Archives par mot-clé : science-fiction

This is how you lose the time war, d’Amal El-Mohtar and Max Gladstone

Court roman de science-fiction épistolaire. Deux factions, le Jardin et l’Agence (représentant la Nature et la Technique) s’affrontent à travers le temps, l’espace et de multiples dimensions. Bleue et Rouge sont deux agentes de terrain d’élite, appartenant chacune à une faction. Sur les champs de bataille, elle commencent à échanger des lettres pour se narguer l’une l’autre, mais cette correspondance va rapidement déclencher des sentiments chez les deux agentes.

Les lettres sont bien écrites et certains environnements dans lesquels les deux protagonistes évoluent sont originaux, mais le bouquin reste assez anecdotique, c’est pas mal une relecture de Roméo et Juliette avec des décors plus grandioses que Vérone. Le titre du bouquin est super par contre.

Phare 23, d’Hugh Howey

Roman de SF états-unien. J’avais beaucoup aimé Silo du même auteur, mais celui-là m’a laissé plutôt froid. On suit la vie d’un ancien militaire qui veille sur un phare interstellaire, alors qu’une guerre interminable entre les humain.e.s et une espèce extraterrestre fait rage en arrière-plan. Sur le même thème, la Guerre Éternelle de Joe Haldeman était plus intéressant et le précède de quelques décennies.

Jack Glass, de Robert Frost

Mélange de SF et de roman policier. Trois novellas où Jack Glass commet un meurtre, dans le contexte d’un système solaire dirigé de façon tyrannique par une oligarchie marchande. L’univers était sympa, mais je n’ai pas été convaincu par le côté mystère policier. Le livre nous dit qu’on va être surpris par la façon dont les meurtres se sont déroulés, avec des tropes de chambre close et whodunnit, mais ça ne marche pas super bien.

Ecotopia, d’Ernest Callenbach

Roman états-unien de 1975. Les trois États de la cote pacifique ont fait sécession 20 auparavant, rompant tout contact avec les États-Unis. Un journaliste new-yorkais est invité à franchir la frontière pour voir comment ce nouvel État, Ecotopia, a évolué durant l’intervalle. Le roman consiste en ses articles très factuels envoyés à son journal aux USA, le Times-Post, et ses notes dans son journal personnel, racontant son histoire plus personnelle.

Ecotopia est un État qui a mis l’écologie au centre de ses préoccupations (avec un débat interne persistant sur la question de savoir s’il est possible de réaliser l' »écologie dans un seul pays »). Le pays a radicalement modifié son fonctionnement, ses taxes, ses rapports sociaux, ses infrastructures pour atteindre un « état stable » de consommation et régénération des ressources naturelles. Au passage, la semaine de 20h a été institué, ainsi qu’un revenu de subsistance universel. Les rapports sociaux se sont apaisés, la production a été socialisée, le parti au pouvoir – le Parti Survivaliste – est dirigé par des femmes.

Ecotopia est une utopie, à laquelle le narrateur va peu à peu se rallier. Les idées écolos présentées sont intéressantes (surtout pour un roman de 75), mais en terme de narration, Ecotopia est trop parfaite pour être intéressante. Certains aspects de la société font penser aux Dépossédés, mais sans la réflexion critique que présente Le Guin. Par ailleurs, en dehors de l’écologie, certains aspects ont mal vieillis : les trips sur la sexualité (notamment le point de vue du narrateur dessus), le passage « ah oui les populations noires ont décidées de se ségréger en cités-États indépendantes », tout n’est pas parfait dans les thèses présentées. Le principe de la double voix du narrateur entre ce qu’il écrit officiellement et son journal intime, et comment les deux se répondent est intéressant par contre.

Starship Troopers, de Paul Verhoeven

Film américain de 1997 basé sur un bouquin de Robert Heinlein de 1959. La Terre a été unifiée sous un gouvernement mondial militariste. Seule les personnes ayant servi dans l’Armée de la Fédération ont le droit de vote, et bénéficient de nombreux autres avantages. Dans ce contexte, l’exploration spatiale Terrane rencontre une race d’extraterrestres insectoïdes. La guerre est déclenchée entre les deux peuples, et le film va suivre la formation puis l’engagement au combat de trois adolescents de Buenos Aires qui viennent de finir le lycée.

En première lecture le film montre la guerre victorieuse des Humain.e.s contre les Aliens, mais derrière, il est clairement montré que la société humaine ne va pas bien du tout ; le film est entrecoupé de clips de propagande, les profs de lycée font l’apologie de la violence comme la source de tout pouvoir, le gouvernement militaire a une esthétique fasciste assumée (la tribune de la Fédération à Genève, la coupe des uniformes des officiers du Renseignement), la première offensive est une boucherie sans nom, on voit des soldats mourir dans tous les sens pendant que les officiers les entraînent au combat en criant « who wants to live forever? ». Le film a un rendu qui fait plus ancien que 97, mais je pense que c’est volontaire pour coller au livre de 59 (qui lui était militariste pas du tout au second degré – j’aime bien lire la SF de Heinlein mais il est bien craignos en terme d’idéologie).

Bref, un classique de la SF parfois un peu long mais qui vaut clairement le visionnage.

