La suite de Into the Spiderverse. On retrouve Miles Morales dans un multivers où l’existence des spiderfolks a pris une place centrale,
avec l’idée qu’il ne faut pas perturber le canon, les passages obligés de l’histoire des personnes mordues par une araignée, même si ces événements sont tragiques.
Une association transdimensionnelle de spiderfolks, la Spider Society, veille au grain. Comme dans d’autres histoires de multivers, Rick and Morty notamment, on retrouve une association
de personnes qui sont plutôt solitaires dans leurs aventures non multiverselles, et l’idée que cette association devient rapidement une bureaucratie maléfique. L’univers graphique du film
est très beau, avec des styles différents pour illustrer les différents univers, les sentiments, le mouvement. C’était assez chouette, un peu dommage que ce ne soit qu’une partie 1 et non
un film complet, mais j’ai passé un bon moment devant. Clairement on a besoin de plus d’animation et de moins de live action dans les adaptations de comics, ça permet largement plus d’inventivité.
(Après je pense qu’on a aussi besoin de moins d’adaptation de comics tout court).
Archives par mot-clé : Super-héros
SuperGroom, de Fabien Vehlmann et Yoann
Série de bandes-dessinées franco-belges reprenant le personnages de Spirou, mais avec des codes plus de comics ou manga. Déprimé de ne plus être reconnu et d’être supplanté par les super-héros US dans les représentations de héros, Spirou – avec l’aide de Champignac pour les gadgets – invente le personnage de SuperGroom, justicier bruxellois. Il décide bien vite de raccrocher le costume, notamment parce qu’il se rend compte que se déplacer en jetpack s’oppose à ses convictions écologiques (qui lui fond aussi arrêter les reportages et aventures au quatre coins de la planète), mais les circonstances vont le forcer à réendosser son costume.
J’ai bien aimé la réinvention du personnage et du mythe. Vehlmann démontre bien comment il est possible de tordre légèrement l’univers de Spirou pour le faire correspondre à un univers de super-héros. Le format des albums fait comics, la structuration du deuxième tome (la Guerre Olympique) fait très compétition à la Squid Game. L’histoire de super-héros racontée reste relativement classique, mais ça vaut le coup de jeter un œil aux deux albums (si vous aimez Spirou de base).
Joker, de Todd Phillips
Film étatsunien de 2019. Arthur Fleck est un gothamite des classes populaires durant les années 80. Il vit avec sa mère, bosse en tant que clown de rue pour faire de la réclame pour des magasins. Il a des problèmes mentaux, mais le programme de la Sécu qui lui permet d’avoir accès à un travailleur social et des médicaments est victime d’une coupe budgétaire. Arthur et l’ensemble de la ville avec lui vont s’enfoncer dans une spirale de violence et de maladie mentale.
C’était intéressant comme angle pour approcher une histoire de Batman. Joachim Phoenix joue bien le rôle titre, les plans sont réussis et la reconstitution des années 80s aussi. Le fait de traiter le personnage du Joker sous l’angle de la maladie mentale plutôt que d’être là « bouuh, un super-criminel très très méchant » est intéressant (c’est un peu ce que faisait le comic Killing Joke, mais là c’est clairement poussé plus loin). Pour autant, l’histoire n’est pas ultra originale, on a de la compassion pour Arthur mais cette mise en scène de la descente aux enfers d’un mec qui se bat contre un système inique n’est pas ultra originale : c’est Taxi Driver, c’est Fight Club…
A regarder si vous voulez une histoire de Batman bien filmée (et sans Batman, même si on se tape l’inévitable scène du meurtre des parents, avec le collier de perles qui casse), ça vaut plus le coup que The Batman par exemple.
Thor : Love and Thunder, des studios Marvel
N-ième film Marvel, que je suis allé voir pour profiter de la climatisation en cette période de canicule et parce que le précédent Thor réalisé par Taika Waititi m’avait laissé un bon souvenir.
Celui là était franchement médiocre. La bande son était sympa mais est utilisée sans subtilité aucune (visiblement à base de « ça a plu de mettre du rock dans le précédent, refaisons-le plein de fois). Le scénario est anémique, avec 15 000 trucs introduits sans qu’on ait le temps d’en explorer aucun, les actrices sont très mal employées (notamment Tessa Thompson, dont le personnage est laissé à l’arrière plan). L’idée d’introduire la version féminine de Thor était intéressante mais c’est très mal fait, avec une meuf qui revient quand même essentiellement pour être le love interest du héros et participer à son développement personnel en mourant tragiquement.
