Archives par mot-clé : film US

Miss Juneteenth, de Channing Godfrey Peoples

Film étatsunien de 2020. Ancienne miss Juneteenth, Turquoise travaille dans un restaurant de sa petite ville texane. Elle inscrit sa fille Kai au même concours de beauté, voulant qu’elle gagne pour obtenir le paiement de ses frais d’université, elle qu’elle ait une meilleure vie qu’elle. Mais Kai n’est pas particulièrement intéressée, elle préférerait faire de la danse. Turquoise se démène pour rassembler l’argent pour les frais d’inscription, la robe, la caution pour faire sortir de prison son compagnon, mais c’est une course d’obstacles contre la montre…

C’est très sundance dans la vibe et c’est intéressant de voir un film sur une communauté noire et dans une petite ville, c’est pas ce qu’on voit le plus dans le cinéma US, mais pour autant je n’ai pas été bouleversé par l’histoire, relativement prévisible dans ses tenants et aboutissants. Le décalage entre les enseignements du beauty pageant (quelle fourchette utiliser pour le poisson) et la réalité de la vie dans la communauté de nos jours est rigolo – et probablement vrai – mais c’est étrange qu’un concours qui par ailleurs se réclame du devoir mémoriel autour de Juneteenth (le jour où les esclaves texans ont appris l’abolition de l’esclavage, 2 années après l’abolition sur le papier aux US) soit autant en décalage sur des trucs sociétaux par ailleurs.

Wicked, de Jon M. Chu

Part 1

Film étatsunien de 2024, adaptation de la comédie musicale éponyme, elle même adaptation du livre de Gregory Maguire. Je suis un grand fan de la comédie musicale, donc j’étais à la fois impatient et dans l’appréhension de ce qu’allait donner l’adaptation en film, mais franchement ça va. Je ne suis pas convaincu totalement par toutes les reprises des chansons, mais ça reste très fidèle aux versions de la comédie (avec parfois un peu plus de parlé-chanté), et des thèmes musicaux qui reprennent les motifs principaux entre les phases de chansons.

Visuellement, c’est saturé d’effets spéciaux la plupart du temps, mais c’est un kitsch qui fonctionne bien avec l’esthétique de la comédie musicale. Cynthia Erivo et Ariana Grande sont toutes les deux très bien castées et habitent bien les deux rôles principaux (et le reste du cast fonctionne bien aussi, Jeff Goldblum en tant que Wizard c’était le choix de la facilité mais c’est exactement ce qu’on voulait, Fiyero et Mme Morrible sont très bien aussi). Il est un petit peu trop mis l’accent sur le fait que Glinda est écervelée dans cette partie 1 (je pense que c’est la partie 2 qui donne plus d’épaisseur au perso anyway), mais c’est vraiment un reproche mineur. Le fait que les effets spéciaux s’arrêtent pendant la scène où le Wizard montre ses plans pour Oz aux deux héroïnes est bien trouvé (vu qu’il ne maîtrise pas la magie on le voit juste montrer des maquettes et faire des ombres chinoises), et l’apparition d’Idina Menzel et Kristin Chenoweth a été une vraie surprise et un très beau clin d’œil.

Recommandé avec tout mon petit cœur de fan.

Part 2

Film étatsunien de 2025, sortie de nouveau à Noël parce que c’est le cycle de vie des blockbusters. On retrouve les deux héroïnes quelques années plus tard. Elphaba est devenue ennemie publique n°1 et Glinda le visage du régime. Leurs chemins vont évidemment se recroiser, et converger vers les éléments décrits dans Le Magicien d’Oz. Les actrices principales et Jeff Goldblum sont toujours très bien. Par contre je trouve que le personnage de Glinda manque un peu de croissance émotionnelle (j’avais écrit l’année dernière « c’est plus la partie 2 qui lui donne de l’épaisseur », bah je reste sur ma fin) : si une forme d’évolution transparait dans les chansons, c’est désamorcé par les passages entre où elle fait toujours aussi écervelée. Même si c’est rigolo (notamment la scène avec la bulle), ça reste pas très satisfaisant.

