Archives de catégorie : Screens, thousands of them

We’re all going to the world’s fair, de Jane Schoenbrun

Film paru en 2021, le premier de la réalisatrice (avant I saw the TV glow). Ça commence comme un film d’horreur : Casey, une ado isolée se lance dans un challenge internet qui implique de répéter trois fois une phrase et mettre un peu de son sang sur l’écran, puis regarder une vidéo. Elle fait des vidéos pour documenter la « transformation » qu’est supposée apporter le challenge, elle est contacté par un autre participant, un mec plus âgé qui dit s’inquiéter pour elle et le chemin sur lequel l’emmène le challenge.

Sauf que ce n’est pas un film d’horreur : Casey est tout à fait consciente qu’elle participe à un jeu en ligne, les propos qu’elle tient dans ses vidéos sont un rôle. Et si le mec qui lui parle est un peu creepy, ce n’est pas dans une veine horrifique, ni même visiblement dans une veine de groomer, il a juste l’air très seul aussi et pas très bon pour construire des récits à plusieurs. Globalement c’est un film sur le fait de grandir seul, avec internet comme principale source d’interaction, un peu en périphérie de communautés en ligne.

On retrouve des éléments communs entre les théories autour de la World Fair et le monde de I saw the TV glow : deux mondes, un réel et un maléfique, le passage entre les deux mondes via un planétarium. Mais dans We’re all going, le monde montrée est le monde réel (et le monde maléfique est imaginaire), dans I saw c’est le monde factice (et le monde réel est présenté comme une délusion pour que les personnages ne s’échappent pas). C’est un film à petit budget, on ne voit vraiment que deux acteurs, et c’est tournée dans la périphérie d’une ville nord-américaine, avec visiblement une ou deux caméras (+ des webcams).

X, de Ti West

Slasher paru en 2022. En 1979, une équipe de tournage débarque sur une ferme du Texas profond pour tourner un film pornographique. Mais il s’avère que le couple de propriétaires grabataires ont quelques squelettes dans le placard et vont éliminer l’équipe de tournage, sauf une final girl qui va réussir à les tuer et s’enfuir.

C’était bien tourné et bien référencé (c’est avant tout un film qui parle de cinéastes, donc on sent qu’ils ont fait leurs devoirs : il y a de belles références à Psycho notamment), mais ça reste un slasher classique, et donc – je trouve – pas vraiment un genre de film d’horreur passionnant.

Lilo and Stitch, des studios Disney

Film d’animation sorti en 2002. Stitch est une créature bioingéniéré en laboratoire pour être une machine de destruction. Déféré devant la Fédération Galactique, il est condamné (alors que c’est pas exactement de sa faute) à l’exil sur un astéroïde. Il réussit à détourner le vaisseau, et le crashe sur Terre, plus précisément à Hawaï. Ses instincts lui disent de trouver une grande ville à détruire, mais Hawaï en est malheureusement dépourvu. Poursuivi par son créateur et un agent de la Fédération, il se dissimule en se faisant adopter comme animal de compagnie par Lilo, gamine turbulente élevée par sa sœur. Vont s’ensuivre moult quiproquos et situations chaotiques, les deux personnages ayant tendance à faire rapidement – volontairement ou non – escalader toute situation.

C’était sympa. Je le voyais pour la première fois, j’ai trouvé le dessin assez beau (à part quelques passages en 3D pour les vaisseaux spatiaux qui sont assez visiblement datés), l’animation est fluide et les persos attachants. J’ai trouvé que la fin était un peu ratée avec des enjeux qui remontent, redescendent, des nouveaux antagonistes, d’anciens antagonistes qui deviennent des alliés… Et globalement Stitch sert un peu trop de couteau suisse, entre créature chaotique, puis mignonne, puis impulsive, puis intelligente… Notamment les passages où il parle ça marche assez mal.

Mais globalement, recommandé.