Les méchants (Zeus et Gorr) sont des mecs qui ne respectent pas les codes de la masculinité vs le héros ultra musclé (qui utilise des enfants soldats sans se poser de questions).
Quelques éléments rigolos cependant : deux chèvres géantes qui passent leur temps à hurler, certains passages de la bande son, Asgard réinventé comme une petite bourgade norvégienne paisible vs les palais rutilants des épisodes précédents. Une jolie scène en noir et blanc en partie animée avec des monstres qui sont créés à partir des ombres.
Bref, je ne recommande pas.
The Boys, d’Eric Kripke
Adaptation en série du comics éponyme. J’avais un peu peur de ce qu’une adaptation donnerait, mais j’ai trouvé ça très réussi. Ils ont gardé l’univers tout en s’éloignant des lignes narratives exactes du comics, et ça rend plutôt bien.
Pour décrire succinctement l’univers, les super-héros existent, en Amérique. Ils sont tous gérés par une entreprise, Vought American, qui s’occupe de leur image, de les placer en tant que protecteurs de tel ou tel endroit, et de gérer tout le merchandising et les lucratifs produits dérivés autour d’elleux. Derrière l’image resplendissante, les super-héros sont très majoritairement immoraux, et Vought est prête à tout pour augmenter sa part de profit, notamment en persuadant le gouvernement d’intégrer des super-héros dans le dispositif militaire des États-Unis.
Le personnage d’Homelander (un équivalent amoral et surpatriotique de Superman) est particulièrement réussi notamment.
Saison 2 :
La série continue à être fort bonne. La relation entre Ryan et Homelander est intéressante, l’évolution du personnage de Kimiko aussi. L’humanisation de Butcher est réussie, et j’aime beaucoup la force tranquille du personnage de MM. L’arc de l’instrumentalisation du coming out de Maeve par Vought est très réussi je trouve.
Sentiment mitigé sur le personnage de Stormfront : j’ai beaucoup aimé son début, mais la révélation de sa backstory est finalement un peu décevante : il aurait mieux valu selon moi qu’elle soit une version intégralement moderne de l’idéologie qu’elle porte, plutôt que d’avoir la facilité de dire « oh bah regardez avec qui elle fricotait, voilà une raison bien pratique de la considérer comme méchante ». De la même façon, je trouve Homelander plus intéressant quand il est une version non explicite des idéaux fascistes que quand il commence à littéralement sortir avec une fasciste qui reprend les discours de Goebbels. Le personnage de Stan Edgar par contre est parfait, ainsi que les trips de Hugh sur Billy Joel.
Et je suis perplexe sur la révélation finale : ça ne fait aucun sens que ce soit ce personnage qui ait ce pouvoir, l’utilisation du pouvoir qu’on voit durant toute la saison va totalement à l’encontre de son agenda affiché (ou alors, agent double placé par Vought ? Mais c’est un peu tiré par les cheveux comme histoire).
Saison 3 :
Un début un peu lent et du gore un peu gratuit, mais je suis content de ce qu’ils ont fait de la saison globalement. L’arc de Butcher et Hugh sous Temp-V est intéressant en terme de « tout pouvoir corrompt ». Le retour au status quo interne de l’équipe à la fin est un forcé, les évolutions radicale du côté de Vought sont plus intéressantes. L’arc du personnage de Kimiko est intéressant, Frenchie de moins en moins par contre. La trumpisation d’Homelander est réussie, l’agenda parallèle de l’agent dormant de Vought au gouvernement donne des pistes intéressantes pour une saison 4.
The Batman, de Matt Reeves
Film policier de 2022. Batman, année 2. Le super-héros masqué a commencé à rentrer dans une routine dans sa lutte contre le crime à Gotham. Il collabore avec le commissaire Gordon, peut se rendre sur des scènes de crime, est toléré par la police même si sa relation avec eux reste compliquée. Une série de meurtres vient bouleverser la ville. Un meurtrier qui se fait appeler le Riddler tue plusieurs figures publiques de Gotham, en commençant par le maire. Simultanément aux meurtres, le Riddler publie des révélations sur la corruption de ses victimes et leur compromission avec des figures mafieuses…
Commençons par le gros point négatif : c’était trop long. 2h56, c’était 56 minutes de trop. Ou alors fallait faire une mini-série, mais là franchement ça faisait quelque chose de trop dense. Certaines scènes n’étaient pas très jolies ou pas très lisible, avec notamment une lumière pas très réussie (notamment les scènes à l’aube). Enfin, je n’ai pas été très convaincu par le personnage de Catwoman, qui sert de romance sans grand intérêt.