La scène d’introduction d’Elphaba en mode super-héroïne Marvel est un peu useless et j’ai été assez agacé par la désexualisation totale de As long as you’re mine alors que c’est LE moment de smut de la bande-son (avec la guitare électrique qui donne tout). Le côté full blown-fascism mais avec des couleurs pastels est plutôt bien rendu, la propagande permanente, les foules qui réclament du sang à l’unison avec des torches à la main, et toujours Jeff Goldblum en dictateur débonnaire pendant qu’il fait des horreurs (avec une jolie référence au Dictateur). Le chateau de Kiamo Ko fait un décor très réussi pour No Good Deed (mais clairement taillé sur mesure parce que sinon l’architecture fait aucun sens et en en voit juste une salle). Si je continue sur les chansons, l’ajout de No place like home avec ses allusions au trumpisme transparentes ne sert franchement à rien narrativement, comme celui de The Girl in the bubble. On note un « I love you » entre Glinda et Elphaba à la fin du film, mais ça n’ira pas au delà, on reste dans le queerbaiting sans oser réaliser pleinement le triangle amoureux (et perso ça me va très bien que Wicked soit avant tout une histoire d’amitié impossible dans un contexte politique atroce, mais dans ce cas faut pas rajouter tout le queerbaiting). La fin avec le retour des animaux enlève aussi beaucoup d’ambiguïté au personnage de Glinda (dans la comédie musicale elle fait une meilleure figure tragique, elle a tout perdu pour gagner le pouvoir, mais en plus on n’est pas du tout au clair sur ce qu’elle va en faire).

Bref, j’étais content parce que je suis un fanboy, mais autant le 1 il y avait vraiment une bonne surprise par rapport à mes attentes initiales, autant là c’était plus mixed feelings.

All About Eve, de Joseph L. Mankiewicz

Film étatsunien de 1950. Margo est une actrice de théâtre au faîte de sa carrière, mais qui craint le passage du temps. Elle rencontre une de ses fans, Eve, qu’elle prend sous son aile. Mais Eve se révèle être une forme de coucou : elle manigance pour devenir la doublure de Margo, tente de séduire son fiancé de se faire attribuer le prochain rôle écrit pour Margot par son ami scénariste. Mais les manigances d’Eve vont se heurter à la solide amitié entre Margot et ses amis, et elle va finir par tomber sur plus fort qu’elle en la personne du critique de théâtre Addison de Witt qui est aussi le narrateur du film…

C’était très bien. En plus de l’intrigue principale et des rôles très bien joué par les actrices qui les porte il y a en arrière-plan une réflexion sur le monde du théâtre – et quelques piques envers Hollywood et le monde du film – et toute une réflexion sur le vieillissement des actrices et les rôles qui leur restent. Bette Davis est incroyable en Margo, diva du théâtre prête à faire des crises à tout le monde, le rôle d’Ève en jeune première aux dents incroyablement longues est très réussi aussi. En second rôle la gouvernante sassy de Margo est super aussi. Les rôles masculins sont un peu moins marquants, il sont un peu plus supporting cast sympathique, excepté Addison qui fait un excellent méchant presque Disneyien, la figure du critique à la plume trempée dans du poison a un petit côté Ratatouille, avec en plus des manigances en arrière plan à la Scar.

Recommandé si vous aimez le théâtre et les gens qui se disent ingénus mais qui ne sont pas du tout ingénus.

The Thing, de John Carpenter

Film de SF horrifique états-unien paru en 1982. Le personnel de la station antarctique US voient apparaître dans leur base un chien poursuivi par deux Norvégiens qui lui tirent dessus. Les deux Norvégiens meurent rapidement, sans avoir le temps d’expliquer les raisons de leur comportement. Les États-uniens découvrent bien vite que le chien était en fait une créature extraterrestre ayant pris l’apparence d’un chien. Cette créature peut infecter n’importe quelle créature vivante pour la transformer en elle-même. Incapable de déterminer si les différents membres de l’équipage sont encore eux-mêmes ou infectés par la Chose, l’ensemble de la station sombre dans la paranoïa.

J’avais vu le remake/prequel de 2011 il y a quelques années, j’ai enfin vu l’original de Carpenter ! Avec un Kurt Russell en grande forme et sans eyepatch. Les effets spéciaux artisanaux pour l’apparence de la Chose sont un peu datés mais font quand même leur effet et montre le côté imaginatif du body horror de Carpenter, avec un côté grand guignol parfois (le torse qui se transforme en machoire pour avaler le défibrillateur, c’est un excellent comedic timing), avec une thématique « l’ennemi parmi nous » et « la maladie qui se transmet par le sang ». Le côté isolation et paranoïa fonctionne bien, les zones polaires sont franchement un terrain fertile pour l’horreur (vivement le Frankenstein de Guillermo del Toro d’ailleurs)

Un classique.

A House of Dynamite, de Kathryn Bigelow

Film étatsunien paru en 2025. Les systèmes de défense étatsuniens détectent un missile intercontinental une fois qu’il est déjà en vol, à destination de leur territoire. La fenêtre pour son interception est d’une vingtaine de minutes. On suit le déroulement des protocoles de défense, les échanges entre toutes les pièces de la machine gouvernementale qui gèrent le sujet.

