Archives de catégorie : Screens, thousands of them.

Il revient quand, Bertrand ?, d’Hélène Lombard et Julien Sibony.

Mini-série d’Arte, en 10 épisodes de 10 minutes. Bertrand (Bertrand Usclat), trentenaire amorphe, se voit imposer un break par sa copine et se fait jeter de son appartement. Se retrouvant par un concours de circonstances chez son voisin du 5e étage, il découvre que celui ci espionne tout l’immeuble via les webcams des ordinateurs. Au lieu d’être horrifié comme une personne normale, Bertrand fait ami-ami avec le voisin et décide d’espionner sa copine pour tenter de revenir dans sa vie, tel un bon psychopathe. Il va aussi profiter des « conseils » dudit voisin, ancien militaire quelque peu rigide. Pour jouer le mec détaché, Bertrand fait semblant d’être parti en tour du monde via des photoshoppages qu’il poste sur les réseaux sociaux, d’où le titre.
C’est plutôt bien joué et assez rigolo par moment, après c’est une histoire ultra cliché de mec un peu looser qui se comporte comme un gros creep «  » » »par amour » » » ». Sympa si vous aimez bien Bertrand Usclat, mais assez anecdotique.

L’effondrement, du collectif Les Parasites

Courte (8x20minutes) série télé française qui traite sous la forme d’une anthologie un effondrement rapide des structures institutionnels et des chaines d’approvisionnement en France.

Du point de vue de l’effondrement lui-même on est pas sur quelque chose de très réaliste : tout se délite en quelques jours, ça permet d’avoir une série avec de la tension, des files d’attentes aux stations services, des urgences à traiter dans tous les sens.
La série elle-même est cependant sympa à regarder, à chaque épisode on suit un groupe de personnages différents (même si on a quelques liens entre certains épisodes) a un stade différent de l’effondrement, et qui se retrouve tous avec des choix merdiques à faire. La série n’est pas très optimiste, ça tourne souvent mal.

Frozen II, des studios Disney

Un peu déçu par ce second opus. Le scénario ressemble à celui du premier en plus brouillon. Y’a des décalques des passages, avec la chanson d’Anna dans les rues d’Arrendelle, la chanson d’Olaf sur un petit tempo guilleret, la chanson d’Elsa qui est un sous-Let It Go dans le chant et dans la mise en scène de la séquence…

Quelques bon passages néanmoins : la chanson de Kristoff façon boysband des années 90s (et sa reprise par Weezer sur le générique de fin !), le récapitulatif des événements par Olaf, les petits moments de dérision par rapport au 1. Mais voilà, globalement les moments réussis c’est les moments référentiels, le film ne tient pas debout tout seul. Il y a beaucoup de séquences juxtaposés, beaucoup de choses présentées, du coup on a pas trop le temps de s’attacher aux nouveaux éléments introduits.

Côté animation, joli travail sur les couleurs d’automne et les vêtements des personnages principaux, belle animation de la mer et globalement de l’eau. Par contre y’a certains gros plans sur les personnages principaux, surtout Elsa, qui font très uncanny valley. Certaines séquences un peu cheap aussi où Elsa est sur fond noir en train de faire apparaître de la glace, genre c’était trop compliqué d’animer un décor.

Bref, globalement il y a quelques séquences qui valent le coup et permettraient de faire un extended cut du I, mais le film en soi est dispensable.

Counterpart, de Justin Marks

Série en 2 saisons. Howard Silk bosse pour une mystérieuse agence de l’ONU qui a ses bureaux à Berlin. Il découvre que cette agence gère dans le plus grand secret les relations avec un monde miroir du nôtre, dont l’Histoire diverge lentement depuis 1987. Howard rencontre notamment son double de l’Autre Côté, monté bien plus haut dans la hiérarchie de l’Agence et qui travaille dans leurs services d’espionnage.

J’ai beaucoup aimé la première saison, la seconde fonctionne malheureusement beaucoup moins bien. Le côté espionnage feutré de la série marche bien, avec cet univers très bureaucratique et formalisé qui gère un énorme secret en compartimentant tout. Les interrogations des deux Howard sur ce que leur reflet dit d’eux-même sont plutôt bien menées, et la performance de JK Simmons dans les deux rôles est très bonne.

La seconde saison par contre veux expliquer trop de choses, rajouter trop d’éléments et de lignes narratives, faire plus dans le spectaculaire : la cohérence interne de l’univers et l’intérêt des intrigues s’effondre un peu. La saison 1 se suffit à elle-même, je recommande de ne regarder que ça.

