Archives par mot-clé : horreur

Azrael, de E. L. Katz

Film vu lors de l’édition 2025 du Grindhouse Paradise(festival de films de genre toulousain).

Film étatsunien de 2024. 200 ans après le Ravissement, Azraël et son partenaire tentent de s’échapper de la communauté dans laquelle ils vivaient, une communauté perdue dans les bois dont les membres se sont enlevés les cordes vocales pour ne pas succomber au péché de Parole. Mais les membres de la communauté veulent les retrouver et les sacrifier aux Brûlés, des créatures humanoïdes et anthropophages qui rodent dans les bois. Azraël va se confronter à la communauté, réalisant que la seule manière de gagner sa liberté est d’en éliminer tous les membres.

Le film est quasiment sans paroles (y’a un perso qui parle en espéranto non traduit pendant environ 1 minute), ce qui est un choix assez fort. Y’a un côté post-apo (littéral vu que c’est après l’Apocalypse au sens biblique) un peu crado qui est cool, mais aussi un côté « on court beaucoup dans les bois » qui est moins enthousiasmant. Y’a un de mes pet peeves dans les films post-apo : un indice très fort que « l’apocalypse » a en fait été très localisée et que le reste du monde continue de fonctionner très bien. Bonne perf de l’actrice principale, des décors sympa, des effets spéciaux réussis (surtout sur la fin et le design du « bébé » – j’ai été moins convaincu par les Brûlés), mais un scénario qui est quand même assez éthique (c’est des boucles dans les bois autour de la communauté, quoi)/

King Tide, de Christian Sparkes

Film vu lors de l’édition 2025 du Grindhouse Paradise (festival de films de genre toulousain).

Sur une île au large de Terre-Neuve, une communauté de pêcheurs survit tant bien que mal, menacée par la surpêche des bateaux industriels. Mais après les grandes marées annuelles, les insulaires découvrent un bébé dans une barque, doté de pouvoirs surnaturels qui pourraient résoudre tous leurs problèmes. La communauté décide de couper tout contact avec le continent pour garder l’enfant miraculeuse pour eux. 10 ans plus tard, la vie s’est réorganisée autour d’Isla, quand elle semble souffrir d’un burnout messianique. Comment accepter d’un seul coup que les miracles qui étaient devenus votre quotidien puisse soudainement vous être retirés ?

J’ai beaucoup aimé. Le film est présenté comme du folk horror, mais c’est un twist particulier sur ce sujet. Il y a bien un culte insulaire chelou (on sent un peu l’hommage à The Wicker Man, même si y’a moins de folklore chelou), mais celui-ci est récent, et basé sur des miracles très perceptibles. On ne suit pas la découverte des coutumes locales depuis le point de vue d’étrangers à la communauté, mais on voit comment les bouleversements de la communautés que sont l’apparition puis la disparition des pouvoirs d’Isla sont perçus par les différents membres de cette communauté. Les personnages secondaires sont particulièrement réussis, notamment en ce que les raisons d’agir des antagonistes du film sont totalement compréhensibles : notamment le comportement de Faye, qui est prête à tout pour préserver le fonctionnement des pouvoirs d’Isla : le fait que ce soit ça où un retour à la démence sénile pour elle rend son comportement totalement crédible (mais il reste inexcusable).

Les paysages sont très beau et les acteurs jouent bien, notamment celle qui joue Isla, rôle pas du tout évident à 10 ans.

Recommandé.

Den stygge stesøsteren, d’Emilie Blichfeldt

Film vu lors de l’édition 2025 du Grindhouse Paradise (festival de films de genre toulousain).

Film norvégo-polonais sorti en 2025, qui raconte le conte de Cendrillon du point de vue de sa belle sœur, qui espère épouser le prince du royaume mais est considéré par tous, et notamment par sa mère, comme laide. Pour avoir une chance de séduire le prince (et de sortir sa famille de la misère), elle va accepter une série d’opérations de chirurgie esthétique d’époque et se conformer de plus en plus à des standards de beauté impossibles.

