Court jeu vidéo sorti en 2018. On suit la romance de Florence avec Krish, de la rencontre à la rupture, et ce que cette relation a apporté à Florence. C’est dessiné, il y a des petites activités comme ranger des affaires dans un placard, réaliser des dessins d’enfant… C’est un jeu casuel et calme, c’était sympa à faire, après c’est pas le jeu du siècle non plus, même si ça marche bien pour illustrer une relation, ça n’a pas une profondeur de fou.
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Dungeons & Dragons: Honor Among Thieves, de Jonathan Goldstein et John Francis Daley
Film de fantasy états-unien sorti en 2023 et adopté du jeu de rôle Donjons et Dragons. On suit une bande de voleurs au grand cœur qui tentent de récupérer dans le coffre de leur ancien associé une tablette de résurrection et la fille de l’un d’entre eux (oui ça fait très Ocean’s Eleven).
Beaucoup d’images de synthèse, des donjons, des dragons, des mimiques, des paladins agaçants, des sorciers maléfiques, des bons sentiments, globalement c’est ce que j’attendais. C’est pas un film qui restera dans les annales du cinéma, mais on passe un bon moment devant, c’est de la fantasy à grand spectacle réussie, ça m’allait très bien comme film du dimanche soir.
The Americans, de Joe Weisberg
Série américaine parue de 2013 à 2018, et se déroulant durant les années Reagan. Philip et Elizabeth Jennings, avec leur agence de voyage où ils bossent tous les deux, leur pavillon dans la banlieue de Washington et leurs deux enfants forment une famille américaine parfaite. Sauf que Philip et Elizabeth sont en fait deux agents russes sous couverture, exécutant les missions que le KGB leur confie.
La série joue sur la double vie des personnages principaux, devant à la fois gérer une couverture crédible (dont une vie de famille, qui avec deux enfants, n’est pas qu’une couverture : ils ont des sentiments et une relation réelle à leurs enfants. Pour le moment leur vie professionnelle a l’air de se gérer toute seule mais je me demande si les saisons suivantes ne vont pas creuser cet axe aussi) et des missions d’espionnage très exigeantes (un peu trop pour le réalisme, même ; certes les missions avec de gros enjeux, de l’infiltration, des kidnappings et des meurtres sont intéressantes à suivre, mais leur récurrence juste pour ces deux agents demande une certaine suspension d’incrédulité : on est plus chez James Bond que chez Le Carré. Toute la partie sur la gestion d’un réseau de sources dans diverses agences américaines et d’agents secondaires est moins flashy mais à la fois plus réaliste et plus satisfaisante en ce qu’elle permet de montrer le développement des relations entre personnages sur le long terme plutôt que de mettre en scène « la mission de la semaine ».
On voit comment la double journée des parents Jennings les épuise, ruine leur relation à leurs enfants, les fait vivre dans la parano permanente (la thématique parcourt toute la série mais est particulièrement exacerbée dans la saison 4 où les personnages semblent au bord du burn-out). La série met aussi en scène avec les personnages de Beeman et Nina le côté autocentré du monde de l’espionnage qui n’en finit pas de mettre en place des contre-contre-contre-mesures et d’envisager les fuites crédibles à livrer à l’adversaire pour lui faire penser que c’est lui qui un coup d’avance alors qu’en fait non.
Enfin, je trouve qu’un des attraits de la série est sa mise en scène d’un « monde caché » prosaïque. On n’est pas dans une histoire de magie ou de monde parallèle, mais la série montre un univers où tous les personnages jouent un rôle public et ont un agenda caché derrière. Le sort du monde est entre les mains de quelques individus qui dans l’ombre se livrent à une lutte sans merci, et doivent sans cesse interpréter des signes : savoir comprendre le sens caché d’un message, honorer un rendez-vous sur un parking à minuit, relever une boîte à message dissimulée derrière un panneau d’affichage. La série joue beaucoup sur cette idée qu’il y a plus dans le monde que ce qu’il donne à voir à première vue, un ressort narratif toujours efficace (en tous cas sur moi).