Les 30 premières minutes sont très bien. On voit tout le déroulement de la gestion de crise au niveau de gens qui sont relativement haut dans l’appareil sans être les preneurs de décision ultimes, qui réalisent l’impact de l’événement progressivement. C’est un film sur de la gestion de crise, pas du tout un film d’action. Le problème c’est que l’heure et quelque suivante est dédiée à la répétition du même : on repart au moment de la détection du missile mais avec d’autres acteurs, plus haut placé dans la chaine de décision. D’une part on n’a plus l’effet de surprise, mais en plus c’est moins intéressant de suivre cet échelon (et encore moins une 3e fois au niveau président/secrétaire à la Défense). Si ça illustre la dépossession des prises de décisions au profit des protocoles mis en place, ça reste une mise en scène du pouvoir – même si c’est un pouvoir empêché – plutôt que des exécutants. Second reproche, on est sur une mise en scène d’États-Unis encore dans l’ère Obama. Au delà du fait que le Président soit incarné par Idriss Elba, c’est surtout que tous les échelons du gouvernement sont occupés par des personnes compétentes. Alors certes même dans ce cas la menace nucléaire reste terrifiante (parce que oui spoiler rapidement la question n’est plus de savoir s’ils vont réussir à intercepter le missile mais quel scénario de contre-attaque mettre en œuvre contre une attaque prévue comme dévastatrice sur les États-Unis continentaux, même sans savoir contre qui réattaquer : il faut répliquer pour montrer que les États-Unis ne sont pas faibles, par crainte que sinon une seconde attaque pire advienne), mais la réalité actuelle n’est même plus ce scénario mais celui d’une puissance nucléaire dans les mains d’un gouvernement ouvertement incompétent et vindicatif.

Je recommandes les 30 premières minutes.

Sorry, baby, de Eva Victor

Film étatsunien paru en 2025. Agnes et Lydie sont ami.es depuis leurs années de thèse ou elles étaient coloc dans une petite maison de Nouvelle-Angleterre. Agnes y habite toujours, Lydie a déménagé à NY avec son/sa partenaire. Elle revient voir régulièrement voir Agnes, qui est devenue professeure dans la fac où elles ont étudié et a hérité du bureau de son ancien encadrant. Ce qui n’est pas une très bonne nouvelle pour elle, étant donné que celui-ci l’a violée. Le film parle de la gestion d’un événement traumatique et de la personne qu’on devient après. J’ai des ami.es qui l’ont beaucoup aimé, mais perso ça m’a laissé assez froid. C’est pas mal traité, mais je trouve le film ultra classique dans ses plans, son traitement, oui ok y’a une jolie lumière sur la Nouvelle-Angleterre en hiver, mais bon.

Weapons, de Zach Cregger

Film d’horreur états-unien de 2025. Dans une petite ville américaine, 17 enfants d’une même classe disparaissent une nuit, à la même heure. Le dernier enfant et la maîtresse sont questionnés, mais aucune piste n’apparaît. On va suivre le point de vue de la maîtresse, d’un parent d’élève, d’un policier, du proviseur, d’un marginal et finalement de l’enfant non-disparu, pour voir les pièces du puzzle se mettre en place.

Globalement, un film un peu brouillon (trop d’éléments je trouve), mais avec pas mal de potentiel. L’ouverture sur une narration par un enfant et le sujet de la disparition d’enfants (+ de la magie) fait un peu conte (mais ça ne colle pas trop avec d’autres éléments plus prosaïques ou adultes du film), la narration non-linéaire est intéressante pour avoir les différents points de vue (mais parfois c’est de la répétition pure, et surtout la clef de l’histoire nous est cachée jusqu’à quasiment la fin – ce n’est pas une addition d’éléments qui nous permet de comprendre l’histoire), le côté violence psychologique sur Alex est bien mis en scène. Mais tous ces éléments ne vont pas forcément bien ensemble, ça fait des variations tonales assez importantes, avec des moments plus horrifiques, d’autres plus comiques, des aspects naturalistes, d’autres plus fantaisistes.

Film améliorable mais réalisateur à suivre je pense.

Brightburn, de David Yarovesky

Superman x Adolescence

Film d’horreur étatsunien paru en 2019. Un vaisseau spatial tombe dans les champs d’un couple du Kansas, qui y découvre un bébé, et l’adopte. Le bébé extraterrestre découvre à la puberté qu’il a des pouvoirs, et le secret de ses origines. Sauf que le message qui lui est transmis par son vaisseau spatial, c’est « Règne sur le monde » (et là je suis très content d’avoir regardé ce film back-to-back avec le Superman de James Gunn – qui était producteur de celui-ci, parce que ça montre vraiment deux traitements d’une même prémisse), et qu’au lieu de devenir un super héros aimé de toustes, le petit Brandon Breyer va devenir un psychopathe tendance incel, réglant son compte à toute sa famille qui tente de le raisonner.

