Archives par mot-clé : film US

The Thing, de John Carpenter

Film de SF horrifique états-unien paru en 1982. Le personnel de la station antarctique US voient apparaître dans leur base un chien poursuivi par deux Norvégiens qui lui tirent dessus. Les deux Norvégiens meurent rapidement, sans avoir le temps d’expliquer les raisons de leur comportement. Les États-uniens découvrent bien vite que le chien était en fait une créature extraterrestre ayant pris l’apparence d’un chien. Cette créature peut infecter n’importe quelle créature vivante pour la transformer en elle-même. Incapable de déterminer si les différents membres de l’équipage sont encore eux-mêmes ou infectés par la Chose, l’ensemble de la station sombre dans la paranoïa.

J’avais vu le remake/prequel de 2011 il y a quelques années, j’ai enfin vu l’original de Carpenter ! Avec un Kurt Russell en grande forme et sans eyepatch. Les effets spéciaux artisanaux pour l’apparence de la Chose sont un peu datés mais font quand même leur effet et montre le côté imaginatif du body horror de Carpenter, avec un côté grand guignol parfois (le torse qui se transforme en machoire pour avaler le défibrillateur, c’est un excellent comedic timing), avec une thématique « l’ennemi parmi nous » et « la maladie qui se transmet par le sang ». Le côté isolation et paranoïa fonctionne bien, les zones polaires sont franchement un terrain fertile pour l’horreur (vivement le Frankenstein de Guillermo del Toro d’ailleurs)

Un classique.

A House of Dynamite, de Kathryn Bigelow

Film étatsunien paru en 2025. Les systèmes de défense étatsuniens détectent un missile intercontinental une fois qu’il est déjà en vol, à destination de leur territoire. La fenêtre pour son interception est d’une vingtaine de minutes. On suit le déroulement des protocoles de défense, les échanges entre toutes les pièces de la machine gouvernementale qui gèrent le sujet.

Les 30 premières minutes sont très bien. On voit tout le déroulement de la gestion de crise au niveau de gens qui sont relativement haut dans l’appareil sans être les preneurs de décision ultimes, qui réalisent l’impact de l’événement progressivement. C’est un film sur de la gestion de crise, pas du tout un film d’action. Le problème c’est que l’heure et quelque suivante est dédiée à la répétition du même : on repart au moment de la détection du missile mais avec d’autres acteurs, plus haut placé dans la chaine de décision. D’une part on n’a plus l’effet de surprise, mais en plus c’est moins intéressant de suivre cet échelon (et encore moins une 3e fois au niveau président/secrétaire à la Défense). Si ça illustre la dépossession des prises de décisions au profit des protocoles mis en place, ça reste une mise en scène du pouvoir – même si c’est un pouvoir empêché – plutôt que des exécutants. Second reproche, on est sur une mise en scène d’États-Unis encore dans l’ère Obama. Au delà du fait que le Président soit incarné par Idriss Elba, c’est surtout que tous les échelons du gouvernement sont occupés par des personnes compétentes. Alors certes même dans ce cas la menace nucléaire reste terrifiante (parce que oui spoiler rapidement la question n’est plus de savoir s’ils vont réussir à intercepter le missile mais quel scénario de contre-attaque mettre en œuvre contre une attaque prévue comme dévastatrice sur les États-Unis continentaux, même sans savoir contre qui réattaquer : il faut répliquer pour montrer que les États-Unis ne sont pas faibles, par crainte que sinon une seconde attaque pire advienne), mais la réalité actuelle n’est même plus ce scénario mais celui d’une puissance nucléaire dans les mains d’un gouvernement ouvertement incompétent et vindicatif.

Je recommandes les 30 premières minutes.

Sorry, baby, de Eva Victor

Film étatsunien paru en 2025. Agnes et Lydie sont ami.es depuis leurs années de thèse ou elles étaient coloc dans une petite maison de Nouvelle-Angleterre. Agnes y habite toujours, Lydie a déménagé à NY avec son/sa partenaire. Elle revient voir régulièrement voir Agnes, qui est devenue professeure dans la fac où elles ont étudié et a hérité du bureau de son ancien encadrant. Ce qui n’est pas une très bonne nouvelle pour elle, étant donné que celui-ci l’a violée. Le film parle de la gestion d’un événement traumatique et de la personne qu’on devient après. J’ai des ami.es qui l’ont beaucoup aimé, mais perso ça m’a laissé assez froid. C’est pas mal traité, mais je trouve le film ultra classique dans ses plans, son traitement, oui ok y’a une jolie lumière sur la Nouvelle-Angleterre en hiver, mais bon.

