Prix Goncourt 2012. Le livre raconte l’histoire de plusieurs membres d’une famille corse. L’histoire s’ouvre sur la description d’une photo prise en 1918 avant le retour de la guerre du père de famille. Elle va s’étendre brièvement sur la vie du couple, avant de se concentrer sur la vie de leur arrière petit fils Matthieu, avec des passages sur la vie de leur plus jeune fils Marcel, son fils Jacques (très peu), et celle d’Aurélie, la sœur de Matthieu. Matthieu a été élevé sur le continent, et il considère pendant longtemps la Corse comme son paradis perdu. Persuadé que tout ce qui a trait à la Corse est merveilleux, il abandonne ses études pour reprendre un bar dans le village familial avec son meilleur ami. Si les choses se déroulent bien au début, le rêve de Matthieu va peu à peu s’effondrer.
C’était agréable et intéressant à lire. La narration fait des allers-retours entre les époques et les générations, révélant peu à peu les différentes péripéties de l’histoire familiale. Libero, le meilleur ami de Matthieu, a fait son mémoire de master sur Saint-Augustin, ce qui amène les parallèles entre leur situation (et l’effondrement de leur rêve de vie tranquille au pays) et le sermon de Saint-Augustin sur la chute de Rome, et donc le titre du livre.
Roman français de 1881. Les deux héros du roman se rencontrent par hasard à Paris et deviennent très amis. Les deux sont employés de bureau et insatisfaits de leur vie. Quand l’un des deux hérite, ils décident de partir vivre à la campagne, ayant acheté un manoir et une ferme qui leur assure une rente. Ils se mettent à l’agriculture en amateurs, puis appliquent à la même (absence de) méthode à tous les domaines possibles (sciences, religion, archéologie, gymnastique, politique, éducation), allant de catastrophe en catastrophe et enchainant les pertes sèches d’argent sans jamais perdre confiance en eux-mêmes.
C’était plaisant à lire, ce qui n’est pas gagné d’avance avec du Flaubert. Le roman est inachevé, le dernier chapitre n’existe que sous forme de plan, mais ça ne gène pas la lecture.
Livre japonais sur la vie de trois personnes travaillant sur un site industriel gigantesque. On suit trois employés, un ingénieur affecté au bureau de végétalisation des toits, une contractuelle qui s’occupe de la destruction des documents internes, et un intérimaire qui travaille à la correction de documents. Dans les trois cas, le but de leur travail reste relativement obscur, leur hiérarchie assez peu existante, et le cœur de métier de l’Usine à la fois loin de ce qu’iels font et mystérieux à appréhender. L’Usine semble avoir des dimensions et une occupation changeante, le temps s’y écoule différemment d’à l’extérieur, et elle contient une multitude de sous-services et d’annexes qui permettent de passer une vie entière en son sein sans jamais manquer de rien. Peu à peu, l’intrigue va se resserrer sur des animaux qui semble n’exister qu’au sein de l’Usine, et se multiplient de plus en plus.
C’était assez étrange comme lecture. Une espèce de fantastique corporate, avec les codes japonais de l’attachement à l’entreprise (mais réactualisés pour une époque où l’emploi à vie n’est plus qu’un lointain souvenir). Ça se lit vite et on se laisse prendre à l’histoire.
Roman polonais de 1996. On suit sur un demi-siècle la vie dans le petit village polonais d’Antan. Il s’avère qu’Antan est l’axe du monde, et que tout ce qui s’y passe est d’une importance cruciale. Le livre est composé de court chapitres, variant à chaque fois le point de vue. Certains reviennent et sont des fils conducteurs, d’autres ne sont présentés qu’une fois. La majorité sont des points de vue d’humains, mais on a aussi ceux d’objets, d’animaux ou d’anges gardiens. On voit l’influence des deux guerres mondiales sur Antan ainsi que les évolutions propres au village, les mariages, les enfants. Deux éléments de fantastiques parcourent le roman sans être approfondis plus que ça : un des personnages explique à un moment que rien n’existe hors d’Antan et que les gens qui pensent en sortir restent paralysés à la frontière du village et forment de faux souvenirs ; un autre personnage reçoit un jeu qui est supposé représenter la totalité de l’univers et est composé de huit mondes enchâssés successivement créés par Dieu, avec Antan au centre.
