Archives de catégorie : Longs métrages

Inside, de Bo Burnham

Film sorti en 2021. Il s’agit d’un seul en scène, tourné pendant la pandémie de covid. Pour le background, Bo Burnham était une star d’internet qui a commencé à faire des spectacles sur scène, puis des crises de panique pendant ces spectacles. Du coup il a quitté la scène, suivi une thérapie, puis il s’est dit en janvier 2020 que c’était le moment de revenir sur scène, ce qui était Pas Le Meilleur Timing™. (Ce contexte n’est pas du tout nécessaire à avoir avant de lancer le film – perso je ne l’avais pas, il rajoute une couche au tout, mais c’est de toute façon évoqué pendant le spectacle). Du coup, il décide de tourner ce « comedy special » entièrement dans la (grande) chambre d’amis de sa maison. Il a masse matos et masse technique de son passé en tant que youTubeur, et il les exploite très bien.

Le spectacle est fait de pas mal de non-sequitur et de petites séquences séparées, Bo Burnham parle de son rapport à la mise en scène de soi, à la pertinence de faire des blagues quand le monde s’effondre, aux trucs merdiques qu’il a pu faire plus jeune (des blagues racistes, au hasard), de sa santé mentale… C’est pas mal méta, techniquement impressionnant, assez inclassable, et plus ou moins la seule œuvre (à l’exception de la saison 2 de Work in progress) qui donne un sentiment réaliste de ce que ça a été de vivre le confinement et ses conséquences.

Je recommande.

Four weddings and a funeral, de Mike Newell

Comédie romantique anglaise parue en 1994. On assiste – comme le titre l’indique à quatre mariage et un enterrement, auxquels on retrouve la même bande d’ami•es qui appartiennent de plus ou moins loin à l’aristocratie britannique, dont Charles (Hugh Grant), le protagoniste, qui va tomber amoureux d’une américaine (Andie McDowell) rencontrée aux différents mariages. On suit l’évolution de leur relation alors qu’iels ne se voient que de loin en loin.

Le film est resté assez moderne : on a le regard cynique du groupe d’amis sur les mariages friqués où ils vont, les rôles genrés sont ok (la cohorte d’ex de Charles sont un peu clichés, mais c’est pour l’effet comique), c’est Charles qui tombe raide dingue de Carrie qui est plus distanciée, c’est lui qui prend un gros risque pour être avec elle (et un risque qui n’est pas prestigieux socialement). Les dialogues avec beaucoup d’humour anglais et de bitching sur le reste de l’assistance sont très réussis.

Je recommande.

Satanic Panic, de Chelsea Stardust

Film étatsunien de 2019. Une livreuse de pizza, Sam, livre des pizzas dans un quartier friqué. Elle se retrouve à interrompre accidentellement une réunion de satanistes, qui réalisent qu’elle peut remplacer la vierge qu’ils avaient trouvé pour un sacrifice à Baphomet. Sam réussit à s’enfuir, mais commence une traque à travers le quartier – où toutes les fortunes sont dues à une pratique particulièrement dévote du satanisme.

Le scénario était rigolo et tient globalement la route, mais c’est une daube. Ça reste mieux joué qu’Abigail, et probablement pour une fraction du budget, mais ça reste pas très bien joué, ça vole pas très haut, y’a de la nudité féminine totalement gratuite.

Je ne recommande pas.

Inside out, des studios Pixar

Film d’animation sorti en 2015. Les aventures des émotions dans la tête d’une fille de 11 ans. C’est un film pour enfants théoriquement, mais qui fait passer un message assez complexe sur l’importance des sentiments négatifs pour grandir, la perte, la maturité…

Au niveau des techniques de cinéma c’est comme toujours avec Pixar très bien animé, ça reste assez classique dans la facture (il y a un passage cool où les personnages rentrent dans une zone d’abstraction et se retrouvent en 2D, mais ça ne dure pas longtemps), le message et la réalisation sont réussis.

Je recommande.

