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Manières d’être vivant, de Baptiste Morizot

Recueil d’essais de philosophie écologique, rassemblant 4 textes.

La thèse de Morizot est que la crise de la biodiversité trouve sa source dans une crise du rapport des humain.e.s au vivant, dans notre insensibilité et incapacité à le percevoir comme omniprésent, à l’origine de multiples phénomènes qui nous paraissent immanents (la floraison au printemps, en très grande partie médiée par les pollinisateurs, par ex). Cette insensibilité est un bug, mais c’était à la base une des features de la modernité : elle consistait à adapter le monde à nous plutôt que le contraire, et donc à uniformiser les milieux autour de nous, les rendre productifs et répondant à nos besoins, sans prendre en compte les besoins du reste du vivant.

Le premier essai du livre parle de pistage des loups et de la façon dont ceux-ci perçoivent le monde et interagissent avec lui. Morizot mèle le récit d’un pistage sur plusieurs jours et ses réflexions sur la perception des loups, dans une forme mi-essai mi-roman. Ça se lit tout seul, et c’est super intéressant, sur la question de la communication notamment : les hurlements des loups sont une communication audible par tou.te.s, et qui doit donc coder des informations pour de multiples auditeurs : amis, ennemis, proies… Les loups d’une meute quand ils sont rassemblés hurlent sur des fréquences harmoniques, rendant difficile le décompte des voix et gonflant la taille perçue de la meute. Les jeunes isolés hurlent sotto voce jusqu’à ce que leur hurlement soit repris par un membre plus âgés de la meute, ce qui leur donne l’assurance d’être en territoire allié. Morizot parle aussi de comment les être vivants réemploie des traits évolutifs pour de multiples usages : les loups marchent avec la patte arrière dans l’empreinte de la patte avant : ça évite de risquer de marcher sur une brindille et donc de se faire repérer, comportement utile pour un prédateur et potentielle raison de sélection du caractère. Mais cela leur permet aussi lors de déplacement dans la neige de minimiser leurs efforts : dans des terrains fortement enneigés toute la meute mets ses pattes dans les mêmes traces, mais sur un terrain moins rude, les louveteaux font leur propre trace, parce que s’adapter au pas des adultes leur demande un effort. Des réflexions aussi sur comment la combinaison de différents traits évolutifs (le hurlement, la vie grégaire, le comportement de prédateur) rassemblés dans les loups leur a permis d’inventer ce style de vie particulier avec des nuits grégaires et des journées solitaires.

Le deuxième et le troisième essai m’ont moins enthousiasmé. Le second parle de contingence évolutive (l’Histoire Évolutive du monde est une succession de hasard ; elle aurait tout à fait pu se dérouler autrement et l’Humain et son intelligence n’est donc pas spécial en soi mais une combinaison rare) et de pressions de sélection : si l’Évolution est bien contingente, les pressions poussent quand même à l’invention de certains traits utiles, et l’intelligence en fait partie. Non seulement l’Humain est encore moins spécial de ne pas être seulement un hasard inouï, mais on a alors une responsabilité de ne pas flinguer l’environnement terrestre, qui pourrait si on laissait de la place à l’évolution des autres espèces (sur des durées géologiques), voire apparaître d’autres formes d’intelligence potentiellement plus brillante que celle humaine (au passage, on sait déjà que l’intelligence en soi a été inventée plusieurs fois dans l’évolution, et que les pieuvres, les corbeaux et d’autres animaux encore la possèdent). Morizot nuance cependant son argument en remarquant que tant qu’on n’éteint pas absolument toute vie sur Terre (ce qui est impossible), les dégâts qu’on fera seront effacés sur le temps long par une nouvelle diversification évolutive (mais bon « après quelques millions d’années notre merde sera plus visible » c’est léger comme excuse).

Le troisième essai parle de la métaphore cartésienne de l’esprit humain comme un cocher (la raison) domptant des bêtes sauvages (les passions). Morizot développe ici que la métaphore est basée sur une vision totalement dépassée de ce que sont les animaux, clairement pas de pures boules d’instincts et de passions. Propose à la place de méler la vision spinoziste où le dualisme n’est pas entre raison et passions mais entre passions joyeuses et passions tristes, qui ne sont pas les plateaux d’une balance ou l’on réprime l’un pour faire monter l’autre, mais deux chemins empruntables, en encore pour reprendre une fable amérindiennes, deux loups en nous ; mais il ne s’agit plus alors de les dompter, mais de nourrir celui qui est porteur des sentiments nobles. La raison serait alors non un cocher mais un animal parmi d’autres, mais qui favorise le développement des affects positifs.

