Godzilla: King of the Monsters, de Michael Dougherty

Film d’action américain de 2019. C’était assez mauvais. J’étais attiré par le côté « il y a une organisation gouvernementale qui étudie les kaijū pour les comprendre », mais en fait ça prend cinq minutes du film. Pour le reste, le scénario n’a aucun sens (y’a la Terre Creuse ! y’a de la fausse science ! y’a des gens qui se téléportent pour les besoins du scénario !), les personnages sont très peu crédibles, et malgré les gros moyens dans les effets spéciaux, si les deux monstres principaux (Godzilla et Gidorah) sont cools, le design des autres est assez raté. Regardez plutôt Pacific Rim pour un film de kaijū sympa.

Le poster est joli cependant.

Paris Police 1900, de Fabien Nury

En 1899, suite à la mort du président Faure, un nouveau gouvernement est formé, et Lépine est nommé préfet de police de Paris, alors que les ligues antisémites rallient leur troupe dans l’attente du second procès de Dreyfus. On suit les aventures de Lépine, de sa femme et de plusieurs policiers et informateurs de police dans ce contexte politique de plus en plus inflammable.

J’ai été déçu. La reproduction historique est réussie et semble bien documentée – depuis mon point de vue naïf sur la période. Mais la série se concentre surtout sur des hommes, policiers ou puissants, qui jouent des poings et croient en leurs valeurs : bref, c’est idéologiquement de droite. La série choisit aussi d’adopter une esthétique trash : y’a du sang, du sexe, de la boue, de la drogue, et on n’y va pas avec le dos de la cuillère. Et y’a évidemment beaucoup d’antisémitisme, et même s’il est montré pour le dénoncer, c’est quand même beaucoup montré et répété, j’ai pas trouvé ça fou d’un point de vue mise en scène. La série met brièvement en scène des anarchistes, des personnages de la communauté juive, mais ils sont toujours présents en temps que personnages secondaires, ceux que l’on suit vraiment se sont les policiers et les antisémites, c’est vraiment pas le cadrage le plus intéressant possible je trouve.

Dans le genre reconstitution historique européenne stylée avec des enquêtes de police au milieu, regardez plutôt Babylon Berlin.

Josep, d’Aurel

Dessin animé sorti en 2020, qui raconte l’histoire de Josep Bartoli, républicain espagnol et dessinateur célèbre. Le film se focalise principalement sur sa vie dans les camps de concentration établis par le gouvernement français pour gérer les réfugiés espagnols.

J’ai bien aimé – de base j’aime bien le dessin d’Aurel, qu’on retrouve notamment dans Politis et Le Monde. Là plusieurs styles de dessins sont mélangés, pour intégrer celui de Bartoli avec celui d’Aurel, et certains passages sont montrés en images fixes (ie on est plus sur du une image/seconde que du 24 images/seconde).

La mise en scène du récit est intéressante : on a des strates enchâssées, avec le thème de la passation de mémoire : on suit un adolescent qui rend visite à son grand père mourant qui va lui raconter sa jeunesse : on a des similitudes avec la façon dont Land and Freedom était présenté. Mais là le grand-père n’était pas dans les Brigades Internationales, il était un des gendarmes en charge de la surveillance des camps. Il va sympathiser avec les espagnols et surtout avec Josep, qui va lui raconter son histoire, mais il va aussi rester passif devant beaucoup de choses avant de se racheter en partie. Il va être témoin de certains événements, Josep va lui en raconter d’autres. Le film met en scène aussi de façon intéressante les défaillances de sa mémoire, avec des passages incohérents ou mélangeant plusieurs temporalités.

Je recommande.

Le Chant du Loup, d’Antonin Baudry

Film de guerre français sorti en 2019. On suit un analyste en guerre acoustique, ie un soldat capable de reconnaître à l’oreille une multitude de navires, embarqué à bord d’un sous-marin français. Alors que les tensions entre la Russie et l’UE s’intensifient, les sous-marins français qui sont un élément clef de la dissuasion nucléaire deviennent un enjeu clef, et l’analyste découvre un mystérieux sous-marin inconnu croisant dans les mêmes eaux que le sien.

J’ai bien aimé. C’est un film de guerre qui ne glorifie clairement pas la guerre et qui pose des questions sur le super concept de dissuasion nucléaire avec ordres de lancement irrévocables, un thème qu’on retrouve aussi dans Docteur Folamour. Le fait d’avoir un personnage principal qui n’est clairement pas dans le moule de l’armée permet de mettre plus facilement en scène ces côtés là.

Il y a quelques facilités de scénario et sa hiérarchie militaire passe beaucoup de chose au héros, les militaires sont quand même présentés comme sacrément sympa dans le film, et c’est un film assez viril (il y a une seule femme nommée, et c’est l’intérêt amoureux du héros), mais il met bien en scène son sujet, il fait très bien monter la tension, et les scènes en espace confiné dans les sous-marins sont très bien filmées.

