Archives de catégorie : Culture/Procrastination

Three billboards outside Ebbing, Missouri, de Martin McDonagh

Film étatsunien paru en 2017. Mildred Hayes loue trois panneaux publicitaires pour interpeller le shériff de sa ville sur l’absence de progrès dans l’enquête sur le meurtre de sa fille. Même si ça n’est pas évident au premier abord, le film s’avère être une comédie (assez noire). C’est pas mal les montagnes russes en termes de ton et de sentiments, mais très bon film, bien filmé, Frances McDormand est très très forte dans le rôle principal.

Recommandé.

(J’aime beaucoup aussi Bon Baisers de Bruges, du même réalisateur)

Aliens, de James Cameron

Second volet de la franchise Alien, sorti en 1986. Après 57 ans de dérive de son pod de secours dans l’espace, Ellen Ripley est interceptée par un vaisseau humain. Ramenée en orbite autour de la Terre, elle explique les événements d’Alien à une commission dubitative, qui retient surtout qu’elle a activé le protocole d’auto-destruction d’un vaisseau spatial coûtant 42 millions de dollars, alors que la planète où elle dit avoir découvert le vaisseau spatial contenant les œufs d’Aliens est colonisée depuis 20 ans sans aucun incident à déplorer. Mais cet état de fait change quand la colonie ne répond soudain plus. Ripley est alors recrutée comme consultante indépendante pour le contingent de Space Marines envoyés sur place voir ce qu’il en est. Surprise surprise, il y a bien des Aliens sur la planète, et pas qu’un seul cette fois-ci. C’est de nouveau à Ripley de sauver le jour.

J’ai bien aimé, j’ai vu la version extended cut, qui fait 2h34 – ce qui est un peu trop long – mais l’esthétique SF des 80’s fonctionne bien. Elle fonctionne même largement mieux que dans l’hommage qu’est Alien: Romulus, où ils ont gardé l’esthétique des décors, mais les éclairages, les personnages fonctionnent moins bien à mon sens : notamment dans Aliens les personnages transpirent, c’est quelque chose qui j’ai l’impression a totalement disparu dans les films plus récents. On a aussi des Marines trop sûrs de leurs compétences, une relation mère/fille de substitution, un corporate boy absolument atroce, le design de la Reine, et évidemment un exosquelette à fonction de chariot élévateur.

Je recommande si vous aimez Sigourney Weaver en exosquelette et les métaphores sur la maternité.

Toutouyoutou, de Maxime Donzel et Géraldine de Margerie

Série télévisée française de 2022. Dans les années 80 à Blagnac, Karine, femme au foyer et épouse d’un ingénieur aéronautique, s’emmerde sévèrement et à l’impression d’avoir raté sa vie. Soudain, une nouvelle voisine s’installe, Jane, c’est une américaine qui a l’air de sortir d’un magazine de mode et ouvre une section aérobic dans la salle de sport municipale. Le groupe d’amies de Karine vont s’inscrire, et leurs vies vont être modifiées par cette nouveauté. Non seulement via les cours d’aérobic, mais aussi parce que Jane n’est pas venue s’enterrer à Blagnac sans raison : elle a un certain intérêt pour les entreprises locales qui fabriquent des avions…

C’était une bonne surprise. Le pilote n’était pas incroyable mais la série décolle dès l’épisode 2. Les personnages sont bien écrits et bien joués, les enjeux domestiques des femmes au foyer sont crédibles, la reconstitution des 80’s françaises aussi (notamment tout le trip sur Bernard Tapie ce héros). Mention spéciale pour l’épisode du concours national d’aérobic avec les équipes concurrentes ultra-déterminées. On dirait un peu un successeur spirituel d’OVNI(s), en moins poétique (et pas aussi réussi quand même), entre les questions d’aéronautiques, le décor toulousain et le côté rétro. La fin totalement ouverte de la saison laisse la possibilité d’une saison 2 qui pourrait partir dans pas mal de directions.

