Archives par mot-clé : série anglaise

Slow Horses, de Will Smith

Série télévisée anglaise produite par Apple TV, dont la première saison est sortie en 2022. On suit les aventures de la branche « voie de garage » du MI5 : la division où sont envoyés les espions qui ont suffisamment raté une mission pour être exfiltrés du QG et des opérations courantes. À la tête de la division, Jackson Lamb, ancien héros de la Guerre Froide qui a voulu un poste sans enjeux pour finir sa carrière. En jeune premier, River Cartwright, petit-fils d’un ancien dirigeant du MI5, qui a horriblement raté un exercice d’entraînement. La vie devrait être tranquille dans cette division, mais les dirigeantes du MI5 les emploient périodiquement pour des missions en dehors des circuits officiels, notamment pour des luttes de pouvoir intestines…

C’est bien réussi. On est sur un format mini-série, avec chaque saison qui couvre une histoire complète en moins de 10 eps. Le scénario de la première était très bien (kidnapping par un groupe d’extrême-droite), les suivantes sont plus invraisemblables, mais le timing de la 3 (tiger team) était super, j’ai pas pu lâcher, j’ai bingewatché la saison en deux soirs (et la 4e était un peu plus faiblarde, ça s’essoufle quand même un peu, mais franchement 1 et 3 valent le coup).

La réussite de la série tient aux acteurs et aux relations toutes anglaises entre les personnages. Jackson Lamb applique la recette classique du personnage ultra-compétent mais qui déteste tout le monde et insulte à tour de bras (Malcom Tucker by any other name), les slow horses ont le bon mélange de sympathie et d’incompétence pour les rendre attachants, les seconds rôles sont très réussis aussi (Taverner notamment, en n°2 manipulatrice du MI-5).

Je recommande pour de l’espionnage sans enjeux.

We are Lady Parts, de Nida Manzoor

Série anglaise en 2 saisons, la première sortie en 2021. On suit les aventures d’Amina Hussein, jeune anglaise musulmane à la recherche d’un mari respectable. Mais pour se rapprocher d’un mec attirant, Amina va accepter de jouer dans Lady Parts, un quatuor punk formé par 3 autres femmes musulmanes. Vont s’ensuivre des rebondissements alors que le groupe enchaîne les répétitions, tente de décrocher des dates pour jouer et d’amasser l’argent leur permettant d’enregistrer un album, avec au milieu Amina qui a du mal à concilier les différentes facettes de sa vie.

C’était très cool. Histoire efficace, en 2 saisons courtes, des personnages très réussis, ça parle du monde de la musique, d’islamophobie et de rapport à la religion, c’est très drôle et la musique est particulièrement réussie (un petit changement de ton entre les deux saisons, la musique de la première était plus directement punk, la seconde c’est plus varié et un peu plus sage).

Grosse reco.

Doctor Who

Saison 14
Nouveau Docteur, sous les traits de Ncuti Gatwa. J’ai pas été très convaincu par la saison. Très bon épisode 2 (The Devil’s Chord), 73 yards et Rogue étaient intéressants aussi, le reste c’était un peu du filler. Final en deux parties qui était nul nul nul. J’ai bien aimé les épisodes de transition avec Tennant aussi, évidemment pour le fait de revoir Tennant, mais les histoires (au moins pour les 1 et 2) fonctionnaient bien aussi

Saison 12
Meh. Les défauts de la saison précédentes sont toujours tous là, voire exacerbés. On n’arrive pas à s’intéresser aux enjeux, trop de persos principaux avec peu de profondeur. Les épisodes les plus intéressants sont ceux qui rajoutent un peu de fil narratif sur l’échelle de la saison, mais c’est dommage de rater tous les one-shot à ce point. Bons points pour Fugitive of the Judoon ainsi que pour le final, donc. J’ai apprécié les hommages aux saisons précédentes, mais ça ne suffit pas à masquer l’absence de développement de certaines histoires. Les pistes introduites pourraient par contre donner des choses intéressantes pour la prochaine saison s’ils les creusent et s’ils mettent en avant le personnage joué par Jo Martin.

