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Lac Naivasha

Enfin une sortie en dehors de Nairobi ! Ayant discuté un peu avec Christophe, en thèse à l’ICIPE, et le courant étant passé, nous nous sommes planifié une escapade sur les bords du Lac Naivasha, le plus proche des lacs de la Vallée du Rift. (Point géologie pour les novices : le Rift, c’est cette vallée qui court du Sud de la Mer Rouge jusqu’au Zambèze (ceci n’est pas copicollé de Wikipédia, pas du tout). C’est une séparation qui est en train de se faire entre la plaque lithosphérique africaine et la protoplaque somalienne. Du coup c’est plein de phénomènes étranges comme des lacs de souffre et des géologues extatiques.)

[googlemaps https://maps.google.fr/maps?hl=fr&q=Lake+naivasha&ie=UTF8&hq=&hnear=Lac+Naivasha&gl=fr&ll=-0.775384,36.371476&spn=0.186406,0.338173&t=h&z=12&output=embed&w=425&h=350]

Nous sommes partis en matatu (point Kenya : les matatus ce sont des taxis collectifs d’une capacité de dix personnes qui en transportent en moyenne seize, avec un style de conduite tout en adaptabilité, puisqu’ils n’hésitent pas à passer dans une station-service pour doubler sept voitures à l’arrêt sur la route embouteillées), pour un trajet de deux heures. Arrivés à Naivasha, nous en prenons un second pour rallier la YMCA où nous posons nos affaires, puis re-matatu pour aller à Crescent Island, une presqu’ile en croissant de lune qui s’enfonce dans le lac. Il y a une myriade d’animaux dessus. Pourquoi donc ? Parce que c’est ici qu’a été tourné Out of Africa. Les animaux ont été apportés pour le tournage et un grillage posé à l’extrémité de la presqu’ile. Sans prédateurs, ils se sont multipliés.
Nous sommes restés là une heure alors que le soleil se couchait.

Retour à la YMCA dans un matatu bondé, repas du soir et dodo à 22h.
Le lendemain, réveil à cinq heure quarante-cinq, petit déjeuner à six, puis nous enfourchons les vélos loués à la YMCA pour nous diriger vers l’entrée du Hell’s Gate National Park. Nous sommes arrivés les premiers à l’entrée du parc, et vingt mètres après nous avons vu un phacochère et un impala traverser la route.

On distingue les colonnes de basalte. Tout le rift à un volcanisme actif et le basalte créé, très solide, résiste à l’érosion et forme ces falaises.

Ce fut un festival durant toute la traversée du parc jusqu’à la gorge de Hell’s Gate, nommée ainsi par les massais qui avaient été coincé dedans lors d’une éruption où un flot de lave avait dévalé le canyon. Nous avons visité la gorge (qui a servi de lieu de tournage à Tomb Raider) avec un guide massaï avant de retraverser le parc en sens inverse. Matatu jusqu’à la ville, samossas pour déjeuner, puis retour somnolant jusqu’à Nairobi.
L’eau qui ruisselle ici provient d’une source chaude, témoin du magmatisme présent sous la surface. L’eau chaude fournit un milieu idéal pour le développement de colonies bactériennes dont le métabolisme donne cette couleur verte

La résistance s’organise : Radio-Nairobi et les Forces Françaises Expatriées

L’ICIPE, l’institut où je travaille, est un institut des plus cosmopolites, où l’on rencontre pêle-mêle des Kenyans, des Tanzaniens, des Indiens, des Allemands, des Anglais, des Français, des Béninois et des Coréens. C’est bien loin de l’IFP où l’on se retrouvait entre français, et un mfaransa (un français en swahili) peut s’y sentir un peu perdu. Mais tout n’est pas perdu pour la francophonie. Si l’anglais est la lingua franca de l’institut, avec quelques termes swahili pour faire couleur locale, un petit groupe d’irréductibles gaulois résiste encore et toujours à l’assimilation.
C’est une demi-douzaine de français qui se réunit les midis pour prendre le café dans un labo désert. Tous taillés sur le même modèle, ils ont sillonné l’Afrique de l’Ouest dans le cadre des Instituts Techniques. Ils ont connus la guerre et les coups d’État, et ils échangent leurs souvenirs de rapatriement d’urgence en rigolant autour d’une tasse d’Arabica kényan : « Le dernier soir avant qu’on nous évacue, on était dans le jardin, on voyait les roquettes passer de l’autre coté du mur. »
La quarantaine, les cheveux coupées courts et la chemise réglementairement ouverte de deux boutons, ça pourrait être une officine des services secrets ou bien les agents de terrain de la Françafrique, mais c’est une bande de scientifiques passionnés par le terrain, l’archétype du chercheur que l’on veut devenir quand on est enfant. La thèse redevient attractive.