Le quatrième essai revient à l’étude des loups, et à sa participation au projet CanOvis, un projet d’étude des interactions entre loups/troupeaux/chiens/bergers dans le Var. Le but du projet n’est pas de prendre position en faveur des loups ou des bergers, mais de réfléchir aux modes de cohabitation possibles.
Morizot développe l’idée plus générale d’être un.e promoteurice de la relation/un diplomate/un ambassadeur de la relation même plutôt que d’un camp ; l’idée d’une position qui travaille en faveur des interdépendances entre les humains et le reste du vivant, en n’acceptant pas tout et n’importe quoi : les loups qui attaquent systématiquement les troupeaux doivent être abattus ; les éleveureuses qui ne protègent pas suffisamment leurs troupeaux ne doivent être indemnisés automatiquement. Il généralise aux cohabitations humain.e.s/milieux, en partant du point de vue de la prairie : certaines formes de pastoralisme sont bonnes pour la prairie, qui bénéficie du passage de troupeau restant ni trop peu ni trop longtemps : il y a une alliance objective entre la prairie et certains comportement humains. De la même façon, il y a alliance objective entre les pollinisateurs et les apiculteurs, contre les néonicotinoïdes (et donc l’agro-industrie, l’industrie chimique, etc.)

Enfin, parle du fait de ne pas se reposer sur une partition du monde vivant entre sacré et profane, comme on l’a par exemple dans l’idée de réserves naturelles sanctuarisées et intouchables par aucune activité humaine vs la « Nature ordinaire » qui serait exploitable à volonté. Pour lui, il est intéressant d’avoir des zones qu’on laisse en libre évolution totale, mais par ailleurs l’ensemble de la Nature mérite d’être traité avec des « égards ajustés », avec un souci de l’existence et du bien-être des êtres qui la composent (plutôt que l’extractivisme indifférent au milieu du Plantacionocène). Morizot montre que c’était la position des cultures non-occidentales, souvent représentées par l’Occident comme voyant la Nature comme sacrée, habitée par des esprits, vs notre bon rationalisme cartésien exploitatif. Plus justement, ces cultures utilisaient la Nature, faisait des prélèvements dedans : elle n’était donc pas sacré dans le sens occidental, mais il y avait un souci des répercussions des activités humaines sur les non-humain.e.s impacté.e.s, et pas spécialement par préoccupation de « l’esprit de la forêt » comme quelque chose de transcendant, la préoccupation était vraiment pour la forêt elle-même, ou telle espèce, tel individu.

C’était très intéressant ; le style de Morizot est assez particulier mais souvent facile à lire pour de la philosophie. Je recommande les essai 1 et 4, et je pense que je lirai Les Diplomates, qui parle aussi de loups et de relations inter-espèces.

Black & White, de Lewis Shiner

Roman américain sorti en 2008 et se déroulant sur deux époques : quelques semaines de 2004 et la vie des parents du héros principal, Michael Cooper. Michael revient pour les derniers jours de son père à Durham, en Caroline du Nord. En creusant le passé de son père et en s’impliquant dans la vie de la ville, il va découvrir progressivement que son histoire familiale est largement liée à l’évolution de la ville, et à l’éviction des quartiers noirs prospères pour laisser passer une autoroute dans les années 60 et 70.

J’avais récupéré ce bouquin parce que j’avais beaucoup aimé Fugues, du même auteur. On n’est pas du tout dans le même style, à part la question de la relation à la figure paternelle. Fugues avait un net côté fantastique, ici on est dans un roman essentiellement réaliste. L’œuvre parle du racisme du sud des États-Unis, de comment ce racisme est passé par certaines politiques publiques, et de sa perpétuation jusque dans les années 2000. Il parle beaucoup d’identité, d’attirance et de relation. C’était sympa à lire, surtout l’histoire du père de Michael – certains passage de celle de Michael lui-même sont un peu datés ou un peu trop rocambolesques.