Inside out 2

Un second volet, paru en 2024. On retrouve Riley et ses émotions deux ans plus tard, à l’orée de son adolescence. Sa puberté vient de commencer, et avec elle de nouvelles émotions sont apparues : Anxiété, Ennui, Envie et Embarassement. Joie et les autres émotions originelles vont se retrouver évincées par Anxiété et sa gestion prévisionnelle de Riley, qui va jusqu’à mettre en péril son sense of self. C’était joliment animé, mais j’ai trouvé ça beaucoup moins profonds que le premier, l’intrigue est quand même assez cousue de fil blanc.

I saw the TV glow, de Jane Schoenbrun

Film étatsunien de 2024. En 1996, Owen, 12 ans, est fasciné par les bande-annonce pour la série The Pink Opaque, qui passe après son heure de coucher. Il rencontre dans son collège Maddy, une fille de quelques années de plus qui est passionnée de l’émission aussi, et ment à ses parents pour aller regarder l’émission chez elle. Elle va ensuite lui enregistrer tous les épisodes sur cassette, jusqu’à sa mystérieuse disparition. Owen re-rencontre Maddy 10 ans plus tard, qui lui déclare qu’ils appartiennent à l’univers de The Pink Opaque et que ce monde est une illusion faite pour les retenir loin de leur réalité…

C’était assez cool. Le côté « fascination pour une série télé dans laquelle on trouve des trucs auxquels s’identifier qu’on n’a pas dans sa vie de tout les jours » est bien rendu – ainsi que la série télé des années 90 avec des monsters of the week avec des costumes en papier maché. L’ambivalence (et le côté bad trip) de « est-ce qui me semble être ma réalité n’est pas qu’une illusion élaborée »/ »est-ce que ce que je prends comme la seule chose possible n’est pas des limitations que je me suis mis tout.e seul.e » aussi. Le personnage d’Owen est assez déchirant du coup, dans son acceptation d’une situation qui le tue (que ce soit littéralement ou métaphoriquement). (La scène où il déclare face caméra avoir une famille qui est tout pour lui – mais qu’on ne voit jamais est très grinçante aussi).

Le film est une métaphore sur la transidentité – c’est d’ailleurs exactement la même métaphore que Matrix, donc c’est assez visible. Y’a un beau travail sur les lumières, et une esthétique « film d’horreur à petit budget » qui fonctionne bien (même si c’est pas à proprement parler un film d’horreur, y’a des éléments qui s’en rapprochent mais c’est pas exactement ça).

Je recommande (si vous aimez les métaphores sur la transidentité et les films d’horreur à petit budget).

Kiki la petite sorcière, du studio Ghibli

Dessin animé japonais, paru en 1989. A 13 ans, comme il est traditionnel pour les sorcières, Kiki quitte son foyer pour s’installer en tant que sorcière indépendante dans une nouvelle ville. Déterminée à voir l’océan, elle trouve une cité sur la côte. N’ayant pas appris à faire des potions ou des sorts, son talent principal est sa capacité à voler sur son balai. Elle va donc ouvrir un service de livraison, qui va lui permettre de rencontrer plein de gens. Mais rapidement, le fait d’être éloignée de sa famille, et de transformer le plaisir du vol en une source de revenu l’épuise, et elle en vient à questionner ce qu’elle fait, ce qui conduit à l’affaiblissement de ses pouvoirs.

C’était bien, comme la plupart des Ghibli. Les personnages sont assez réussis, que ce soit Kiki elle-même ou tous les gens qu’elle rencontre : le couple de boulangers, Ursula la peintre, la vieille dame, Tombo… Le côté épuisement du travail (surtout à 13 ans, purée) est bien rendu.

Je recommande.

Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne, de Steven Spielberg

Film étatsunien de 2011. Adaptation de Tintin (un mélange entre le Secret de la licorne et le Crabe aux pinces d’or, avec quelques passages originaux). Après avoir acheté un modèle réduit du navire La Licorne dans une brocante, Tintin va se retrouver impliqué dans une course pour retrouver les trois maquettes du navire et les messages secrets qu’ils contiennent. Il va faire la rencontre du capitaine Haddock et de son équipage de mutins, de Bianca Castafiore et du terrible Sackharine.

C’était sympa. Rien de révolutionnaire quand on connait Tintin, mais j’ai bien aimé les deux passages originaux : toute la course-poursuite dans le sultanat de Bagghar qui est un plan séquence qui se lit comme un jeu vidéo, avec une inventivité dans les moyens de transports . Et le combat final de grues portuaires est fortement réussi aussi.

