Archives par mot-clé : horreur

Censor, de Prano Bailey-Bond

Film d’horreur anglais de 2021. Durant les années Thatcher, Edith Baines travaille au bureau de la censure, chargé de visionner les films de genre et d’ordonner d’éventuelles coupes pour permettre la mise sur le marché avec telle ou telle classification. L’histoire d’un film, puis l’actrice principale d’un autre film du même réalisateur vont lui évoquer fortement sa sœur – disparue dans des circonstances mystérieuses quand elle était petite – et elle va tenter de découvrir ce qu’il en est réellement, en partant à la recherche du réalisateur en question.

Beaucoup de potentiel, mais j’ai été assez déçu par le résultat. Il y a de jolis effets de mise en scène, un travail sur les différents cadrages qui signalent les films dans le film ou la réalité (et le brouillage entre les deux), mais il y a aussi une surabondance de néons rouges et un scénario fouillis. Dommage.

Cuando acecha la maldad, de Demián Rugna

Film d’horreur argentin paru en 2023. On est dans un univers similaire au notre, mais depuis quelques temps, il est a été découvert que des démons peuvent s’introduire dans des gens qui vont commencer à pourrir, jusqu’à ce que les démons puissent naître incarnés à la mort de ces personnes. Il existe un protocole strict pour tuer les possédés sans empirer la situation (le démon pouvant sinon sauter sur un autre hôte). Deux frères qui habitent au fin fond de la campagne argentine vont découvrir un cas de possession dans leur voisinage. Les autorités traitent le problème à la légère, considérant que les possessions ça arrive dans les grandes villes. Le démon va progressivement se déchaîner sur la famille des deux frères.

C’est un film d’horreur qui est pas mal filmé comme un drame social. C’est bien filmé, par contre c’est surtout de la tension psychologique (pas que, et il y a de sacrés jumpscares même), qui y va a l’économie de moyens sur les effets spéciaux. C’est pas toujours très bien joué, mais ça fait un film d’horreur inhabituel (et intéressant à regarder du coup), avec des protagonistes qui ne sont pas ceux qu’on a l’habitude de voir. C’est très sombre (spoiler, ça finit pas bien), avec une vision du mal inarrêtable, qui s’infiltre partout et s’acharne sur les gens.

Recommandé mais seulement si vous aimez l’horreur de base.

El Cuco, de Mar Targarona

Film hispano-allemand de 2023. Un couple de fringants jeunes espagnols fait un échange d’appartement avec des retraités allemands. Une fois installés dans leur maison en lisière d’un petit village dans la Forêt Noire, ils vont être témoins de phénomènes étranges, jusqu’à ce qu’Anna réalise que les Allemands ne veulent pas juste échanger de maison avec eux : ils vont leur prendre leurs corps. C’était sympa de voir un film d’horreur espagnol, mais c’était pas ouf : c’est globalement Get Out en moins bien réalisé. Y’a des incohérences, la tension ne monte pas très bien, bref, je n’ai pas été emballé.

Regardez plutôt Get Out.

Late night with the Devil, de Cameron et Colin Cairnes

Vu dans le cadre du festival Grindhouse Paradise de Toulouse.

Film étatsunien de 2023. Le film se présente comme le found footage de la master tape du dernier épisode de l’émission (imaginaire) Night Owls with Jack Delroy, un talk show US. Cet épisode a été filmé à Halloween 1977. L’émission est en perte de vitesse, et pour booster les audiences, l’émission fait un épisode spécial sur le paranormal, avec un médium, un ancien magicien reconverti dans le scepticisme, et une jeune fille soi-disant possédée, avec la parapsychologue qui la suit. Sous la pression de l’émission, la parapsychologue va accepter de procéder à une invocation de l’entité qui hante Lilly, avec des résultats désastreux.

Il y a des longueurs, mais dans le genre reconstitution des talk shows et de l’ambiance panique satanique de l’époque, ça marche assez bien. Les effets spéciaux sont assez réussis, surtout la possession finale de Lilly. Bien réussi en tant que film de genre.

J’aime beaucoup l’affiche, aussi :

Immaculate, de Michael Mohan

Film d’horreur sans grande originalité. J’avais été attiré par la bande annonce qui était bien faite, mais globalement c’est un sous-Rosemary’s Baby, un peu mâtiné de Suspiria, et avec des petits bouts de Midsommar, mais qui n’est pas à la hauteur de ses inspirations. Une nonne américaine – Cecilia – prononce ses vœux dans un couvent perdu au fin fond de l’Italie. Cecilia tombe enceinte sans comprendre ce qui s’est passé, et la hiérarchie du couvent déclare que c’est un miracle, une seconde Immaculée Conception. Le film fait apparaitre quelques éléments qui pourraient être surnaturels, mais propose une explication qui peut s’en passer totalement, on a l’impression qu’il balance entre les deux sans choisir.

Globalement y’a de bons éléments mais ça manque d’une cohérence d’ensemble : qui sont les nonnes masquées de rouge ? Pourquoi les petits éléments surnaturels ? Quel était réellement le projet du couvent, faire advenir le second Avènement ou l’Antéchrist ? C’est dommage parce qu’esthétiquement il y avait un réel potentiel, et une séquence de final girl assez réussie (sauf la partie dans les catacombes).

Regardez plutôt les autres films cités dans cet article !

Gueules Noires, de Matthieu Turi


Film d’horreur français de 2023. En 1956, une équipe de mineurs dans une mine du Nord de la France accompagne un scientifique qui veut réaliser des prélèvements dans les niveaux les plus profonds de la mine. Le scientifique va s’avérer être à la recherche des vestiges d’une civilisation antique vénérant une sorte de dieu maléfique endormi. Évidemment, ils vont tomber sur le dieu, le réveiller, et il va décimer les personnages l’un après l’autre.

