Archives de catégorie : Longs métrages

Land and Freedom, de Ken Loach

Film britannique de 1995. La guerre d’Espagne, depuis le point de vue d’un communiste irlandais qui joint une brigade du POUM. Présentant les enjeux, les dissensions entre les diverses factions des républicains, la réalité de l’engagement, les discussions sur la collectivisation des terres… J’ai beaucoup aimé (petit bémol sur le fait qu’il y ait un subplot romantique qui n’apporte rien à l’histoire, mais c’est vraiment mineur).

Porque la batalla es larga y son muchos, pero nosotros somos muchos más, siempre seremos muchos más. ¡El mañana es nuestro compañeros! La lucha continua. ¡No pasarán! »

Étude sur Paris d’André Sauvage

Un documentaire muet de 1928 présentant Paris à l’époque. Je l’ai vu en ciné-concert, la bande-son était réalisée par acousmatique (une piste sonore mono ou stéréo est envoyée sur un grand nombre de hauts-parleurs avec des caractéristiques techniques différentes dispersés dans la salle, permettant une spatialisation du son). Les images sont assez folles : on voit un Paris bien plus industriel, certaines parties sont méconnaissables, d’autres identiques (les ponts notamment). La façon de Sauvage de filmer est assez moderne, il s’attache aux détails aussi bien qu’aux vues d’ensemble.

Visionnages

Future Cops de Wong Jing. Un nanar Hong-kongais inspiré des personnages de Street Fighter. C’est du n’importe quoi du début à la fin, toujours de façon surprenante, surjouée, absurde. Du coup c’est assez cool à regarder. Je le place à côté de l’adaptation filmique des Trois Mousquetaires pour ça.

Dikkenek, d’Olivier Van Hoofstadt. Un film belge avec des personnages bêtes et méchants. Pour le coup j’ai pas du tout aimé. C’est supposé être un film culte mais je comprends pas pourquoi. Blagues sur le viol, violence gratuite, y’a effectivement quelques passages/répliques marrant-e-s mais ça vaut clairement pas de se taper tout le film.

Kiss Kiss Bang Bang, de Shane Black. Comédie autour de l’élucidation d’un double meurtre. Un Robert Downey Jr. qui joue un cambrioleur pas très malin qui se retrouve acteur à l’essai puis détective amateur. Le film va à toute vitesse et est très sympa. Quelques réserves sur 1/ Les soudaines capacités de visée et de maîtrise d’une arme du héros à la fin. 2/ La morale très année 50 de certains personnages (au premier lieu le héros qui est chevaleresque mais qui comprend pas qu’une fille puisse avoir envie de coucher et qui passe son temps à faire des blagues sur la sexualité de son mentor détective, gay). Contourné cependant quand le partenaire en question utilise l’homophobie d’un méchant pour détourner son attention du fait qu’il a une arme dissimulée sur lui.

THX 1138, de George Lucas. Dans un univers dystopique ou tout le monde est sous drogue contrôlant l’humeur et où la sexualité est illégale, une femme refuse de se plier au système et supprime sa drogue et celle de son colocataire. Je sais pas trop. L’histoire est confuse, c’est une succession de scènes assez peu reliées entre elles finalement. J’ai pas spécialement vu de message. On se laisse porter, y’a des passages cools, mais voilà. J’ai pas été incroyablement marqué. J’ai vu des bouts du remaster récent et il y a des incrustations 3D dégueulasses.

Locke, de Steven Knight. La veille de la coulée de fondations pour un gratte-ciel, le contremaître du chantier décide de partir vers Londres au lieu de rentrer chez lui et prévient son chef et son assistant qu’il ne pourra pas être présent le lendemain. Le film est entièrement tourné dans et autour de sa voiture durant son trajet. Tom Hardy est le seul acteur si l’on excepte quelques plans au début. Le film tourne autour des conversations téléphoniques qu’il a tout au long du trajet avec sa famille, ses collègues et la personne qui l’attend à Londres. La performance d’acteur d’Hardy est très bonne, je comprends le concept du film, mais il ne m’a pas touché pour autant. Trop de plans qui se répètent (y’a pas tant d’angles que ça depuis lesquels filmer une voiture).