C’était sympa à lire, sans être la révélation de l’année.
Roman américain de 2007. Philip Roth reprend pour un dernier roman le personnage de Nathan Zuckerman, son alter ego fictif. Après 11 ans de retraite dans la campagne américaine, Zuckerman revient à New York pour une opération de la prostate. Se replongeant d’un coup dans l’agitation urbaine dans les jours qui entourent la réélection de Bush, il va renouer avec une vieille connaissance, se prendre le bec avec un jeune écrivain ambitieux, et être bien libidineux et craignos avec une jeune écrivaine.
C’était assez malaisant. On a un narrateur de 71 ans qui passe son temps à parler de son désir pour une femme de 28, et de sa volonté qu’on n’aille pas déterrer la relation incestueuse entre un écrivain qu’il admirait et mort depuis 30 ans et sa sœur. C’est dommage que ces thèmes principaux soient aussi craignos (mais je crois qu’il faut que je me résolve à ce que j’apprécie les livres de jeunesse de Roth mais qu’il a salement dérivé avec l’âge), parce qu’il y avait des éléments intéressants : le narrateur sent le poids des années et de sa condition physique qui se délabre, aussi bien en terme de trous de mémoire que de façon plus prosaïque par le fait de devoir gérer une incontinence. Deuxième point intéressant, le texte alterne entre des segments écrits à la façon d’un roman et d’autres à la façon d’une pièce de théâtre, qui sont des conversation imaginaires écrites par le narrateur pour remplacer ce qu’il n’a pas osé dire ou demander à des gens. Mais de façon générale, je ne recommande pas ce livre, lisez plutôt Le Complot contre l’Amérique ou Pastorale américaine du même auteur.
Essai par une chercheuse noire sur le rapport de la France aux personnes noires et des personnes noires à la France. Elle se base sur sa propre expérience de femme dont la famille a des origines ivoiriennes, mais qui est elle-même née en France, et sur son parcours entre la France et les États-Unis. Le Triangle du titre est l’Océan Atlantique du commerce triangulaire.
Maboula Soumahoro parle de la plus grande facilité qu’il y a à ne pas être la personne noire « locale » : en tant que Française aux US elle n’était pas prise dans la question raciale spécifique aux US et avait un vécu très différent de celui des Afro-Américains (dans des situations de conversation : dans la rue, les gens la considèrent juste comme noire sans plus de nuances). En miroir les Afro-Américain·e·s qui viennent vivre en France n’y éprouvent ni le racisme qu’ils connaissaient aux US ni celui que les Français·e·s noir·e·s vivent.
Elle détaille aussi le concept d’identité diasporique : elle n’est pas ivoirienne même si sa famille en vient, elle ne parle pas dioula comme sa mère mais français et anglais. Elle a un rapport complexe à l’Afrique et à la France par conséquent.
Maboula Soumahoro parle aussi de comment la recherche française est largement en retard sur les US sur les black studies, avec l’exemple de son sujet de mémoire de master qui a été retoqué par une prof qui considérait qu’elle était totalement en dehors de tout sujet et toute démarche scientifique en voulant travailler sur les nationalismes noirs.
Ce blog continue à accueillir des invités de qualité. Aujourd’hui c’est aaz qui publie un récapitulatif de ce qu’il a lu l’année dernière.
En 2020, j’ai pris note de tous les livres que j’ai lus, avec leur date de lecture. J’ai commencé en suivant le “52 Book Challenge” du subreddit r/52book. Les deux sites sur lesquels je notais mes lectures, Goodreads et Babelio, proposaient aussi la fonctionnalité de se fixer un objectif annuel de livres lus.
Je n’ai pas pris l’aspect défi trop au sérieux, mais j’étais content de regarder le subreddit de temps en temps pour voir ce qui y était posté, les livres qui étaient lus, comme on en tenait le compte, etc. J’étais aussi curieux d’avoir une idée factuelle de mes propres habitudes de lecture, tout en restant vigilant à ce que le quantitatif ne prenne pas le pas sur le qualitatif, et que la mesure ne devienne pas un objectif en soi.