Isn’t it romantic, de Todd Strauss-Schulson

Comédie romantique parue en 2019, sans grand intérêt. Nathalie (jouée par Rebel Wilson) déteste les comédies romantiques. Suite à un trauma crânien, elle se retrouve dans un univers alternatif qui fonctionne selon tous les clichés des romcoms gnangnans. Elle est genre-savvy et veut en sortir, elle va donc faire en sorte de trouver qui doit lui déclarer son amour pour arriver au happy ending et donc à la fin du film. Le concept était rigolo, mais la réalisation ne réussit pas vraiment à déconstruire la romcom, ça reste au milieu du gué entre dénoncer et embrasser les clichés. Le fait d’avoir voulu faire un film PG-13 y joue probablement, il aurait fallu que l’héroïne puisse davantage casser les conventions du genre pour que ça donne un film intéressant.

Picnic at Hanging Rock, de Peter Weir

Film australien de 1975. Lors d’une sortie scolaire dans le bush australien en 1900, trois pensionnaires et une enseignante d’un pensionnat pour jeunes filles disparaissent. On va suivre l’impact de cette disparition sur le pensionnat et la petite ville à proximité, entre rumeurs sur ce qui a pu se passer, fausses pistes, et évolutions immédiates pour le pensionnat (turns out que les parents, même quand ils sont anglais et distants, n’aiment pas que l’on égare les enfants qu’ils vous ont confiées).

Étrangement ça m’a un peu fait penser à Gone Girl pour un point très spécifique : j’ai l’impression que y’a des espèces de sauts dans l’évolution des personnages, de leur relation, qu’on a un peu du mal à suivre, et qui je pense font dans les deux cas plus sens dans le livre dont le film est adapté, avec des possibilités de narration interne (ou juste d’y passer plus de temps).

Sinon, j’aime bien l’ambiance outback australien et formation géologique random (+ pensionnat du tournant du siècle avec des décos anglaises très moches) et un peu onirique (visiblement pendant le tournage l’équipe mettait des voiles sur la caméra pour avoir ce rendu d’image un peu adouci/flouté, l’origine des filtres instagram enfin révélée). Dans la première partie du film (jusqu’à la disparition) tout le monde a l’air d’être sous drogue (mais c’est peut être juste le fait d’être des anglais.es réprimé.es et cuit.es par le soleil). Après ça se perd un peu je trouve, trop de trucs en parallèle (l’enquête des deux mecs, les conséquences dans le pensionnat, la battue de la ville) mais rien qui n’est exploré à fond (notamment le mystère de ce qui se passe avec le rocher, qui s’il n’a pas besoin d’être résolu, n’a en l’occurence l’air d’inquiéter personne plus que ça. Le côté ça devient un événement médiatique et les gens se font prendre en photo en souvenir de la battue par contre, très intéressant (et on retrouve des parallèles avec Gone Girl et le traitement médiatique des disparitions sensationnelles).

Kaos, de Charlie Covell

Série télé sortie en 2024. L’histoire se passe dans un monde où les dieux de l’Olympe existent, et sont toujours vénérés de nos jours. L’histoire, racontée par Prométhée qui est à la fois protagoniste et narrateur omniscient, met en scène le début de la révolte des Humains contre ce panthéon, et particulièrement contre Zeus, dont la paranoïa le conduit à vouloir faire s’abattre des catastrophes naturelles sur l’Humanité pour les forcer à l’adoration.

Ca commence très bien, le côté mythologie modernisée fonctionne, Jeff Goldblum est très bon en tant que tyran domestiques aux capacités divines, mais ça s’essouffle un peu à partir de la moitié de la série. L’Olympe fait quand même très vide, avec une famille divine réduite à 6 personnes – même si les autres dieux et déesses sont évoqués on ne les voit jamais – et à part Zeus, ceux qu’on voit ne font pas grand chose de divin… De la même façon, le monde se réduit à la Crète, et même à sa capitale d’Heraklion, le reste n’est jamais évoqué. Il aurait fallu plus de dieux, moins de scènes filler dans les Enfers, et une ligne narrative + inspirante que celle d’Orphée (même si le twist dessus est intéressant). Ah et un point tout à fait mineur mais qui m’a personnellement agacé, c’est les petits bouts de latin. Oui ça fait antique, mais il s’avère que la langue grecque existe ? Et que c’est plus cohérent avec le panthéon grec et une histoire située en Crète ?

