Archives de catégorie : Screens, thousands of them.

L’Été de Kikujiro, de Takeshi Kitano

Film japonais de 1999. Masao, un enfant de 10 qui habite chez sa grand-mère, se retrouve seul pour passer l’été quand tous ses amis partent en vacances. Une amie de sa grand-mère propose que son compagnon l’emmène chez sa mère pour une semaine. Le compagnon en question s’avère plus intéressé par dépenser l’argent du voyage aux courses de vélo, puis embarque avec regret le gamin vers la ville de sa mère. Ils vont faire un certain nombre de rencontres randoms tout au long du voyage. L’anti-héros qui accompagne Masao se révèle totalement désastreux comme personne, sa première idée pour communiquer avec les gens consiste généralement à les insulter. Malgré ça il arrive souvent à ses fins, et décide au bout d’un moment qu’il a la mission de divertir Masao, recrutant pour se faire un écrivain qui voyage en van et deux bikers qui exécutent sans broncher tous ses ordres.

Globalement j’ai beaucoup aimé le film. Il dégage une ambiance fort estivale, un côté « journées qui s’étendent à l’infini » et chaleur qui pousse à ne pas faire grand chose. Recommandé pour un visionnage estival.

Airplanes, de Zucker, Zucker et Abrahams

Comédie états-unienne de 1980. Un ancien pilote militaire phobique de l’avion embarque dans un avion de ligne pour tenter de convaincre sa petite amie hôtesse de l’air de rester avec lui. Suite à une intoxication alimentaire, il doit prendre les commandes et faire atterrir l’avion.

Le scénario tient sur un timbre poste mais ce n’est pas l’important. Le film contient une énorme quantité de gags à la minute (certains un peu sexiste et datés, mais la majorité très bien), ça enchaine en permanence, il y a toujours quelque chose en arrière plan. C’est une excellente maitrise de la grammaire des gags. Je l’avais vu petit mais je ne me rappelais que de bribes.

Je recommande dans le genre comédie.

Prey, de Dan Trachtenberg

Film étatsunien de 2022, appartenant à la franchise Predator. en 1717, une jeune comanche qui veut faire ses preuves en tant que chasseresse assiste à l’arrivée d’un Predator sur Terre. Malgré l’incrédulité de sa tribu et le mépris que lui porte certains chasseurs qui pensent qu’elle devrait se contenter d’un rôle plus féminin, elle va après une série d’épreuves et de péripéties réussir à tuer l’extraterrestre en combat singulier.

C’était … pas très bien. Le concept de préquelle était intéressant, avoir un film où l’héroïne est une native-américaine était sympa, mais le message « girl power » est amené de façon très très peu subtile, le scénario est très linéaire (« Un problème. Résolu. Oh, un autre problème. Résolu aussi. Allez, un troisième problème »). Les paysages sont jolis mais ça ne suffit pas à faire un film. Regardez plutôt Nope, qui traite beaucoup mieux la thématique de la rencontre extraterrestre dans de beaux décors.

Lightyear, d’Angus MacLane

Film d’animation des studios Pixar/Disney sorti en 2022. On suit Buzz Lightyear, un astronaute dans un futur indéterminé, chargé de protéger une mission d’exploration d’une nouvelle planète. Suite à une erreur de pilotage de sa part, la mission est coincée sur une planète avec un biome hostile aux humain.es. Décidé à réparer cette erreur, il accepte de prendre part à un programme de test des nouveaux carburants supraluminiques fabriqués. Mais chaque test lui fait percevoir comme quatre minutes relatives ce que le reste de la base vit comme quatre ans. Buzz s’éloigne donc du reste de la société. Et le jour où le nouveau carburant est un succès, une nouvelle menace sous la forme de robots géants fait son apparition. Buzz va devoir faire alliance avec quatre membres d’une société qu’il ne connait plus pour la défendre et enfin mener sa mission à bien…

Résumé un peu long mais c’est parce que le concept de base du film est plutôt touffu. J’ai passé plutôt un bon moment devant, c’est un film d’action dans un décor de SF assez honnête avec pas mal de rebondissements et une morale intéressante. Par contre beaucoup de choses se voient venir d’assez loin (y’a des cadres en néon clignotant autour des fusils de Tchekhov). Ça m’a l’air à la fois trop simpliste pour les adultes sur certains points et trop complexe pour les enfants sur d’autres (mais peut-être sous-estime-je les enfants), du coup je ne vois pas trop qui est le public-cible.