C’était pas mal. Du body horror par moment assez trash, donnant une relecture du conte intéressante (avec une protagoniste matrixée par l’imaginaire des contes de fées et le recueil de poèmes du prince alors que le vrai prince est un sacré connard, et très fleur bleue là où Cendrillon est plus pragmatique et délurée. Les personnages sont tous assez archétypaux, sauf peut-être la petite soeur de la protagoniste (la 2e belle-soeur, donc, mais qui ne rentre pas du tout dans le délire familial d’épouser le prince, cache ses règles à sa mère pour ne pas encore être considérée comme mariable et globalement à une vibe Rebelle assez réussie).

TW body horror, mais intéressant.

Hellboy: The Crooked Man, de Brian Taylor

Film fantastico-horrifique sorti en 2024. Adaptation d’un comics sur les pérégrinations du jeune Hellboy qui rencontre plein de créatures maléfiques. En l’occurrence c’est une incarnation du diable dans les Appalaches, en mode folk horror.

J’avais bien aimé la série de comics sur les jeunes années d’Hellboy, mais j’ai été très peu convaincu par cette adaptation en film. D’une part je pense que y’a des choses qui passent en comics qui marchent beaucoup moins en live action (la pelle bénite notamment), d’autre part c’était assez léger en scénario, dans le mythe général d’Hellboy c’est une histoire parmi d’autre, mais ça tient assez mal debout en tant que standalone.

The VVitch, de Robert Eggers

Film étatsunien de 2015. Dans l’Amérique des tous débuts de la colonisation, une famille de Puritains part vivre loin de tous les autres colons suite à des différents religieux. Tentant de subsister sur une ferme isolée où les récoltes sont mauvaises, la famille fait face à la disparition inexpliquée du plus jeune enfant, et suite à plusieurs phénomènes potentiellement paranormaux, va se déchirer, s’accusant mutuellement d’avoir pactisé avec le diable et perdu la foi.

Le côté reconstitution d’époque était intéressant. Il y a effectivement des événements paranormaux dans le film, mais vu l’environnement de la famille et ses croyances, il n’y avait pas besoin qu’ils soient là pour qu’ils se déchirent. Les deux jumeaux qui courent dans tous les sens et rendent dingue leur grande sœur suffisent bien. Après c’est quand même assez lent, il ne se passe pas grand chose pendant une bonne partie du film, mais l’ambiance est bien posé, bande-son bien discordante qui fonctionne bien pour plonger dans le côté angoissant.

Heretic, de Scott Beck et Bryan Woods

Film d’horreur états-unien paru en 2024. Deux missionnaires mormones arrivent à la porte de M. Reed, un potentiel prospect pour une conversion. Mais si Reed a bien demandé à être recontacté par des missionnaires, ce n’est pas pour une conversion. Il prétend avoir une preuve de ce qu’est la religion originelle dont toutes les autres seraient des dérivées, les missionnaires ont juste à aller au fond de sa maison pour la découvrir.

J’ai beaucoup aimé. Reed est joué par un acteur connu totalement à contre-emploi par rapport à ses rôles habituels, et ça marche très bien. Il joue bien le psychopathe qui sait charmer son auditoire et jouer sur la sidération. Globalement la dynamique du film qui repose sur beaucoup de dialogues – d’abord Reed en roue libre devant son auditoire captif (avec une dynamique genrée évidente du mec plus âgé qui expose ses théories à deux jeunes femmes) puis les réponses de missionnaires qui arrivent à sortir de la dynamique qu’il cherche à imposer – est réussie. Le côté maison fucked up qui est un de mes petpeeves de film d’horreur est bien rendu, avec la thématique de la descente progressive.

Recommandé.

Little Joe, de Jessica Hausner

Film anglais de 2019. Alice est chercheuse, elle crée des plantes génétiquement modifiées. Sa dernière création est une plante fragile qui demande de l’entretien, mais produisant un précurseur de l’ocytocine, pouvant donc rendre heureuse son propriétaire. Elle va se rendre compte progressivement que la plante fait en sorte d’être disséminée par les gens qu’elle affecte, pour compenser la stérilité génétiquement imposée.