Bref, un gros potentiel pas totalement réalisé (+ une saison qui n’est que la moitié d’une histoire qui devrait se continuer dans la saison 2), mais si vous aimez de base la mythologie (et/ou Jeff Goldblum), vous apprécierez la série.

Jusant, du studio Don’t Nod

Jeu vidéo sorti en 2023. Un.e jeune muet traverse un désert parsemé de carcasses de bateaux et arrive au pied d’une tour gigantesque. Au fur et à mesure de son ascension de la tour, iel va découvrir l’histoire de ses ancien.nes habitant.es. Ça pourrait être Chants of Sennaar, c’est Jusant. Pas d’énigmes sur la construction du langage, mais de l’escalade pour arriver au sommet de la tour, en parcourant des zones avec des cultures/écologies distinctes.

C’était joli, l’univers est sympa, par contre c’est vraiment un walking simulator. Il n’y a pas de difficulté dans les énigmes, ni dans l’escalade. Si c’est intéressant d’avoir un mécanisme bras droit/bras gauche, pour le reste ça n’a pas du tout un rendu d’escalade. Pas de grimpe avec les jambes, pas de vraie gestion de la fatigue (pourquoi on ne peut pas se reposer sur ses pitons ? Ça m’a grandement perturbé). Si les mouvements du corps du perso sont assez réalistes en termes d’escalade (en imaginant qu’iel soit surmusclé.e et fort.e en technique), par contre point de vue contrôle on n’a jamais de variations.

Sympa pour l’univers et pour faire un jeu détente, mais manque d’un vrai rapport à l’escalade – en d’enjeux qui ne soient pas juste ce qu’on lit dans des éléments ramassés dans le paysage.

Inside, de Bo Burnham

Film sorti en 2021. Il s’agit d’un seul en scène, tourné pendant la pandémie de covid. Pour le background, Bo Burnham était une star d’internet qui a commencé à faire des spectacles sur scène, puis des crises de panique pendant ces spectacles. Du coup il a quitté la scène, suivi une thérapie, puis il s’est dit en janvier 2020 que c’était le moment de revenir sur scène, ce qui était Pas Le Meilleur Timing™. (Ce contexte n’est pas du tout nécessaire à avoir avant de lancer le film – perso je ne l’avais pas, il rajoute une couche au tout, mais c’est de toute façon évoqué pendant le spectacle). Du coup, il décide de tourner ce « comedy special » entièrement dans la (grande) chambre d’amis de sa maison. Il a masse matos et masse technique de son passé en tant que youTubeur, et il les exploite très bien.

Le spectacle est fait de pas mal de non-sequitur et de petites séquences séparées, Bo Burnham parle de son rapport à la mise en scène de soi, à la pertinence de faire des blagues quand le monde s’effondre, aux trucs merdiques qu’il a pu faire plus jeune (des blagues racistes, au hasard), de sa santé mentale… C’est pas mal méta, techniquement impressionnant, assez inclassable, et plus ou moins la seule œuvre (à l’exception de la saison 2 de Work in progress) qui donne un sentiment réaliste de ce que ça a été de vivre le confinement et ses conséquences.

Je recommande.

Arcane, du studio Fortiche

Série d’animation dont la première saison est sortie en 2021, et prenant place dans l’univers de League of Legends. On suit l’enfance puis la fin de l’adolescence de deux sœurs, Violet et Powder, dans les villes jumelles de Zaun et Piltover. Nées à Zaun, cité pauvre et souterraine aux pieds de la riche Piltover, les deux sœurs ont été témoins de la mort de leur parents lors d’une tentative de révolte des zaunites contre l’autorité de Piltover. Recueillies par un des leaders de la révolte, elle grandissent à Zaun avant d’être séparées, et de se retrouver des deux côtés d’un conflit à la fois entre les deux cités et les différentes factions qui s’agitent au sein de chacune des deux, alors que l’invention de l’HexTech, une façon d’exploiter les énergies magiques, démultiplie la richesse de Piltover – et les appétits.

L’animation est très belle, avec des décors dans un style peinture à l’huile, et une esthétique steampunk/Belle Époque pour les deux villes, et des trucs un peu plus audacieux en termes de rendu sur la seconde partie de la série. Par contre j’ai trouvé l’ensemble des personnages assez clichés, on est énormément sur des archétypes, même pour les deux persos principales, y’a pas une grande profondeur psychologique.