Je recommande si vous voulez un film pas prise de tête dans un univers SF et que vous aimez les références à Toy Story. Un bon film d’été quoi.

La Nuit du 12, de Dominik Moll

Polar français tourné dans les Alpes et sorti en 2022. On suit une équipe de la PJ de Grenoble qui enquête sur le meurtre d’une femme à Saint-Jean-de-Maurienne. Les pistes sont multiples mais aucune n’aboutit (un carton au début du film annonce qu’il s’agit d’une enquête non-résolue), les confrontations avec les différents suspects et la violence du meurtre hantent les enquêteurs.

J’ai bien aimé. C’est logiquement pas très joyeux vu que le cœur du propos est un féminicide, mais c’est bien filmé, les personnages des flics de la PJ sont intéressants, les suspects sont antipathiques juste comme il faut et les paysages de montagnes sont très beaux. La relation entre Yohann et Marceau est réussie, le côté amitié bourru et mecs qui se confient l’un à l’autre mais ne se comprennent pas trop est bien mise en scène.

Je recommande si vous aimez les polars et la montagne.

Calls, de Timothée Hochet

Série télé française fantastique. C’est une série télé dans un sens large du mot, vu que le seul visuel est la retranscription des conversations et un habillage visuel du son.

Je suis un peu resté sur ma faim. Le premier épisode était très bien dans le genre horrifique, mais tout le reste était en dessous, et j’ai pas spécialement accroché à l’intrigue globale (j’ai peut-être passé trop de temps entre chaque épisode, mais je pense plutôt que c’est qu’elle ne tient pas trop la route, tbh). Le concept était intéressant mais tant qu’à faire je préfère un vrai podcast, qui fait généralement plus d’effort sur la facilité à distinguer les personnages et les bruits juste à l’oreille, et avec un scénario mieux ficelé.

Thor : Love and Thunder, des studios Marvel

N-ième film Marvel, que je suis allé voir pour profiter de la climatisation en cette période de canicule et parce que le précédent Thor réalisé par Taika Waititi m’avait laissé un bon souvenir.

Celui là était franchement médiocre. La bande son était sympa mais est utilisée sans subtilité aucune (visiblement à base de « ça a plu de mettre du rock dans le précédent, refaisons-le plein de fois). Le scénario est anémique, avec 15 000 trucs introduits sans qu’on ait le temps d’en explorer aucun, les actrices sont très mal employées (notamment Tessa Thompson, dont le personnage est laissé à l’arrière plan). L’idée d’introduire la version féminine de Thor était intéressante mais c’est très mal fait, avec une meuf qui revient quand même essentiellement pour être le love interest du héros et participer à son développement personnel en mourant tragiquement.
Les méchants (Zeus et Gorr) sont des mecs qui ne respectent pas les codes de la masculinité vs le héros ultra musclé (qui utilise des enfants soldats sans se poser de questions).

Quelques éléments rigolos cependant : deux chèvres géantes qui passent leur temps à hurler, certains passages de la bande son, Asgard réinventé comme une petite bourgade norvégienne paisible vs les palais rutilants des épisodes précédents. Une jolie scène en noir et blanc en partie animée avec des monstres qui sont créés à partir des ombres.

Bref, je ne recommande pas.

The Boys, d’Eric Kripke

Adaptation en série du comics éponyme. J’avais un peu peur de ce qu’une adaptation donnerait, mais j’ai trouvé ça très réussi. Ils ont gardé l’univers tout en s’éloignant des lignes narratives exactes du comics, et ça rend plutôt bien.
Pour décrire succinctement l’univers, les super-héros existent, en Amérique. Ils sont tous gérés par une entreprise, Vought American, qui s’occupe de leur image, de les placer en tant que protecteurs de tel ou tel endroit, et de gérer tout le merchandising et les lucratifs produits dérivés autour d’elleux. Derrière l’image resplendissante, les super-héros sont très majoritairement immoraux, et Vought est prête à tout pour augmenter sa part de profit, notamment en persuadant le gouvernement d’intégrer des super-héros dans le dispositif militaire des États-Unis.

Le personnage d’Homelander (un équivalent amoral et surpatriotique de Superman) est particulièrement réussi notamment.

Saison 2 :

La série continue à être fort bonne. La relation entre Ryan et Homelander est intéressante, l’évolution du personnage de Kimiko aussi. L’humanisation de Butcher est réussie, et j’aime beaucoup la force tranquille du personnage de MM. L’arc de l’instrumentalisation du coming out de Maeve par Vought est très réussi je trouve.