Promise of Blood, de Brian McClellan

Roman de fantasy sorti en 2013. L’histoire se déroule dans un univers qui rappelle la fin du XVIIIe siècle européen. Le roman s’ouvre sur la chute d’une monarchie absolue suite à un coup d’État de l’armée, il y a un syndicat, des colonies, une artillerie. Mais il y a aussi de la magie, des dieux, des prophéties…

L’univers est original et très prenant, avec un système de magie intéressant. C’était fort sympa de sortir de la fantasy médiévale.
Par contre c’était un poil trop militariste à mon goût, puisqu’on suit deux mages-artilleurs et un inspecteur anciennement policier ; on n’est pas exactement dans la critique gauchiste des pouvoirs établis. Même s’il y a des personnages féminins intéressants, toute la narration est faite par les yeux de mecs et les femmes restent largement à l’arrière-plan (et beaucoup – mais pas toujours – comme des femmes de ou filles de).

C’est le premier tome d’une trilogie, je vais clairement aller lire les suivants, il reste plein de pistes ouvertes et j’espère que les défauts seront un peu rectifiés (ce serait assez facile à faire en variant les points de vue).

EDIT 13/02/20

J’ai lu les deux tomes suivants, donc tout le cycle (l’auteur a écrit une autre trilogie dans le même univers, mas qui se passe 10 ans plus tard et dans une autre partie du monde). Ça se lit de façon relativement prenante, mais c’est loin d’être inoubliable. Le tome 2 est clairement le plus faible du cycle, se concentrant vraiment trop sur les aspects militaires, là où le 3 ré-ouvre un peu l’intrigue sur des questions politiques et une enquête policière.

Globalement l’univers est très intéressant, mais ça manque d’un travail d’édition. Du point de vue de l’écriture en elle-même, où il y a de petites incohérences qui montrent un manque de relecture globale, et où trouve des lourdeurs et des répétitions (vu le nombre de fois où la consommation de poudre par les mages-artilleurs est décrite exactement de la même façon, ça devient rapidement ennuyant). Du point de vue du fond, des suggestions d’éditeur sur le développement de certains personnages ou de certaines relations entre elleux aurait été intéressant. Bon déjà sur 1200 pages, la trilogie ne passe pas le test de Bechdel, ce qui est dommage en soi, surtout qu’il y a pourtant de nombreux personnages féminins – même dans l’armée, totalement mixte, mais ces personnages sont finalement toujours isolés – pas non plus de personnages non-hétéros. La relation Taniel / Ka-Poel est franchement mal écrite, la seconde étant décrite à la fois comme une mage et une guerrière incroyablement puissante, et comme une petite chose fragile que Taniel doit protéger. Des problèmes aussi sur le côté assez similaire à 300 du conflit entre les nobles soldats d’Ardo compétents mais en petit nombre et l’armée d’un million d’hommes des Kez incompétents et fourbes ; c’est surtout présent dans le second tome (où l’armée d’Ardo doit tenir un défilé…), un peu rectifié dans le troisième.
Tbh, je pense que l’auteur est un peu de droite.

Dans les côtés positifs, le mélange entre les capacités magiques et la période temporelle est original, les différents types de magie aussi. Les mages-artilleurs sont intéressants, même si on les sent taillé.e.s sur mesure pour pouvoir raconter une histoire dans un cadre militaire (même remarque sur la géographie d’Adro d’ailleurs, un pays entouré de montagnes infranchissables – à trois points de passage stratégique près). L’auteur prend le temps de développer ses personnages, qui ont une épaisseur psychologique, un système de valeur interne, des doutes… même s’ils restent assez tropesques par moment.

À lire si vous voulez de la fantaisie avec des mousquets et un bon worldbuilding, à ne pas lire si vous voulez un truc conscientisé.