Résultat, j’ai lu 54 livres durant l’année 2020 (hors BD / romans graphiques et “non-fiction”), dont voici mes 10 préférés :
The Goldfinch, Donna Tartt. Un roman d’apprentissage sur l’adolescence d’un jeune Américain et sa relation particulière à un tableau d’un peintre flamand du XVIIe représentant un chardonneret. Lu avec beaucoup d’attentes, après avoir lu et adoré il y a quelques années The Secret History de la même autrice. C’est un gros roman dans lequel il se passe beaucoup de choses, avec des personnages que j’ai trouvés intéressants et bien écrits (n’en déplaise à certains). À la fois haletant et très touchant, j’ai trouvé que c’était un très bon livre.
The Liveship Traders, Robin Hobb. Pas tant un livre qu’une trilogie, mais je les range ensemble. Une épopée de fantasy autour d’une famille de marchands dans un monde avec des bateaux magiques qui parlent. Je n’avais jamais lu de livres de Robin Hobb auparavant, à part une première tentative avortée à l’adolescence. C’est ma très bonne surprise de l’année et c’est un plaisir de lecture en fantasy que je pense n’avoir pas eu depuis A Song of Ice and Fire de GRR Martin. Comme The Goldfinch ci-dessus, ce sont des livres portés par un ensemble de personnages complexes et travaillés, qui donnent beaucoup plus de force à l’histoire et à ses retournements.
The Remains of the Day, Kazuo Ishiguro. Dans les années 1950, un majordome anglais prend des vacances pour la première fois de sa carrière et se souvient de sa vie passée. Un court roman, beau et mélancolique, presque caricaturalement anglais. À conseiller à ceux qui ont aimé Downton Abbey mais qui ne pouvaient pas s’empêcher de se sentir un peu coupables.
The Farseer Trilogy, Robin Hobb. Dans le même univers que les Liveship Traders (et à lire en premier).Le récit initiatique d’un jeune bâtard à la cour du roi, promis à une grande destinée. Sur un thème classique, une série passionnante, là aussi surtout portée par les personnages. Rien de plus à dire, c’était super bien. Très content d’avoir encore dix livres de la même série devant moi.
Le Rouge et le Noir, Stendhal. Les années de jeunesse du fougueux Julien Sorel, serial lover et fan de Napoléon à la fin de la Restauration. C’était une relecture, après une première lecture au lycée dont je n’avais gardé finalement qu’assez peu de souvenirs et juste une impression générale d’enthousiasme. Impression confirmée cette année, peut-être pas forcément pour les mêmes raisons : je pense que le contexte historique m’était passé largement au-dessus de la tête, et que je ne me rendais peut-être pas vraiment compte de l’ironie de Stendhal vis-à-vis de son héros. C’est un roman “classique” pas chiant du tout, et en tout cas classique pour de très bonnes raisons.
Anna Karénine, Tolstoï. La vie compliquée d’Anna Karénine, femme adultère, et de ses amis aristos, dans la Russie de la fin du XIXe siècle. De Tolstoï je connaissais le début de la Guerre et la Paix, pour avoir tenté à plusieurs reprises d’en venir à bout avant de le lâcher à cause de la longueur (mais en 2021 peut-être ?), sans que cela tempère mon enthousiasme. Anna Karénine est (un peu) moins long, mais tout aussi bien, surtout en raison de la richesse des personnages (je me rends compte que c’est le thème de cette liste). Là aussi un “classique” au meilleur sens du terme.
Piranesi, de Susanna Clarke. L’histoire d’un homme qui vit seul dans un grand domaine en pierre, en apparence infini, aux murs couverts de sculptures. J’ai dû me forcer à modérer mes attentes pour ce livre inespéré qui arrivait quinze ans après Jonathan Strange and Mr Norrel (que j’aime. vraiment. vraiment. vraiment. beaucoup.), sachant que ça ne serait ni une suite ni un livre aussi ambitieux. Mieux vaut ne rien dire de l’histoire pour ne pas la gâcher, mais ce que je peux en dire c’est que c’est un petit livre surprenant et très bien écrit, pas forcément celui que j’attendais, mais je suis content de l’avoir.
Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu. Quatre étés d’un adolescent d’un milieu populaire dans la Lorraine désindustrialisée des années 1990. Je me méfiais de l’étiquette de “roman social” et de prix Goncourt, à tort : l’époque et le contexte sont très bien rendus, et c’est un vrai plaisir de lecture.
L’été meurtrier, Sébastien Japrisot. Dans un petit village de montagne en Provence, des secrets familiaux et les bouleversements qu’ils entraînent. C’est un polar / roman à suspens rondement mené, bien écrit, avec une intrigue travaillée. Comme ci-dessus, c’est un livre ancré dans un lieu et une époque qui sont évoqués avec richesse. Mon premier Japrisot, qui m’a donné envie d’en lire d’autres.
Amatka, Karin Tidbeck. Livre suédois, sur une société totalitaire, au milieu du froid, où il faut régulièrement inscrire leur nom sur les objets pour qu’ils conservent leur forme. C’est un peu onirique et parfois déconcertant. Un peu à part du reste de cette liste, et plus expérimental que mes lectures habituelles, ça reste un livre intéressant, qui exploite tout le potentiel et la richesse de la SF.
Je suis assez content de la liste ci-dessus au sens où je la trouve relativement variée. L’un des objectifs que j’avais en tête en notant ces livres était aussi de recenser toutes sortes de statistiques, pour pouvoir quantifier objectivement la diversité de mes lectures : auteur homme / femme, littérature de genre ou non, langue de lecture, pays d’origine, etc. Le but n’était pas de me contraindre, de viser à une exacte parité ou autre chose de ce genre, mais simplement de mettre des chiffres sur des impressions. De même, j’ai aussi relevé la taille de chaque livre, en nombre de mots (à partir d’un plugin de Calibre), pour voir un peu comment avait varié mon rythme de lecture selon les mois.
Regardons donc un peu les chiffres.
À titre de remarque préliminaire, je remarque déjà que malgré mes vœux pieux je ne suis pas sûr d’avoir vraiment réussi à me détacher du côté défi quantitatif. Avec mes 54 livres, je dépasse tout juste mon objectif arbitraire de 52 livres dans l’année. Je pense que les rappels de Goodreads du type « vous avez 1 / 2 / 3 livres d’avance / de retard » ont pu jouer pour me faire lire des petits trucs courts au lieu de plus gros pavés, afin de tenir le rythme.
(52 semaines de 2020, chaque changement de couleur représente un livre différent.) (52 livres dans l’année = un livre par semaine / par colonne)
C’est un des effets pervers les plus idiots, comme le fait de m’être parfois poussé à lire vite. A posteriori, ces lectures rapides m’ont moins marqué que les romans plus longs, dans lesquels on se retrouve forcément plus investi sur la durée. Je suis content d’avoir lu beaucoup de livres cette année, et faute d’avoir compté les années précédentes je ne sais pas si c’est sensiblement plus que d’habitude. En tout cas, si je recommence l’expérience pour 2021, c’est sans me prendre la tête sur ce point.
S’agissant de la diversité, je pense que le fait de regarder régulièrement mon tableau excel a aussi pu jouer pour me forcer à amener de la variété. C’était particulièrement vrai pour certains livres qui cochaient toutes les cases de mon intersectionnalité, comme Plus haut que la mer, de Francesca Melandri, un livre de littérature “blanche” (non-SFF), écrit par une femme, d’un pays non anglo-saxon, et lu en français. Contrairement au point précédent, je pense qu’ici, le fait d’être influencé par la métrique n’a eu que des effets positifs : il a donné lieu à de belles découvertes et à de bonnes surprises.
En exemple, ci-dessous, le récapitulatif des livres lus en anglais (en foncé) et en français. C’est quelque chose que je surveille, j’ai peur qu’à force d’aller chercher mes suggestions de lecture sur reddit ou d’autres sites américains, je finisse par “trop” lire en anglais, quoi que ça veuille dire. Je suis à peu près à parité, en penchant un peu plus d’un côté ou de l’autre selon que l’on compte en nombre de livres, en nombre de mots ou en nombre de jours.