Funny Games (version de 1997), de Haneke

J’avais déjà vu la fin de la version US tournée en 2007. Comme elle est identique plan à plan j’ai pas été trop dépaysé. Le film interroge à la fois la représentation de la violence à l’écran et le rôle du spectateur (les psychopathes demandant directement à la caméra ce qu’ils en pensent, mentionnant que l’on en est pas encore à la longueur d’un film et qu’il faut continuer) et montre aussi assez brillamment le détournement des codes sociaux : les deux tueurs réussissent à garder la famille sous leur emprise pendant une bonne partie du film en affirmant très calmement qu’il s’agit juste de dissiper un malentendu. Le décalage de leur comportement leur permet de profiter à plein du phénomène de fascination (incapacité à réagir provoquée par le décalage entre une situation et les repères mentaux que l’on a).

Whiplash, de Damien Chazelle

Film primé au festival de Sundance, qui décrit la relation malsaine entre un prof abusif et un élève dans un conservatoire new-yorkais.

J’ai bien aimé le film, avec quelques réserves : un peu d’outrance parfois, un film avec un focus très étroit (les autres élèves sont évoqués au début mais très vite écartés pour se concentrer sur la seule relation Fletcher/Carl, ie un affrontement d’ego entre deux mecs hétéros blancs) et des injures racistes/homophobes un peu gratuites (ie, à mon sens, elles dressent surtout un portrait de l’abuseur comme « oh regardez, il dit des horreurs, c’est un méchant ». Les autres aspects par lesquels il est abusif (souffler le chaud et le froid, provoquer des confidences pour savoir sur quels points faibles appuyer, sont plus intéressants et réalistes à mon sens). Mais j’ai trouvé intéressant la façon dont Carl se laisse facilement prendre au piège de son prof, va lui même couper ses relations et donc faciliter son isolement et sa dépendance aux jugements de Fletcher, se positionner lui aussi dans cette optique de compétition. Le film montre aussi que toutes les justifications de Fletcher sont des conneries : tenter d’humilier Carl devant un parterre de critiques n’est qu’un abus de plus, qui ne permettrait en rien de le motiver pour devenir « le prochain Charlie Parker ». Il est donc exposé pour l’ordure qu’il est et il me semble que le film est assez inambigu sur ce point. Par contre, il laisse en suspens la question de savoir si Carl va retomber dans cette relation abusive et de comment il va évoluer lui. J’ai beaucoup aimé aussi la bande-son (jaaaazz) et la photographie du film.

Culture & Gecko

Tiens donc. Ceci est un post que j’avais rédigé au Kenya (daté du 30 décembre) et qui traîne dans les brouillons du blog depuis. En exclusivité donc, un bout de Kenya extemporé.

Bon, je me rends compte que cela fait un certain temps que je n’ai pas aligné des listes de bouquins en me vantant de les avoir lus, plutôt que de vous envoyer des photos de plages paradisiaques.
Mais il est temps de rétablir la vérité : malgré que nous soyons en supposée saison sèche, cela fait une semaine qu’il pleut tous les jours, à durée et intensité variable. Donc je lis, visionne et écoute.
De plus, j’ai eu une liseuse pour Noël, je peux donc transporter un millier de livres sur moi à tout moment. Le bidule est livré avec une série de traducteurs et dictionnaires intégrés, très pratique pour lire de l’anglais (et à plus long terme de l’espagnol et de l’italien). Je voudrais ajouter à ça un certain nombre de livres de base, qu’il est toujours utile d’avoir sur soi. Je pense que je trouverai sans problème Les Deux Testaments et le Coran, mais si quelqu’un sait où trouver une version epub de Je Sais Cuisiner de Ginette Mathiot, qu’il me fasse signe. Quand j’aurais un véhicule motorisé, je suppose qu’un précis de mécanique ne fera pas de mal, et peut-être qu’un rappel des premiers soins pourrait être utile. Et puis bien sûr, j’ai une bonne centaine de romans dessus. En français, en anglais, science-fiction, classiques, polars, romances… J’en ai pour tous mes goûts.

