Archives de catégorie : Longs métrages

Airplanes, de Zucker, Zucker et Abrahams

Comédie états-unienne de 1980. Un ancien pilote militaire phobique de l’avion embarque dans un avion de ligne pour tenter de convaincre sa petite amie hôtesse de l’air de rester avec lui. Suite à une intoxication alimentaire, il doit prendre les commandes et faire atterrir l’avion.

Le scénario tient sur un timbre poste mais ce n’est pas l’important. Le film contient une énorme quantité de gags à la minute (certains un peu sexiste et datés, mais la majorité très bien), ça enchaine en permanence, il y a toujours quelque chose en arrière plan. C’est une excellente maitrise de la grammaire des gags. Je l’avais vu petit mais je ne me rappelais que de bribes.

Je recommande dans le genre comédie.

Prey, de Dan Trachtenberg

Film étatsunien de 2022, appartenant à la franchise Predator. en 1717, une jeune comanche qui veut faire ses preuves en tant que chasseresse assiste à l’arrivée d’un Predator sur Terre. Malgré l’incrédulité de sa tribu et le mépris que lui porte certains chasseurs qui pensent qu’elle devrait se contenter d’un rôle plus féminin, elle va après une série d’épreuves et de péripéties réussir à tuer l’extraterrestre en combat singulier.

C’était … pas très bien. Le concept de préquelle était intéressant, avoir un film où l’héroïne est une native-américaine était sympa, mais le message « girl power » est amené de façon très très peu subtile, le scénario est très linéaire (« Un problème. Résolu. Oh, un autre problème. Résolu aussi. Allez, un troisième problème »). Les paysages sont jolis mais ça ne suffit pas à faire un film. Regardez plutôt Nope, qui traite beaucoup mieux la thématique de la rencontre extraterrestre dans de beaux décors.

Lightyear, d’Angus MacLane

Film d’animation des studios Pixar/Disney sorti en 2022. On suit Buzz Lightyear, un astronaute dans un futur indéterminé, chargé de protéger une mission d’exploration d’une nouvelle planète. Suite à une erreur de pilotage de sa part, la mission est coincée sur une planète avec un biome hostile aux humain.es. Décidé à réparer cette erreur, il accepte de prendre part à un programme de test des nouveaux carburants supraluminiques fabriqués. Mais chaque test lui fait percevoir comme quatre minutes relatives ce que le reste de la base vit comme quatre ans. Buzz s’éloigne donc du reste de la société. Et le jour où le nouveau carburant est un succès, une nouvelle menace sous la forme de robots géants fait son apparition. Buzz va devoir faire alliance avec quatre membres d’une société qu’il ne connait plus pour la défendre et enfin mener sa mission à bien…

Résumé un peu long mais c’est parce que le concept de base du film est plutôt touffu. J’ai passé plutôt un bon moment devant, c’est un film d’action dans un décor de SF assez honnête avec pas mal de rebondissements et une morale intéressante. Par contre beaucoup de choses se voient venir d’assez loin (y’a des cadres en néon clignotant autour des fusils de Tchekhov). Ça m’a l’air à la fois trop simpliste pour les adultes sur certains points et trop complexe pour les enfants sur d’autres (mais peut-être sous-estime-je les enfants), du coup je ne vois pas trop qui est le public-cible.

Je recommande si vous voulez un film pas prise de tête dans un univers SF et que vous aimez les références à Toy Story. Un bon film d’été quoi.

La Nuit du 12, de Dominik Moll

Polar français tourné dans les Alpes et sorti en 2022. On suit une équipe de la PJ de Grenoble qui enquête sur le meurtre d’une femme à Saint-Jean-de-Maurienne. Les pistes sont multiples mais aucune n’aboutit (un carton au début du film annonce qu’il s’agit d’une enquête non-résolue), les confrontations avec les différents suspects et la violence du meurtre hantent les enquêteurs.

J’ai bien aimé. C’est logiquement pas très joyeux vu que le cœur du propos est un féminicide, mais c’est bien filmé, les personnages des flics de la PJ sont intéressants, les suspects sont antipathiques juste comme il faut et les paysages de montagnes sont très beaux. La relation entre Yohann et Marceau est réussie, le côté amitié bourru et mecs qui se confient l’un à l’autre mais ne se comprennent pas trop est bien mise en scène.