Sur les autres mesures, je suis à peu près à parité entre les livres de fantasy ou de SF (26/54) et les autres. J’ai lu seulement 35% de livres écrits par des femmes, mais parmi eux six livres de Robin Hobb qui comptent, en nombre de mots, pour quasiment 25% de mon total de lectures de l’année.
Enfin, le compte de mots de chaque livre m’a permis de quantifier mon rythme de lecture, à la fois en valeur absolue et dans ses variations pendant l’année. En tout, les 54 livres correspondent à un total d’un peu plus de sept millions de mots, soit environ 20 000 mots par jour. À la louche, cela correspond à un peu moins de cent pages au format poche, ou à peu près une heure de lecture quotidienne. C’est assez difficile de me le représenter, mon année a été assez hétérogène, entre un confinement au printemps plutôt tranquille, et les autres périodes où j’étais davantage occupé.
À partir des dates de fin de lecture, je peux calculer, à l’échelle de chaque livre, mon rythme moyen de lecture, c’est-à-dire le temps moyen passé à lire, en gros, pour chaque semaine. Le graphe correspondant est ci-dessous.
Il y a évidemment un effet confinos assez visible, mais j’y retrouve aussi des corrélations manifestes avec certains événements de mon année écoulée : ma période d’examens, les moments les plus intenses professionnellement, ma semaine de grippe suspecte avec des difficultés à respirer, mes vacances… Il y a aussi les livres qui me sont tombés des mains et que j’ai simplement mis du temps à finir au lieu de les abandonner.
En guise de bilan, je dirais donc que je n’ai rien découvert d’inattendu dans cette démarche, mais qu’elle m’a permis d’objectiver un certain nombre de choses dans ma pratique de lecteur, au prix d’un effort finalement assez minime de suivi des données. C’est une expérience que je réitère avec plaisir en 2021.
Pour finir, le reste de ma liste. L’ordre a été élaboré à partir de comparaisons deux à deux sur un site internet qui m’a produit un classement final (sans trop m’en demander pour ne pas créer de problème). Je ne suis pas sûr que, pour le milieu du classement, ce soit quelque chose qui ait vraiment beaucoup de sens ; j’ai pris le temps de le faire plus par affinité personnelle pour les listes ordonnées qu’autre chose. J’arrive toutefois à délimiter quatre grosses catégories, qui sont les suivantes :
Les livres qui ne sont pas dans le top 10 mais que j’ai trouvés top et que je recommande sans hésiter :
Sous les vents de Neptune, F. Vargas (seule autre relecture en 2020 avec le Rouge et le Noir),
Normal People; S. Rooney,
Le hussard sur le toit, J. Giono,
Smiley’s People, J. Le Carré,
Watership Down; R. Adams,
La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil, S. Japrisot,
Vernon Subutex (t. 1), V. Despentes,
L’attentat, Y. Khadra.
Les livres qui sont encore vraiment très bien quand même (oui, je ne suis pas un public très difficile) :
Le parfum, P. Süskind,
Surface Detail, I. Banks,
House of Suns, A. Reynolds,
Vita Nostra, M. et S. Diatchenko,
The Woman in White, W. Collins,
L’élixir d’oubli, P. Pével,
La formule préférée du professeur, Y. Ogawa,
Plus haut que la mer, F. Melandri,
Unité 8200, D. Alfon,
Les enchantements d’Ambremer, P. Pével,
Machines Like Me, I. McEwan
Les livres que j’ai bien aimés mais sans être transcendé :
Le fracas du temps, J. Barnes,
Chevauche-Brumes, T. Latil-Nicolas,
La maison, E. Becker,
Civilizations, L. Binet,
Underground Railroad, C. Whitehead,
Serpentine. Ph. Pullman,
Le lambeau, Ph. Lançon,
Dernière sommation, D. Dufresne,
Lock In, J. Scalzi,
Beyond the Rift, P. Watts,
The Ballad of Songbirds and Snakes, S. Collins,
Stalker, A. et B. Strougadsky.
Chien du Heaume, J. Niogret.