Antoinette dans les Cévennes, de Caroline Vignal

Film français de 2020. Antoinette, maîtresse d’école, est l’amante du père d’un de ses élèves. Quand il lui annonce qu’au lieu de passer la semaine avec elle comme prévu, il part en vacances avec sa femme dans les Cévennes pour faire une randonnée avec un âne, elle décide de faire de même, dans l’espoir de le retrouver sur place et de profiter de sa présence. On se retrouve donc avec le setup d’une meuf pas préparée pour une rando, isolée, fragile psychologiquement, qui se balade sur les chemins cévenols. Ça aurait pu faire une bonne situation de thriller, mais en terme de comédie c’est assez gênant je trouve, la meuf est vraiment dans une situation de merde, même s’il y a quelques personnages bienveillants (les gardien.ne.s de gîte), elle est quand même livréee à elle-même, tout le monde sur le chemin à entendu parler d’elle et une opinion sur elle, y’a plusieurs mecs qui sont assez craignos (dont au premier plan le mec dont elle est amoureuse), bref, j’ai pas aimé. Les paysages sont jolis cependant.

Soum de Basta et pic du Jer

Randonnée en solo pour profiter des Pyrénées tant que je les ai encore à portée de main. Départ à 7h50 de la gare de Lourdes, montée via Anclade puis Aynet jusqu’au soum de Basta puis de Caubi, avant de repartir sur le Pic du Jer. Beau temps, belle randonnée, après y’avait des portions du trajet qui étaient laissées en exercice au randonneur. Typiquement « Dans le virage à droite, au niveau d’un poteau, partir à gauche en quittant toute sorte de balisage. Monter raide dans l’estive, sur quelques mètres, en prenant soin de contourner la forêt. » qui voulait littéralement dire « grimpe le talus, passe sous la clôture, trace le plus en ligne droite possible dans la pente, passe sous les barbelés, devine le chemin et on se retrouve à la prochaine étape bisous ».

Plaine
La vallée des Gaves
Lourdes depuis le pic du Jer
Un bâtiment perdu à flanc de montagne
Cochon et lierre
Bâtiment abandonné et jeunes arbres
Antenne relais
Sur le pic du Jer
Vue depuis le pic du Jer

Phare 23, d’Hugh Howey

Roman de SF états-unien. J’avais beaucoup aimé Silo du même auteur, mais celui-là m’a laissé plutôt froid. On suit la vie d’un ancien militaire qui veille sur un phare interstellaire, alors qu’une guerre interminable entre les humain.e.s et une espèce extraterrestre fait rage en arrière-plan. Sur le même thème, la Guerre Éternelle de Joe Haldeman était plus intéressant et le précède de quelques décennies.

Téléréalité, d’Aurélien Bellanger

Le dernier roman de Bellanger, sur le paysage audiovisuel français et l’irruption de la téléréalité dedans. Le roman suit la vie d’un drômois qui va monter à Paris et faire carrière dans le milieu de la télé, d’abord comme assistant d’un présentateur puis rapidement comme producteur. Dans l’ombre, il va accompagner les évolutions des programmes télé, puis être un des acteurs de l’introduction de la téléréalité en France.

Le roman reprend pas mal la structure de La Théorie de l’Information, en plus condensé (le roman est court), jusqu’à l’espèce de twist de fin. J’ai bien aimé, plus que ses précédents romans qui partaient un peu dans tous les sens, là on a un propos unique et linéaire. Par contre petit défi pour Bellanger : écrire un roman avec un personnage principal féminin avec la même voix intérieure que ses héros habituels, parce que là la part des persos féminins était assez étique.

Cochrane vs. Chtulhu, de Gilberto Villarroel

Roman chilien. En 1815, le capitaine Eonet est chargé de la défense de Fort Boyard, pièce clef du dispositif imaginé par Napoléon pour protéger la rade des Basques des incursions anglaises. Mais il a aussi une mission confidentielle, accueillir les frères Champollion dans le fort pour qu’ils puissent examiner de mystérieuses inscriptions trouvées lors de la construction, qui parlent d’anciens dieux et de cité engloutie. Les événements vont brusquement s’accélérer avec la capture d’un capitaine écossais renommé, Lord Cochrane, et la manifestation soudaine de phénomènes paranormaux qui semblent annoncer le réveil prochain d’un dieu endormi…

J’ai été assez déçu. Le pitch était alléchant, guerres napoléoniennes + Chtulhu j’étais motivé. Mais la réalisation laisse cruellement a désirer. Beaucoup de répétitions et de didactisme dans l’écriture (notamment sur les éléments lovecraftiens alors que bon si on récupère ce livre c’est a priori qu’on a quelques idées de qui est Chtulhu), et des personnages assez caricaturaux (de valeureux militaires, des savants anémiques, un fourbe commissaire politique !), notamment Lord Cochrane lui même qui est le parfait Gary Stu. Bref, too bad so sad.

O que Arde, d’Oliver Laxe

Film galicien de 2019. On suit le quotidien d’Amador, un homme récemment sorti de prison et qui vit avec sa mère, en s’occupant des vaches de la famille et en se baladant dans la montagne. Il est très solitaire, sa mère essaye de le pousser à interagir davantage avec les autres hommes de son âge mais il n’est pas particulièrement intéressé, préférant se promener dans la nature.

J’ai beaucoup aimé. Il ne se passe pas grand chose, mais c’est bien filmé. On voit les paysages de la Galice, la vie quotidienne d’une famille paysanne qui est clairement pas loin de la misère (et les personnages ont tous le prénom des acteurs qui les jouent, du coup je pense qu’ils jouent pas mal leurs propres rôles).