Je recommande si vous aimez les polars et la montagne.

Thor : Love and Thunder, des studios Marvel

N-ième film Marvel, que je suis allé voir pour profiter de la climatisation en cette période de canicule et parce que le précédent Thor réalisé par Taika Waititi m’avait laissé un bon souvenir.

Celui là était franchement médiocre. La bande son était sympa mais est utilisée sans subtilité aucune (visiblement à base de « ça a plu de mettre du rock dans le précédent, refaisons-le plein de fois). Le scénario est anémique, avec 15 000 trucs introduits sans qu’on ait le temps d’en explorer aucun, les actrices sont très mal employées (notamment Tessa Thompson, dont le personnage est laissé à l’arrière plan). L’idée d’introduire la version féminine de Thor était intéressante mais c’est très mal fait, avec une meuf qui revient quand même essentiellement pour être le love interest du héros et participer à son développement personnel en mourant tragiquement.
Les méchants (Zeus et Gorr) sont des mecs qui ne respectent pas les codes de la masculinité vs le héros ultra musclé (qui utilise des enfants soldats sans se poser de questions).

Quelques éléments rigolos cependant : deux chèvres géantes qui passent leur temps à hurler, certains passages de la bande son, Asgard réinventé comme une petite bourgade norvégienne paisible vs les palais rutilants des épisodes précédents. Une jolie scène en noir et blanc en partie animée avec des monstres qui sont créés à partir des ombres.

Bref, je ne recommande pas.

Rien à foutre, d’Emmanuel Marre et Julie Lecoustre

Film franco-belge de 2021. Cassandre est hôtesse de l’air dans une compagnie low-cost. Elle enchaîne les vols depuis Tenerife où elle est basée. Elle partage sa vie entre son boulot, des soirées en boîte et des coups d’un soir. Elle rêve de devenir hôtesse chez Emirates mais ne fait rien pour y parvenir, et tente d’esquiver la promotion que son chef lui impose.

J’ai bien aimé. Il y a un côté film social qui montre l’envers du décor des compagnies low-cost, mais en même temps Cassandre est contente de ce qu’elle trouve dans son boulot. Même si le film sort un peu le pathos pour montrer qu’elle s’est réfugiée là pour ne pas avoir à affronter la mort de sa mère, elle fait quand même parti du système, le fait tourner, et même si elle est empathique sur certains points, elle ne remet pas du tout en question le système global. Le film bifurque quand elle rentre dans sa famille et passe du temps avec son père et sa sœur à Huy, mais elle finit par repartir à sa vie d’hôtesse, en tentant d’entrer dans une compagnie de jets privés plus prestigieuse.

Globalement c’était sympa à regarder, quelques longueurs (surtout dans la partie du retour à la maison), mais le film vaut le détour

Nomadland, de Chloé Zhao

Film états-unien sorti en 2020, adopté du livre éponyme. On suit Fern, une femme qui vit dans un van aux États-Unis, suite à la désertification de la ville où elle vivait, dépendante d’une entreprise unique qui a fermé. Fern enchaine les petits boulots, pour Amazon, pour des coopératives de fermiers, en tant que gardienne d’un camping, vendeuse… Elle rencontre d’autres néo-nomades qui vivent sur les routes, servant de force d’appoint au capitalisme états-unien lors des périodes de rush, d’âge varié, incluant beaucoup de retraités sans pension.

Le film est beau mais – sans surprise au vu du sujet – un peu déprimant. Fern et les autres nomades sont fiers de leur style de vie et arrivent à trouver du bonheur dans le contact qu’ils ont avec la nature, leur style de vie particulier, leur éthique du travail, mais la vérité, et que Zhao met bien en avant, c’est qu’ils sont les dindons de la farce du néolibéralisme. Le film met en avant à la fois les paysages immense des États-Unis, que ce soit un parc national ou des routes qui s’étendent sans fin, mais aussi les entrepôts d’Amazon, les trailer parks, les sorties d’autoroute mal aménagées.