C’était pas ouf. Globalement ce qui se passe est rapidement annoncé par des personnages qu’Alice ne croit pas, puis progressivement elle va accepter cette réalité. En termes de scénario et de rythme c’est assez plat. Par contre c’est joliment filmé (sans être très novateurs en terme de plans, les couleurs sont assez belles, y’a une petite vibe Utopia), et y’a une bande son à base de sons discordants qui est assez originale et appuie bien la tension du film. Mais ça manque vraiment d’un scénario qui tient bien, ce qui est d’autant plus dommage que le point de départ d’une plante modifiant le comportement d’humains était intéressant.

Threshold, de Julien Éveillé

Court jeu vidéo indépendant paru en 2024, avec une esthétique de PSX. On joue le nouvel employé d’un job de maintenance secret : à un poste frontière perdu dans les montagnes, on surveille la vitesse de progression d’un train infini. S’il ralentit, il faut le faire réaccélérer d’un coup de sifflet, mais vu l’altitude l’air est rare, et il faut prendre des cartouches d’air comprimé pour supporter tout effort. On va pouvoir explorer notre environnement de travail pour essayer de comprendre les tenants et aboutissants de la situation, tout en faisant en sorte de continuer à faire avancer le train.

C’était une ambiance un peu (voire carrément) poisseuse, c’est pas de l’horreur au sens jumpscare, c’est psychologique, avec une situation qui nous dépasse mais à laquelle on tente de participer tant bien que mal, alors que les contraintes s’accumulent. Toute similarité avec la condition humaine sous le capitalisme tardif est évidemment accidentelle.

Je recommande si vous aimez les trucs un peu badant et les graphismes low-res.

Aliens, de James Cameron

Second volet de la franchise Alien, sorti en 1986. Après 57 ans de dérive de son pod de secours dans l’espace, Ellen Ripley est interceptée par un vaisseau humain. Ramenée en orbite autour de la Terre, elle explique les événements d’Alien à une commission dubitative, qui retient surtout qu’elle a activé le protocole d’auto-destruction d’un vaisseau spatial coûtant 42 millions de dollars, alors que la planète où elle dit avoir découvert le vaisseau spatial contenant les œufs d’Aliens est colonisée depuis 20 ans sans aucun incident à déplorer. Mais cet état de fait change quand la colonie ne répond soudain plus. Ripley est alors recrutée comme consultante indépendante pour le contingent de Space Marines envoyés sur place voir ce qu’il en est. Surprise surprise, il y a bien des Aliens sur la planète, et pas qu’un seul cette fois-ci. C’est de nouveau à Ripley de sauver le jour.

J’ai bien aimé, j’ai vu la version extended cut, qui fait 2h34 – ce qui est un peu trop long – mais l’esthétique SF des 80’s fonctionne bien. Elle fonctionne même largement mieux que dans l’hommage qu’est Alien: Romulus, où ils ont gardé l’esthétique des décors, mais les éclairages, les personnages fonctionnent moins bien à mon sens : notamment dans Aliens les personnages transpirent, c’est quelque chose qui j’ai l’impression a totalement disparu dans les films plus récents. On a aussi des Marines trop sûrs de leurs compétences, une relation mère/fille de substitution, un corporate boy absolument atroce, le design de la Reine, et évidemment un exosquelette à fonction de chariot élévateur.

Je recommande si vous aimez Sigourney Weaver en exosquelette et les métaphores sur la maternité.

Alien: Romulus, de Fede Álvarez

Film de science-fiction de 2024, dans la franchise Alien. Un groupe de travailleurs sous contrat avec la Weyland-Yutani abordent une station de recherche abandonnée pour récupérer les matériaux leur permettant de partir vers une planète non-affiliée à la corporation. Sauf que si la station a été abandonnée, c’est à cause d’expérimentations sur des Aliens qui ont (évidemment mal tournées). L’arrivée de ces nouveaux humains va conduire à une nouvelle traque par les créatures.

J’ai bien aimé le début. L’esthétique science-fiction des années 80 est bien rendue, l’exploration initiale de la station désertée fonctionne bien. Mais c’est trop long, et la menace devient trop grande à la fin : le fait d’avoir une demi-douzaine d’Aliens, normalement les protagonistes ne survivent juste pas du tout (et l’espèce d’hybride humain/alien, eurk). Des scènes intéressantes : le passage dans le couloir avec les facehuggers, le passage avec l’acide qui flotte en zéro gravité.