Les rappels au mythe de Superman sont assez réussis : le setup initial évidemment, la cape (avec une couverture), la scène où il porte sa mère dans le ciel qui rappelle les scènes classiques avec Loïs Lane, même la façon dont le leitmotiv du protagoniste est instrumenté. L’enfant-acteur joue très bien le personnage de Breyer, la scène où il explique sa supériorité naturelle à la psychologue est assez glaçante. Son rapport à la fille qu’il apprécie mais dont il casse le bras pour avoir osé s’opposer à lui est aussi bien écrit. L’horreur plus classique avec sa famille est bien mise en scène, avec divers degrés de gore selon les personnages.

Recommandé si vous aimez bien l’horreur et Superman.

Superman, de James Gunn

Film étatsunien de 2025. Yet another version de Superman vs Lex Luthor. Dans la même veine que Fantastic Four: First Steps, on est sur du superhéroïsme optimiste, avec un Superman un peu ingénu. Ça fait du bien de sortir des trucs dark, mais 2h20 c’est vraiment trop long pour un film de Superman. L’esthétique un peu kitsch est chouette, mais bon tous les trucs sur la Justice League ça aurait pu être coupé pour gagner du temps.

Contrairement à FF:FS, vu que Superman se passe à l’époque actuelle, on a bien un gouvernement qui fait des crasses dans l’ombre (en s’alliant à la mégacorporation de Lex Luthor) et des questions de géopolitiques, dans lesquelles un Superman idéaliste se prend rapidement les pieds. Les métahumains créés par Luthor pour affronter Superman sont plutôt réussis (dont un Bizarro pas appelé comme ça parce que ça faisait peut-être un peu trop wacky même pour ce film), par contre beaucoup de retournements de scénario qui sont plutôt des trous de scénario (Métamorpho qui est le seul qui peut fournir un soleil à Superman dans l’univers de poche, dommage que Lex l’ait laissé dans la cellule de Superman…).

Le twist sur le fait que les parents biologiques de Superman lui confiait pour mission de régner sur la Terre (mais qu’il n’a jamais eu la fin du message et qu’il a donc bien tourné) est intéressant, pour sortir de la vision de Krypton comme une civilisation avancée bénéfique, et pour montrer que ce n’est pas la « nature profonde » de Superman qui fait qu’il est bon mais son éducation et ses choix personnels.

Sympa si vous aimez bien la mythologie de Superman mais pas indispensable non plus.

Fantastic Four: First Steps, de Matt Shakman

Film de super-héros étatsunien de 2025. Dans des années 60 rétrofuturistes, les Quatre Fantastiques sont des super-héros, aimés par la Terre entière. Apprenant que Galactus va détruire leur planète, ils décident d’aller négocier avec le destructeur de mondes. Celui-ci leur propose un marché de conte de fées : la survie de la planète contre leur premier-né. Ils refusent, et vont trouver une autre façon de défaire le Dieu Affamé.

Pas mal de choix intéressants : le film assume que tous les spectateurs connaissent l’origin story des héros et saute ce passage pour arriver directement 4 ans plus tard quand leur célébrité et superhéroïcité est établie. L’esthétique rétrofuturiste marche assez bien, on sent que les décorateurs se sont fait plaisir. Sue comme la leader politique du groupe, personnage reconnu à l’échelle du globe est intéressant aussi, plutôt que d’en faire la perpétuelle femme invisible. La scène où elle utilise son pouvoir pour rendre son fils visible dans son ventre est sympa aussi, le côté « usage domestique des superpouvoirs » étant un de mes pet peeves.

Dans le moins convaincant, le fait de once again raconter « les 4 Fantastiques contre Galactus » ça me laisse perplexe : pourquoi c’est considéré comme une histoire intéressante en soi ? Le fait que pour protéger son enfant Sue arrive à utiliser ses pouvoirs de façon démesurée ça me un petit goût de conservatisme aussi. Et pour creuser dans cette veine : je vois bien que l’idée du film c’est de s’éloigner au maximum des histoires de super-héros dark et torturé, mais quand même, avoir au centre de l’histoire des gens qui sont présentés comme à la fois les seules personnes avec des super-pouvoirs, le plus grand génie du monde, la femme politique globalement leader du monde, qui sont en plus universellement aimés et représentent la famille idéale, ça a une petite vibe « le fascisme redéguisé en atompunk ». En plus, on est dans les années 60 et y’a zéro mouvement pour les droits civiques ? On voit d’ailleurs à zéro moment un quelconque gouvernement, ni même l’armée pour tenter de contrer une menace existentielle pour l’Humanité, c’est vraiment 4 pelo qui sont la première et dernière ligne de défense.

Bref, sympa mais pur divertissement.