Baltimore, de Mike Mignola

Durant la première guerre mondiale, Henry Baltimore, un soldat anglais, blesse un vampire qui se nourrissait d’un soldat agonisant sur le champ de bataille. Cet événement déclenche une guerre entre l’Humanité et les forces surnaturelles, réveillées d’un long sommeil. Le comics va suivre les tribulations de Baltimore et de ses alliés à travers l’Europe pour tente de mettre fin aux différentes manifestations du surnaturel qui se déclenchent ici et là, alors que les vampires et des congrégations de sorcières préparent le retour du Roi Rouge, un Grand Ancien.

J’ai beaucoup aimé. J’ai les premiers tomes chez moi mais je n’avais jamais eu l’occasion de lire la seconde partie du comics, là j’ai tout relu d’un seul coup. J’aime beaucoup l’ambiance du comics et le dessin de Mignola. Le setup de la fin de la première guerre mondiale marche bien pour une histoire surnaturelle, et j’aime beaucoup le dessin de Ben Stenbeck, qui reprend bien le style de Mignola mais le rend plus lisible à mon sens (j’ai été moins convaincu par le dessin des autres dessinateurs mais je pense que c’est aussi une question d’habitude). Et les couleurs de Dave Stewart fonctionnent super bien avec l’ambiance de l’histoire.

Je recommande chaudement si vous aimez les trucs horrifiques.

Pour l’autodéfense féministe de Mathilde Blézat

Essai féministe de 2022. L’autrice a rencontré des formatrices et des participantes à des stages d’autodéfense féministe dans différents pays (principalement francophones) et se réclamant de différentes méthodes. Elle retrace l’histoire de ces formations, leur relation à d’autres courants du féminisme, la difficulté d’obtenir des subventions pour ces actions qui relèvent pourtant de la prévention contre les violences sexistes – difficulté qui existe partout mais est encore plus présente en France avec son obsession de l’universalisme et les cris d’horreurs dès qu’on évoque une activité en non-mixité.

Elle s’attarde sur l’impact de ces stages sur les participantes, comment le stage change leur relation à leur corps, à l’espace public, aux autres. Elle détaille aussi comment les formatrices sont en réflexion sur les modalités permettant d’organiser des stages spécifiquement à destination de certains publics : femmes mineures, âgées, handicapées, trans… pour permettre une plus grande inclusivité de ces stages.

C’était fort intéressant et sur un sujet que je ne connaissais pas, je recommande.

Serial Girls, de Martine Delvaux

Essai féministe paru en 2013 et republié en 2022 dans une édition augmentée. L’autrice parle de la question de la sérialité des femmes, vue comme des éléments interchangeables, leur individualité important moins que leurs éléments communs ou différents qui les font appartenir à cette série.

Le sujet avait l’air fort intéressant, et j’ai apprécié le chapitre sur le magazine Playboy, qui parle de ce sujet spécifiquement sous l’angle du male gaze et de la libération sexuelle proclamée qui a surtout été celles des hommes quand pour les femmes c’était une injonction à être de bonnes partenaires sexuelles disponibles pour les mecs, mais j’ai été beaucoup plus dubitatif pour le reste du bouquin, dont je trouve qu’il aligne les grandes déclarations sans faire de démonstrations claires, sans expliciter son propos et en se reposant beaucoup sur le péremptoire. Déception.

Glass Onion, de Rian Johnson

Film étatsunien sorti en 2022, et suite de Knives Out (les deux peuvent se voir indépendamment, ce sont deux enquêtes du même détective).

Durant le confinement, le magnat de la tech Miles Bron invite ses plus proches amis sur son île privée, pour une murder party. Mais le détective Benoit Blanc a aussi reçu une invitation, non-envoyée par Miles Bron. Il va enquêter pour comprendre les relations entre les membres du groupe et découvrir si l’un d’entre eux veut profiter de la murder party pour commettre un meurtre tout ce qu’il y a de plus réel.

J’ai bien aimé. L’esprit de Knives Out est bien conservé, mais le récit, au lieu de rester confiné au cadre d’une famille, prend une portée plus large, à la fois dans les décors (île grecque magnifique qui fait penser à Mamma Mia, avec une maison totalement délirante dessus) et dans le commentaire social sur les «  »élites » » mondiales. Le film met longtemps à mettre les choses en place avant de vraiment nous révéler les suspicions de Benoît Blanc. Y’a pas mal de mislead plutôt réussi, ça fait de nouveau un fort bon film policier.

Je recommande.

Impossible, de Erri de Luca

Court roman italien de 2019. On alterne entre des scènes d’interrogatoire d’un homme par un procureur et les lettres que cet homme compose dans sa cellule à l’attention de sa compagne. L’homme a appelé les secours en montagne pour la chute au fond d’un ravin d’un autre homme, avec qui il partageait un passé commun : ils ont milité dans les mêmes groupes d’extrême-gauche sous les années de plomb, et le mort a dénoncé ses camarades. Est-ce que sa mort est un accident ou un meurtre ? Le procureur essaye de trancher, face à un prévenu plus âgé que lui, témoin du passé de l’Italie, et connaisseur des risques de la montagne. Ils argumentent sur leur conception de la justice et de l’engagement politique.

