Archives par mot-clé : biographie

Julie & Julia, de Nora Ephron

Film états-unien de 2009. On suit en parallèle la vie de Julia Child, la femme d’un attaché diplomatique américain qui décide alors qu’elle vit à Paris dans les années 50 de prendre des cours de cuisine française et va rédiger un livre de cuisine qui va populariser la cuisine française aux USA, et en 2002 celle de Julie Powell, une new-yorkaise qui va réaliser en un an l’ensemble des 500 et quelques recettes du livre de Julia Child tout en tenant un blog sur le sujet.

Julia Child est jouée par Meryl Streep et c’est toujours sympa de voir Meryl Streep qui trippe dans un rôle d’américaine exubérante, et le parallèle entre les deux femmes et les époques étaient intéressantes. Après j’ai un peu de mal avec le côté « un récit de vie qui montre qu’avec de la volonté et de la motivation on peut réaliser ses rêves : Julia est clairement dans un milieu bourgeois, le film ne s’en cache pas, mais pour Julie elle est coincé dans un job administratif relou et la solution c’est de rédiger un blog parce que y’a pas de barrière d’entrée, et de se tenir à son projet : désolé mais les blogs ça n’existe pas dans le vide, même si le film ne le montre pas il y a dû y avoir tout un process de publicité du blog en question, elle n’a pas juste réussi à s’imposer à la force du poignet sur « the marketplace of ideas » ou whatever.

À part ce point qui m’a quand même fait pas mal râler, c’était sympa de voir le film, de voir la mise en scène de la nourriture (même si c’est un peu présenté comme un truc magique et enchanteur libéré des contingences matérielles, on a juste à un moment Julie qui remarque que la cuisine de son appart est pas du tout adapté pour faire les recettes du livre, j’aurais bien voulu voir cet aspect davantage creusé).

Le pays qu’habitait Albert Einstein, d’Étienne Klein

Biographie partielle d’Albert Einstein, qui s’attache à sa vie en Europe, avant son émigration aux USA. Klein entremêle la vie d’Einstein, ses découvertes scientifiques, et le voyage qu’il fait lui en tant que narrateur une centaine d’années plus tard sur les lieux de la vie d’Einstein. Ça m’a laissé assez froid. Déjà c’est très clairement une hagiographie, avec aucun recul critique sur son sujet (mention spéciale au passage « hihi il appelle sa seconde femme – qui est sa cousine – et ses deux filles d’un précédent mariage ‘mon petit harem’ « . Wat.) De plus Klein fait de grandes digressions poético-géographiques et trippe sur des anagrammes en mode « je découvre des sens cachés », ce qui personnellement m’agace énormément.

Bref, sans intérêt

Portugal, de Cyril Pedrosa

Une bande-dessinée française de 2011.

Simon Muchat est prof de dessin et auteur de quelques livres. Il ne sait pas ce qu’il veut dans la vie et déprime lentement. A l’occasion d’un festival de dédicace, il passe quelques jours au Portugal, le pays d’où vient son grand-père, et où il a passé quelques vacances enfant sans jamais y retourner depuis.
Ce séjour lui donne soudainement envie de s’intéresser aux origines de sa famille, un sujet jamais abordé par son père, qui comme lui n’est pas un grand communicant.

Il renoue avec ses oncles et tantes maternelles à l’occasion du mariage d’une cousine, et découvre par bribes le passé de sa famille. Pas de révélations fracassantes, mais les anecdotes d’enfance d’une famille avec des racines dans un autre pays, le rapport entre les branches de la famille, la question à laquelle personne ne sait répondre de pourquoi son grand-père n’est jamais revenu au Portugal. C’est calme comme bande dessinée, on se laisse porter par l’histoire, les indécisions du héros, les caractères affirmés au contraire de son père et de ses oncles et tantes.

Je recommande fortement.

Joe Hill, de Bo Widerberg

Biopic tourné en 1970 sur la vie du syndicaliste américain du début du XXe siècle Joe Hill. Je n’ai pas été transcendé. Le film prend l’angle de l’anecdotique et de l’histoire construite individuellement par les grands hommes, un peu dommage pour un film sur un syndicaliste. Beaucoup d’ellipses qui font qu’on comprend assez peu les motivations du personnage principal, pourquoi il est convaincu par le syndicalisme, pourquoi il décide de ne pas se défendre davantage contre les accusations de meurtre…

Le syndicalisme sert en fait beaucoup de toile de fond pour dérouler sa vie, on voit très peu les enjeux syndicaux : on nous montre des inégalités, une absence totale de sécurité sur les lieux de travail, mais c’est passé très vite.

Peste et Choléra de Patrick Deville

Une biographie d’Alexandre Yersin, le découvreur du bacille de la peste, Yersinia pestis. Il a eu une vie assez folle, il a vécu 80 ans (1863 – 1943, une période assez mouvementée en soi dans l’Histoire), a connu Pasteur et participé aux grandes découvertes médicales sur les grandes maladies, s’est intéressé à des milliards de trucs (médecine, navigation, astronomie, agriculture, botanique…), et a acquis et géré un domaine d’une taille gigantesque au Vietnam où il a fini sa vie. Il a une vie très clairement indissociable du système colonial français, ce qui n’est pas fou en soi, et il avait l’air confortable avec (et assez sexiste aussi), mais son destin est un cliché de romanesque et d’aventure moderne qui me fait assez envie (probablement parce que les représentations culturelles en sont toujours complaisantes, et que c’est compliqué de déconstruire ce genre de choses). Et le bouquin est fort agréable à lire.