Si dans la première saison la relation entre les deux persos principaux est un peu cliché, elle devient plus satisfaisante après. Les dynamiques familiales avec Paige, la tension de l’amitié entre Stan et Philip, la difficulté plus généralement pour Philip de gérer les relations romantiques nécessaire aux développement des sources (aussi bien l’arc avec Martha, l’arc avec Kimmy que sa relation à Elizabeth sont très bien creusés, j’ai trouvé. En contrepoint, il aurait été intéressant d’avoir plus d’insights sur la relation entre Gregory et Elizabeth, pour voir comment de son côté elle gérait ces tensions). Au delà des deux persos principaux, j’ai trouvé qu’assez généralement les persos secondaires et leurs arcs étaient tous assez réussis.
On peut aussi signaler une grande réussite dans la reconstitution des États-Unis des années 80, et une excellente bande-son qui donne une large place à Peter Gabriel et Tears for Fears pour mettre dans l’ambiance de l’époque.
Un petit bémol sur le final. C’est toujours compliqué de conclure 6 saisons de série, et je trouve qu’ils s’en sortent globalement très bien, mais l’épisode aurait pu être un peu plus resserré : après quelques gut punchs en milieu d’épisode, on met du temps à arriver à la scène finale qui est juste une conv très statique et pas incroyable. Alors certes il y a un petit côté théâtre russe qui met dans l’ambiance, mais j’ai l’impression que d’autres éléments du même épisode auraient fait une meilleure dernière image.
L’Île Rouge, de Robin Campillo
Film sorti en 2023. Madagascar, début des années 70. L’armée française est toujours présente, malgré l’indépendance officielle de l’île, mais sur le point de plier bagages. On suit la vie des familles de soldats de la base 181, expatriés dans un décor de rêve mais qui le traitent comme un décor : la base vit en vase clos, isolée de la population locale. On suit ces derniers mois avant le départ par le regard d’un enfant de 8 ans, qui lit Fantômette en boucle et imagine ses aventures (ce qui donne lieu à des séquences avec une esthétique diorama très réussies), alors qu’autour, le patriarcat et le colonialisme s’exercent tranquillement.
J’ai beaucoup aimé. C’est un film qui pose des ambiances, joue avec les lumières (la scène de la projection cinéma sur la plage est très belle), et montre la violence ordinaire (d’une manière très réussie puisque les personnages ne sont pas caricaturalement sexistes/racistes/autre, mais ils sont des hommes et des femmes des années 70s, blancs, militaires : le racisme et le patriarcat ne sont jamais loin, même dans les bonnes intentions.
Je recommande grandement
Suzume, de Makoto Shinkai
Film d’animation japonais sorti en 2023. Suzume, lycéenne, vit dans une ville de campagne où elle est élevée par sa tante. Un jour, elle croise un bishonen énigmatique qui mentionne chercher une porte dans une zone en ruine. Elle va se mettre à la recherche de la porte, et déclencher accidentellement une série de catastrophes. Son crush transformé en chaise et une entité menaçant de détruire le Japon, elle va devoir voyager à travers l’archipel pour fermer des portes dans diverses zones abandonnées. Au fil de son voyage, elle va rencontrer plein de gens qui vont l’aider, et clarifier la situation avec son crush et avec sa tante.
C’était très beau, plein de paysages en ruines, de vues plongeantes de la côte et des montagnes japonaises, ça donne envie d’y aller. Par contre l’histoire ne m’a pas du tout parlé. Y’a plein de trucs qui se mêlent, la romance sort un peu de nulle part. Très saoulé aussi par le discours de Suzume à elle-même enfant, qui me semble un peu l’inverse de ce qu’il faut dire à quelqu’un en deuil (« tu vas grandir et tu vas rencontrer d’autres gens » ? Wesh elle vient de perdre sa mère et elle a 4 ans, un peu de compassion plutôt que du stoïcisme ce serait pas mal).