J’ai bien aimé. C’était assez court mais sympa à lire. Faut dire qu’en combinant randonnée en montagne et discussion sur l’engagement politique à l’extrême-gauche, ça tapait dans mes sujets de cœur.

The Grace Year, de Kim Liggett

Dystopie US de 2019, assez décevante. On est dans un univers rural, où les femmes sont réputées développer des pouvoirs magiques à l’adolescence. Pour que ces pouvoirs ne détruisent pas la communauté, l’année de leur 16 ans (l’Année de Grâce du titre), toutes les adolescentes sont envoyées sur une île où elle vivront entre elles le temps que leur magie se manifeste puis s’épuise. Puis elle reviendront épouser un homme ou rejoindre une communauté de travailleuses. Cette question de l’année de Grâce et du mariage forcé ont toujours intrigué et révulsé Tiernay, l’héroïne, qui va chercher à comprendre ce que cachent ces rituels…

Sur le papier ça avait l’air cool, une dystopie féministe avec un côté Sa Majesté des Mouches/Yellowjackets/The Purge. Mais ça ne fonctionne pas bien, je pense par manque d’un sérieux travail d’édition. Il y a pas mal d’éléments intéressants dans le livre, mais il y a trop de trucs, trop d’éléments qui arrivent d’un coup, ne sont pas bien installés, bien explicités. La fin aurait dû arriver 40-50 pages plus tôt aussi. Soit il fallait couper des trucs, soit il fallait assumer d’en faire une trilogie et pas un seul roman où ça va à 4000 à l’heure. Là y’a un vrai problème d’écriture.

D’autant plus décevant qu’on voit le potentiel gâché. On a l’impression que l’idée de l’éditeur c’était que les dystopies féministes c’était bankable alors allons y sortons des trucs sans y regarder à deux fois. Mais The Handmaid’s Tale ça fonctionne parce que l’écriture et les personnages sont réussis.

Enchanted, de Kevin Lima

Film des studios Disney paru en 2007. Une princesse de conte de fées se retrouve projetée à New York par le pouvoir d’un sortilège. Son prince va tenter de la retrouver, pendant ce temps elle découvre le fonctionnement d’un monde fortement différent du sien, et rencontre un charmant avocat qui élève seul sa fille.

J’étais agréablement surpris ; pour un film Disney qui mélange comédie romantique et pseudos conte de fée, l’œuvre connaît très bien ses tropes et joue très bien avec. J’ai quelques questions sur pourquoi la magie fonctionne dans notre univers pour les personnages de l’univers des contes de fée, mais rien qui n’empêche de profiter du film. Les personnages ont aussi une tendance à se téléporter et à se débrouiller pour être au bon endroit au bon moment pour mettre en place leurs plans (surtout l’homme de main de la grande méchante), mais c’est assez assumé je pense en termes de conventions narratives. Pour le reste, c’était sympa, peut-être qu’il y aurait eu moyen de subvertir davantage le concept de True Love’s Kiss, mais sinon ça réussit bien son trip de comédie romantique.

Bonne surprise.

L’Année du Requin, de Ludovic et Zoran Boukherma

Film français sorti en 2022. A la pointe, station balnéaire de Gironde, la commandante de gendarmerie Maja Bordenave (Marina Foïs) vit sa dernière semaine sous les drapeaux avant sa retraite à 49 ans. Ultra attachée à son métier elle ne le vit pas très bien. La découverte de la présence d’un requin tueur va lui permettre de rempiler une semaine supplémentaire.

Grosse déception. Y’avait beaucoup de potentiel mais le film n’en fait rien. On a l’impression qu’ils setuppent plein de situations pour n’en rien faire. La partie « requin tueur » est réussie, mais c’est noyé dans un truc qui pourrait faire un film comique (Marina Foïs, JP Zadi, Kad Merad, y’avait de quoi faire une comédie populaire) mais qui ne se décide jamais à vraiment faire des blagues. Juste, on attend que ça passe.

It’s Lonely At the Centre of the Earth, de Zoe Thorogood

Comic autobiographique d’une dessinatrice anglaise, parlant de sa dépression, des attentes (les siennes et celles des autres) sur ce que vont être sa vie et son œuvre maintenant que son premier comic a connu du succès.

J’ai pas mal aimé. C’est assez méta, avec plusieurs styles de dessins qui s’entremêlent, plusieurs incarnation de Zoe qui s’interpellent les unes les autres, une tentative de rebooter la bédé de façon plus positive et linéaire à mi-chemin. Le côté introspectif (et dépressif) m’a fait penser à du Carrère, d’une certaine façon. La mise en récit graphique d’une dépression m’a aussi fait penser à C’est comme ça que je disparais, de Mirion Malle, mais j’ai préféré It’s lonely… dans sa mise en forme.