Ces éléments mis de côté, il y avait des choses qui valaient le détour : par rapport aux Batman précédents (ceux réalisés par Nolan), l’esthétique est plus intéressante, moins « gros buildings et militarisation » (moins Nolan, quoi). Le portrait de Bruce Wayne/Batman proposé est intéressant. Il est beaucoup plus humain qu’habituellement dans les films, il doute, il rate des trucs, il y a une vraie épaisseur du personnage plutôt que d’en faire un archétype (et même s’il est pas en train de prôner la justice sociale et le community building, il est aussi moins fasciste que dans les Nolan). Le fait d’être sur une enquête sur un serial killer plutôt que sur un gros film d’action (même s’il y a des courses poursuites et autres passages obligés du film d’action) est un changement d’angle bienvenu aussi, on a des adversaires avec une épaisseur, plus dans le côté « politique un peu poisseuse » et « liens avec la mafia » que « super-méchants qui empoisonnent les réserves d’eau » (même si on revient un peu là dessus lors du final, d’une façon qui jure un peu avec le reste du film). La mise en exergue du fait que la figure de Batman inspire d’autres personnes (le Riddler puis ses adeptes) à se masquer et à prétendre incarner leur propre forme de justice (et le fait que Batman lui-même le réalise et se dise que c’est pas top) était assez réussi et un point que l’on voit habituellement trop peu.
Globalement, un film intéressant pour le renouvellement de certains aspects de la figure de Batman, mais trop long (et mal éclairé).
Spiderman: No Way Home, de Jon Watts
Blockbuster Marvel paru en 2021, la suite directe de Spiderman: Far From Home. Suite aux événements du précédent film, l’identité secrète de Spiderman a été révélée, ce qui lui rend la vie infernale. Sa tentative d’utiliser la magie pour le faire oublier à tout le monde échoue dans les grandes largeurs, et à la place attire dans son univers des personnages de réalités parallèles qui connaissent eux aussi son identité secrète. Et ici, par « réalités parallèles », on en entend « les autres films Spiderman qui ne sont pas dans la continuité de ceux-ci ». On retrouve (suite à un gros chèque du conglomérat Disney) les acteurs des autres franchises qui reprennent leurs rôles de héros et de vilains. En soi c’est assez intéressant d’intégrer les aléas de la propriété intellectuelle dans l’histoire comme ça : on poursuit sur la lancée de ce que faisait déjà le Marvel Cinematic Universe en croisant les histoires et personnages de ses différents films, en poussant la logique encore un cran plus loin. Ils sacralisent aussi le côté « un acteur = un personnage » ce que je trouve assez étrange en soi (et pas forcément à leur avantage vu que ça file plus de pouvoir de négociation aux acteurs, mais je suppose qu’ils y trouvent leur compte s’ils font ça).
Au delà de la stratégie de gestion de la propriété intellectuelle de Disney/Marvel, en terme de film, quid ? On est sur un bien meilleur niveau que le précédent, j’ai globalement passé un bon moment devant, ce qui n’était pas arrivé depuis un certain temps pour un Marvel. Mais bon, j’étais un peu le public idéal, j’aime beaucoup Spiderman et notamment l’interprétation de Molina de Docteur Octopus, donc le faire revenir marchait très bien sur moi. Après, ça reste un Marvel, avec le défaut de caler des scènes qui servent juste à faire intervenir d’autres personnages franchisés ou préparer les films suivants : ici, on a beaucoup de temps qui sert pas à grand chose dans l’histoire principale pour caser des trucs avec Docteur Strange qui serviront pour son prochain film (en soi le combat dans « la dimension miroir » était joli en terme de décors, mais ça rallonge un film déjà long). La multiplicité des personnages n’aide pas à s’attacher à eux : le side-kick rigolo en plus du love interest qu’est MJ ne sert pas à grand chose, la démultiplication des méchants oblige à consacrer peu de temps à chacun (et les jeux d’acteurs étant inégaux, c’est assez visible : le Lézard et l’Homme-Sable ne servent pas à grand chose, le Gobelin, Octopus et Electro volent la vedette. La réunion des Spiderman est touchante, mais là aussi ça cause beaucoup de temps morts. Les personnages d’Happy et de la tante May sont assez anecdotiques, l’impact émotionnel de la mort de May n’a pas vraiment marché sur moi, ça sent vraiment le passage obligé.