Saison 2 (et finale) :

Très réussie aussi. Une tonalité plus sombre que la 1, Karine étant passé du côté espionnage. Toujours assez surpris des gros changements de ton que la série se permet et réussit, en traitant en parallèle les questions d’espionnage, d’aérobic, de vies personnelles. L’arc moral de Karine est assez réussi. Un peu dommage que la série nous colle un trope de tragic gay story. L’évolution du personnage de Mapi fonctionne bien, et la vibe toulousaine de la série est assez réussie juste avec certains plans de coupe (et c’est jamais « oh regardez, voici Toulouse centre », c’est vraiment le côté périphérique). Enfin, le coup de génie du titre : Toutouyoutou two, pour une série qui est à fond sur un bilinguisme qui tourne au franglais, c’est assez parfait.

Slow Horses, de Will Smith

Série télévisée anglaise produite par Apple TV, dont la première saison est sortie en 2022. On suit les aventures de la branche « voie de garage » du MI5 : la division où sont envoyés les espions qui ont suffisamment raté une mission pour être exfiltrés du QG et des opérations courantes. À la tête de la division, Jackson Lamb, ancien héros de la Guerre Froide qui a voulu un poste sans enjeux pour finir sa carrière. En jeune premier, River Cartwright, petit-fils d’un ancien dirigeant du MI5, qui a horriblement raté un exercice d’entraînement. La vie devrait être tranquille dans cette division, mais les dirigeantes du MI5 les emploient périodiquement pour des missions en dehors des circuits officiels, notamment pour des luttes de pouvoir intestines…

C’est bien réussi. On est sur un format mini-série, avec chaque saison qui couvre une histoire complète en moins de 10 eps. Le scénario de la première était très bien (kidnapping par un groupe d’extrême-droite), les suivantes sont plus invraisemblables, mais le timing de la 3 (tiger team) était super, j’ai pas pu lâcher, j’ai bingewatché la saison en deux soirs (et la 4e était un peu plus faiblarde, ça s’essoufle quand même un peu, mais franchement 1 et 3 valent le coup).

La réussite de la série tient aux acteurs et aux relations toutes anglaises entre les personnages. Jackson Lamb applique la recette classique du personnage ultra-compétent mais qui déteste tout le monde et insulte à tour de bras (Malcom Tucker by any other name), les slow horses ont le bon mélange de sympathie et d’incompétence pour les rendre attachants, les seconds rôles sont très réussis aussi (Taverner notamment, en n°2 manipulatrice du MI-5).

Je recommande pour de l’espionnage sans enjeux.

Alien: Romulus, de Fede Álvarez

Film de science-fiction de 2024, dans la franchise Alien. Un groupe de travailleurs sous contrat avec la Weyland-Yutani abordent une station de recherche abandonnée pour récupérer les matériaux leur permettant de partir vers une planète non-affiliée à la corporation. Sauf que si la station a été abandonnée, c’est à cause d’expérimentations sur des Aliens qui ont (évidemment mal tournées). L’arrivée de ces nouveaux humains va conduire à une nouvelle traque par les créatures.

J’ai bien aimé le début. L’esthétique science-fiction des années 80 est bien rendue, l’exploration initiale de la station désertée fonctionne bien. Mais c’est trop long, et la menace devient trop grande à la fin : le fait d’avoir une demi-douzaine d’Aliens, normalement les protagonistes ne survivent juste pas du tout (et l’espèce d’hybride humain/alien, eurk). Des scènes intéressantes : le passage dans le couloir avec les facehuggers, le passage avec l’acide qui flotte en zéro gravité.

Naissance d’un pont, de Maylis de Kerangal

Roman français paru en 2010. On suit la construction d’un pont de nos jours dans la ville de Coca, dans l’arrière pays californien. On adopte le point de vue de l’ingénieur en charge de la construction, de certains ouvriers et cadres du chantier, du maire qui l’a voulu, on fait un détour par l’histoire de la ville et les tractations de certains notables inquiets que le pont bouleverse leurs rentes de situations.

J’ai bien aimé, le style de Maylis de Kerangal fonctionne bien avec ce genre de sujet (et puis c’est un bouquin pour les gens qui aiment bien les grosses constructions, je me sentais dans le cœur de cible).