La Scierie, texte anonyme

Texte anonyme rédigé dans les années 50 et publié dans les années 70 et décrivant les deux ans passés par l’auteur en tant que travailleur dans des scieries proches de Blois. L’auteur raconte un quotidien très dur, physiquement harassant, sans solidarité entre les travailleurs (dans sa première scierie, ça change un peu dans la suivante, où les rapports humains restent tendus, mais « moins pire »). C’est un témoignage direct des conditions de travail en tant qu’ouvrier rural non qualifié à cette époque. L’auteur montre sans complaisance comment les conditions de travail le rendent mauvais (et ses collègues avec), il se réjouit des accidents de ceux qu’il n’aime pas, il y a zéro solidarité. Le texte est écrit rétrospectivement et l’auteur regrette en partie la transformation morale que ce métier lui a fait subir, mais il estime aussi en avoir retiré des choses intéressantes et une compréhension de ce qu’est intrinsèquement le travail.

C’était très intéressant comme témoignage.

Mes classes vendangeuses, par mickaël andré

J’ai aussi lu dans le même style un fascicule de quelques pages décrivant des vendanges dans les années 2010, mais là avec un recul sur les rapports de classe et la division genrée du travail. On est dans le même type de travail non qualifié, mais à une époque différente, et avec un regard de l’auteur assez différent. Mais là aussi on retrouve des rapports difficiles entre les travailleureuses, instrumentalisés par le patron.

Notre-Dame du Nil, de Scholastique Mukasonga

Roman rwandais de 2012, décrivant la vie dans un pensionnat de jeunes filles de bonne famille dans le Rwanda des années 70s, alors que les tensions ethniques entre Hutus et Tutsis s’accentuent. Le livre raconte la vie de l’institution, le pélerinage annuel à la statue de Notre-Dame du Nil d’où le pensionnat tire son nom, une visite de la reine Fabiola, les jeux d’influences entre les pensionnaires qui reproduisent les positions de leurs familles respectives (dans l’armée, dans le gouvernement…), leur relation aux adultes (les Sœurs qui tiennent l’établissement, le prêtre lubrique, les professeurs belges, français ou rwandais, le sorcier du village proche, leur famille…), et la montée progressive des persécutions des Tutsis, jusqu’à l’irruption de miliciens au pensionnat, qui viennent chercher « les filles du quota ». C’était intéressant, je connaissais peu l’histoire rwandaise – et je prend rarement l’occasion de lire de la littérature écrite par des auteurices africain.e.s, c’était bienvenu.

Le Sermon sur la chute de Rome, de Jérome Ferrari

« Meeeec, et si on ouvrait un bar ? »

Prix Goncourt 2012. Le livre raconte l’histoire de plusieurs membres d’une famille corse. L’histoire s’ouvre sur la description d’une photo prise en 1918 avant le retour de la guerre du père de famille. Elle va s’étendre brièvement sur la vie du couple, avant de se concentrer sur la vie de leur arrière petit fils Matthieu, avec des passages sur la vie de leur plus jeune fils Marcel, son fils Jacques (très peu), et celle d’Aurélie, la sœur de Matthieu. Matthieu a été élevé sur le continent, et il considère pendant longtemps la Corse comme son paradis perdu. Persuadé que tout ce qui a trait à la Corse est merveilleux, il abandonne ses études pour reprendre un bar dans le village familial avec son meilleur ami. Si les choses se déroulent bien au début, le rêve de Matthieu va peu à peu s’effondrer.

C’était agréable et intéressant à lire. La narration fait des allers-retours entre les époques et les générations, révélant peu à peu les différentes péripéties de l’histoire familiale. Libero, le meilleur ami de Matthieu, a fait son mémoire de master sur Saint-Augustin, ce qui amène les parallèles entre leur situation (et l’effondrement de leur rêve de vie tranquille au pays) et le sermon de Saint-Augustin sur la chute de Rome, et donc le titre du livre.

Bouvard et Pécuchet, de Flaubert

Roman français de 1881. Les deux héros du roman se rencontrent par hasard à Paris et deviennent très amis. Les deux sont employés de bureau et insatisfaits de leur vie. Quand l’un des deux hérite, ils décident de partir vivre à la campagne, ayant acheté un manoir et une ferme qui leur assure une rente.
Ils se mettent à l’agriculture en amateurs, puis appliquent à la même (absence de) méthode à tous les domaines possibles (sciences, religion, archéologie, gymnastique, politique, éducation), allant de catastrophe en catastrophe et enchainant les pertes sèches d’argent sans jamais perdre confiance en eux-mêmes.

