Archives de catégorie : Longs métrages

Petite Fille, de Sébastien Lifshitz

Documentaire sur une enfant trans, et sur le combat de sa famille pour qu’elle puisse vivre son enfance de façon épanouie sans se prendre de la transphobie dans la figure (avec plus ou moins de succès), de la part des adultes en position d’autorité notamment (profs de danse, prof et directeur en milieu scolaire, autres parents…)

C’est un documentaire style Strip-tease, sans commentaire en voix off, qui se met au niveau des personnages. Bien sûr ça reste orienté par le montage, par ce qui est montré ou non, par la musique rajoutée, mais la caméra tend à se faire oublier un peu. Perso j’ai trouvé ça intéressant dans le côté tranche de vie, la façon dont ça montre comment Sasha et surtout sa famille (même en étant le sujet principal du documentaire, en tant qu’enfant assez jeune Sasha est quand même assez effacée et silencieuse par rapport à ses parents) gère le quotidien et pousse pour obliger les gens autour d’elleux à être moins transphobes. Le documentaire montre surtout des scènes tout à fait banal, pour une bonne part c’est une famille qui vit sa vie tranquillement (+ Vadim, le dernier de la fratrie, qui est ultra intense par moment et très drôle comme un gamin de ~6 ans peut l’être). Je trouve ça intéressant de montrer comment les parents, qui sont clairement non-militants, non renseignés sur ces sujets, probablement vaguement de droite, gèrent les interactions avec le reste du monde au quotidien.

J’ai vu qu’il a été reproché au documentaire par des personnes trans d’utiliser de mauvais termes, et d’avoir une approche qui même si elle se veut bienveillante, peut être néanmoins transphobe par moment. Je comprends le problème,, et je suis tout à fait d’accord que c’est problématique de ne pas avoir plus de ressources par et pour les personnes trans (et d’avoir à la place yet another documentaire par une personne cis qui filme une personne trans – et de plus c’est vrai que dans le choix de montage y’a une grosse focalisation sur Sasha qui choisit ses vêtements, beaucoup de plans sur ses chaussures à talon et paillettes dorées, très féminines, c’est un focus qu’on peut clairement reprocher au doc), mais ça m’a beaucoup moins dérangé pour ce style de documentaire que ça ne l’aurait fait pour un doc avec voix off : je pense pas que ce documentaire prétende faire de la pédagogie.

Le Goût des Autres, d’Agnès Jaoui

Film français de 2000. On suit les trajectoires croisées de Castella (Jean-Pierre Bacri), un chef de petite entreprise totalement imperméable à la culture, qui lors d’une représentation de Bérénice est soudain bouleversé par le texte et l’actrice principale ; de sa femme, sa soeur, son garde du corps, son chauffeur ; de Clara l’actrice de Bérénice et de diverses personnes qui travaillent en lien avec elle dans le monde de la culture.

C’était très bien. Le sujet est complexe, qui parle de goût culturel et de dominations plus ou moins symboliques, mais très bien traité. Y’a des moments où on cringe pour les personnages (quand Castella passe à raison pour un idiot fini au restaurant), mais c’est très réaliste comme présentation des choses. Le film réussit aussi très bien à retourner le personnage de Castella, qui très antipathique au départ, devient le héros du film, la perception qu’on a de lui évoluant graduellement. Les lignes narratives de tous les personnages sont réussies, la relation Manie/Vincent est très bien notamment. Chabat a un rôle un peu en arrière plan mais il est excellent dedans. Idem pour le personnage d’Angélique, qui n’est franchement qu’esquissé dans le film, mais est super réussie aussi.

Globalement, très bon film choral, avec un excellent traitement du sujet.

Drop Dead Gorgeous, de Michael Patrick Jann

Comédie américaine de 1999. Dans un village du Minnessota, un concours de beauté pour les filles de 17 ans donne lieu à une compétition acharnée, les favorites perdant la vie l’une après l’autre alors que l’organisatrice du concours est prête à tout pour que sa propre fille gagne.

Le film est tourné comme un faux documentaire, l’équipe du film étant visible dans le tournage et les personnages interagissant avec eux. Le film est assez peu subtil, tous les personnages sont des caricatures d’eux-mêmes mais ça marche assez bien. Ça tape dans tous les sens, c’est pas toujours très politiquement correct, mais je trouve que dans le contexte du film ça fonctionne, il ne cherche pas à être spécifiquement politiquement incorrect.

Le procédé du faux documentaire est assez réussi, ça donne un petit relief au film, des effets de mise en scène plutôt intéressants (il y a quelques plans impossibles pour un faux documentaire, mais c’est léger).