Sentiment mitigé sur le personnage de Stormfront : j’ai beaucoup aimé son début, mais la révélation de sa backstory est finalement un peu décevante : il aurait mieux valu selon moi qu’elle soit une version intégralement moderne de l’idéologie qu’elle porte, plutôt que d’avoir la facilité de dire « oh bah regardez avec qui elle fricotait, voilà une raison bien pratique de la considérer comme méchante ». De la même façon, je trouve Homelander plus intéressant quand il est une version non explicite des idéaux fascistes que quand il commence à littéralement sortir avec une fasciste qui reprend les discours de Goebbels. Le personnage de Stan Edgar par contre est parfait, ainsi que les trips de Hugh sur Billy Joel.

Et je suis perplexe sur la révélation finale : ça ne fait aucun sens que ce soit ce personnage qui ait ce pouvoir, l’utilisation du pouvoir qu’on voit durant toute la saison va totalement à l’encontre de son agenda affiché (ou alors, agent double placé par Vought ? Mais c’est un peu tiré par les cheveux comme histoire).

Saison 3 :

Un début un peu lent et du gore un peu gratuit, mais je suis content de ce qu’ils ont fait de la saison globalement. L’arc de Butcher et Hugh sous Temp-V est intéressant en terme de « tout pouvoir corrompt ». Le retour au status quo interne de l’équipe à la fin est un forcé, les évolutions radicale du côté de Vought sont plus intéressantes. L’arc du personnage de Kimiko est intéressant, Frenchie de moins en moins par contre. La trumpisation d’Homelander est réussie, l’agenda parallèle de l’agent dormant de Vought au gouvernement donne des pistes intéressantes pour une saison 4.

Rien à foutre, d’Emmanuel Marre et Julie Lecoustre

Film franco-belge de 2021. Cassandre est hôtesse de l’air dans une compagnie low-cost. Elle enchaîne les vols depuis Tenerife où elle est basée. Elle partage sa vie entre son boulot, des soirées en boîte et des coups d’un soir. Elle rêve de devenir hôtesse chez Emirates mais ne fait rien pour y parvenir, et tente d’esquiver la promotion que son chef lui impose.

J’ai bien aimé. Il y a un côté film social qui montre l’envers du décor des compagnies low-cost, mais en même temps Cassandre est contente de ce qu’elle trouve dans son boulot. Même si le film sort un peu le pathos pour montrer qu’elle s’est réfugiée là pour ne pas avoir à affronter la mort de sa mère, elle fait quand même parti du système, le fait tourner, et même si elle est empathique sur certains points, elle ne remet pas du tout en question le système global. Le film bifurque quand elle rentre dans sa famille et passe du temps avec son père et sa sœur à Huy, mais elle finit par repartir à sa vie d’hôtesse, en tentant d’entrer dans une compagnie de jets privés plus prestigieuse.

Globalement c’était sympa à regarder, quelques longueurs (surtout dans la partie du retour à la maison), mais le film vaut le détour

Nomadland, de Chloé Zhao

Film états-unien sorti en 2020, adopté du livre éponyme. On suit Fern, une femme qui vit dans un van aux États-Unis, suite à la désertification de la ville où elle vivait, dépendante d’une entreprise unique qui a fermé. Fern enchaine les petits boulots, pour Amazon, pour des coopératives de fermiers, en tant que gardienne d’un camping, vendeuse… Elle rencontre d’autres néo-nomades qui vivent sur les routes, servant de force d’appoint au capitalisme états-unien lors des périodes de rush, d’âge varié, incluant beaucoup de retraités sans pension.

Le film est beau mais – sans surprise au vu du sujet – un peu déprimant. Fern et les autres nomades sont fiers de leur style de vie et arrivent à trouver du bonheur dans le contact qu’ils ont avec la nature, leur style de vie particulier, leur éthique du travail, mais la vérité, et que Zhao met bien en avant, c’est qu’ils sont les dindons de la farce du néolibéralisme. Le film met en avant à la fois les paysages immense des États-Unis, que ce soit un parc national ou des routes qui s’étendent sans fin, mais aussi les entrepôts d’Amazon, les trailer parks, les sorties d’autoroute mal aménagées.

Je recommande, dans le genre « l’envers du rêve américain ».