L’affaire Nevenka, d’Icíar Bollaín

Film espagnol de 2024. Le film revient sur le harcèlement sexuel qu’Ismael Alvarez, maire de Ponferrada a infligé à Nevenka Fernandez, conseillère municipale, durant les années 99-2001. Après avoir été sous l’emprise du prédateur sexuel, Nevenka Fernandez va réussir à s’en détacher et déposer une plainte qui aboutira à un procès et une condamnation, la première pour un homme politique espagnol.

Le film décrit en détail comment Nevenka revient dans son village natal de Ponferrada, est honoré que la majorité en place lui propose de poste de conseillère municipale exigeant (elle préside la commission des finances) pour le nouveau mandat, est impressionnée par le personnage public d’Ismael, maire charismatique qui semble connaître tout le monde dans le village. Le film montre ensuite les approches répétées d’Ismael, la relation qu’ils ont brièvement (et où déjà Nevenka se sent mal), et surtout la descente aux enfers une fois qu’elle a mis fin à la relation et qu’Ismael Alvarez va la harceler, avec des messages et des appels répétés en permanence (la tension instillée à chaque fois par le déclenchement de la sonnerie du portable de Nevenka est très bien rendue), des dévalorisations en public et en privé alternées avec des déclarations d’amour, de la culpabilisation, des pressions via son entourage, de l’isolement, et des abus sexuels frontaux. Puis enfin, on a l’exfiltration de Nevenka, sa reconstruction progressive, sa décision de porter plainte et le procès, qui aboutira à la condamnation d’Ismael Alvarez.

C’était dur à regarder. Le film ne prend pas de pincettes pour montrer la réalité du harcèlement et son impact physique et mental sur Nevenka Fernandez. Je pense qu’il aurait été possible de passer moins de temps sur la partie descente aux enfers et plus sur la reconstruction. Il y a notamment une scène d’abus sexuels (dans la chambre d’hôtel) qui est assez horrible, et j’aurai bien voulu un peu plus de TW autour du film. En plus, l’histoire se déroulant au début des années 2000, Nevenka est très peu crue, très peu soutenue (même par sa propre famille) : à la violence du harcèlement sexuel vient s’ajouter celle d’une isolation quasi-totale à Ponferrada, où tout le village est dépendant des subventions de la mairie. C’est l’exfiltration à Madrid qui va sauver Nevenka, exfiltration opérée par deux amies qui la mettent dans un car après l’avoir trouvée chez elle dans un état de détresse psychologique absolue – mais qui in fine ne témoigneront pas à son procès parce que trop à risque de voir leur vie détruite…

C’est bien filmé, l’actrice principale joue super bien (l’acteur qui joue Ismael Alvarez aussi d’ailleurs mais dans un tout autre registre), mais gros TW. Allez-y en groupe, quand ça va plutôt bien mentalement et avec du temps pour débriefer après.

We are Lady Parts, de Nida Manzoor

Série anglaise en 2 saisons, la première sortie en 2021. On suit les aventures d’Amina Hussein, jeune anglaise musulmane à la recherche d’un mari respectable. Mais pour se rapprocher d’un mec attirant, Amina va accepter de jouer dans Lady Parts, un quatuor punk formé par 3 autres femmes musulmanes. Vont s’ensuivre des rebondissements alors que le groupe enchaîne les répétitions, tente de décrocher des dates pour jouer et d’amasser l’argent leur permettant d’enregistrer un album, avec au milieu Amina qui a du mal à concilier les différentes facettes de sa vie.

C’était très cool. Histoire efficace, en 2 saisons courtes, des personnages très réussis, ça parle du monde de la musique, d’islamophobie et de rapport à la religion, c’est très drôle et la musique est particulièrement réussie (un petit changement de ton entre les deux saisons, la musique de la première était plus directement punk, la seconde c’est plus varié et un peu plus sage).

Grosse reco.

Last Straw, d’Alan Scott Neal

Film étatsunien paru en 2024. Nancy est manageuse dans le diner de son père. Restée seule pour le service du soir, elle va devoir affronter une bande d’assaillants qui ont encerclé le restaurant.

J’ai bien aimé. C’est bien filmé, une séquence sous drogue qui retranscrit bien l’état second du personnage, des révélations plutôt réussies, des personnages ambigus. Un home invasion qui va droit au but et raconte son histoire en 1h30, je recommande si vous aimez le genre.