Archives de catégorie : Screens, thousands of them.

Joe Hill, de Bo Widerberg

Biopic tourné en 1970 sur la vie du syndicaliste américain du début du XXe siècle Joe Hill. Je n’ai pas été transcendé. Le film prend l’angle de l’anecdotique et de l’histoire construite individuellement par les grands hommes, un peu dommage pour un film sur un syndicaliste. Beaucoup d’ellipses qui font qu’on comprend assez peu les motivations du personnage principal, pourquoi il est convaincu par le syndicalisme, pourquoi il décide de ne pas se défendre davantage contre les accusations de meurtre…

Le syndicalisme sert en fait beaucoup de toile de fond pour dérouler sa vie, on voit très peu les enjeux syndicaux : on nous montre des inégalités, une absence totale de sécurité sur les lieux de travail, mais c’est passé très vite.

Tous au Larzac, de Christian Rouaud

Documentaire sur la lutte dans les années 70 contre l’extension du camp militaire sur le plateau du Larzac. La lutte commence par les paysan.ne.s locales et locaux qui ne veulent pas se faire exproprier alors que le plateau est redevenu dynamique depuis quelques années, avec de nouvelles installations. Puis des mouvements dans toute la France rejoignent les paysan.ne.s du plateau pour les soutenir, que ce soit les organisations agricoles (qui gardent une certaine distance) ou des comités locaux de soutien au Larzac dans toutes les villes).

Le documentaire fait parler les actrices et acteurs de l’époque, montre des images d’archives et évite la voix-off. Il montre les différentes formes qu’a pris la lutte : marches, convois de tracteurs, rassemblement sur le plateau, sur Paris, manifestations dans différentes villes. La résonance donnée à la lutte fera que Mitterand mettra l’abandon du projet d’extension dans son programme, actée à son élection en 81.

Le réseau de solidarité et de conscientisation des participant.e.s à la lutte ne s’est pour autant pas délité avec la victoire contre le projet d’extension, et les paysan.ne.s échangent toujours beaucoup, une partie des terres rachetées pour empêcher la cooptation par le camp est toujours gérée en commun et le réseau est actif et militant, notamment dans les questions d’orientation agricoles (contre les OGM, l’agriculture mondialisée, par exemple)

La Nuit Américaine, de François Truffaut

Un film qui parle de cinéma, et plus précisément qui parle du tournage d’un film fictif, Je vous présente Paméla. Truffaut joue le rôle du réalisateur dans le film, et plus généralement il y a plein d’échos entre le vrai tournage, le tournage dans le film et le film dans le film. La vie amoureuse des personnages notamment fait écho au film dans le film.

Très sympa à voir, excellente bande-son, bon rythme. Très bons personnages, notamment féminins. Très bon personnage de mec idiot dans la personne d’Alphonse aussi, qui demande à tout le monde « est-ce que les femmes sont magiques ? » parce que personne lui donne la réponse qu’il veut.

Philip K. Dick’s Electric Dreams

Série télé produite par Amazon en se basant sur des nouvelles de Philip K. Dick. Ca fonctionne comme une anthologie : chaque épisode est un récit indépendant d’une heure. J’ai pas été enthousiasmé, je trouve que le résultat fait un peu cheap. Y’avait des trucs intéressants dans le premier épisode, surtout esthétiquement, mais le tout fait pas très fini. Après c’est dur d’adapter du Dick, et clairement toutes ses nouvelles ne sont pas extraordinaires ni polies aux entournures. Mais bon, je pense quand même qu’il y avait moyen de faire mieux, Amazon s’est bien mieux débrouillé sur l’adaptation de The Man in the High Castle (mais ils y ont probablement mis plus de moyens qu’ici).