Donc ce que j’ai lu, sur papier ou liseuse :

  • L’Œuvre de Zola. Lu dans l’avion pour Nairobi. Très bon, un de ceux qui se lisent le plus facilement, et bonne préface.
  • The Mammoth Book of Alternate Histories. Un recueil de nouvelles uchroniques. Niveau très variable, mais pas transcendant dans l’ensemble.
  • HHhH de Laurent Binet. Un roman français sur l’attentat qui a tué Heydrich, le chef de la Gestapo. Construction du roman très intéressante, avec des allers retours entre l’histoire, les sentiments de l’auteur, des digressions sur son travail de recherche documentaire… Vaut vraiment le détour.
  • Harry Potter and the Methods of Rationality. Et si la tante Petunia avait épousé un scientifique et qu’Harry avait eu une famille aimante qui l’avait formé au raisonnement scientifique ? Eh bien cela donne un texte bien plus intéressant que la version de J.K Rowling. Vraiment plus. C’est un pavé en anglais, mais je n’ai pas pu le lâcher avant la fin (provisoire, de nouveaux chapitres étant toujours attendus)
    [EDIT 11/04/2016 : la fin est arrivée et elle est cool. Je recommande toujours la lecture de cette fanfiction magistrale]
  • La Coureuse de Maia Mazaurette. Autofiction écrite par une sexblogueuse, La Coureuse explore les thèmes des rapports hommes/femmes, de la séduction, du pouvoir, des relations négatives… C’est très prenant, très stressant, et passionnant (Et je voulais le lire depuis l’annonce de sa sortie).
  • Hard Magic de Larry Correia. Une histoire de détective privé et de magie dans les années 30. L’Univers est attirant, mais le roman commence mieux qu’il ne finit, car il verse trop dans le pulp en cours de route. Les gentils américains contre les méchants japonais, merci bien.
  • L’évangile obscur de Jean-Marie Villemot. Une relecture sous la forme d’un polar des années juste avant que Jésus ne se mette à prêcher. Idée originale, belle description de la Judée de l’époque, mais pas incroyable non plus.
  • The Subtle Knife de Philipp Pullman. La Tour des Anges en français, tome deux de la Croisée des Mondes. Relu en VO à Zanzibar, se lit bien et univers toujours aussi magique.
  • Ourania de Le Clézio. Étrange comme un Le Clézio. Un géographe en Amérique du Sud rencontre les membres d’une colonie utopique.
  • Pour seul cortège de Laurent Gaudé. C’est un Laurent Gaudé. Avec la même histoire tout le monde ferait un truc ridicule et pompeux, Gaudé fait du beau et émouvant. Ça parle du cortège funèbre d’Alexandre le Grand.

J’ai aussi vu des films  :

  • Reinni Lola, film allemand sur une fille qui a 20 minutes pour trouver 100 000 marks. Étrange mais bien.
  • La Cité de la Peur. Comme ça j’ai enfin le contexte de toutes les « répliques cultes » que l’on me balance à longueur de journée.
  • Captain Sky et le Monde de Demain. Dieselpunk. Jolies images, mais l’histoire eut gagné à avoir un minimum de profondeur en plus au lieu d’accumuler les clichés.
  • Beasts of the Southern Wild. Le film avec marqué ARTY tout autour. Suite à la fonte des glaces, une portion de bayou de Louisiane où vit une communauté de marginaux va être submergée. Mais Hushpuppy, héroïne de 6 ans, ne quittera pas l’endroit où elle a toujours vécu. Ajoutez des aurochs carnivores et une caméra tremblotante et vous obtenez un étonnamment bon film.