Sympa si vous aimez déjà Tintin et le motion-capture.

Serpico, de Sidney Lumet

Film étatsunien de 1973. Frank Serpico est un policier idéaliste travaillant à New York. Il rejoint les unités travaillant en vêtements civils pour mieux se fondre dans la population et pousse pour porter de réels vêtements civils plutôt que le costume « civil » traditionnel repéré par tous les criminels. Il découvre rapidement que les unités en civil sont le centre d’un vaste réseau d’extorsion, où les criminels et les commerces payent pour ne pas être inquiétés par la police. Il va tenter de dénoncer la corruption qu’il constate, mais va se heurter à l’inertie d’une hiérarchie qui ne veut pas de vagues. Après avoir menacé d’en parler à l’extérieur de l’institution, une commission d’enquête va finalement être mise en place mais sans moyens…

Le film est inspiré de la vraie vie de Frank Serpico, dont les agissements ont mené à la mise en place de l’équivalent de l’IGPN pour l’État de New York. Al Pacino joue très bien le rôle titre, qui tourne en rond dans une institution aveugle à ses propres dysfonctionnements. En même temps il n’est pas montré comme un chevalier blanc : s’il est intègre dans son métier il se laisse totalement dévorer par son obsession de réussir à exposer la corruption, est insupportable avec son entourage et notamment ses compagnes qui finissent par le quitter. Il est aussi totalement isolé, ses collègues le détestant pour ne pas couvrir leurs agissements.

Je recommande.

God’s Own Country, de Francis Lee

Film anglais de 2017. Johnny travaille dans la même ferme que son père et sa grand-mère. Vu leurs âges et l’AVC de son père, c’est lui qui s’épuise à faire la majorité des travaux de la ferme, sous la férule de son père qui désapprouve sa façon de gérer les choses. Un jour arrive Gheorghe, un travailleur journalier roumain. Si Johnny l’antagonise à chaque occasion au début, les deux hommes vont développer une attirance l’un envers l’autre, qui s’épanouit quand ils campent ensemble sur le plateau où les moutons de la ferme passent leurs journées, mais qui va devoir ensuite affronter la complexité de la vie dans le reste du monde, avec les autres personnes autour.

C’est un bon film, je recommande. Un contexte pas joyeux qui en fait un film social sur le monde paysan anglais, de beaux paysages ruraux, un très beau pull rouge (et un très beau Gheorghe), une romance assez jolie à voir se développer. Le personnage de Johnny n’est pas très sympathique, mais c’est volontaire et il est bien caractérisé. Gheorghe au contraire à l’air d’avoir toutes les qualités, il apparait dans la vie de Johnny comme un deus ex machina.

The Medium, de Banjong Pisanthanakun

Film d’horreur thaïlandais paru en 2021. Une équipe de tournage suit pour un documentaire Nim, une chaman qui explique être possédée par l’esprit de Ba Yan, une divinité bienveillante. Lors du tournage, l’équipe observe des comportements étranges de la part de Mink, la nièce de Nim. S’il est d’abord envisagé que l’esprit de Ba Yan souhaite lui être transmis, les protagonistes découvrent finalement que Mink est possédée par un esprit maléfique, dont l’influence sur la jeune femme va s’étendre progressivement, alors que sa famille tente de réaliser à temps un exorcisme pour sauver leur nièce.

C’était un film de possession assez réussie. Des jump scare qui marchent bien, une tension qui va croissante (et bien appuyée par la bande-son), des fausses pistes sur l’origine de la possession qui gachent les efforts des protagonistes, des décors intéressant (l’usine incendiée notamment). Dans l’absolu c’est un film de possession assez classique, on trace facilement des parallèles avec L’Exorciste, mais le fait que ce soit pas un film européen, la place différente accordée aux esprits par une partie de la société thaïlandaise fait des choses intéressantes). Le crescendo des actes commis par la possédée, jusqu’au point d’orgue de l’exorcisme raté qui s’inverse fonctionne bien.

Je recommande si vous aimez les films d’horreur.