J’ai perdu mon corps, de Jérémy Clapin

Film d’animation français de 2019. On suit en parallèle les tribulations d’une main coupée décidée à retrouver le corps dont elle a été détachée, et celle de Naoufel, ancien livreur de pizza devenu menuisier et tentant de draguer une fille pour qui il a eu un coup de foudre. J’ai beaucoup aimé la ligne narrative de la main, beaucoup moins celle de Naoufel, qui est sacrément creepy dans sa façon de s’infiltrer dans la vie de son crush. Il se fait envoyer bouler par la fille quand elle réalise ce qu’il en est, mais néanmoins le film pose un regard assez complaisant sur lui.

Très beaux plans par contre, avec des cadrages peu classiques dans (ce que je connais de) l’animation. Très bonne bande son aussi.

Le Daim, de Quentin Dupieux

Georges quitte tout pour acheter un blouson à franges en daim, et s’installe dans le village du vendeur. Là, il décide – de concert avec le blouson – de réaliser son rêve d’être la seule personne au monde à porter un blouson. Payant au début les gens pour qu’ils jurent devant caméra de ne plus jamais porter de blouson, il se rend finalement compte qu’il y a une façon bien plus simple d’arriver à son but. En parallèle, George commence à tourner un film amateur, et s’y retrouve poussé par une monteuse qui est serveuse comme job alimentaire…

Beaucoup plus direct que les films habituels de Dupieux, on a même un scénario qui va d’un point A à un point B ici ! Le film parle d’obsession et de cinéma, Dujardin et Haenel sont très bons dans leur rôles.
Je recommande, sans que ce soit un film ultra marquant pour autant.

Bird Box, de Susanne Bier

Film d’horreur/post-apo sorti en 2018. Des créatures invisibles au spectateur poussent ceux qui les voient à se suicider. Les humain.e.s qui ont survécu à l’impact initial vivent dans des maisons aux fenêtres masquées par des rideaux, et ne sortent qu’équipé .e. s d’un bandeau. Dans ce monde, on suit la vie de Malorie, juste après l’impact initial alors qu’elle est enceinte, et 5 ans plus tard alors qu’elle descend une rivière accompagnée de deux enfants nommés Boy et Girl pour atteindre un potentiel sanctuaire.

J’ai plutôt bien aimé. Il y a quelques points qui ne vont pas (genre leur description de la folie), mais le personnage de Malorie est bien caractérisé, pas cliché. Le coup de la privation visuelle est bien exploité, ils n’ont pas fait la même erreur que dans A Quiet Place, où c’est totalement central au film et super mal exploité, là ça reste anecdotique, avec plusieurs astuces utilisées par les personnages.

Léon Morin, prêtre, de Jean-Pierre Melville

Film de 1961. Durant la seconde guerre mondiale et à la Libération, une militante communiste, Barny, a une conversation suivie avec un prêtre. Commencée avec l’optique de lui montrer que l’Eglise est dévoyée, elle se laisse peu à peu convaincre par ses arguments en faveur de la foi, trouvant en lui un prêtre jeune, moderne, et inspiré par la théologie de la libération le catholicisme social (cf commentaire) plus que par le dogme (et particulièrement beau – il est joué par Belmondo, et sa beauté est un des points abordés plusieurs fois par le film). En parallèle, on voit ses activités de militante communiste et de travailleuse à l’école dans le cadre de la guerre et de la Libération.

Sur le papier c’est intéressant, mais même si l’héroïne est indépendante et active, dans sa relation avec Léon Morin, elle ne réussit jamais à avoir le dessus intellectuellement, et si elle est attirée par lui physiquement, et que c’est intéressant d’avoir un film qui parle de beauté masculine, on a quand même l’impression que ça la handicape et la place en position de faiblesse dans leur relation intellectuelle.

Batman: Hush, de Justin Copeland

Dessin animé Batman un peu raté. Il reprend globalement la trame de l’arc Hush en le transposant dans un univers Batman plus récent (présence de Damian comme Robin notamment).

L’animation est classique, les dialogues sont étrangement cadencés – il y a des pauses entre les répliques des personnages, et le film est un peu réac dans sa présentation des personnages, avec des femmes fortement sexualisées, une insistance sur la romance Batman/Catwoman (je pense que personne ne lit/regarde Batman pour avoir de la romance). Bref, pas convaincu.