Last Sentinel, de Tanel Toom
A force de faire n’importe quoi avec le climat, l’Humanité a déclenché une montée massive du niveau des eaux. On est pas encore dans Waterworld, mais quelques décennies avant : il reste deux « continents » au milieu d’un océan mondial parcouru par des tempêtes. à mi-chemin entre ces deux continents, le continent du Sud a installé une base militaire, une plateforme perdue au milieu de l’océan avec quatre militaires qui y sont pour deux ans, à surveiller une hypothétique invasion pour déclencher une arme qui finirait d’engloutir les dernières terres. A mi-chemin entre Le Désert des Tartares et Huis Clos, on suit la vie des quatre militaires trois mois après la date où ils auraient dû théoriquement être remplacés. Y a-t-il encore des gens en dehors de la base ? Sont-ils les derniers humains au monde ? Doivent-ils partir par leurs propres moyens ?
Le setup est assez réussi, l’ambiance de la plate-forme en déréliction et isolée de tout est bien rendue. Par contre l’intrigue et la montée de la tension qui est censé faire le scénario du film marche assez mal : le plan qui est mis en avant aurait pu être lancé plus facilement à n’importe quel autre moment qu’à l’approche de la relève, les personnages sont un peu trop stéréotypés. Mais l’ambiance générale est cool.
Yellowjackets, d’Ashley Lyle et Bart Nickerson
Série de 2022. En 1996, une équipe de football féminin se crashe dans les Montagnes Rocheuses. Les adolescentes (enfin, certaines) vont survivre en autarcie pendant 19 mois avant de revenir au monde extérieur. Tout va pas super bien se passer, surtout quand il va falloir gérer l’hiver. On suit en parallèle les événements de ’96, quelques flashbacks sur leurs vies avant le crash, et la vie de quatre survivantes en 2021.
Si vous pensez à Lost, vous avez raison, d’autant plus qu’il y a une petite dose de potentiellement surnaturel (pas tranché pour le moment). Mais les personnages sont clairement mieux écrits, et la dynamique de groupe est plus intéressante, à la fois avec le fait que les personnages se connaissaient avant le crash, et qu’elles sont adolescentes et donc encore en construction (y’a du coup aussi une vibe Lord of the Flies en version féminine, surtout que le flash-forward de la scène d’ouverture annonce clairement que tout va fortement dégénérer).
Le casting est particulièrement réussi en ce qui concerne le fait d’avoir des actrices jouant les versions ado et adulte des personnages qui se ressemblent. J’ai trouvée bien construite toute la ligne narrative de ’96, moins celle de 2021 (excepté celle de Sarah dont les personnages secondaires sont très réussis). Le personnage de Misty est un succès sur les deux périodes aussi, je suis moins convaincu par les arcs des versions adultes de Taissa et Natalie.
Enfin, il faut citer la bande son, efficace et qui plonge bien dans les années 90, notamment la chanson du générique (qui reprend les codes des chansons de l’époque mais a été composée en 2021).
Globalement bonne série, sympa à regarder, accrocheuse, mais sans que ce soit non plus très profond ou révolutionnaire. La saison 1 ne résout absolument rien par contre, c’est visiblement prévu pour être une histoire au long cours.
Saison 2 :
More of the same, franchement. L’arc de 1996 se déroule entièrement en hiver. On n’a pas plus de réponses, mais quelques mort.es en plus, qui réduisent le cast, et un bon cliffhanger de fin de saison. En 2023, on retrouve deux Yellowjackets de plus, mais y’a toujours rien de plus qui est résolu. Le setup de l’espèce de secte new age est intéressant. Le personnage de Misty continue sa vibe de psychopathe unhinged, franchement bravo aux deux actrices qui la porte et donnent tout. Vraiment pas fan du perso de Nathalie (adulte) dans cette saison, qui a juste l’air bourré/high la plupart du temps, je suis perplexe de la direction d’acteur. On a plus de cannibalisme mais pas plus d’explication. Y’a potentiellement une vibe à la Lost « en fait elles sont toutes mortes dans le crash » mais c’est pas du tout clair (y’a même une espèce de flash-aside à un moment, l’hommage à Lost est de plus en plus explicite). La bande son continue d’être très bonne, les variations sur le thème principal, les reprises et les chansons d’époques sont bien utilisées.