Starship Troopers, de Paul Verhoeven

Film américain de 1997 basé sur un bouquin de Robert Heinlein de 1959. La Terre a été unifiée sous un gouvernement mondial militariste. Seule les personnes ayant servi dans l’Armée de la Fédération ont le droit de vote, et bénéficient de nombreux autres avantages. Dans ce contexte, l’exploration spatiale Terrane rencontre une race d’extraterrestres insectoïdes. La guerre est déclenchée entre les deux peuples, et le film va suivre la formation puis l’engagement au combat de trois adolescents de Buenos Aires qui viennent de finir le lycée.

En première lecture le film montre la guerre victorieuse des Humain.e.s contre les Aliens, mais derrière, il est clairement montré que la société humaine ne va pas bien du tout ; le film est entrecoupé de clips de propagande, les profs de lycée font l’apologie de la violence comme la source de tout pouvoir, le gouvernement militaire a une esthétique fasciste assumée (la tribune de la Fédération à Genève, la coupe des uniformes des officiers du Renseignement), la première offensive est une boucherie sans nom, on voit des soldats mourir dans tous les sens pendant que les officiers les entraînent au combat en criant « who wants to live forever? ». Le film a un rendu qui fait plus ancien que 97, mais je pense que c’est volontaire pour coller au livre de 59 (qui lui était militariste pas du tout au second degré – j’aime bien lire la SF de Heinlein mais il est bien craignos en terme d’idéologie).

Bref, un classique de la SF parfois un peu long mais qui vaut clairement le visionnage.

Death Becomes Her, de Robert Zemeckis

Film américain de 1992. Une actrice obsédée par l’apparence de la jeunesse boit une potion magique lui garantissant la jeunesse éternelle. Tuée par son mari peu après, elle devient une zombie, qui doit recourir à des produits industriels pour maintenir son apparence. Elle tente de manipuler son mari croque-mort pour qu’il s’en charge, mais elle finit par ne pouvoir s’appuyer que sur sa meilleure ennemie, dans la même situation qu’elle…

C’était inégal. Meryl Streep joue le rôle principal et le joue très bien. Le film part un peu dans toutes les directions, on est sur une dénonciation des injonctions permanentes à la beauté que subissent les femmes, mais pas toujours de façon très adroite. Y’a une séquence grossophobe complètement gratuite au début du film – et quand je dis complètement gratuite c’est qu’on peut juste la virer et le film reste totalement compréhensible.

Y’a une influence Rocky Horror Picture Show dans le manoir de la dispenseuse de la potion d’éternelle jeunesse avec ses serviteurs bodybuildés, un côté meurtre pasionnel à Mulholland Drive dans un bout du film – en fait on à pas mal l’impression de voir un patchwork de films, mais c’est peut-être volontaire de la part de Zemeckis.

Peninsula (반도), de Sang-Ho Yeon

Film de zombies, la suite de Dernier Train pour Busan. 4 ans après l’épidémie du premier film, la Corée a été coupée du reste du monde. Des réfugiés coréens à Hong Kong sont recrutés par un mafieux local pour aller chercher un camion plein de dollars abandonné près du port de Séoul.

Sur place, ils se rendent compte qu’il y a des survivants, une famille attachante avec des gamines qui font drifter une voiture dans Séoul, et une ancienne unité militaire dont les membres abandonnés sont devenus fous et organisent des combats entre des gens qu’ils enlèvent dans la rue et des zombies (le film n’a pas peur des clichés, vous l’aurez compris).

C’était moins bien que Dernier Train pour Busan, parce que c’était très classique comme film de zombies. Y’avait de jolis plans, quelques hommages, une course poursuite en voiture à la Mad Max, et une fin très prévisible. C’est un honnête film de zombies mais ça ne va pas au delà.

Tooth Fairy, de Michael Lembeck

Film américain de 2010. Dwayne Johnson incarne un joueur de hockey de seconde zone, utilisé par son équipe pour blesser les joueurs adverses. Sa brutalité sur le terrain lui vaut une célébrité locale, et il est plutôt content de sa vie. Suite à son affirmation devant une enfant que la Fée des dents (la petite souris aux USA) n’existe pas, il est considéré coupable par le monde féerique de « dispersion of disbelief » et condamné à devenir une des Fées des dents pour 2 semaines, une obligation qui va interférer avec le reste de sa vie.

J’ai été fort agréablement surpris. L’intrigue est relativement classique pour ce genre de film, mais le personnage principal est nuancé – il a un bon fond mais il sait se montrer mesquin, et il est désabusé, et les seconds rôles sont tous réussis. Point bonus pour avoir filé au personnage principal un love interest qui a son âge et pas 20 ans de moins.

Le personnage n’est pas spécialement attaché aux enfants, il s’entend bien avec la gamine de sa compagne mais a plus de mal avec le fils, et il n’a pas spécialement d’affection pour tous les autres enfants qu’il rencontre. De façon générale son approche désanchantée de son job temporaire de fée est très réussie. Les gags sur les différents gadgets sont attendus mais bien exécutés. Julie Andrews en Fairy godmother est géniale (et excellente scène durant le générique de fin).