Saison 11
Sentiments mitigés. Le personnage de la 13e Docteure est très bien en soi, mais y’a des épisodes où il ne se passe pas grand chose. Je comprends la volonté de se démarquer des saisons précédentes et de leurs grands arcs sur la saison entière, mais parfois c’est quand même assez dépourvu d’enjeux. De très bons épisodes cependant : Kerblam!, Rosa, The Witchfinders, Arachnids in the UK. Je pense qu’un des problèmes de la saison c’est le trop grand nombre de compagnons : même s’ils sont intéressant, ça divise trop le temps d’écran.

Saison 10
Une très bonne saison. C’est la dernière avec Moffat comme showrunner, ce que je trouve une bonne nouvelle (si le/la remplaçant.e est à la hauteur, mais Moffat n’avait plus grand chose à apporter à la série). Les épisodes étaient globalement solides, l’arc narratif à l’échelle de la saison était sympa mais venait pas trop parasiter les histoires de chaque épisode. Pas mal de remarques et éléments progressistes. J’ai trouvé que le tryptique sur les Moines était la partie la plus faiblarde de la Saison, avec beaucoup de lenteurs. Le reste était cool, l’esthétique du final était superbe. Ça se finit un peu brutalement et c’est vraiment dommage que Bill ne soit compagnonne que pour une saison, j’espère qu’on aura l’occasion de la revoir. On a vu la mort de Missy, mais on peut aussi espérer que le temps n’étant pas linéaire, on ait quand même l’occasion de la revoir (et c’était un plaisir de revoir John Simm aussi, sa version du Master est super).
[Edit au 17/07/2017 : et le prochain Docteur est une Docteure (Doctoresse ? Doctrice ? Bah, de toute façon je regarde en VO et c’est épicène) ! Ça va être vachement cool, j’espère qu’ils vont fortement insister sur le côté personnage puissant et pas le diluer. Beaucoup d’attentes.]

Doctor Who Christmas Special S10
Petit épisode de Noël de Doctor Who pour patienter en attendant la prochaine saison. Il parlait relativement peu de Noël et fonctionnait plutôt bien. Des comics, des super-pouvoirs, des aliens très méchants, et des pistes laissées ouvertes que Moffat va probablement réutiliser dans son grand adieu à la série.
[EDIT 07/2017 : finalement, non]

Doctor Who Christmas Special S07
Avec des bonhommes de neige maléfiques. Il commençait bien, poétique et tout (un escalier qui mène sur un nuage, où est perché une cabine téléphonique), de jolies répliques (« It’s… smaller on the outside! ») mais la fin est un peu brouillonne, avec deux retournements de situation qui s’annulent en 5 minutes, et un personnage féminin fort qui finalement meurt stupidement. (Note d’Août 2013 : Globalement ce verdict s’applique à tous les épisodes qui suivront)

Extraordinary, d’Emma Moran

Série anglaise de 2023. Jen vit dans un monde où les gens acquièrent un super pouvoir autour de leur majorité. À 23 ans, le sien ne s’est toujours pas déclaré, ce qu’elle ne vit pas très bien. On voit sa vie entre ses colocs, le chat qu’elle vient de récupérer dans la rue, son PQR et son boulot dans une boutique de costumes.

J’ai beaucoup aimé. C’est un peu Misfits x Fleabag : une héroïne avec une vie chaotique dans un univers avec des superpouvoirs lowkey (mon headcanon est d’ailleurs qu’on est dans le futur de Misfits, où les superpouvoirs se sont généralisés). La série est bien écrite, les blagues fonctionnent bien, les personnages sont des désastres ambulants mais attachants.

Saison 2 [Edit 2024] :
More of the same, et ça fonctionne toujours aussi bien. La représentation de l’esprit de Jen en tant que librairie chaotique est très drôle. Pas mal d’émotions avec la résolution de la relation de Jen à son père. Je recommande toujours.

