Archives par mot-clé : film français

Bonjour l’asile, de Judith Davis

Film français de 2025.

Jeanne, responsable d’une asso en banlieue parisienne, va pendant 3 jours rendre visite à Élisa, son amie qui est partie vivre à la campagne avec son mari et ses deux enfants. Jeanne est venu pour une session de travail, Élisa étant l’illustratrice des livres de l’asso, mais cette seconde est débordé par l’organisation de sa vie de famille, et elle n’a pas eu le temps de travailler en amont, ni n’arrive à dégager suffisamment de temps pendant le séjour de Jeanne. Jeanne le lui reproche et la tension monte entre les deux amies, chacune voyant en l’autre quelque chose elle a dû renoncer pour être là ou elle en est aujourd’hui. En parallèle, un agent immobilier tente d’acquérir l' »HP », un tiers lieux hébergé dans un ancien hôpital psychiatrique pas du tout aux normes, pour en faire une hôtellerie de prestige. Confronté aux refus répétés des occupant.es, il devient de plus en plus tendu et somatise, voyant cet échec potentiel comme ce qui le ferait choir de sa position dans les sommets bourgeois locaux, étant un transfuge de classe se sentant toujours en insécurité. Les quatre trajectoire (celles des deux amies, les occupants de l’HP et de l’agent immobilier vont converger au cœur de l’HP même.

C’était cool à regarder ! Même si c’est parfois un peu trop didactique parfois (notamment sur le mec benêt de Jeanne qui ne participe pas aux tâches ménagères tout en se disant déconstruit), la satire est réussie, les personnages aussi (notamment Élisa et son double masculin imaginaire, ainsi que tous les habitants de l’HP, même ceux qu’on voit juste en passant, notamment le groupe de parole masculin et évidemment Cindy)

Recommandé.

Dupont-Lajoie, d’Yves Boisset

Film français de 1975. Les Dupont-Lajoie, cafetiers parisiens, partent pour leurs traditionnelles vacances dans le Midi. Au camping du soleil, ils retrouvent leurs amis des années précédents, avec lesquels ils déroulent les mêmes platitudes que d’habitude.

Divulgâchage et TW ci-dessous

Rapidement il apparait que le père Lajoie est attiré par Brigitte, la fille des Colin. A l’occasion d’une promenade où il la surprend en train de bronzer seule, il la viole et accidentellement, la tue. Pour brouiller les pistes, il amène le corps près du baraquement où vivent les ouvriers algériens qui sont en train de construire de nouveaux logements. Le racisme ambiant va faire le reste : les hommes du camping organisent une ratonnade, pour « rendre justice à la petite », rajoutant un nouveau meurtre au premier…

C’était intense. C’est un film avec des personnages assez détestables, les trois couples au centre du film (surtout les hommes, les femmes parlant largement moins) représentent une petite bourgeoisie française sûre d’elle et de ses privilèges, sortant des horreurs racistes dans le plus grand calme (et projetant sur les étrangers ses propres comportements) avant de chercher des passe-droits à la première occasion. Le film est plutôt drôle dans sa première partie qui fait vraiment cliché de vacances où tout le monde part à la même heure et s’entasse sur les mêmes plages, et où on attend le présentateur d’Intervilles comme le messie. Puis il prend une tournure beaucoup plus tragique dans la seconde moitié. Le choix de faire du personnage principal, qui se présente comme un bon père de famille, le violeur qui s’en prend à une connaissance (plutôt d’avoir mis en scène une agression sexuelle par un étranger) est assez novateur pour l’époque je trouve (bon en même temps ça n’en fait pas un film féministe, les femmes ont trois à 5 répliques en tout, et l’histoire tourne autour de trope de la femme dans le frigo). Mais la dénonciation du racisme ambiant en France est assez forte.

Recommandé sous réserves d’être dans un bon état mental et de checker les TW.

Survivre, de Frédéric Jardin

Film français paru en 2024. Une famille est en croisière sur un bateau au large de Cuba lorsque l’inversion des pôles fait disparaitre la mer sous le bateau (l’océan part sur les continents (???) pendant que le bateau reste sur place (????)). Bon, on va accepter cette prémisse. Depuis leur bateau échoué sur le désert, les 4 protagonistes vont devoir atteindre un bathyscaphe à quelques jours de marche, pour y trouver refuge en prévision du retour de la mer à son emplacement originel quand les pôles vont se réinverser.

J’aime bien regarder des films de genre français, et le côté « randonnée dans un désert parsemé de poissons morts et de bateaux échoués » est trippant (mention spéciale au porte-conteneurs), mais l’histoire de la famille Ricoré était quand même très peu intéressante. C’était pas non plus Abigail en termes de personnages nuls, mais c’était pas passionnant.