C’était plaisant à lire, ce qui n’est pas gagné d’avance avec du Flaubert. Le roman est inachevé, le dernier chapitre n’existe que sous forme de plan, mais ça ne gène pas la lecture.

L’Usine, d’Hiroko Oyamada

Livre japonais sur la vie de trois personnes travaillant sur un site industriel gigantesque. On suit trois employés, un ingénieur affecté au bureau de végétalisation des toits, une contractuelle qui s’occupe de la destruction des documents internes, et un intérimaire qui travaille à la correction de documents. Dans les trois cas, le but de leur travail reste relativement obscur, leur hiérarchie assez peu existante, et le cœur de métier de l’Usine à la fois loin de ce qu’iels font et mystérieux à appréhender. L’Usine semble avoir des dimensions et une occupation changeante, le temps s’y écoule différemment d’à l’extérieur, et elle contient une multitude de sous-services et d’annexes qui permettent de passer une vie entière en son sein sans jamais manquer de rien. Peu à peu, l’intrigue va se resserrer sur des animaux qui semble n’exister qu’au sein de l’Usine, et se multiplient de plus en plus.

C’était assez étrange comme lecture. Une espèce de fantastique corporate, avec les codes japonais de l’attachement à l’entreprise (mais réactualisés pour une époque où l’emploi à vie n’est plus qu’un lointain souvenir). Ça se lit vite et on se laisse prendre à l’histoire.

Dieu, le temps, les hommes et les anges, d’Olga Tokarczuk

Roman polonais de 1996. On suit sur un demi-siècle la vie dans le petit village polonais d’Antan. Il s’avère qu’Antan est l’axe du monde, et que tout ce qui s’y passe est d’une importance cruciale. Le livre est composé de court chapitres, variant à chaque fois le point de vue. Certains reviennent et sont des fils conducteurs, d’autres ne sont présentés qu’une fois. La majorité sont des points de vue d’humains, mais on a aussi ceux d’objets, d’animaux ou d’anges gardiens. On voit l’influence des deux guerres mondiales sur Antan ainsi que les évolutions propres au village, les mariages, les enfants. Deux éléments de fantastiques parcourent le roman sans être approfondis plus que ça : un des personnages explique à un moment que rien n’existe hors d’Antan et que les gens qui pensent en sortir restent paralysés à la frontière du village et forment de faux souvenirs ; un autre personnage reçoit un jeu qui est supposé représenter la totalité de l’univers et est composé de huit mondes enchâssés successivement créés par Dieu, avec Antan au centre.

C’était sympa à lire, sans être la révélation de l’année.

Exit le fantôme, de Philip Roth

Roman américain de 2007. Philip Roth reprend pour un dernier roman le personnage de Nathan Zuckerman, son alter ego fictif. Après 11 ans de retraite dans la campagne américaine, Zuckerman revient à New York pour une opération de la prostate. Se replongeant d’un coup dans l’agitation urbaine dans les jours qui entourent la réélection de Bush, il va renouer avec une vieille connaissance, se prendre le bec avec un jeune écrivain ambitieux, et être bien libidineux et craignos avec une jeune écrivaine.

C’était assez malaisant. On a un narrateur de 71 ans qui passe son temps à parler de son désir pour une femme de 28, et de sa volonté qu’on n’aille pas déterrer la relation incestueuse entre un écrivain qu’il admirait et mort depuis 30 ans et sa sœur. C’est dommage que ces thèmes principaux soient aussi craignos (mais je crois qu’il faut que je me résolve à ce que j’apprécie les livres de jeunesse de Roth mais qu’il a salement dérivé avec l’âge), parce qu’il y avait des éléments intéressants : le narrateur sent le poids des années et de sa condition physique qui se délabre, aussi bien en terme de trous de mémoire que de façon plus prosaïque par le fait de devoir gérer une incontinence. Deuxième point intéressant, le texte alterne entre des segments écrits à la façon d’un roman et d’autres à la façon d’une pièce de théâtre, qui sont des conversation imaginaires écrites par le narrateur pour remplacer ce qu’il n’a pas osé dire ou demander à des gens. Mais de façon générale, je ne recommande pas ce livre, lisez plutôt Le Complot contre l’Amérique ou Pastorale américaine du même auteur.