Film étatsunien de 2019, par le même réalisateur que A wounded Fawn. Un homme arrive dans une maison de banlieue pour la rénover avant que son épouse et lui-même n’habite dedans. Des phénomènes étranges se produisent, des parties de la maison semblent pourrir ou se déliter très rapidement, et l’homme se trouve rapidement débordé par la tâche… Y’a de l’imagination sur les symptômes de la maison hantée et sur les effets spéciaux analogiques, à base de liquides gluants qui sortent des prises et de billes qui roulent sur le plancher, mais l’histoire tient sinon sur un timbre-poste, c’était clairement pas du tout au niveau de Wounded Fawn (après j’ai de hautes attentes en termes d’histoires qui parlent d’architecture et de surnaturel).
Archives de catégorie : Culture/Procrastination
Furiosa: a Mad Max saga, de George Miller
Film australien de 2024, préquelle de Mad Max: Fury Road. On suit la vie de Furiosa, de sa jeunesse une fois séparée de sa famille qui habitait the Green Place (une utopie écologiste au milieu du monde ravagé de la saga Mad Max) jusqu’à sa vengeance contre Dementus, le chef du gang qui l’a enlevée et a tué sa mère.
Ça souffre un peu du problème habituel des préquelles, qui est qu’on a une bonne idée de quels personnages seront là à la fin et dans quel état et qu’on perd l’effet de surprise – ici on connaissait quasiment tous les personnages et lieux. Quelques longueurs sur la fin (quand on en arrive au face à face Dementus/Furiosa, c’est trop verbeux) et il n’arrive pas à se hisser au niveau du précédent, mais ça reste un film très sympa à voir, qui en met plein la vue. J’ai beaucoup aimé toute la séquence des attaques aériennes sur le war rig, avec l’espèce de méduse de toile, c’était assez poétique. J’aurai bien voulu voir plus de la Green Place par contre (ça pourrait être rigolo de faire un Mad Max optimiste qui se passe dans un endroit où les choses vont bien). En soi c’est de l’exploration du lore et c’est rarement le plus satisfaisant, mais il y a quelques belles séquences (l’attaque aérienne sur le war rig qui est le moment qui rappelle le plus Fury Road ; la séquence au Bullet Mill, tout le début jusqu’à la capture de la mère de Furiosa) qui valent le coup.
A voir si vous avez vraiment beaucoup aimé Fury Road et que vous en voulez plus, sinon (re)regardez Fury Road
Running on empty, de Sidney Lumet
Film étatsunien de 1988. Ça vaut le coup de le voir sans rien en savoir.
Divulgâchage ci-dessousゴジラ -1.0 (Godzilla Minus One), de Takashi Yamazaki
Film japonais de 2023. Dans les derniers jours de la seconde guerre mondiale, Koichi, pilote kamikaze, est témoin de l’apparition de Godzilla sur une île du Pacifique. Une fois démobilisé et revenu dans un Tokyo dévasté, il refait sa vie malgré les crises de stress post-traumatique et la culpabilité du survivant qui l’assaillent. Mais les essais nucléaires des USA vont de nouveau réveiller la créature, qui attaque des bateaux puis directement la ville de Tokyo. Devant l’inaction des gouvernements US et japonais qui ne veulent pas attiser les tensions avec l’URSS par des manœuvres militaires, une initiative privée rassemblant d’anciens soldats japonais va se dresser comme seule ligne de défense de l’archipel devant la créature.
J’ai été moins pris dans le film que pour Shin Godzilla (et je trouve que c’est un film d’action plus classique), mais c’était très bien quand même. Belles reconstitutions de l’époque, design de Godzilla très réussi, les personnages sont attachants, un happy ending sympa.
Nos puissantes amitiés, d’Alice Raybaud
Essai paru en 2024, sur les liens d’amitié et la place qui leur est donné dans nos sociétés occidentales modernes. Ca souffre d’un défaut qui est celui de l’« essai de journaliste » : par rapport à des essais de chercheureuses, c’est beaucoup moins fouillé, ça présente des éléments intéressant mais j’ai tout le temps envie que ça aille plus loin. Et par ailleurs la maison d’édition a mal fait son travail, il y a des coquilles dans le texte, ce qui sort de la lecture.