Je vais continuer à regarder je pense, mais plus pour l’ambiance que pour l’intrigue qui ne semble pas aller où que ce soit. J’avais mis le tag recommandé sur la première saison, je vais le laisser mais je ne sais pas si je recommande vraiment, en tous cas pas du tout avec la même intensité que d’autres séries. Mais je pense que ce sera une série qui va en inspirer d’autres.
Trüberbrook, du studio btf
Point-and-click allemand (Zeigen-und-Klicken ?) sorti en 2019. On joue Hans Tannhauser, un physicien étatsunien avec des origines allemandes (pas dans le style Werner Von Braun, plutôt sa famille a émigré une génération plus tôt), qui arrive dans le petit village de Trüberbrook pour une semaine de vacances. Mais sur place il va découvrir de mystérieuses installations au fond d’une mine, qui semble avoir des liens avec ses travaux théoriques. Dans la tradition des point-and-click, il va devoir collecter pas mal d’objets loufoques pour réussir à accéder à différentes zones.
Le style du jeu est très beau, ça fait diorama et pâte fimo. La première séquence dans la station service et le générique de début avec le minibus qui monte la pente sont très très cool. Malheureusement, le scénario du jeu ne fait pas grand sens et c’est beaucoup d’allers-retours pour trouver les trucs un peu par essai-erreur. Un peu dommage. Après j’ai pas passé un mauvais moment devant mais ça fait un peu « mumbo-jumbo scientifique » alors que y’avait moyen des faire des trucs plus sympas avec cette esthétique.
Lucifer within us, de Kitfox Games
Court jeu d’enquête. On incarne une exorciste qui enquête sur une série de meurtres dans un monastère, dans un monde où la religion est basée sur la cybernétique : les démons existent dans un monde virtuel et peuvent infecter les humains via leurs implants.
Le jeu est court, trois petites enquêtes, mais j’ai bien aimé l’univers et l’esthétique. La mécanique de la timeline à confronter est intéressant, mais il est possible de bruteforcer toutes le jeu en testant tous les configurations (ie en contredisant chaque élément de la timeline en présentant tous les indices possibles). Une fois l’enquête résolu, on doit trouver quel démon infecte le meurtrier. Cette partie pour le coup n’a aucun intérêt, on n’a le choix qu’entre quatre et c’est très transparent à chaque fois.
Globalement ambiance et graphismes sympa, mécanisme intéressant même si bruteforçable, c’est plus une démo avec de belles finitions qu’un jeu complet à ce stade je trouve, mais ça faut le coup d’y jeter un coup d’œil.
We are coming, de Nina Faure
Documentaire féministe français de 2023. Partant de la question du plaisir féminin et de l’orgasm gap, le documentaire dérive sur les groupes de paroles féminins, la réédition du livre Notre corps, nous-mêmes, et les luttes féministes, dont #metoo au premier plan, mais aussi des manifs en mixité choisie (à Bure) ou NousToutes.
Même en connaissant déjà pas mal les sujets abordés (si vous avez un peu de bagage théorique et suivez l’actualité féministe, vous n’aurez pas de gros scoop dans ce documentaire), c’était intéressant de voir le tout remis en perspective et relié. Le film donne la parole à pas mal de voix féminines différentes, de la réalisatrice et sa comparse Yelena Perret aux femmes de groupes de paroles, en passant par des colleuses d’affiches contre les féminicides ou Caroline de Haas et Sandrine Rousseau. Pas de témoignages masculins directement, une séquence expliquant que Nina Faure avait sollicité son compagnon et un ami, qui ont refusé d’apparaitre dans le film (en expliquant que « même avoir le bon rôle en tant que mec sur ce sujet, c’est avoir le mauvais rôle » – ce que je partage un peu, je vois pas comment tu peux amener une parole masculine pertinente sur ce sujet sans faire du mansplaining ou réclamer des cookies).