Il y avait du potentiel, avec une exploitation au maximum d’un budget qu’on sent contraint – après quelques plans en surface en début de film, la grande majorité de l’histoire se déroule dans des galeries de mine et de carrière, avec un éclairage très réduit (mais le film reste lisible, ce qui était une de mes peurs au début. Le design du dieu maléfique fait bien créature souterraine, mais fait aussi pas mal carton-pâte, mais ça marche avec le côté film de genre. Les personnages sont beaucoup trop des archétypes par contre. Les deux prologues qui introduisent le monstre et le héros sont un peu randoms, mais en même temps fonctionnent assez bien pour agrandir la focale du film au delà de la seule journée où prend place l’action principale.

J’ai bien aimé le rattachement de l’histoire au mythe de Cthulhu, qui est fait rapidement en un passage avec un dessin de Cthulhu sur un mur et une mention d’Abdul Al-Rhazed, sans insister dessus. Une grosse incohérence par contre sur le puits de sortie tout droit et qui laisse passer la lumière quand l’action est supposée se dérouler à 1000m sur terre.

Du potentiel avec pas mal de défauts, mais ça m’a donné envie de voir le précédent du même réalisateur.

The Neon Demon, de Nicolas Refn

Film d’horreur étatsunien de 2016. Jesse, adolescente de 16 ans, arrive à Los Angeles avec des rêves de star-system plein la tête. Sa beauté et sa jeunesse vont faire qu’elle va effectivement rapidement percer dans le milieu. Passant de shooting photo en défilé de mode, elle va croiser la route de trois autres femmes (deux modèles et une maquilleuse) qui jalouse d’elles vont finir par la tuer.

Bon. Ça n’avait pas grand chose à dire. Plein de plan avec des lumières stromboscopiques, les hommes sont attirés par la beauté de Jesse, les femmes en sont jalouse et attirées aussi, les directeurs artistiques se comportent comme des connards. C’est un peu l’enfant raté de Death Becomes Her et La La land. En soit je n’ai rien contre les films d’horreur un peu expérimental avec pasz beaucoup de scénario, mais là c’est juste  » ouuuuh, attention à la jalousie féminine » et « le star-system c’est un peu creux » ? Merci on avait vraiment besoin d’un autre film sur ces sujets peu explorés. Sans parler des plans voyeuristes à base de meuf à poil ou en talons et sous-vêtements complètement gratuits.

The Exorcist, de William Friedkin

Film d’horreur états-unien paru en 1973. Regan McNeill est la fille d’une actrice célèbre.
Venue avec sa mère sur la côte Est des États-Unis pour un tournage, elle commence à avoir des sautes d’humeur. Examinée par des médecins et des psychiatres et soumises à une batterie de tests médicaux, elle ne réagit à aucun traitement et ne présente pas de lésion cérébrales qui pourrait expliquer son changement de comportement. Face à des manifestations de plus en plus impressionnantes et malgré son athéisme, sa mère finit en désespoir de cause par se tourner vers l’Église catholique pour demander un exorcisme.

J’ai bien aimé mais le rythme est assez étrange. On sent que c’est l’adaptation d’un bouquin et qu’ils ont voulu rester fidèle au texte même à des moments où ce n’était pas la meilleure idée.
Le prologue sur les fouilles en Irak est assez long et on n’entendra ensuite plus parler de Merrin pendant les 3/4 du film ; les histoires de profanation dans l’église du quartier sont évoquées puis disparaissent, le tournage du film de la mère de Regan a le droit à une scène puis disparaît.
A côté de ces défaut, il y a des scènes assez impressionnantes et des effets spéciaux très réussis : la scène de lévitation, la scène d’angiographie, la chambre glaciale en permanence.
Le personnage du père Karras, psy et jésuite en crise de foi, qui fait de la boxe et s’occupe de sa mère vieillissante est inattendu mais donne largement plus de relief au film qu’un archétype plus classique comme l’est Merrin.

Je recommande – si vous aimez les films d’horreur (après il n’est pas très effrayant pour les standards actuels).

The Tinfoil Dossier, de Caitlín R. Kiernan

Série de novellas dans l’univers de Lovecraft. On suit dans les années 2010 les agissements de trois agences gouvernementales (US, UK et ???) qui luttent à la fois l’une contre l’autre et contre des manifestations paranormales en lien avec les Grands Anciens. La narration est éparpillée entre plusieurs points de vue et plusieurs époques, avec un style d’écriture assez exigeant. J’ai bien aimé (surtout le III, The Tindalos Asset), c’est une actualisation réusssie de ce que faisait Lovecraft (avec en plus moins de racisme, what’s not to like). Et ce n’est pas dans le style de Lovecraft Country : c’est pas l’époque de Lovecraft avec des trucs mystérieux dans le folklore de Chtulhu à base de cultistes dans des bâtiments art-déco, c’est projeté dans l’époque actuelle, et on est sur l’ensemble du panthéon lovecraftien, y’a des mentions de Chtulhu, mais aussi sur d’autres créatures et Grands Anciens, il y a tout le lien à l’espace (mais actualisé avec des sondes spatiales).

Globalement The Tindalos Asset était très bien, Agents of Dreamland plus original mais plus dur à lire, et Black Helicopters assez incompréhensible dans l’histoire mais l’ambiance marche bien. Les trois peuvent se lire indépendamment, mais par contre ça vaut le coup de s’y connaitre un peu en mythologie lovecraftienne pour bien saisir les références.

Je recommande The Tindalos Asset.