Lovecraft Country, de Misha Green et Jordan Peele

Adaptation en série télévisée du roman éponyme. J’ai eu un peu de mal à rentrer dedans. Comme le livre, ça part un peu dans tous les sens, il faut accepter que c’est une anthologie, avec des styles et genre qui varient assez fortement d’un épisode à l’autre malgré la trame globale. Mais au bout d’un moment (vers l’épisode 4 je dirais pour moi) la mayonnaise prend et c’est assez cool. Du coup c’est de l’horreur, pas du tout lovecraftienne par contre malgré le titre, et du pulp de façon plus générale, avec des héros racisés – principalement noirs – qui doivent composer avec les menaces horrifiques, et celles d’une société raciste en parallèle. Évidemment les détenteurs de pouvoirs magiques sont blanc.he.s, les dominations se recoupant. La série parle un peu de féminisme et d’intersectionnalité, mais le prisme des discriminations racistes reste prééminent.

Je suis un peu dubitatif des retournements de situation dans l’épisode final, mais sinon je recommande la saison.

Century Rain, d’Alastair Reynolds

200 ans dans le futur, les humains sont divisés en deux factions, les Treshers qui limitent leur usage de la technologie, et les Slashers, qui l’embrassent sans restriction. Les premiers contrôlent le voisinage de la Terre inhabitable, les seconds un réseau de trous de vers à travers la galaxie. Alors que les relations entre les deux factions se tendent de plus en plus, promettant une nouvelle guerre dans un futur proche, les autorités Treshers recrutent une archéologue : une réplique de la Terre des années 50s – dont l’Histoire aurait divergé dans les années 30 – a été découverte dans un artefact alien gigantesque. Une planète entière déjà habitable, une découverte majeure qui pourrait changer le cours de la guerre à venir.
On suit en parallèle l’Histoire de cette archéologue envoyée infiltrer Terre-2, et celle d’un natif de ce monde, un détective privé franco-américain. Évidemment les deux vont se rencontrer et s’épauler.

J’ai bien aimé. Les codes du polar noir mis en œuvre sont intéressant, avec de brusques changements de tons suite à l’irruption de partie SF. Ca donne parfois un peu trop dans le cliché du détective dur à cuire qui tombe amoureuse de clientes mystérieuses et dangereuses mais ok. J’aurai bien voulu plus de détails sur ce monde au développement arrêté (la prémice fait un peu penser à celle de Burning Paradise, de RC Wilson). Sans être le roman de la décennie, on passe un très bon moment avec.

Dans un rayon de soleil (On a sunbeam), de Tillie Walden.

Roman graphique de 400 pages. Mia termine ses études en pensionnat et rejoint l’équipage d’un vaisseau spatial qui rénove des bâtiments. On découvre en parallèle sa vie avec l’équipage du vaisseau et ses années en pensionnat. C’est difficile d’en dire plus sans divulgacher, et ça vaut le coup de rentrer dedans sans en savoir trop. L’univers est très original, limite onirique et très clairement poétique. Ça parle d’exploration spatiale, d’Histoire, d’architecture et de rénovations, de Sentiments, de liens familiaux. Le dessin est juste magnifique. J’avais bien aimé Sur la route de West de la même autrice mais sans plus, là c’est une grosse claque, probablement ma recommandation de l’année 2020.

Axiom’s End, de Lindsay Ellis

En 2007, en succession rapide, deux astéroïdes tombent sur le territoire des États-Unis. Un site du style de Wikileaks publie un mémo affirmant que le gouvernement donne refuge depuis plusieurs dizaines d’année à un groupe d’aliens et que ces astéroïdes sont liés aux aliens, potentiellement les prémices d’une invasion. Le gouvernement réplique qu’il s’agit de théories du complot, mais il s’avère qu’il y a des éléments de vérité dans cette histoire : une vingtaine d’aliens sont bien hébergés par le gouvernement, mais toute communication avec elleux est impossible, et les astéroïdes sont bien de nouveaux aliens, mais venant prendre contact avec le groupe de réfugié.e.s, pas une invasion. L’héroïne du roman se retrouve coincée au milieu de tout ça : son père absent est le fondateur et éditorialiste du site de leaks, exilé en Allemagne. Toute sa famille est sous surveillance à cause des activités paternelles, et elle se retrouve en contact direct avec un des aliens nouvellement arrivés, assumant un rôle d’interprète (l’alien pouvant parler anglais, mais manquant de références culturelles lui permettant d’appréhender le monde moderne).

Y’a des éléments sympas, ça se lit bien, y’a une uchronie en arrière-plan (Bush est forcé à la résignation après avoir menti sous serment). Le concept de la difficulté à communiquer avec des aliens, à avoir des éléments de compréhension mutuelle en venant d’origines si différentes est bien rendue. Y’a une petite vibe Loving the Alien aussi. Après ça ne m’a pas transcendé pour autant, c’était sympa mais les concepts n’étaient pas révolutionnaires.

Terminator Genisys, d’Alan Taylor

Cinquième film de la franchise Terminator. Il est rigolo parce que c’est celui où on s’amuse un peu avec l’usage du voyage dans le temps : le film commence par revisiter Terminator 1, faisant diverger la timeline avec de nouveaux Terminator voyageant dans le temps, réglant en deux coups de cuillère à pot le fait de sauver Sarah Connor. Ensuite ça part un peu en latte. Les héros décident de voyager dans le temps de 1984 à 2017, faisant en sorte de n’avoir que 24h pour arrêter Skynet au lieu de 33 ans. Ça parait pas le meilleur move du monde. Mais bon ensuite y’a des combats et des cascades sympas, avec Schwarzenegger qui campe un Terminator « âgé mais pas obsolète » qui visiblement s’amuse beaucoup dans son rôle de robot avec des capacités d’interactions sociales limitées. Si vous aimez les explosions et les robots c’est pour vous.