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Le Sommet des Dieux, de Patrick Imbert

Film d’animation de 2021, adaptation du manga éponyme de Jiro Taniguchi. On suit Fukamachi, un journaliste japonais qui enquête sur Abu, ancienne étoile montante de l’alpinisme disparu des radars depuis plusieurs années. Fukamachi pense qu’Abu a récupéré l’appareil photo de Mallory, un anglais disparu sur l’Everest dans les années 20, et qui aurait pu potentiellement atteindre le sommet. D’abord intéressé par l’appareil photo, Fukamachi va aussi être fasciné par la vie d’Abu, son intransigeance par rapport à l’alpinisme et sa tentative de faire vaincre l’Everest en hivernal par une face complexe et sans oxygène.

J’ai bien aimé, comme j’avais bien aimé le manga, mais je pense que j’ai moins pris une claque sur les visuels qu’avec le manga, paradoxalement. L’histoire est aussi resserrée, on a moins la progression lente dans l’enquête de Fukamachi qu’on avait dans le manga. Mais les couleurs sont belles et la musique est réussie.

Mad God, de Phil Tippett

Film d’animation expérimental paru en 2021. Plusieurs techniques d’animation sont utilisées pour raconter la descente de plusieurs explorateurs toujours plus profondément au sein d’une cité esclavagiste, de paysages pourrissants, d’une guerre nucléaire, …

C’est très bien réalisé, mais c’est fort sombre. Il n’y a pas vraiment de paroles, et c’est dystopie sur dystopie, avec cet enfoncement toujours plus profond fort symbolique, ça fait très représentation d’un bad trip. En même temps le medium de l’animation rajoute une distance qui fait que ce n’est pas insoutenable à regarder malgré la noirceur du propos.

Intéressant pour le côté expérimental.

Megamind, du studio Dreamworks

Film d’animation étatsunien sorti en 2010. Deux bébés extraterrestres sont envoyés sur Terre à la destruction de leur planète. L’un a des superpouvoirs et devient le défenseur de Metrocity sous le pseudonyme de MetroMan ; l’autre, forcé par les circonstances, décide de devenir sa némésis, le supervilain MegaMind. Un jour, contre toutes attentes, un des plans de MegaMind fonctionne et il vainc MetroMan. Devenu le maitre de MetroCity, il réalise vite que la vie sans challenge lui est bien fade. Il décide de se créer un nouvel antagoniste, et au même moment se rapproche de la journaliste qu’il avait l’habitude de kidnapper pour inciter MetroMan à venir le combattre.

C’était sympa. Sans être le film du siècle, c’est une subversion réussie des tropes du super-héros et du super-villain. Les plans de MegaMind sont juste ce qu’il faut de convolus, foireux et malins pour être rigolos. Un certain nombre de retournements de situations se voient venir d’un peu trop loin, mais globalement on reste bien accroché dans l’histoire (peut-être un bémol sur le perso de la journaliste qui est essentiellement là pour servir d’intérêt amoureux et qui est moins creusé que les autres).

Lightyear, d’Angus MacLane

Film d’animation des studios Pixar/Disney sorti en 2022. On suit Buzz Lightyear, un astronaute dans un futur indéterminé, chargé de protéger une mission d’exploration d’une nouvelle planète. Suite à une erreur de pilotage de sa part, la mission est coincée sur une planète avec un biome hostile aux humain.es. Décidé à réparer cette erreur, il accepte de prendre part à un programme de test des nouveaux carburants supraluminiques fabriqués. Mais chaque test lui fait percevoir comme quatre minutes relatives ce que le reste de la base vit comme quatre ans. Buzz s’éloigne donc du reste de la société. Et le jour où le nouveau carburant est un succès, une nouvelle menace sous la forme de robots géants fait son apparition. Buzz va devoir faire alliance avec quatre membres d’une société qu’il ne connait plus pour la défendre et enfin mener sa mission à bien…

Résumé un peu long mais c’est parce que le concept de base du film est plutôt touffu. J’ai passé plutôt un bon moment devant, c’est un film d’action dans un décor de SF assez honnête avec pas mal de rebondissements et une morale intéressante. Par contre beaucoup de choses se voient venir d’assez loin (y’a des cadres en néon clignotant autour des fusils de Tchekhov). Ça m’a l’air à la fois trop simpliste pour les adultes sur certains points et trop complexe pour les enfants sur d’autres (mais peut-être sous-estime-je les enfants), du coup je ne vois pas trop qui est le public-cible.

Je recommande si vous voulez un film pas prise de tête dans un univers SF et que vous aimez les références à Toy Story. Un bon film d’été quoi.

Porco Rosso, d’Hayao Miyazaki

Film d’animation japonais des studios Ghibli, paru en 1992. Je l’ai déjà vu un certain nombre de fois mais je le revois avec plaisir et je constate que je ne l’ai toujours pas chroniqué ici.