Quiz, de James Graham

Mini-série documentaire anglaise en trois épisodes. On suit la création du programme télé Who wants to be a millionnaire (adapté en France comme Qui veut gagner des millions), énorme succès d’audience et qui est vendu par la télé anglaise au reste du monde et notamment aux américains (plutôt que l’inverse, ce qui était le cas habituel). On suit surtout l’engouement que le programme suscite, et comment une communauté de fans de pub quiz vont s’unir pour passer les étapes de présélection. Et surtout comment parmi ceux là, le cas d’une famille ou un frère, une sœur et son mari vont successivement se retrouver candidats du jeu, le mari devenant la seconde personne de l’histoire du programme à atteindre le million, mais d’une façon qui mènera à un procès pour fraude. On suit alors les arguments de l’accusation puis de la défense, la question de la médiatisation du procès et de la présentation des preuves (la chaine télé qui est partie au procès éditant le montage mettant en évidence les éléments de fraude).

J’ai bien aimé le côté fiction documentaire. La période couverte est à la fois proche de nous (le jeu est inventé en 1997, l’émission où le mari est soupçonné d’avoir triché est filmée le 09/09/2001, l’enquête se passe dans les jours qui suivent le Onze Septembre) et fort différente dans l’accès aux informations – internet existe mais n’est pas du tout omniprésent comme aujourd’hui. Les personnages sont très très anglais (la série en joue), c’est sympa à regarder sans être inoubliable.

The Third Day, de Dennis Kelly et Felix Barrett

Thriller psychologique diffusé par HBO, en 6+1 épisodes. 6 +1 parce que l’épisode central durait 12h et était diffusé en direct, une performance intéressante.

Les trois premiers épisodes se déroulent en été : Jude Law incarne un père de famille qui se retrouve sur Osea, une île au large des côtes anglaises avec des croyances païennes toujours d’actualité. Venu pour ramener une enfant insulaire perdu sur le continent, il se retrouve rapidement impliqué dans les secrets que recèle l’île.

La seconde partie se déroule 9 mois plus tard en hiver, quand Cass, l’épouse de Jude Law jouée par Naomie Harris vient sur l’île avec leurs deux filles. J’ai bien aimé la première partie, beaucoup moins la seconde : on s’attend à ce qu’elle résolve les questions mises en place durant la première, mais ce n’est pas le cas. Tout les éléments un peu mystiques sont ignorés – ce qui peut être intéressant si on considère qu’on avait le pt de vue de Sam, plus prompt à y croire et à se laisser influencer dans la première partie – mais sans être remplacé par des explications rationnelles : à la place on nous balance une nouvelle histoire – et qui perd en force du fait de se diviser entre les 3 points de vue de Cass, Lu et Ellie (ses deux filles) alors qu’on avait une focalisation sur un point de vue unique dans la première partie.

Bref, bon concept mais réalisation ratée.

I May Destroy You, de Michaela Coel

Série anglaise en partie autobiographique sur la vie d’une jeune écrivaine noire et sur les conséquences que son viol a sur sa vie. On suit principalement la vie d’Arabella (et ses difficultés à écrire son second livre), et de deux ami·e·s les plus proches, Terry, aspirante actrice, et Kwame, prof de fitness en club.

La série décrit un milieu et des personnes rarement montrées à la télévision, et auquel je suis moi-même profondément étranger. C’était très interessant pour ça, pour cette défamiliarisation. Je me rends notamment compte que j’ai des réflexes classistes devant, genre « ralala ils consomment trop de drogues » ou « mais comment ils peuvent dire que le réchauffement climatique osef ? », c’est d’autant plus intéressant pour moi de pouvoir réfléchir à pourquoi c’est ça ma première réaction et comment faire pour l’éviter.

Les personnages sont intéressants parce qu’absolument pas manichéens. Arabella n’est pas la « bonne victime », Terry et Kwame tentent de la soutenir comme ils peuvent mais font des erreurs, les personnages secondaires sont nuancés aussi. L’impact psychique de l’agression sur Arabella est montré de façon détaillée, les mécanismes de coping qu’elle met en place aussi, qu’ils soient sains ou non. J’ai juste été déçu par la ligne narrative de Kwame ; le jeune gay qui se perd dans le sexe et qui est sauvé par une relation longue et pas centrée sur le sexe, c’est assez cliché et conservateur par rapport au reste de la série.