Sinon, je vous ai promis un gecko : le voici, trouvé en récupérant mon linge.
Gecko de poche

P1050694

The Blind Side, de John Lee Hancock

Film de 2009 avec Sandra Bullock. Inspiré d’une histoire vraie, une famille blanche adopte un ado noir paumé qui devient champion de football américain. Un peu trop bourré de clichés pour moi. En plus l’histoire est centrée sur la mère adoptive. Je suppose que si un black réussit, il faut chercher le blanc au grand cœur responsable. Accentuée quand le film met en exergue le contraste entre la famille blanche aimante et religieuse et les quartiers pauvres et noirs où l’on trouve de la drogue, du sexe et de la violence. Le personnage de Sandra Bullock est intéressant en ce qu’il nous montre une femme volontaire et qu fait preuve d’initiative, mais gâché par le fait que l’on ne la voit se battre que pour sa famille (ah, l’instinct maternel des femmes). Elle reste dans le care malgré tout.

The Dark Knight Rises : critique

Caveat lector : l’article à venir contient bien évidemment des spoilers. Passez votre chemin si vous souhaitez voir le film sans en connaitre les ressorts.

Je ne suis pas le public ciblé par ce genre de film. Je représente la petite minorité de nerds qui connaissent trop les comics dont sont issus les films pour ne pas râler à la plus petite trahison faite au matériel original. Cependant, même en passant outre ces détails, j’ai un avis sur The Dark Knight Rises. J’ai vu le film dans d’excellentes conditions, en VO non sous-titrée sur IMAX, dans un multiplexe de la banlieue de Philadelphie, mais je n’ai pas été transporté par le film. Là où The Dark Knight avait été une excellente surprise, TDKR retombe pour moi dans les travers de Batman Begins.

Tout d’abord, les sources de Nolan : c’est un mélange d’un certain nombre d’arcs présent dans les comics, et franchement peu de choses me semblent originale dans ce film, jusqu’à certaines répliques que j’ai pu identifier.
Batman reclus depuis bien longtemps ? The Dark Knight Returns de Frank Miller. Bane arrivant à Gotham et brisant le dos de Batman ? Knightfall. Gotham isolée et dirigée par des bandes ? No Man’s Land. Un personnage qui veut de quoi effacer son passé ? C’est Bane lui-même dans Veritas Liberat. L’héritier de Ras Al Ghul ? Talia est un des personnages proéminent dans tout Batman. Globalement, ce sont de bon concepts que Nolan a choisi de reprendre, des arcs forts et brillants. Et on ne peut pas vraiment lui demander de trouver une histoire complètement neuve sur un personnage tel que Batman sur lequel la plupart des possibilités ont déjà été explorées. Cependant, avec The Dark Knight, il avait pris l’histoire la plus classique de Batman et il en avait fait quelque chose de brillant. Ce n’est pas le cas ici.
Au visionnage, je n’ai pas vu tant de trous que ça dans le scénario, mais ils sont tout de même gênants. Bruce Wayne ruiné s’échappe d’une prison du bout du monde et en moins de deux jours il est à Gotham City, en costume, pimpant et prêt à sauver le monde ? Même chose pour les policiers enfermés depuis cinq mois dans les égouts, qui en sortent dans une telle forme qu’on se demande si après avoir réglé son compte à Bane ils ne vont pas aller participer aux Jeux de Londres.