It’s prepping time : délestage édition

En France, pour l’hiver 2022-2023, le gouvernement annonce de potentiels délestages du réseau : des coupures par zone, aux moments où le réseau serait le plus sollicité (8h-13h et 18h-20h, en semaine et par grand froid). Par ailleurs, même si c’est peu probable il y a un risque (faible mais non-nul) de black-out : un crash du réseau électrique, plus ou moins localisé, et plus ou moins long à résoudre (probablement quelques heures, mais ça pourrait aller jusqu’à quelques jours si c’est vraiment la merde).
Ce sont des scénarios peu probables, et plus on va dans l’apocalyptique, moins ils sont probables. Néanmoins, ça vaut le coup d’anticiper leur arrivée pour atténuer les dégâts qu’ils pourraient engendrer (une idée dont le gouvernement aurait pu se saisir, mais une fois de plus on va plutôt compter sur l’auto-organisation). Du coup, voici quelques mesures à mettre en place (la 7e va vous étonner !)

Pour les délestages ou le risque de black-out court :

  • Si le délestage est annoncé, anticipez-le en chargeant vos équipements (en heures creuses idéalement). Pensez aussi à mettre vos éventuels volets électriques en position ouverte avant le début du délestage, et à ne pas vous trouver dans un ascenseur au mauvais moment.
  • Investissez dans une frontale si vous n’en avez pas déjà une, chargez-la si vous en avez. Temporairement vos téléphones feront lampe, mais ça ne vaut pas une bonne frontale. Sachez où elle est, de préférence à un endroit facilement accessible : table de nuit, porte-manteau de l’entrée. Je dirai que potentiellement, baladez-vous avec la frontale sur vous, mais les délestages surprises ne sont vraiment pas très probables.
  • Vérifiez si vous avez une trousse de secours/une armoire à pharmacie avec des stocks raisonnables (masques, pansements, désinfectant, paracétamol, contraception, les divers médicaments que vous prenez régulièrement).
  • Pour les cyclistes, ayez des éclairages et des vêtements rétro-réfléchissants (gilet jaune ♥). C’est toujours un bon conseil mais sans éclairage public c’est un excellent conseil. Plus généralement, limitez les déplacements durant la coupure d’électricité si vous le pouvez.
  • Bougies : on aime tous les bougies mais c’est un risque réel d’incendie (spoiler : ça implique du feu). Privilégiez les chauffes plats (moins de risque de renversement), et une installation sur un support stable et non inflammable. Ne laissez pas des bougies allumés dans des pièces où vous n’êtes pas. En termes d’anticipation, ayez les chauffes-plats chez vous avant le délestage, dans un endroit identifié et avec un briquet ou des allumettes à portée de main.
  • Prévoyez éventuellement une batterie externe de bonne capacité si vous voulez pouvoir utiliser votre ordiphone/votre ordi (et anticipez le téléchargement d’un film ou deux), mais perso je recommande plutôt d’avoir un bouquin à lire ; par ailleurs s’il n’y a pas d’électricité il n’y a pas d’antennes relais, et donc pas de réseau.
  • Limitez l’ouverture du frigo et du congélateur, sur une coupure d’électricité de quelques heures ils resteront fonctionnels. Mettez un glaçon dans un verre dans votre congélateur, si un black-out a lieu, le glaçon fondra et épousera la forme du verre, ça vous permettra de savoir si le black-out était suffisamment long pour mettre en danger la consommation des aliments
  • Si vous habitez à plusieurs, rassemblez-vous dans la même pièce pour garder la chaleur corporelle au même endroit.
  • Ce n’est pas vrai de tous les téléphones, mais vérifiez si le vôtre peut capter la radio (avec des écouteurs filaires qui font antenne), ça permet d’avoir des nouvelles quand le réseau est down.

Pour anticiper les peu probables black-out plus longs :

  • Ayez une petite réserve de cash à la maison. Pas de courant, pas de carte bleue ni de distributeurs de billets.
  • Récupérez de l’eau en bouteille (un pack de secours à la maison en anticipation du pb, et possibilité d’en racheter avec votre cash ?). Si la coupure dure longtemps, la fourniture d’eau ne sera plus assurée, faute de pompes.
  • Ayez de la nourriture qui peut se consommer froide (ou ayez un réchaud à gaz pour réchauffer des aliments). Prévoyez d’avoir quelques conserves adaptées sous la main par exemple.
  • Prévoyez des plaids et plusieurs couches de vêtements
  • Si vous avez des ami.es géographiquement proches, prévoyez éventuellement de vous checker les uns les autres, voire de passer le blackout ensemble. (qui va chez qui ? à quel moment ?), parce que once again, pas d’élec, pas de téléphone.

Merci à louis pour le beta-reading.

Sources :