Archives de catégorie : Des livres et nous

Un arbre couleur pourpre, de Rémi Caritey

Un court livre où l’auteur relate les pensées que suscitent en lui ses visites périodiques  au hêtre pourpre présent au parc de la pépinière de Nancy. Ça parle de l’évolution du parc et de l’arbre avec les saisons. Quelques réflexions sur les rapports entre les humain.e.s et les arbres, les significations culturelles collées aux arbres.

La partie que j’ai trouvée la plus intéressante personnellement c’est celle que je connaissais déjà : l’arbre est atteint par 2 champignons lignivores et condamné à plus ou moins brève échéance. Il s’agit d’un arbre de 140 ans, classé Arbre remarquable et assez symbolique pour les services de la ville, et il a été décidé d’accompagner sa fin de vie : plutôt que de l’abattre préventivement, un périmètre de sécurité a été établi autour, ses branches maîtresses ont été haubanées, et on attend que la conjonction de son affaiblissement et d’un grand vent le couche. Ce qui est assez intéressant comme forme de « respect » pour une forme de vie qui  est aussi éloignée de nous.

L’Homme doré, de Philip K. Dick.

Recueil de nouvelles de SF. J’aime beaucoup K. Dick, mais là le niveau était assez inégal. Les nouvelles les plus intéressantes sont La Sortie Mène à l’Intérieur, qui parle de choix moraux, et Si Benny Cemoli n’Existait Pas…, qui parle de campagne de désinformation. La nouvelle qui sert de titre au recueil ça fait un peu « Les X-Men vu du point de vue des agences gouvernementales qui les traquent », mais avec une bonne dose de sexisme en plus. Donc bon. Les nouvelles restantes sont assez dispensables.

This Census-Taker, de China Miéville

Très bon, livre, assez court, assez indescriptible. Lu en VO, ce qui en a fait une lecture bien dense vu le style de l’auteur, mais je pense que ça vaut vraiment le coup de faire l’effort de pour profiter dudit style. Récit raconté par un narrateur enfant au moment des faits, qui n’est pas certain de tout ce qu’il a vu, qui alterne entre troisième et première personne pour raconter son histoire, dans un monde dont on sait très peu de choses et qui semble fort mystérieux. J’ai regardé quelques recensions du livre en ligne qui disent qu’il parle avant tout d’incertitude et c’est assez vrai. Tout reste assez obscur après avoir refermé le livre, mais l’histoire reste avec vous.

Bref lisez-le et on pourra en parler ensuite.

Le Baiser du rasoir, de Daniel Polansky

Un peu décevant. C’est un polar transposé dans un monde de fantasy, mais on n’a à la fois pas assez d’infos sur le monde et une intrigue policière pas très originale, où les indices vers le coupable sont bien trop visible pour le lecteur. J’aime bien ce genre de fantasy un peu boueuse, à l’échelle d’une ville et avec des personnages réalistes, mais là je n’ai pas accroché. Tournez-vous plutôt vers Watsburg de Cédric Ferrand ou vers Gagner la Guerre, de Jaworsky

Mes Cahiers Rouges, de Maxime Vuillaume

Le récit partiel par un des participants de la Commune de ce qu’il a vu et connu pendant la fin de la Commune et la Semaine Sanglante, puis l’exil subséquent. Un gros travail de reconstitution des événements, avec des entretiens avec de nombreux autres protagonistes côté Communard.

C’est assez étonnant comme document, notamment parce que personnellement je n’avait pas idée que Paris était déjà si proche de sa configuration actuelle (mais c’est logique, c’est post-Haussmann et il y a 150 ans seulement). Notamment tout le premier cahier est le récit de comment l’auteur échappe à la Semaine Sanglante, et se déroule dans les quartiers où j’ai fait mes études. Le début est très intéressant, la fin se perd un peu dans des détails ou précisions sur telle ou telle personne. Après ce n’est pas une histoire de la Commune, du coup sans avoir une idée de ce qui s’est passé ça reste un peu obscur, ça vaut le coup d’aller lire la page wikipédia de la Commune avant. Et y’a aussi des trucs et personnes de la Commune qu’il n’évoque pas du tout, je pense parce qu’effectivement il n’a pas interagi avec, notamment Louise Michel.

Le Bâtard de Kosigan, de Fabien Cerutti

Tome 1 : L’Ombre du Pouvoir.

Roman de fantasy historique française. Mes sentiments dessus sont mitigés. Commençons par le positif : C’est de la fantasy avec un univers original, mélangeant histoire européenne médiévale réelle et éléments fantastiques. Il existe différentes races (et l’Église mène des Croisades racistes visant à éliminer de concert croyances païennes et races autre qu’Homo sapiens), de la magie, différents artefacts et pouvoirs spécifiques, le tout fort bien mené, et avec un auteur qui connaît l’Europe médiévale et n’en fait pas une caricature. J’ai très envie d’en savoir plus sur l’univers. De plus c’est globalement bien écrit et fluide.