Du point de vue visuel il y a quelques jolis combats et plans (la rencontre avec Octopus, la dimension miroir, le moment ou Spiderman vole aux dessus des lignes haute-tension à contrejour, mais un peu trop de séquences qui délayent l’histoire autour).
En conclusion, si vous aimez les films Marvel et que vous avez un peu suivi leur continuité, c’est un film sympa à voir. Si vous n’y connaissez rien vous serez bien perdu dans les multiples couches de références.
Shang-Chi and the legend of the ten rings, des studios Marvel
Film Marvel qui avait l’avantage de fort peu référencer leurs n-milles autres films et de se tenir en tant que standalone. Shang-Chi est le fils d’un criminel immortel qui veut conquérir un village magique. En désaccord avec son père, Shang-Chi vit sous pseudonyme en Amérique, jusqu’à ce que son père retrouve sa trace. Il va alors devoir s’allier avec sa sœur pour mettre en échec les plans de son père. Vous l’aurez compris c’est une histoire familiale, avec des super-pouvoirs en plus. J’ai bien aimé le début, les questions de double culture et le fait que les dialogues alternent entre anglais et chinois.
Pour le reste c’était assez quelconque, avec des créatures magiques en images de synthèse assez laide et une trame très classique. Comme je l’ai dit l’intérêt c’était d’être regardable sans une connaissance préalable de tout le reste des produits Marvel.
Comment je suis devenu super-héros, de Douglas Attal
Film français produit par Netflix et sorti en 2020. Une France alternative où certaines personnes ont des super-pouvoirs. On suit un policier, ancien agent de liaison d’une équipe de super-héros, désormais flic ordinaire et dépressif, qui est affecté à une enquête sur une drogue qui donne des super-pouvoirs temporaires à des gens ordinaires.
Ça a les qualités et défauts habituels d’un film Netflix : y’a de bons éléments, le côté « super-héros dans un contexte franchouillard » est assez attirant, l’installation de l’univers plutôt réussie. Y’a de bons acteurs (Poelvoorde qui joue un ancien super-héros avec Parkinson est très réussi et très touchant), mais clairement il aurait fallu quelqu’un pour relire le scénario. On n’est pas au clair sur le statut des gens avec super-pouvoirs : on voit que peu deviennent des héros et que ça pose beaucoup de questions psychologiques aux gens avec des pouvoirs qui se sentent surtout différents, mais on ne sait pas pourquoi certains cachent leurs pouvoirs, on sait pas pourquoi les vilains veulent écouler une drogue qui donne des super-pouvoirs, on a une romance qui sert totalement à rien, des gens qui se relèvent magiquement de blessures ultra graves… On a vraiment l’impression qu’ils ont totalement rushé l’écriture, avec des trucs pas résolus dans tous les sens parce que la flemme.
Sur la façon dont c’est filmé, pas de recherche de style particulière, le film est vraiment là pour raconter une histoire. Quelques jolis décors dans un centre commercial abandonnés, pour le reste c’est Paris, filmé à hauteur de passant, ce qui marche bien avec le côté « vie ordinaire mais y’a des pouvoirs ».
Sympa à regarder mais loin d’être inoubliable.
C.O.W.L., de Kyle Higgins
Chicago, années 60. Les super-héros existent. Ils sont regroupés dans un syndicat, la Chicago Organized Workers League, qui a un contrat avec la ville leur donnant juridiction pour intervenir contre les super-vilains, sous certaines conditions, et avec une rémunération, des horaires de travail, des primes de risque… Le dernier des grands super-vilains a été appréhendé, et la renégociation du contrat avec la Mairie est en cours, ce qui risquent d’influencer sur ses clauses – en effet, les super-héros coutent cher, en l’absence de menace la ville peut-elle vraiment se permettre un contrat si onéreux ?
J’ai beaucoup aimé. Les super-héros sont surtout un prétexte pour parler de thèmes sociaux. La ligne narrative sur l’héroïne qui n’en peut plus du sexisme ambiant qui fait qu’on la considère comme de seconde catégorie alors qu’elle est surpuissante est réussie (même si le personnage fait un peu trop de la schtroumpfette), le dessin est cool et rend bien l’atmosphère de film noir de l’histoire.