Doctor Who

Saison 14
Nouveau Docteur, sous les traits de Ncuti Gatwa. J’ai pas été très convaincu par la saison. Très bon épisode 2 (The Devil’s Chord), 73 yards et Rogue étaient intéressants aussi, le reste c’était un peu du filler. Final en deux parties qui était nul nul nul. J’ai bien aimé les épisodes de transition avec Tennant aussi, évidemment pour le fait de revoir Tennant, mais les histoires (au moins pour les 1 et 2) fonctionnaient bien aussi

Saison 12
Meh. Les défauts de la saison précédentes sont toujours tous là, voire exacerbés. On n’arrive pas à s’intéresser aux enjeux, trop de persos principaux avec peu de profondeur. Les épisodes les plus intéressants sont ceux qui rajoutent un peu de fil narratif sur l’échelle de la saison, mais c’est dommage de rater tous les one-shot à ce point. Bons points pour Fugitive of the Judoon ainsi que pour le final, donc. J’ai apprécié les hommages aux saisons précédentes, mais ça ne suffit pas à masquer l’absence de développement de certaines histoires. Les pistes introduites pourraient par contre donner des choses intéressantes pour la prochaine saison s’ils les creusent et s’ils mettent en avant le personnage joué par Jo Martin.

Saison 11
Sentiments mitigés. Le personnage de la 13e Docteure est très bien en soi, mais y’a des épisodes où il ne se passe pas grand chose. Je comprends la volonté de se démarquer des saisons précédentes et de leurs grands arcs sur la saison entière, mais parfois c’est quand même assez dépourvu d’enjeux. De très bons épisodes cependant : Kerblam!, Rosa, The Witchfinders, Arachnids in the UK. Je pense qu’un des problèmes de la saison c’est le trop grand nombre de compagnons : même s’ils sont intéressant, ça divise trop le temps d’écran.

Saison 10
Une très bonne saison. C’est la dernière avec Moffat comme showrunner, ce que je trouve une bonne nouvelle (si le/la remplaçant.e est à la hauteur, mais Moffat n’avait plus grand chose à apporter à la série). Les épisodes étaient globalement solides, l’arc narratif à l’échelle de la saison était sympa mais venait pas trop parasiter les histoires de chaque épisode. Pas mal de remarques et éléments progressistes. J’ai trouvé que le tryptique sur les Moines était la partie la plus faiblarde de la Saison, avec beaucoup de lenteurs. Le reste était cool, l’esthétique du final était superbe. Ça se finit un peu brutalement et c’est vraiment dommage que Bill ne soit compagnonne que pour une saison, j’espère qu’on aura l’occasion de la revoir. On a vu la mort de Missy, mais on peut aussi espérer que le temps n’étant pas linéaire, on ait quand même l’occasion de la revoir (et c’était un plaisir de revoir John Simm aussi, sa version du Master est super).
[Edit au 17/07/2017 : et le prochain Docteur est une Docteure (Doctoresse ? Doctrice ? Bah, de toute façon je regarde en VO et c’est épicène) ! Ça va être vachement cool, j’espère qu’ils vont fortement insister sur le côté personnage puissant et pas le diluer. Beaucoup d’attentes.]

Doctor Who Christmas Special S10
Petit épisode de Noël de Doctor Who pour patienter en attendant la prochaine saison. Il parlait relativement peu de Noël et fonctionnait plutôt bien. Des comics, des super-pouvoirs, des aliens très méchants, et des pistes laissées ouvertes que Moffat va probablement réutiliser dans son grand adieu à la série.
[EDIT 07/2017 : finalement, non]

Doctor Who Christmas Special S07
Avec des bonhommes de neige maléfiques. Il commençait bien, poétique et tout (un escalier qui mène sur un nuage, où est perché une cabine téléphonique), de jolies répliques (« It’s… smaller on the outside! ») mais la fin est un peu brouillonne, avec deux retournements de situation qui s’annulent en 5 minutes, et un personnage féminin fort qui finalement meurt stupidement. (Note d’Août 2013 : Globalement ce verdict s’applique à tous les épisodes qui suivront)