Ces éléments posés, quid ? Le livre se divise en 8 chapitres, qui traitent respectivement de l’Histoire de l’amitié, des amitiés genrées (entre hommes, entre femmes, entre les deux genres principaux), de récupérer des dispositifs pensés pour les couples pour des relations amicales (PACS, cohabitation), d’avoir (ou d’éduquer) des enfants entre ami.es, des amitiés queer, de liens entre militantisme et amitié, de travail/production dans des groupes amicaux (plutôt que dans du salariat classique) et de la vieillesse (avec l’exemple de la maison des Babayagas).
L’ouvrage évoque les soutiens mutuels que peuvent d’apporter des amie.es, la notion de non-exclusivité des amitiés (et le fait que ça n’empêche pas une possible jalousie), le fait qu’au contraire de la relation romantique souvent avec l’amitié on ne met pas « tous ses œufs dans le même panier », ie on ne demande pas à une seule personne d’être à la fois un.e confident.e, un.e partenaire sexuel.le, un.e coparent.e, un soutien psy… Il parle aussi de l’intérêt (et des risques) de mêler militantisme et amitié (avec l’exemple des luttes féministes, mais c’est probablement transposable). Il montre bien que la relation romantique (et la filiation) est la seule envisagée dans les dispositifs légaux d’entérinement des unions entre personnes. Dans la vision du monde c’est pas mal le cas aussi (le couple comme « relation prioritaire » sur les amitiés), mais moins que dans la loi quand même.
Intéressant, mais mériterait d’être encore approfondi comme sujet.
Hades, du studio Supergiant Games
Jeu vidéo sorti en 2020. C’est un roguelike (ie, on refait toujours la même progression depuis le début en allant de plus en plus loin, et les rencontres que l’on fait au fur et à mesure sont générées aléatoirement, sauf les boss dont il faut apprendre le pattern d’attaque pour réussir à les battre). On joue Zagreus, le fils d’Hadès, décidé à s’échapper des Enfers pour aller retrouver sa mère Perséphone à la surface. On a a disposition plusieurs armes, et des pouvoirs spéciaux filés par les différents dieux du Panthéon grec, qu’on rencontre aléatoirement au cours du run. Les victoires donnent différentes récompenses qui peuvent être utilisées pour acheter des améliorations des armes ou de nos statistiques de combats, ou des améliorations cosmétiques des salles de départ, où on peut aussi interagir avec différents personnages, ce qui permet de découvrir des bribes de l’histoire du jeu.
J’ai bien aimé. C’est un genre de jeu auquel je suis assez mauvais, mais il est designé pour être très addictif, et ça fonctionne, avec une courbe de progression qui est bien paramétrée (qui a quand même été bien raide pour moi au début jusqu’à ce qu’un truc se débloque, mais il a fallu que j’active le mode facile pendant très longtemps pour acquérir les bons réflexes de combat).
L’histoire est pas révolutionnaire si vous connaissez un peu la mythologie grecque, mais le gameplay est bien réussi et ça file les bonnes doses d’endorphines. Je recommande.
Touchées, de Quentin Zuttion
Bande dessinée française parue en 2019. On suit 3 des 6 participantes à un atelier d’escrime thérapeutique, un dispositif de guérison des traumatismes liés à des violences sexuelles par la pratique d’un sport de combat. On voit donc le cheminement de Lucie, Tamara, et Nicole, trois femmes avec des parcours très différents, qui vont se rapprocher et se soutenir les unes les autres.
Sujet pas très joyeux, mais BD réussie, des parcours de convalescence qui vont très vite mais dans le cadre d’une fiction ça passe. Un joli dessin à l’aquarelle (juste un peu perplexe sur le fait de mettre une meuf sans pantalon en couverture d’une BD sur les violences sexuelles, mais bon).