Thor: Ragnarok, de Taika Waititi

Film de 2017, dans la série des films de super-héros produits par Marvel. J’avais pas vu les deux films Thor précédents et j’ai pas spécialement l’intention de le faire, mais j’ai passé un très bon moment devant celui là. Y’a un côté « Fuck it, let’s just have fun » assez réjouissant. On sent qu’ils ont plein de moyens et les décors sont très beaux, et en même temps y’a des moments où leurs effets spéciaux sont tout miteux parce que « Fuck it, let’s just have fun ». Le côté super héros est très atténué, y’a la structure classique de « oulala, tel mauvais truc est annoncé, et voici un gimmick qui explique que je suis moins fort que d’habitude », mais le tout est vraiment un prétexte pour mettre en scène des personnages qui sont tous plus désastreux les uns que les autres et les voir échouer toute forme d’interaction. Tous les tropes classiques (explication du méchant, entrée grandiloquente) sont subvertis, c’est pas forcément incroyablement novateur, mais c’est bien fait.

Un bémol, le début est un peu long et ne sert à rien pour le reste du film, juste pour le connecter à l’univers Marvel étendu en introduisant Stephen Strange. Il doit facilement y avoir 10 minutes virables là sans aucun besoin de remontage, c’est vraiment juste de la digression qui n’a aucune influence sur le reste du film.

Wilde Life, par Pascalle Lepas

Un webcomic assez cool et fort bien dessiné. Recommandé par un ami suite à ma recommandation de Long Exposure. Ca parle de phénomènes fantastiques dans une petite ville, et d’amitiés improbables. L’univers est assez intéressant, faisant du neuf avec des tropes vieux comme le monde (sorcières, fantômes, loups-garous…).

Ça vaut le coup de lire les alt-texts des pages, où l’autrice commente les idioties de ses personnages et est hilarante en qq mots.

Kingdoms, de Raw Fury

Jeu vidéo de gestion de ressources en 2 dimensions et en pixel art. J’ai beaucoup aimé le design, mais moins le très faible contrôle qu’on a sur les péons. On a très souvent envie de leur filer des ordres fins parce que leur IA est pourrie, mais on peut pas. Bref, ça donne envie de jouer à AgeOf/Warcraft. Mais très joli design.

Dirk Gently

Saison 1 :
Série de la BBC America basée sur le personnage de Douglas Adams. 8 épisodes, bien réalisés. Ça m’a un peu fait penser à Utopia, y’a beaucoup d’éléments introduits qui ne sont pas dans les livres de Douglas Adams mais qui rendent bien.

Saison 2 :
Un peu moins réussie que la saison 1 (le scénario réussi moins bien l’énorme wtf qui converge soudainement, même si y’a quand même des trucs très imaginatifs et réussis).
Un truc qu’ils ont pas du tout exploité je trouve c’est le clash des systèmes de valeurs entre un univers réaliste et un univers type high fantasy. Mais plein de trucs cools néanmoins, notamment la shériff Tovetino, le design des chevaliers carrés, tout Blackwing…

There Will Be Blood, de Paul Thomas Anderson

Film de 2007 sur l’exploitation du pétrole aux États-Unis dans les débuts du XXe siècle, par des prospecteurs indépendants. Ça parle de pétrole, de famille, de religion. On suit notamment un prospecteur, Daniel Plainview, qui s’installe dans un village misérable de Californie pour exploiter un réservoir gigantesque de pétrole en rachetant les terres à bas prix et en prenant de vitesse les grosses compagnies. Il va se heurter au passage à un pasteur évangéliste qui veut que son église bénéficie des largesses du pétrole local.

Super film, pas très optimiste mais magnifique.

Victor/Victoria, de Blake Edwards

Film de 1982 adapté d’un film allemand de 1933. Le film se déroule dans le Paris de 1934. Une chanteuse classique désargentée rencontre un chanteur de cabaret gay et tout aussi désargenté, qui lui suggère de se faire passer pour un acteur masculin jouant des femmes sur scène. S’ensuive nombre quiproquos et troubles dans le genre, où Victoria revendique son droit à se faire passer pour un homme pour la liberté que ça lui procure, refusant d’abandonner son gagne-pain et sa liberté pour faire plaisir à son amoureux caricaturalement masculin.

Le film est progressiste, bienveillant avec ses personnages, drôle, très bien filmé, grosse recommandation.