Bref. Ce que Nolan nous offre, c’est une histoire à propos de dépasser sa peur, d’accepter de la regarder en face et de vivre avec. C’est l’histoire d’un homme sociopathe et paranoide qui dédie sa vie et sa fortune à combattre le crime pour se punir de n’avoir pas pu en empêcher un quand il était enfant, et qui se rêve en créature d’ombres, un croquemitaine surpuissant qui ne pourrait jamais mourir ni avoir peur et qui s’enferme dans cette image, se coupant de toute joie de vivre. Sauf que. Sauf que quand on passe 2h30 à expliquer qu’il faut accepter la peur de la mort parce que c’est ce qui nous connecte à l’Humanité, on ne brise pas le dos du personnage central pour lui remettre en place VINGT PUTAIN DE MINUTES APRÈS ! C’était le gros problème de l’arc Knightfall (qui était résolu par une tempête magique) et c’est le même problème ici, avec une résolution encore plus foireuse : « T’as le dos brisé ? C’est pas grave, je suis médecin et j’ai le summum de la technologie à ma disposition : une corde ! Abracadabra ! ». Tout le début du film est fait pour montrer à quel point la situation est désespérée pour Batman, mais au final tout se résout en trois coup de rebondissement scénaristique approprié, sans aucun sacrifice. Imaginez le film si Batman avait du revenir dans un exosquelette ou amputé des jambes (je vous laisse imaginer le crossover De Rouille et d’Os/The Dark Knight Rises), ou n’importe quoi d’autre qui montre que les deux premières heures du film n’étaient pas totalement superflues.
Ce que je reproche ici à Nolan, c’est de prendre deux directions complètement opposées à la fois : il veut inscrire ses films dans la réalité (exit la science-fiction, les gadgets, l’esthétique fantasmagorique) et en même temps il s’accroche fermement au coté « Rien n’a de vraies conséquences, tant que tu crois au pouvoir de la volonté tout ira bien mon enfant »).

Un autre truc absurde ? La soudaine révélation que Bane n’est pas le fils de Ras Al Ghul mais que oh mon dieu, en fait, Miranda ! Déja c’est amené avec la subtilité d’une bande annonce pour un film de Michael Bay, mais en plus, qu’est-ce que ça apporte à l’histoire ? La conclusion du combat Bane/Batman est complètement mise de coté par cette révélation, juste pour nous rajouter une course-poursuite, une mort sans intérêt d’un personnage qui aura été développé sur cinq minutes et une nouvelle situation sans issue qui sera résolue dans la minute.

J’ai aussi grincé des dents devant le fait que Gotham City soit si évidemment New York. D’accord Gotham City est très fortement inspirée de New York, Gotham est un des surnoms de New York, mais Gotham N’EST PAS New York. Et ça a son importance. Parce que Gotham est au final une ville qui n’a pas tant d’influence que ça. Que c’est une ville avec une place dans l’économie des États-Unis, mais ce n’est pas ce pôle essentiel qu’est New York. Et que c’est pour ça que dans les comics les États-Unis laissent Gotham échapper à leur juridiction. Si Gotham était si centrale et importante économiquement que New York et un tel symbole aux yeux du monde entier, les États-Unis ne laisseraient pas un fou en faire son terrain de jeu pour cinq mois. Ils tenteraient quelque chose, quel que soit le prix en vies humaines. (et en plus les vues aériennes dans le film ne correspondent pas du tout à la carte de Gotham, mais je doute que ce détail dérange beaucoup de gens). Là encore, on est dans ce coté conflictuel entre réalisme et grand spectacle. TDR fonctionnait parce qu’aussi tordu soit-il, le Joker était un méchant à taille humaine. Il se battait au couteau et torturait les gens un par un (bon, il prenait aussi deux ferrys entiers en otage, mais en comptant plus sur la manipulation psychologique que sur la tonne d’explosif qu’il avait acquis on ne sait comment). Bane se balade avec une bombe atomique dans New York, cinq millions d’otages retenus cinq mois durant (dans une cité portuaire) et a planifié le tout sur tellement de temps qu’il a refait toutes les fondations de Gotham en béton explosif. (et pourtant un mec seul va l’arreter sans moyen mais juste avec sa détermination. Si la résolution avait pris place un jour férié, j’aurais juré avoir vu Die Hard 5 plutôt que Batman). Et au final il n’a pas plus de plan que le Joker, mais avec des motivations puisées dans l’intrigue de Batman Begins : « On va foutre le bordel partout … parce que Gotham est corrompue ».