Point de vue bande-son, parfois la série verse un peu trop dans le côté « on va mettre des morceaux obscurs ou des reprises edgy pour montrer qu’on est une série hype », mais l’utilisation qu’ils font de la musique est sinon intéressante, notamment le fait de la couper abruptement pour montrer des changements d’ambiance.

Enfin, le dernier épisode est très réussi dans sa construction je trouve, alors que c’était loin d’être évident de réussir à conclure proprement une série comme ça.

Years and Years, de Russell T. Davies

Mini-série anglaise (6 épisodes) qui raconte la vie d’une fratrie de Manchester à travers la décennie à venir, alors que l’Occident s’enfonce dans l’instabilité politique et économique. On suit en parallèle les vies des différents membres de la famille et l’actualité politique du Royaume-Uni, notamment l’ascension politique de Vivienne Rook, sorte de Boris Johnson mieux coiffée.

J’ai tout vu en deux jours, la série est très bien et super efficace, mention spéciale au thème musical de l’inexorable passage du temps, qui accompagne les time-lapse où l’on saute quelques années sur fond de feu d’artifice du Nouvel An, anniversaire des membres de la famille et snippets de l’actualité politique. Sans surprise c’est de Murray Gold, le compositeur qui fait aussi une bonne partie des OST de Doctor Who, et ça renforce l’impression de voir un épisode de Noël de Docteur Who de 6 heures, centré sur la vie des gens ordinaires.

Les personnages sont aussi très réussis en ce qu’ils sont crédibles, il y a peut-être Edith qui a un côté super-héroïne (ce serait la Docteur de la série, en quelque sorte), mais en même temps ses absences prolongées lui sont reprochées par les autres. Vivienne Rook est super bien jouée par Emma Thompson (sans surprise), une bonne partie des personnages sont non-blancs ou non-hétéros. Mention spéciale aussi au personnage de la matriarche, Muriel, qui est super réussi dans son côté à la fois gentille grand-mère et vieille un peu réac malgré ses bonnes intentions.

The ABC Murders, d’Alex Gabassi

Adaptation en mini-série du roman d’Agatha Christie du même nom, avec John Malkovich dans le rôle d’Hercule Poirot. Je n’ai pas lu le roman mais visiblement la série rajoute tout un contexte à l’enquête, que j’ai beaucoup aimé : Hercule Poirot n’est plus en activité, ses contacts dans la police ont pris leur retraite, et l’atmosphère au Royaume-Uni en cette année 33 est au fascisme montant, rendant le détective belge assez peu apprécié. Une seconde ligne narrative de la série tourne autour du passé d’Hercule Poirot : qui était-il avant d’arriver en Angleterre en tant que réfugié belge en 14-18 ? La résolution est intéressante, mais le traitement de cette ligne narrative est particulièrement poussif, avec les mêmes flashbacks d’Hercule répétés ad nauseam. Le tout dure trois heures, je recommande.

Gentleman Jack, de Sally Wainwright

Série basée sur la vie d’Anne Lister, une propriétaire terrienne anglaise ayant vécu au XIXe siècle. Anne Lister est lesbienne et n’a pas peur de l’affirmer à une époque où le mariage hétérosexuel est la norme pour les femmes. De façon générale elle n’a pas peur de mener sa vie comme elle l’entend, de voyager seule, de gérer ses terres, de se former à la médecine, et de dire aux mecs d’aller se faire voir.
J’ai beaucoup aimé. Le personnage d’Anne est très intéressant, elle n’est pas présenté comme archétypalement bonne parce qu’elle est l’héroïne : c’est une propriétaire, elle est sans pitié avec ses gens, elle traite mal sa sœur qu’elle considère comme inintéressante, et en même temps elle se jette à corps perdu dans ses relations amoureuses.
C’est super bien joué, grosse recommandation.