L’action prend place sur les îles de la mer Adriatique et dans l’Italie de l’entre-deux guerres. Les fascistes sont arrivés au pouvoir mais leur influence ne se fait pas encore ressentir dans les îles. La vie y est globalement tranquille, baignée de soleil et éloignée de l’influence gouvernementale, permettant l’existence d’une piraterie en hydravion qui rançonne les paquebots de passagers, et de chasseurs de prime qui combattent les pirates. Marco est un de ces chasseurs de prime. Ancien héros de guerre transformé en cochon anthropomorphe dans des circonstances inexpliquées, il vit sur une île isolé, sortant pour combattre les pirates et rendre visite le soir à Gina de l’hôtel Adriano, la femme d’un de ses anciens camarades d’escadrille mort au combat. L’arrivée d’un pilote américain bravache et se mettant au service des pirates en tant que mercenaire va forcer les événements à s’accélérer, et Marco à commander un nouvel avion à une usine milanaise, lui faisant faire la rencontre de Fio, jeune ingénieure déterminée.

C’est un excellent film. L’ambiance « période de calme entre deux guerres » est très bien rendue, il y a plein de plans qui sont là juste pour montrer de jolis décors et ça marche très bien. Les personnages sont réussis, il y a un esprit « code de l’honneur chevaleresque » et « rien n’est jamais très grave, les méchants vindicatifs se calment si on leur parle un peu fermement » qui fait très hopepunk dans l’esprit.

Turning Red, des studios Pixar

Film d’animation sorti en 2022. Meilin Lee, préadolescente canadienne d’origine chinoise, a une vie ordinaire de préado bien sage, avec une mère un peu surprotectrice. Alors qu’elle commence à être attirée par les garçons et qu’elle apprend que son boys’ band favori va venir jouer à Toronto, elle découvre que les femmes de sa famille, sous l’influence d’un sortilège ancestral, se transforment en pandas roux géants sous le coup des émotions. Une cérémonie chamanique permet de sceller l’esprit du panda dans un objet, mais pour qu’elle réussisse il faut minimiser au maximum les transformations en panda d’ici la conjonction astrale qui permettra d’effectuer la cérémonie. Or les émotions, dans la vie d’une préado qui trouve sa mère étouffante, et les garçons agaçants et attirants, il y en a beaucoup…

J’ai beaucoup aimé. Je trouve que le film réussit très bien à traiter de ce sujet un peu casse-gueule de la prise d’indépendance progressive qui s’effectue à l’adolescence, notamment en sa basant sur le rejet des modèles parentaux auxquels on adhérait sans réserve avant. Le film retranscrit bien aussi la façon dont on peut à l’adolescence être à fond sur un groupe musical, un.e acteurice ou whatever, comme des objets transitionnels du désir. Il tient la bonne distance pour qu’à la fois on voit le boy’s band comme ridicule en soi, mais qu’on comprenne en même temps le fangirlisme des héroïnes.

En comparaison à Encanto que j’ai vu juste avant, je trouve que les dynamiques familiales, et les conflits sont bien plus crédibles ici. L’héroïne a des amies, elle n’est pas isolée avec sa famille à tenter de tout résoudre toute seule. Le cast est plus resserré donc on a plus de temps à consacrer à la caractérisation de chaque personnage secondaire. Même si on arrive à la même conclusion de « on s’est parlé et donc tout va mieux », on a une révolte contre les traditions familiales et un clash des valeurs plus crédibles, la conclusion du film montre une réelle évolution plutôt qu’un retour à la situation initiale.

(Je vous calerais bien une petite comparaison à Dirty Dancing dans les thèmes de l’émancipation par la musique, le rejet de certaines valeurs familiale et de la figure parentale auparavant vue comme parfaite et la découverte du sexe opposé, mais honnêtement j’ai pas de quoi l’argumenter plus que ça)

Encanto, des studios Disney

60e film d’animation des studios Disney, sorti en 2021. La famille Madrigall vit dans une enclave magique protégée du monde extérieur, dans les montagnes colombiennes. Leur maison est sentiente et chaque membre de la famille, quand il atteint l’âge de raison, obtient un pouvoir magique et une chambre à lui. Chaque membre, sauf Mirabel, à qui la magie a dit « lol nope » quand c’était son tour. Mirabel s’aperçoit que la magie familiale semble diminuer, et va enquêter pour en trouver la cause, sauf que son enquête semble empirer les choses.

