Archives de catégorie : Longs métrages

Black Panther, de Ryan Coogler

Film des studios Marvel. La direction artistique est superbe (avec plein d’afrofuturisme), la bande son est géniale, les personnages sont intéressants, et en terme de représentation, il est très cool d’avoir un film d’un gros studio présentant des personnages noirs et faisant jouer des acteurs noirs.

Par contre le scénario contient plus de trous que de scénario et ça m’a pas mal sorti du film (après c’est pas spécifique à Black Panther, c’est classique dans les films de super-héros). Pour citer les deux plus évidents :  la Nation la plus égalitaire sur Terre qui est dirigée par une monarchie absolue au trône de laquelle tu peux prétendre par une épreuve qui se base essentiellement sur la force physique, super ambiance, et par ailleurs, un mec random dont on sait qu’il a aidé un ennemi de la Nation à s’évader en tirant sur le roi et sa garde arrive à la frontière du pays, ne nous posons aucune question et acceptons qu’il prétende au trône.

Dans l’univers Marvel je trouve qu’il y a des similarités de scénario entre ce film et Thor : Ragnarokmais d’un point de vue scénaristique Thor (le personnage) est isolé alors que T’Challa a les ressources de tout un pays derrière lui (en terme de puissance de feu mais surtout en terme de logistique et de renseignement) ce qui rend beaucoup moins crédible une bonne partie de ses agissements. Par ailleurs le traitement de Thor : Ragnarok  est beaucoup plus comédique. Ici le film est bien plus sérieux (ce qui est bien), mais qui fait beaucoup plus ressortir les invraisemblances.

Néanmoins, bon moment passé devant.

10 Cloverfield Lane, de Dan Trachtenberg

Deuxième film de la série des Cloverfield. Une femme a un accident de voiture. Elle se réveille dans un bunker souterrain, avec deux hommes qui lui expliquent que la surface a été dévastée par un mystérieux événement. La vie s’organise dans le bunker, alternant entre confiance entre les personnages et crainte que « l’événement » les forçant à rester enfouis n’ai été inventé de toute pièce par une des trois personnes.

C’est bien filmé, bien mis en scène. Film en huis-clos avec 3 personnages dont une héroïne forte et bien caractérisée. Peut se voir totalement indépendamment du précédent dans la série.

Deadpool, de Tim Miller

Film des studios Marvel sur le personnage éponyme. C’était sympa à regarder mais j’ai pas trouvé ça extraordinaire. C’était très convenu pour un film de super-héros, tout en prétendant (au moins dans sa campagne promotionnelle) que ça allait s’éloigner du modèle traditionnel, être plus trash et plus réaliste. Et en fait, bah à part que y’a des gens qui meurent vraiment au lieu d’être assommés, bah c’est totalement dans la structure classique du film de super-héros, avec origin story, love interest, big bad et final showdown (oui je laisse volontairement les termes en anglais). Dans le genre subvertissement des films de héros par un gros studio hollywoodien, j’ai trouvé que Logan faisait beaucoup mieux le taff (pour le côté juste violence réaliste on peut aller voir du côté de Kick-Ass, pour plus de subversion encore des films de super-héros par des petits studios, Vincent n’a pas d’écailles par exemple).

Les bris du 4e mur servent aussi à excuser les faiblesses du scénario en les mettant en évidence, ce que je trouve un peu frustrant.

Joe Hill, de Bo Widerberg

Biopic tourné en 1970 sur la vie du syndicaliste américain du début du XXe siècle Joe Hill. Je n’ai pas été transcendé. Le film prend l’angle de l’anecdotique et de l’histoire construite individuellement par les grands hommes, un peu dommage pour un film sur un syndicaliste. Beaucoup d’ellipses qui font qu’on comprend assez peu les motivations du personnage principal, pourquoi il est convaincu par le syndicalisme, pourquoi il décide de ne pas se défendre davantage contre les accusations de meurtre…

Le syndicalisme sert en fait beaucoup de toile de fond pour dérouler sa vie, on voit très peu les enjeux syndicaux : on nous montre des inégalités, une absence totale de sécurité sur les lieux de travail, mais c’est passé très vite.

Tous au Larzac, de Christian Rouaud

Documentaire sur la lutte dans les années 70 contre l’extension du camp militaire sur le plateau du Larzac. La lutte commence par les paysan.ne.s locales et locaux qui ne veulent pas se faire exproprier alors que le plateau est redevenu dynamique depuis quelques années, avec de nouvelles installations. Puis des mouvements dans toute la France rejoignent les paysan.ne.s du plateau pour les soutenir, que ce soit les organisations agricoles (qui gardent une certaine distance) ou des comités locaux de soutien au Larzac dans toutes les villes).