Network, de Sidney Lumet
Film étatsunien de 1976. Howard Beale, le présentateur historique du journal télévisé d’UBS, va être remplacé dans deux semaines, au vu de ses audiences. Lors de l’annonce de son départ, il annonce qu’il se suicidera en direct. La direction de la chaîne le vire immédiatement, puis accepte de le laisser revenir une fois pour faire des adieux en bonne et due forme au public. Mais il en profite pour sortir un discours cynique et désabusé, … qui fait un carton en termes d’audiences. Contre la direction du directeur du JT inquiet pour la santé mentale d’Howard, la corporation qui possède la chaine décide de continuer à mettre Howard à l’écran, et de rajouter d’autres segments racoleurs pour augmenter leur part d’audience.
C’était assez cool. Je voulais le voir depuis longtemps parce que je connaissais un segment célèbre qui était samplé dans la chanson ci-dessus (le discours « I’m as mad as hell and I’m not gonna take it anymore« ) ; tout le reste du film vaut le coup. J’aime beaucoup notamment le fait que la réplique I’m as mad as hell… passe d’un cri de révolte au jingle de début d’émission, scandé par le public, belle illustration de la récupération des révoltes par le capitalisme.
Ça remet en perspective les émissions racoleuses de la télé actuelle, on n’a rien inventé. C’est clairement un film à thèse, où les gens font de grands discours pour défendre leur point de vue qu’on écoute religieusement, mais ça marche bien.
Le subplot avec le parti communiste américain est très drôle, la romance entre Dany et Max un peu superflue (et le discours de rupture ultraviolent), mais franchement pour un film de 1976 il s’en tire bien, le personnage de Dany étant bien écrit, même en étant présenté clairement comme une mauvaise personne (mais parce qu’elle a totalement fait allégeance au Capital, pas pour son genre).
Censor, de Prano Bailey-Bond
Film d’horreur anglais de 2021. Durant les années Thatcher, Edith Baines travaille au bureau de la censure, chargé de visionner les films de genre et d’ordonner d’éventuelles coupes pour permettre la mise sur le marché avec telle ou telle classification. L’histoire d’un film, puis l’actrice principale d’un autre film du même réalisateur vont lui évoquer fortement sa sœur – disparue dans des circonstances mystérieuses quand elle était petite – et elle va tenter de découvrir ce qu’il en est réellement, en partant à la recherche du réalisateur en question.
Beaucoup de potentiel, mais j’ai été assez déçu par le résultat. Il y a de jolis effets de mise en scène, un travail sur les différents cadrages qui signalent les films dans le film ou la réalité (et le brouillage entre les deux), mais il y a aussi une surabondance de néons rouges et un scénario fouillis. Dommage.
Cuando acecha la maldad, de Demián Rugna
Film d’horreur argentin paru en 2023. On est dans un univers similaire au notre, mais depuis quelques temps, il est a été découvert que des démons peuvent s’introduire dans des gens qui vont commencer à pourrir, jusqu’à ce que les démons puissent naître incarnés à la mort de ces personnes. Il existe un protocole strict pour tuer les possédés sans empirer la situation (le démon pouvant sinon sauter sur un autre hôte). Deux frères qui habitent au fin fond de la campagne argentine vont découvrir un cas de possession dans leur voisinage. Les autorités traitent le problème à la légère, considérant que les possessions ça arrive dans les grandes villes. Le démon va progressivement se déchaîner sur la famille des deux frères.
C’est un film d’horreur qui est pas mal filmé comme un drame social. C’est bien filmé, par contre c’est surtout de la tension psychologique (pas que, et il y a de sacrés jumpscares même), qui y va a l’économie de moyens sur les effets spéciaux. C’est pas toujours très bien joué, mais ça fait un film d’horreur inhabituel (et intéressant à regarder du coup), avec des protagonistes qui ne sont pas ceux qu’on a l’habitude de voir. C’est très sombre (spoiler, ça finit pas bien), avec une vision du mal inarrêtable, qui s’infiltre partout et s’acharne sur les gens.
Recommandé mais seulement si vous aimez l’horreur de base.