J’ai pas été convaincu. Y’a plein de bons éléments, mais j’ai l’impression qu’à chaque fois les trucs sont faits à moitié. La structure du film déjà. Déjà, trop de personnages, du coup trop d’exposition nécessaire (d’où la chanson sous crack du début (même si ok , le phénomène a été aggravé par le fait que je n’ai réalisé qu’à la moitié de la chanson que j’étais en train de regarder le film en x1,3, mais c’était quand même trop rapide même après rectification). Par ailleurs, je vois ce qu’ils veulent faire avec ce concept de « y’a pas de réel antagoniste, ce qu’il faut régler c’est les problèmes internes et les attentes démesurées », mais couplé au fait de conserver une structure de quête, j’ai eu l’impression d’attendre pendant tout le film qu’il démarre vraiment. En plus on n’arrête pas de passer d’une fausse piste d’antagoniste à la suivante : est-ce que Bruno est méchant ? Ou Isabella ? Ou Abuela ? Ah non personne en fait, mais on eu de la fausse tension tout du long. La structuration du film en quête avec des interactions avec les différents membres de la famille et leurs univers visuels est intéressante par ailleurs, ça fait très jeu vidéo dans la structure, avec des donjons (très visible dans le cas de la tour de Bruno) et un espace central commun (suis-je obsédé par ma lecture récente de Zelda : Le Jardin et le Monde ? Peut-être). On avait d’ailleurs déjà cette structure dans Raya et le dernier dragon, mais ça collait plus avec le contexte épique du film, qui proposait effectivement une quête à travers le monde et non pas les soucis internes de la famille. Là j’ai l’impression que Disney a voulu aller dans la même direction que Pixar avec Inside Out, mais sans aller jusqu’au bout dans le côté « le merveilleux du banal » : il faut résoudre les problèmes familiaux, mais ils ont quand même des pouvoirs magiques qui du coup ne jouent pas de rôle dans l’histoire et ne sont là que pour la déco. De plus chaque fois que Mirabel va voir un membre de la famille on a de l’expo supplémentaire sur lui, le film lui file de la profondeur, puis … n’en fait rien, parce qu’il faut aller voir le perso suivant.

Même sensation de ne pas aller au bout de la démarche sur le fait de s’éloigner du narratif de la princesse : ce n’est pas une famille royale, mais quand même ils sont spéciaux, et toute la communauté est structurée autour d’eux. Ça donne des vibes bizarres par moment où on l’impression que le film pourrait basculer dans un « us versus them » quand la matriarche est là « circulez y’a rien à voir la famille a toujours ses pouvoirs » en réponse aux villageois qui se massent à la porte pour savoir ce qu’il en est. Même impression d’à moitié sur la fin du film : le retour in extremis de la magie annule totalement le message du film : finalement il y a une sorte de pouvoir associée à Mirabel, la famille est toujours spéciale et définie par le Miracle (et architecturalement parlant, si la porte de Mirabel est la porte d’entrée, est-ce qu’elle va avoir une chambre à elle dans la maison ou en revient-on à la situation où elle dort dans la nurserie ? D’ailleurs ce thème d’une chambre à soi est fort intéressant, mais là aussi il en font pas grand chose).

Deux points encore et j’arrête de basher : toute la ligne de la tragédie originelle de la mort de Pedro m’a fortement déçu, dans le sens où je trouve que c’est de la poudre aux yeux : le film est là « et nous allons connecter notre petit film musical à de vrais événement graves et sérieux et à des problématiques sociales réelles », sauf que si tu utilises ça juste pour filer un cadre mais que t’en fais rien derrière, c’est assez cynique : si tu poses cette base-là et qu’ensuite tu files des superpouvoirs à tes personnages, faut quand même un minimum mettre sur la table le sujet de ce qu’ils pourraient faire avec ces pouvoirs pour améliorer la situation dans le monde plutôt que de se planquer dans leur village magique (une question abordée dans un cadre similaire dans Black Panther, pour rester dans les productions du conglomérat Disney).

Et enfin les chansons : elles sont assez lisses je trouve. Y’a des éléments intéressants, y’en a qui restent dans la tête (Surface Pressure, Waiting on a miracle, We don’t talk about Bruno), mais tout reste très propre, je trouve. C’est peut-être une déformation de l’écoute en boucle de Let it go et de comédies musicales, mais pour des chansons qui parlent d’anxiété et de difficulté à trouver sa place, je m’attends à des voix qui cassent un peu plus, à du lyrisme un peu plus poussé.

Globalement, je ne trouve pas que c’était un *mauvais* film : j’ai passé un moment distrayant devant, l’animation est belle, les personnages plutôt réussis. Pour continuer les comparaisons à d’autres produits Disney, c’est un film Avengers : on a un cast de personnages intéressants qui chacun mériterait d’être détaillé, mais on saute de l’un à l’autre pour tout caser dans deux heures de temps d’écran ; On met en scènes des thèmes complexes (les dynamiques familiales toxiques, la maladie mentale, les pogroms), mais on les creuse pas parce qu’il faut rester un film familial et commercial.

