois dire que ça fait du bien d’avoir des choses à faire de sa journée, Internet n’étant pas si immense que cela finalement.
C’est coté temps libre que se situent mes découvertes. Déja, les trajets en bus m’ont permis de lire en quantités appréciables : Sociologie du Tourisme, Nocturnes de Kazuo Ishiguro (et en VO s’il vous plait), le Roi de Bruyère de Greg Keyes (fantasy), Superfreakonomics, la Mort est mon métier de Robert Merle… Un réapprovisionnement va bientôt être nécessaire.

Sinon, je suis parti à Banyuls pour un weekend. Banyuls c’est quasi à la frontière avec l’Espagne, au bord de la mer, et tout petit. J’étais accueilli par My-Hai, une camarade de promo qui fait aussi une césure. Au programme, baignade, balade dans l’arrière-pays, balade dans la ville, dégustation de Banyuls (un vin doux naturel, qui ressemble un peu au porto ou au muscat), visionnage d’épisodes de Doctor Who, discussions en franglais… Un excellent WE.

Et quand je reste à Montpellier ? Eh bien Pierre semble connaitre absolument tous les bars de Montpellier et sait saisir chaque prétexte pour me les faire découvrir. Si l’on ajoute à cela son impressionnant réseau d’amis, d’amis d’amis, de connaissances de collègues et autres relations qu’il ne prendra même pas la peine d’expliciter, cela fait un certain nombre de personnes qui veulent lever le coude avec lui à n’importe quel moment. On peut donc citer comme haut lieu de Montpellier la Fabrik, bar servant de la Chartreuse et dont les propriétaires enchaînent les Spice Girls et Metallica, la Distillerie, bar à Rhum dans lequel le restaurant d’à coté vient vous apporter votre burger (le partenariat le plus brillant depuis l’endosymbiose mitochondrienne) (je vous recommande le Stairway to Heaven, burger au pesto) (je vous recommande aussi de ne pas aligner les parenthèses comme ça, c’est syntaxiquement et esthétiquement très laid), ou encore le Vert Anglais (pinte à trois euros). Tout cela sans même mentionner les soirées à domicile.

Ce weekend ce sera départ pour la Côte d’Azur pour l’anniversaire de mariage des grands-parents, avec la grande question : mais quand vais-je pouvoir regarder l’épisode de Doctor Who ?

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Saison 2.5 : « Noies pas le pastis ! »

Montpellier ! La troisième ville étudiante de France, et étrangement celle où le taux d’échec aux examens est le plus haut. Le climat, le centre ville piétonnier et la proximité de la mer (en un néologisme : la sudicité) n’y sont probablement pas pour rien.
Je suis hébergé par Pierre (pour ceux qui n’ont pas suivi les saisons précédentes : Pierre était mon coloc’ en Inde), en plein centre de la ville. Et je travaille sur le campus de Baillarguet, bien à l’extérieur de la ville, en pleine campagne. Mais il y a un bus qui fait la navette, donc ça va. Je travaille au CSIRO, un institut de recherche australien, mais avec une équipe du CIRAD. Le campus comme l’équipe ont l’air assez international, et c’est cool.

Mais que fais-je exactement ? Eh bien je fais pousser des tomates, pour les donner à manger à des mouches. Ensuite, je fais passer les mouches au travers de filets, puis je les congèle et je les compte. C’est beau la recherche. L’idée, c’est de voir quels paramètres facilitent/empêchent le passage du filet, pour améliorer les politiques de protection des cultures. Pour le moment je fais ça sur des mouches, mais je passerai aux thrips (un autre insecte) une fois au Kenya.
Y’a une cantine pas trop cher au CIRAD (2€60/repas) et les trajets en bus me laissent du temps pour lire (L’Écran global de Lipovetsky et Kafka sur le rivage de Murakami, pour le moment). Somme toute, c’est un stage sympa. Je suis très content de maniper un peu et donc de ne pas passer mes journées sur l’ordi. Malgré tout, il va bien falloir se coller à R et aux stats pour interpréter les résultats à un moment.

Sinon, en dehors du bureau j’ai aussi une vie, faite d’apprentissage du C++ (faut bien compenser le temps d’ordi manquant), de soirées poker/barbecue et de découverte de Montpellier. Un des éléments important que j’ai découvert est le pastis, qui n’est pas dosé tout à fait pareil ici. Une bonne moitié de pastis semble être la règle. « Un pastis d’estivant » qualifie la dose que je mets, où le pastis « est complètement noyé ».

Voilà voilà.