Misericorde, d’Alain Guiraudié

Film français paru en 2024. Jérémy revient dans son village d’enfance pour des obsèques. Sur place, il va loger dans la maison de la veuve, la mère d’un de ses camarades de collège. Ce dernier n’apprécie pas que le séjour de Jérémy se prolonge, imaginant qu’il a des vues sur sa mère. Jérémy va se retrouver au milieu de plusieurs relations de désir asymétriques et va devoir naviguer entre elles.

C’était inattendu, mais intéressant. Les acteurs/actrices ressemblent tou.tes à des personnes normales, le film est tournée en Aveyron, ce qui fait que les paysages m’évoquent ceux du Tarn. On est plutôt sur du cinéma du réel. Mais au milieu de tout ça, Jérémy éprouve ou suscite du désir pour/chez à peu près tout le monde. Jérémy va finir par tuer quelqu’un, et va passer la suite du film hanté par ce meurtre, alors que tout le monde recherche celui qu’il a tué. Le curé du village va rapidement anoncer à Jérémy qu’il sa responsabilité dans la disparition, mais qu’il le protégera par attirance pour lui. Leurs échanges sur le désir et le pardon sont assez réussis, Jérémy s’enfonçant dans l’angoisse alors que le curé est beaucoup plus serein sur ce qu’il convient de faire, moralement et en pratique, suite à ce meurtre.

Vingt Dieux, de Louise Courvoisier

Film français paru en 2024. À la mort de son père, Totone, 18 ans, doit trouver comment gagner de l’argent, lui qui passait son temps dans les bals de village. Après un petit boulot dans une fruitière, lui vient l’idée de faire son propre comté pour gagner un prix agricole et la somme qui va avec. Il va donc se débrouiller pour voler du lait et mettre en place une installation qui lui permette de produire à l’ancienne un comté au chaudron.

J’ai bien aimé. Il y a quelques longueurs (les scènes de bar/fête au début notamment), mais le film montre sans misérabilisme ni romantisme la vie de personnages à la fois un peu idiots et attachants. Les acteurs non-professionnels jouent très bien (surtout la plus jeune, qui joue Claire), de belles scènes notamment quand Totone et Claire retentent une dernière fois de récolter le caillé ensemble. La relation de Totone et Marie-Lise est bien mise en scène aussi.

MadS, de David Moreau

Film d’horreur français paru en 2024. Romain, gamin de bourge, passe chez son dealer récupérer de quoi se charger pour la soirée à venir. Sur le chemin du retour, il tombe sur une femme muette et terrorisée, qui après avoir embarqué dans sa voiture, finit par se donner la mort. Rentré chez lui et camé jusqu’aux yeux, Romain n’arrive absolument pas à gérer la situation : le corps de la femme disparaît de la voiture, ses amis débarquent pour l’emmener à la soirée, son père l’appelle pour lui dire que l’alarme de la maison s’est déclenchée… Tout s’empile, avec des phénomènes de plus en plus étranges qu’il ne sait pas s’il doit mettre sur le compte de la drogue ou sur la réalité d’une situation qui dégénère.

C’était fort réussi. Le film est tourné en un plan séquence qui embarque le spectateur au plus près des trois protagonistes (on quitte Romain à un moment pour suivre deux de ses amies). La bande-son est très réussie aussi, et les jeux sur la lumière. L’histoire est assez basique, on suit le début d’une épidémie, mais le traitement fonctionne bien. Si je n’ai pas été embarqué par le personnage de Romain (mais qui est construit pour être antipathique), celui d’Anaïs est très réussi, avec un côté Gremlins à sa transformation.

Je recommande, si vous aimez l’horreur à petit budget et les plans-séquences.

Chien de la casse, de Jean-Baptiste Durand

Film français paru en 2023. Dans un village de l’Hérault, Dog et Mirales sont potes et trainent dans les rues. Dog doit partir pour l’armée dans un futur indéterminé, Mirales a un CAP de cuisine mais veut faire mieux que cuisiner dans un restaurant du village, sans pour autant partir à la ville. Mirales est cultivé et grande gueule, et il chambre Dog, mutique, en permanence. Une romance entre Dog et Elsa – nouvellement arrivée dans le village – va modifier l’équilibre des rôles dans le duo.

Il ne se passe pas énormément de trucs dans le film, mais il est totalement porté par la performance des deux acteurs principaux, dont les personnages sont chacun très agaçant dans leur rôle, l’un en mec mutique qui porte tout le malheur du monde sur ses épaules, l’autre comme hâbleur qui s’écoute parler et enfonce son pote dès qu’il a l’occasion pour se différencier. C’était intéressant à voir mais je n’ai pas été totalement été transporté par le film comme certain.es de mes ami.es. Les portraits des deux hommes et leurs relations aux autres sont réalistes, mais ça ne fait pas un film passionnant pour autant je trouve, même si c’est bien filmé.