Les livres bof, d’un avis moyen ou réservé jusqu’aux grosses déceptions :
Les furies de Boras, A. Fager,
Skyward, B. Sanderson,
La ménagerie de papier, K. Liu,
The Atrocity Archives, C. Stross,
La panse, L. Henry,
Tous les oiseaux du ciel, C. J. Anders,
Embassytown, C. Miéville (prix 2020 du “Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne”)
Olangar : Bans et Barricades (t. 1), C. Bouhelier.
L’histoire croisé d’un assistant parlementaire un peu veule et d’une hackeuse qui plonge dans la paranoïa suite à l’arrestation de son compagnon.
Le livre revient sur les actions des Anonymous, sur la captation de l’image des hackers par des firmes d’infosec, sur le harcèlement et flicage numérique des femmes par des hommes violents, et sur l’impact du mouvement des Gilets jaunes et de l’élection de Macron sur la vie politique française.
Je n’ai pas pas été transporté, l’écriture sonne un peu articificielle. La ligne narrative d’Antoine souffre de la comparaison avec La Tannerie, qui traite mieux des sujets similaires ; celle de L fait très « les hackeurs racontés par qq qui ne connait pas le milieu » – même si la description est correctement documentée, on sent l’extériorité. Le passage que j’ai préféré est probablement la fin à la Vieille Ferme, mais c’est court.
J’avais largement préféré le précédent roman de l’autrice, L’Art de Perdre.
Uchronie écrite en 1967. Un jeune anglais, Dan Beauchamp, quitte son pays récemment indépendant et appauvri, et part tenter sa chance dans les Nouvelles-Hespérides, où les empires Incas et Aztèques sont les puissances dominantes du monde. Il vivra plusieurs aventures à travers l’empire Aztèque, ses colonies et les territoires indépendants des Hespérides du Nord, avant de finalement embarquer pour l’Afrique, le continent prédit comme le prochain centre de pouvoir.
C’était sympa à lire. C’est un roman d’aventures assez classique dans sa facture, assez court, qui parle de colonialisme et de contingence de l’histoire. Le héros est un peu naïf, il a des rêves de grandeur et de conquête qui résistent mal au contact du réel. Pas beaucoup de personnages féminins, mais celui qui est développé est réussi et indépendant (et est assez affligé par les rêves de conquête du héros).
Une lecture courte mais efficace, qui réussit à bien développer son contexte uchronique pour y placer une aventure très classique mais plaisante à lire.
J’ai aussi lu récemment Hors Sol de Pierre Alféri et The Beautiful Land d’Alan Averill, mais les deux n’étaient pas très bien du coup je ne vais pas prendre le temps de les chroniquer. Dans les deux cas c’était de la SF, mais ça manquait de profondeur et de style d’écriture.
Si par une nuit d’hiver un voyageur X The End X Neverwhere X …
Zachary est un étudiant en train de rédiger son mémoire de master sur la narration dans les jeux vidéos. Il profite de la période avant la reprise des cours en janvier pour emprunter à la chaîne des romans dans la bibliothèque universitaire. C’est comme ça qu’il tombe sur un roman sans mention d’un auteur, qui semble une collection de nouvelles à tonalité fantastique, dont une qui décrit avec des détails précis une expérience qu’il a eu enfant. Il se met en quête de plus d’informations sur le livre, et découvre rapidement une société secrète et un univers parallèle constitué d’une mer souterraine et d’un havre qui la borde, qui contient une quantité gigantesque de récits archivés sous d’innombrables formes, mais désormais quasi désert.
C’était assez cool. Au début j’étais un peu sceptique sur le fond. Autant il y a vraiment toutes les références pour me séduire, autant l’histoire commence de façon très classique avec des personnages assez archétypaux de ce genre de récits, dont on pénètre assez peu la psychologie. Mais on est sur une histoire à propos d’histoires et avec des protagonistes genre-savvy, du coup après un certain temps ça devient plus méta. Plusieurs récits enchâssés se rejoignent, plein d’éléments sont volontairement laissés obscurs et peuvent s’interpréter de plusieurs façons, le rôle des personnages se brouille.
C’est très dense en idées et en symboles, ça fait ~600 pages que j’ai lu quelques jours, ce qui montre le potentiel d’accroche. Après le côté psychologie et motivation profonde des personnages reste léger, mais c’est du worldbuilding perpétuel avec une bonne couche de méta.