Un autre problème est le manque de subtilité, particulièrement dans la conclusion. De nombreuses choses aurait pu être simplement suggérées. Quelqu’un a installé un pilote automatique dans le batplane ? On se doute bien que c’est Bruce Wayne et pas Fred Astaire. John Blake s’appelle en fait Robin et on va lourdement insister dessus dans une scène où il est dans un orphelinat ? Pourquoi ne pas lui donner l’état civil d’un des Robins, ou le mentionner juste en passant ? Et la toute fin, ne pouvait-on pas voir juste Alfred juste sourire, sans nous montrer que oui, là dans le café où il espérait le rencontrer, oui c’est bien Wayne, oui Bruce Wayne, qui est là aussi.
On peut aussi s’attarder sur ce réacteur à fusion qu’on pourrait si facilement transformer en bombe nucléaire oui mon bon Lucius ce serait terrible si cela arrivait gardons-le intact plutôt que sous forme de plans. Niveau réalisme et subtilité on se croirait dans Iron Man II.

Deux des grandes idées qui parcourent TDKR, la révolte contre l’autorité si celle-ci n’agit pas pour le bien des citoyens, et l’idée que l’Idée que le Masque symbolise est plus importante que l’Homme qui le porte, ont déja été abordée dans V pour Vendetta et avec plus de réussite pour moi (voire la géniale scène de fin de V pour Vendetta où une armée de citoyens/V ôtent leur masque et où tous les personnages du film – vivants ou morts – en font partie).

Ce que j’ai bien aimé (il en faut bien un peu) :
– Le tribunal dont l’esthétique renvoie directement à l’Asile d’Arkham et à Tim Burton
– Le costume de Bane, avec son manteau de seigneur de guerre russe.
– Le fait que Nolan clôt sa trilogie sur la mort de Batman. C’est pour moi LE point de réalisme de ce film par rapport aux comics, où Bruce Wayne revient encore et toujours. Il ne peut pas être Batman indéfiniment. Son corps est détruit de partout, il ne tient qu’en se consumant de l’intérieur. Pour que Batman vive, il est indispensable que Bruce passe la cape à quelqu’un d’autre. Le comics se refuse à laisser cette transmission arriver, malgré plusieurs tentatives (et des résultats intéressants, notamment l’arc Battle for the Cowl, où après compétition dans la Batfamily, Nightwing reprenait l’identité de Batman, passation immédiatement perçue par Gordon étant donné que le nouveau Batman le laissait finir ses phrases avant de disparaître. Je m’égare, mais si vous êtes intéressés par le sujet des passations de costume chez les superhéros, sachez juste que dans la collection Ultimate Marvel, Peter Parker est mort et un gamin de quatorze ans nommé Miles Morales a pris l’identité de Spiderman).

Enfin, une théorie personnelle : tout le monde sait qui est Batman. Wayne et Batman était en Asie en même temps, ils se sont retirés de la vie publique en même temps, y sont revenus en même temps, Blake et Bane connaissait son identité (et tous les hommes de main de Bane avec, du coup). Il n’y a que Gordon, aveuglé par sa loyauté au symbole, qui ne peut pas voir l’homme derrière et qui a besoin de se le faire dire. Pour tous les autres c’est évident, et c’est juste mis de coté. Tant que Batman n’est plus là, pas la peine d’aller embêter Wayne, c’est une grosse huile et il pourrait causer des problèmes. Une fois qu’il est revenu, il a juste le temps de sauver le monde avant de mourir, c’est pourquoi personne ne lui cherche des noises. Et après même si tout le monde sait, tout le monde est aussi d’accord que Batman en tant que symbole est plus important que Bruce en tant qu’homme. C’est pourquoi la question n’est pas abordé et que personne n’est mon plus abasourdi par leurs morts conjointes (et l’absence de corps pour Bruce.)

 

Enfin, quelques lectures complémentaires sur le sujet :
Une descente en règle (et d’assez mauvaise foi) du scénario chez l’Odieux Connard.
Les thématiques du film chez Slate.
Une critique de la façon de filmer de Nolan.
Et enfin une critique positive du schmilblick.