Cependant, 3 défauts, par ordre d’importance croissante :
1/ des passages situés 500 ans plus tard, le descendant du héros qui mène l’enquête sur son ancêtre et envoie des lettres à son pote pour rendre compte de ses progrès. C’est très elliptique et ça apporte pas grand chose.
2/ Toutes les femmes sont attirées par le héros, et il leur rend bien. C’est pas crédible et c’est bien chiant. Tu réussis à rendre crédible de la magie et des Elfes, vient pas tout ruiner avec un héros queutard sans rime ni raison.
3/ Généralement le défaut 2 est un des trucs que je vais le plus reprocher à une œuvre. Mais là, on a pire : le héros en totale maîtrise de toute la situation. Il sait tout, manipule tout le monde, à trois coups d’avance sur tous, est juste avec ses hommes, charmeur avec les femmes, plein d’esprit avec ses ennemis… Raaaah. On veut lui mettre des claques. Et en plus il est cheaté de façon perrave (il a littéralement des facultés de régénérations à nulles autres pareilles , dans un monde pourtant magique). Ce défaut et l’érotomanie se retrouvent d’ailleurs chez son descendant-décalque, pour ne rien arranger.

Donc bon. C’est un tome 1/3 (même si visiblement ils peuvent se lire indépendamment), je ne pense pas que j’achèterai les suivants mais je les emprunterai en bibliothèque pour l’univers.

Tome 2 : Le Fou prend le Roi.

Je l’ai effectivement emprunté en bibliothèque. La composante « le héros a absolument tout maîtrisé » est moins présente, il se retrouve davantage dépassé par les événements et avec des adversaires à sa hauteur. Moins de coucheries aussi, il n’a pas trop le temps vu qu’il passe la majorité du livre à tenter de sauver sa peau in extremis. Les scènes 500 plus tard ne servent par contre toujours à rien, et il y a un peu trop de créatures « que l’on croyait éteintes depuis 200/500/1000 ans » qui refont des apparitions pour que ça reste crédible. Moins de développement de l’univers, mais en même temps une intrigue plus resserrée, win some, lose some.

Marx, Marx, pourquoi m’as-tu abandonné ?, de Bernard Maris

J’ai pas aimé. C’est un court bouquin sorti en 2012 qui est supposé exposer en quoi Marx avait très bien compris certains phénomènes économiques et en quoi il s’est trompé. Sauf que c’est écrit dans un style vraiment pas fou, faussement profond, résultat tu comprends pas où l’auteur veut en venir à part dire que la théorie communiste est un « christianisme athée » parce qu’elle suppose les hommes bons, alors que lui l’auteur, te dit qu’ils sont mauvais. Eh bah super.

Son second point c’est « oui Marx avait raison sur les mécanismes du capitalisme mais regardez le capitalisme ne s’est pas effondré ! La fin de l’histoire n’est pas arrivée ! » Déjà, ouais merci on avait remarqué pour le capitalisme, ensuite on est d’accord que le concept de sens « inévitable » de l’Histoire de Marx ça fait un peu douillesque et que le capitalisme pourrait se maintenir ou basculer vers le fascisme (probablement plus facilement que donner lieu à une Révolution, même), mais ça veut pas spécialement dire que cette Révolution n’arrivera inévitablement pas. Le capitalisme il a été aidé en Europe à se maintenir en place par les mécanismes de redistribution sociale qui sont en train d’être supprimés et qui facilitait l’existence d’une classe moyenne. Franchement ça me surprendrait pas qu’on soit pas très loin de la disparition du tandem {démocratie;capitalisme} en Europe (1/ d’aucun⋅e⋅s diront qu’on l’a déjà dépassé et que l’on n’est plus que dans une démocratie de façade. C’est pas faux mais ça pourrait être largement pire, je vais rester optimiste pour le moment. 2/reste à savoir lequel des deux terme du doublet passera à la baille).

Bref, le bouquin était un exercice de style sans grand intérêt et qui ne disait rien de neuf.

Quinze Promenades Sociologiques, des Pinçon-Charlot

Un livre décrivant 15 itinéraires pédestres dans les quartiers parisiens, en analysant avec un angle sociologique l’espace, le bâti, l’histoire des lieux, les populations, les activités. C’est intéressant mais je suis assez dubitatif surle fait que le texte imprimé était la bonne forme pour cet exercice. Les photos d’illustration sont petites et en noir et plan, on a parfois du mal à comprendre le sens de la marche sur la carte au début de chaque chapitre. Je pense qu’un hypertexte aurait été plus adapté.

The Last Days of New Paris, de China Miéville

Une novella se déroulant dans un Paris alternatif en 1950. Un Paris isolé du reste du monde par les forces d’Occupation nazies, qui veulent à tout prix éviter que les manifestations incarnés des œuvres surréalistes qui ont envahi Paris en 41 ne contaminent le reste du monde… C’est court mais c’est dense à lire en anglais parce que la prose de Miéville n’est pas aisée et que c’est bourré de références surréalistes. C’est sympa et carrément original.

Soonish, de Zach et Kelly Weinersmith

Un livre de vulgarisation scientifique. Qui parle de domaines (médecine, exploration spatiale, construction) où des technologies pas encore là pourraient changer pas mal de choses à notre mode de vie. C’est intéressant et plutôt bien vulgarisé, avec la bonne dose d’humour. J’ai quand même trouvé les chapitre un peu inégaux (ce qui peut être dû au fait que les technologies futures présentées, quoi que toutes réalistes, n’en soient pas aux même stades de développement). Et à mon grand dam, je n’ai pas trouvé que les illustrations de Zach Weinersmith apportent beaucoup au livre, les blagues insérées dans le texte (ou en note de bas de page) fonctionnant mieux.