Heathers, de Michael Lehmann

Film de 1988. L’action se déroule dans un lycée des Etats Unis. Une hiérarchie sociale stricte est en place, avec au sommet trois filles nommées Heather + l’héroïne du film, Veronica. Cette dernière est tiraillée entre son envie de profiter de sa place quasi au sommet et son désir d’un ordre social plus juste. Elle rencontre un mystérieux nouvel élève qui va se révéler être un psychopathe. Ensemble ils vont exécuter une série de meurtres déguisés en suicide pour tenter de reverser la hiérarchie du lycée mais ne vont faire que la renforcer.

C’était très bien dans le dark. La symbolique sur les couleurs était visuellement réussie (chaque personnage principal est associé à une couleur, les trois Heathers à une couleur vive, dont le rouge pour la leader, Veronica un bleu qui s’assombrit progressivement, JD le noir – les couleurs du lycée sont rouge et noir, les deux pôles populaire et outsider donc, et ça donne aussi aux fanions du lycée un aspect de drapeaux totalitaires).

La mort des personnages éliminés leur donne une profondeur supplémentaires aux yeux de ceux qui leur survivent, au lieu de briser leur emprise sur le groupe elle ne fait que la renforcer. Veronica ne réussi a briser le cycle que quand elle décide d’assumer le rôle de leader et de se montrer bienveillante, plutôt que de tuer dans l’ombre et espérer que les choses s’améliorent d’elles mêmes ensuite.

Toute la réflexion sur les suicides adolescents, les adultes clueless et les effets de popularité et de mode sont assez réussi.

Hocus Pocus, de Kenny Ortega

Film d’Halloween de Disney de 1994. EN 1693, trois sorcières sont exécutées à Salem. Elle réussissent à placer un sort loophole : si qq allume une bougie dans leur maison un soir d’Halloween, elles pourront revenir pour la nuit.
300 ans plus tard, un gamin idiot qui ne croit pas aux sorcières fait exactement ça. Les sorcières tentent alors de créer en 2-2 une potion magique de jeunesse éternelle pour vivre plus longtemps que juste la nuit. Pour ça elles ont besoin de leur livre de sorts et de l’âme d’enfants. Les héros (le gamin idiot, son love interest et sa petite sœur + un chat qui parle) vont tenter de les en empêcher.

C’était étrange. Ça n’a pas super bien vieilli, avec des personnages lourdement dragueurs.
Le trio de sorcières est très réussi par contre (les actrices cabotinent à mort), avec une cheffe implacable et deux sidekicks idiotes. Des gags réussis sur le fait qu’elles ont du mal avec la modernité, un peu ruinées dans leur cohérence par le fait qu’à la moitié du film ça leur pose plus de problèmes et que les persos font des blagues basées sur de la culture G d’aujourd’hui. L’intrigue est classique pour un film pour enfant mais un peu dark (pendaison, vol d’âmes, chat écrasé…), avec les habituels adultes inutiles et des antagonistes stéréotypés.

Bliss, de Joe Begos

Film de vampires de 2019. Dezz’, une peintre de la scène punk de ce qui a l’air d’être Los Angeles dans les années 90s tombe sur une nouvelle drogue, le Diablo, puis sur une de ses amies qu’elle n’a pas vu depuis longtemps et qui la transforme en vampire. Sous l’influence combinée de ces deux facteurs, Dezz retrouve l’inspiration qui lui manquait et peint le tableau qu’elle avait en chantier lors de long blackout où elle fait apparaître une divinité maléfique comme sujet central du tableau.

C’était assez mauvais. D’un point de vue image et cinéma y’a des trucs intéressants, la pellicule est grainée, y’a des couleurs artificielles qui éclairent la plupart des scènes pour faire ressentir le côté vie nocturne et enfermement. Mais par contre niveau scénario… Je sais pas, peut-être que ça aurait été transgressif si ça avait vraiment été tourné dans les années 90’s, là c’est juste grand guignolesque. La peintre s’isole dans sa folie créatrice et dans son addiction à la drogue et au sang. Elle tue des gens, elle est odieuse avec ses proches. Bon et puis comme le personnage principale est une femme, on va la faire coucher avec sa pote et un mec, et puis la grande scène où elle peint à la fin, elle peint pas vraiment, elle danse en culotte devant la toile et se frotte contre. Bref, elle n’est pas créatrice mais vecteur d’une force supérieure qui crée à travers elle (on la voit très peu peindre dans le film, la plupart de la peinture est faite hors champ et lors de ses blackouts), et évidemment sexualisée parce que pourquoi se priver ?

Bref c’était un film de vampires très peu original et sexiste.