Je recommande, dans le genre « l’envers du rêve américain ».

Per qualche dollaro in più, de Sergio Leone

Western italo-ibéro-allemand de 1965, le second de La Trilogie des Dollars. Clint Eastwood et Lee Van Cleef jouent Manco et le colonel Mortimer, deux chasseurs de primes que tout oppose. Pour abattre El Indio, bandit récemment évadé, ils font difficilement alliance. Le film va mettre en scène le braquage de la banque d’El Paso par la bande d’El Indio, l’infiltration de cette bande par les chasseurs de primes, de multiples retournements de situation et des fusillades dans tous les sens.

C’est un excellent western, Leone est très bon pour faire monter la tension à partir de n’importe quel élément. La bande son de Morricone est parfaite comme d’habitude. Bon par contre c’est un western au premier degré, donc c’est l’affrontement de deux surhommes nietzschéens, qui font comme bon leur semble, le reste du monde servant de toile de fond à leur existence et l’intérêt étant dans leur affrontement à eux trois. Le film met totalement en scène la puissance qui émane des trois personnages principaux, qui d’un regard obtiennent ce qu’ils veulent de tout les autres (jusqu’à rencontrer un autre surhomme et là y’a de la tension puis la reconnaissance d’une valeur mutuelle). Ça marche très bien en tant que film mais c’est pas forcément politiquement très enthousiasmant comme vision du monde.

Porco Rosso, d’Hayao Miyazaki

Film d’animation japonais des studios Ghibli, paru en 1992. Je l’ai déjà vu un certain nombre de fois mais je le revois avec plaisir et je constate que je ne l’ai toujours pas chroniqué ici.

L’action prend place sur les îles de la mer Adriatique et dans l’Italie de l’entre-deux guerres. Les fascistes sont arrivés au pouvoir mais leur influence ne se fait pas encore ressentir dans les îles. La vie y est globalement tranquille, baignée de soleil et éloignée de l’influence gouvernementale, permettant l’existence d’une piraterie en hydravion qui rançonne les paquebots de passagers, et de chasseurs de prime qui combattent les pirates. Marco est un de ces chasseurs de prime. Ancien héros de guerre transformé en cochon anthropomorphe dans des circonstances inexpliquées, il vit sur une île isolé, sortant pour combattre les pirates et rendre visite le soir à Gina de l’hôtel Adriano, la femme d’un de ses anciens camarades d’escadrille mort au combat. L’arrivée d’un pilote américain bravache et se mettant au service des pirates en tant que mercenaire va forcer les événements à s’accélérer, et Marco à commander un nouvel avion à une usine milanaise, lui faisant faire la rencontre de Fio, jeune ingénieure déterminée.

C’est un excellent film. L’ambiance « période de calme entre deux guerres » est très bien rendue, il y a plein de plans qui sont là juste pour montrer de jolis décors et ça marche très bien. Les personnages sont réussis, il y a un esprit « code de l’honneur chevaleresque » et « rien n’est jamais très grave, les méchants vindicatifs se calment si on leur parle un peu fermement » qui fait très hopepunk dans l’esprit.

Girlfriends, de Claudia Weill

Film étatsunien de 1978. On suit la vie de Susan Weinblatt, une photographe indépendante newyorkaise. Le film s’ouvre par le départ de sa colocataire, qui – alors qu’elles devaient aménager ensemble dans un nouvel appart – se marie et déménage en dehors de New York. Susan galère à trouver sa place dans la vie, entre un sentiment de solitude dans sa vie perso (elle flirte avec un mec un peu idiot à une soirée, elle a un début d’aventure avec un rabbin marié qu’elle fréquente pour son boulot), et des difficultés dans sa vie pro (elle tente de percer comme photographe en vendant des photos à des revues d’art, mais elle vit surtout de commandes alimentaires en photographiant des bar-mitzvah).

J’ai bien aimé. C’est un film « tranche de vie » assez réussi. On voit la vie de Susan, ses relations avec ses amies, la tension avec le style de vie plus installé de son ancienne coloc qui n’est pas très heureuse de ses choix non plus. Je recommande.