Le Comte de Monte-Cristo, de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière

Ze Darke Knighte

Film français à grand spectacle de 2024, adaptation du feuilleton de Dumas. Edmond Dantès, jeune marin idéaliste, s’oppose à son capitaine au sujet d’un sauvetage en mer. Leur armateur donne raison à Dantès, et le nomme capitaine. Avec sa nouvelle position, il va pouvoir épouser son amour d’enfance, Mercedès. Mais le cousin de Mercedes est amoureux d’elle. L’ancien capitaine, le cousin et un procureur conspire ensemble pour faire accuser Dantès à tort. Il est emprisonné à perpétuité au chateau d’If. Là, un coprisonnier l’aide à s’évader et lui révèle l’emplacement d’un trésor gigantesque. Dantès revient à Paris sous l’identité du comte de Monte-Cristo, et va exercer sa vengeance sur les trois hommes qui ont causé sa perte.

L’histoire est prenante comme du Dumas, et on sent que le film a des moyens, mais c’est aussi d’un classicisme un peu trop parfait. J’y vois les mêmes défauts que dans l’adaptation des Trois Mousquetaires (avec peut-être un peu moins de cabotinage de la part des acteurs dans Le Comte), les personnages sont trop des archétypes pour qu’on s’y attache. Si ça peut marcher pour Dantès lui-même (et ses trois nemesis), qui campe une figure extrémiste habitée par son désir de vengeance, une espèce de monolithe comme Batman peut l’être dans le même style, on aurait souhaité plus de nuances de la part de ses Robins protégé.es ou des familles de Danglard, Morcef et Villefort.

La Gravité, de Cédric Ido

Film de genre français paru en 2023. Daniel est un athlète prometteur qui vit dans une cité en périphérie de Paris. Il s’entraine pour un meeting d’athlétisme, mais en parallèle a prévu de partir au Canada avec sa femme et sa fille. Il cache son départ à son coach et surtout à son frère, qui vit de trafic dans la cité et compte sur Daniel pour l’aider, surtout qu’un gang de jeune, les ron1, ont cadenassé le territoire. En parallèle, Christophe vient de sortir de prison après 3 ans. Persuadé que ce sont les ron1 qui l’ont dénoncé pour récupérer le territoire, il entend bien leur voler leur argent. Mais au milieu de tout ça, un alignement des planètes du système solaire provoque des phénomènes météo et physiques étranges, et les ron1 sont persuadés que cet alignement annonce « une nouvelle ère ».

J’ai mis ‘film de genre’ parce que c’est difficile de définir plus. Y’a de la science-fiction avec l’alignement de planète, des questions de drogues, une belle scène de bagarre dans un couloir avec une forme de mécha (très réussi), c’est plein d’idée qui arrivent en même temps. C’est joli dans les effets spéciaux, les lumières et les plans. Les acteurs jouent bien même si on sait pas trop où le scénario va. Je dirai que c’est foutraque mais prometteur.

En corps, de Cédric Klapisch

Film français de 2022. Élise, danseuse classique, voit son copain embrasser une autre danseuse juste avant une représentation. Bouleversée par cette trahison, elle se blesse pendant le spectacle.
Confrontée à la possibilité que sa blessure l’empêche de jamais redanser, elle cherche ce qu’elle pourrait faire de sa vie à la place. Elle va prendre un petit boulot de cuisinière dans une résidence d’artistes où arrive bientôt une compagnie de danse contemporaine, qui va lui faire envisager que la danse ne se résume peut-être pas au classique…
C’était cool. Très beau générique, un peu à la James Bond en plus arty, c’était étonnant pour un film français. La danse, les résidences et les représentations sont bien filmées (dis-je avec absolument aucune connaissance du sujet). François Civil joue un perso bien cringe. C’est peut-être un peu trop de bons sentiments avec des situations compliquées qui se résolvent juste en en discutant une fois
(et bon, Élise qui écrit des lettres à sa maman morte en lui disant qu’elle commence sa deuxième vie quand elle passe de la danse classique à la contemporaine c’est quand même très cucul), mais la naissance de la romance entre Élise et Mehdi est filmé de façon crédible et touchante, j’ai trouvé, ainsi que la dynamique de groupe de la compagnie en résidence (même si le perso de Muriel Robin fait un peu trop marraine la bonne fée).

Je recommande si vous n’avez pas peur des films français qui sont des clichés de films français.