Fantastic Mr. Fox, de Wes Anderson

Film d’animation sorti en 2009. Fox est un ancien voleur de poules rangé des bolides depuis la naissance de son fils. Lassé de sa vie monotone, il décide de commettre un nouveau casse : s’introduire chez les trois plus gros fermiers du pays pour se servir dans leurs stocks. Mais les fermiers n’entendent pas se laisser dévaliser et unissent leurs moyens considérables pour se lancer dans une gigantesque chasse au renard…

C’était très très bien. Le film mélange plusieurs niveaux de lectures et plusieurs inspirations : le roman source de Roal Dahl évidemment, mais aussi les films de braquages (donner la voix de George Clooney à Fox n’est pas anodin), les westerns (superbe scène de stand down dans un petit village anglais en animation), les films d’arts martiaux (un peu via le personnage de Kristofferson mais surtout via le personnage de Rat). Y’a un discours sur la vie de couple et paternité, sur la vie en communauté vs l’envie de n’en faire qu’à sa tête, sur le fait de jouer un personnage, sur la répression policière… Y’a évidemment des discours à la Wes Anderson (« you’re disloyal »), en bande son superbe (une musique originale d’Alexandre Desplat et des insertions de chansons très réussies).

Grosse recommandation.

Raya and the last dragon, des studios Disney

L’Assassin royal : the Legend of Korra

Film d’animation des studios Disney sorti en 2021. Dans un monde d’inspiration asiatique, un pays qui vivait autrefois en harmonie est désormais déchiré en 5 nations depuis la disparition des dragons. Raya, princesse du royaume du Cœur, va retrouver la dernière dragonne et tenter de lui rendre ses pouvoirs pour vaincre la puissance maléfique qui accable le monde – tout en étant poursuivi par la princesse du royaume des Crocs.

Gros travail d’animation, de très belles séquences, les visuels des différentes nations sont très beaux. Les deux princesses sont très réussies en tant que personnages, les personnages secondaires un peu moins j’ai trouvé, ils ont tous une fonction de sidekick comic relief. Mention spéciale quand même au personnage de bébé vénère, étonnamment réussi vu le concept de base. Par contre le design des dragons est assez moche, c’est volontaire pour leur filer un aspect goofy, mais bon ça jure un peu avec le reste.

Le scénario est très classique avec une quête pour réunir des artefacts magiques répartis entre les cinq royaumes. Pour tout caser en 1h45 certains royaumes sont un peu rushés alors que vu la beauté des décors ils auraient tous mérités plus de temps d’écran. Jolies séquences de combat/poursuite aussi, très réussies

Soul, des studios Pixar

L’anti-Whiplash.

Joe Garner est un pianiste de jazz. Enfin, il voudrait l’être, il est surtout prof de musique dans un lycée de New York. Pour des raisons que je ne spoile pas, il décroche l’occasion de sa vie, mais ne pourra s’y rendre que s’il réussit à coopérer avec un sidekick surnaturel qui découvre la vie sur Terre et ce qu’est une existence humaine.

C’était très beau, surtout les séquences sur Terre, il y a quelques plans d’ensemble dont on a l’impression qu’ils sont là pour dire « oui, on peut faire ça en animation », mais ça marche super bien. Point de vue esthétique, j’ai été moins enthousiasmé par les séquences extraterrestres. J’aime beaucoup l’idée du design des Jerrys, mais le reste de l’environnement était peu varié en terme de couleurs (c’est probablement pour contraster avec les séquences terrestres, mais du coup elles en souffrent défavorablement).

Du point de vue intrigue, c’est un peu le même distinguo : tout ce qui se passe sur Terre est cool, la vie quotidienne de Garner et comment la présence et le regard de 22 lui font reconsidérer les choses est très bien fait. C’est pas forcément super original, mais ça marche, c’est bien mis en scène, c’est porté par une super bande-son. On a des séquences dans le milieu du jazz, qui se penchent sur les questions de passion et d’obsession, on a un fil thématique sur l’enseignement et la transmission : ce sont des thèmes qui étaient présents dans Whiplash mais là on a des professeurs bienveillants et une passion qui n’est jamais en lien avec l’idée de compétition. Un même sujet, traité totalement différemment.

L’intrigue métaphysique qui justifie la présence de 22 par contre, ça aurait pu être n’importe quelle autre raison, on s’en fiche un peu tbh, pourtant ça prend une part importante du film, ça aurait pu être expédié plus rapidement.
Niveau humour c’était globalement réussi tout du long, je suis bon client de ce type d’humour je pense mais les situations sont bien amenées.

Globalement un bon film, impressionnant du point de vue technique, avec quelques séquences un peu trop longues mais une belle histoire. On est un peu dans l’inverse d’Inside Out pour l’intérêt des séquences réalistes/métaphysiques.