Le documentaire fait parler les actrices et acteurs de l’époque, montre des images d’archives et évite la voix-off. Il montre les différentes formes qu’a pris la lutte : marches, convois de tracteurs, rassemblement sur le plateau, sur Paris, manifestations dans différentes villes. La résonance donnée à la lutte fera que Mitterand mettra l’abandon du projet d’extension dans son programme, actée à son élection en 81.

Le réseau de solidarité et de conscientisation des participant.e.s à la lutte ne s’est pour autant pas délité avec la victoire contre le projet d’extension, et les paysan.ne.s échangent toujours beaucoup, une partie des terres rachetées pour empêcher la cooptation par le camp est toujours gérée en commun et le réseau est actif et militant, notamment dans les questions d’orientation agricoles (contre les OGM, l’agriculture mondialisée, par exemple)

La Nuit Américaine, de François Truffaut

Un film qui parle de cinéma, et plus précisément qui parle du tournage d’un film fictif, Je vous présente Paméla. Truffaut joue le rôle du réalisateur dans le film, et plus généralement il y a plein d’échos entre le vrai tournage, le tournage dans le film et le film dans le film. La vie amoureuse des personnages notamment fait écho au film dans le film.

Très sympa à voir, excellente bande-son, bon rythme. Très bons personnages, notamment féminins. Très bon personnage de mec idiot dans la personne d’Alphonse aussi, qui demande à tout le monde « est-ce que les femmes sont magiques ? » parce que personne lui donne la réponse qu’il veut.

Thor: Ragnarok, de Taika Waititi

Film de 2017, dans la série des films de super-héros produits par Marvel. J’avais pas vu les deux films Thor précédents et j’ai pas spécialement l’intention de le faire, mais j’ai passé un très bon moment devant celui là. Y’a un côté « Fuck it, let’s just have fun » assez réjouissant. On sent qu’ils ont plein de moyens et les décors sont très beaux, et en même temps y’a des moments où leurs effets spéciaux sont tout miteux parce que « Fuck it, let’s just have fun ». Le côté super héros est très atténué, y’a la structure classique de « oulala, tel mauvais truc est annoncé, et voici un gimmick qui explique que je suis moins fort que d’habitude », mais le tout est vraiment un prétexte pour mettre en scène des personnages qui sont tous plus désastreux les uns que les autres et les voir échouer toute forme d’interaction. Tous les tropes classiques (explication du méchant, entrée grandiloquente) sont subvertis, c’est pas forcément incroyablement novateur, mais c’est bien fait.

Un bémol, le début est un peu long et ne sert à rien pour le reste du film, juste pour le connecter à l’univers Marvel étendu en introduisant Stephen Strange. Il doit facilement y avoir 10 minutes virables là sans aucun besoin de remontage, c’est vraiment juste de la digression qui n’a aucune influence sur le reste du film.

There Will Be Blood, de Paul Thomas Anderson

Film de 2007 sur l’exploitation du pétrole aux États-Unis dans les débuts du XXe siècle, par des prospecteurs indépendants. Ça parle de pétrole, de famille, de religion. On suit notamment un prospecteur, Daniel Plainview, qui s’installe dans un village misérable de Californie pour exploiter un réservoir gigantesque de pétrole en rachetant les terres à bas prix et en prenant de vitesse les grosses compagnies. Il va se heurter au passage à un pasteur évangéliste qui veut que son église bénéficie des largesses du pétrole local.

Super film, pas très optimiste mais magnifique.

Victor/Victoria, de Blake Edwards

Film de 1982 adapté d’un film allemand de 1933. Le film se déroule dans le Paris de 1934. Une chanteuse classique désargentée rencontre un chanteur de cabaret gay et tout aussi désargenté, qui lui suggère de se faire passer pour un acteur masculin jouant des femmes sur scène. S’ensuive nombre quiproquos et troubles dans le genre, où Victoria revendique son droit à se faire passer pour un homme pour la liberté que ça lui procure, refusant d’abandonner son gagne-pain et sa liberté pour faire plaisir à son amoureux caricaturalement masculin.

Le film est progressiste, bienveillant avec ses personnages, drôle, très bien filmé, grosse recommandation.

The Swimmer, d’Eleanor et Frank Perry

Film de 1968. Un homme entre deux âges de la bourgeoisie américaine décide de rentrer chez lui depuis la maison d’amis à lui en passant par toutes les piscines des propriétés sur le chemin, appartenant aux gens de ses cercles sociaux. L’expérience commence bien pour lui-même si les gens sont perplexes devant son idée, mais graduellement, il devient clair que l’homme tente d’ignorer les événements récents malheureux de sa vie et de revivre une version idéalisée de son passé. Les gens lui sont de plus en plus ouvertement hostile plus il s’approche de chez lui, et son passé est peu à peu révélé, en contradiction avec la fable à laquelle il s’accroche et où il aurait toujours son statut de jeune bourgeois séducteur bien intégré dans la société.

J’ai bien aimé, mais la réalisation est datée, avec des cadrages assez baroques, des plans en surimpression les uns sur les autres et quelques longueurs