Weapons, de Zach Cregger

Film d’horreur états-unien de 2025. Dans une petite ville américaine, 17 enfants d’une même classe disparaissent une nuit, à la même heure. Le dernier enfant et la maîtresse sont questionnés, mais aucune piste n’apparaît. On va suivre le point de vue de la maîtresse, d’un parent d’élève, d’un policier, du proviseur, d’un marginal et finalement de l’enfant non-disparu, pour voir les pièces du puzzle se mettre en place.

Globalement, un film un peu brouillon (trop d’éléments je trouve), mais avec pas mal de potentiel. L’ouverture sur une narration par un enfant et le sujet de la disparition d’enfants (+ de la magie) fait un peu conte (mais ça ne colle pas trop avec d’autres éléments plus prosaïques ou adultes du film), la narration non-linéaire est intéressante pour avoir les différents points de vue (mais parfois c’est de la répétition pure, et surtout la clef de l’histoire nous est cachée jusqu’à quasiment la fin – ce n’est pas une addition d’éléments qui nous permet de comprendre l’histoire), le côté violence psychologique sur Alex est bien mis en scène. Mais tous ces éléments ne vont pas forcément bien ensemble, ça fait des variations tonales assez importantes, avec des moments plus horrifiques, d’autres plus comiques, des aspects naturalistes, d’autres plus fantaisistes.

Film améliorable mais réalisateur à suivre je pense.

Brightburn, de David Yarovesky

Superman x Adolescence

Film d’horreur étatsunien paru en 2019. Un vaisseau spatial tombe dans les champs d’un couple du Kansas, qui y découvre un bébé, et l’adopte. Le bébé extraterrestre découvre à la puberté qu’il a des pouvoirs, et le secret de ses origines. Sauf que le message qui lui est transmis par son vaisseau spatial, c’est « Règne sur le monde » (et là je suis très content d’avoir regardé ce film back-to-back avec le Superman de James Gunn – qui était producteur de celui-ci, parce que ça montre vraiment deux traitements d’une même prémisse), et qu’au lieu de devenir un super héros aimé de toustes, le petit Brandon Breyer va devenir un psychopathe tendance incel, réglant son compte à toute sa famille qui tente de le raisonner.

Les rappels au mythe de Superman sont assez réussis : le setup initial évidemment, la cape (avec une couverture), la scène où il porte sa mère dans le ciel qui rappelle les scènes classiques avec Loïs Lane, même la façon dont le leitmotiv du protagoniste est instrumenté. L’enfant-acteur joue très bien le personnage de Breyer, la scène où il explique sa supériorité naturelle à la psychologue est assez glaçante. Son rapport à la fille qu’il apprécie mais dont il casse le bras pour avoir osé s’opposer à lui est aussi bien écrit. L’horreur plus classique avec sa famille est bien mise en scène, avec divers degrés de gore selon les personnages.

Recommandé si vous aimez bien l’horreur et Superman.

Superman, de James Gunn

Film étatsunien de 2025. Yet another version de Superman vs Lex Luthor. Dans la même veine que Fantastic Four: First Steps, on est sur du superhéroïsme optimiste, avec un Superman un peu ingénu. Ça fait du bien de sortir des trucs dark, mais 2h20 c’est vraiment trop long pour un film de Superman. L’esthétique un peu kitsch est chouette, mais bon tous les trucs sur la Justice League ça aurait pu être coupé pour gagner du temps.

Contrairement à FF:FS, vu que Superman se passe à l’époque actuelle, on a bien un gouvernement qui fait des crasses dans l’ombre (en s’alliant à la mégacorporation de Lex Luthor) et des questions de géopolitiques, dans lesquelles un Superman idéaliste se prend rapidement les pieds. Les métahumains créés par Luthor pour affronter Superman sont plutôt réussis (dont un Bizarro pas appelé comme ça parce que ça faisait peut-être un peu trop wacky même pour ce film), par contre beaucoup de retournements de scénario qui sont plutôt des trous de scénario (Métamorpho qui est le seul qui peut fournir un soleil à Superman dans l’univers de poche, dommage que Lex l’ait laissé dans la cellule de Superman…).

Le twist sur le fait que les parents biologiques de Superman lui confiait pour mission de régner sur la Terre (mais qu’il n’a jamais eu la fin du message et qu’il a donc bien tourné) est intéressant, pour sortir de la vision de Krypton comme une civilisation avancée bénéfique, et pour montrer que ce n’est pas la « nature profonde » de Superman qui fait qu’il est bon mais son éducation et ses choix personnels.

Sympa si vous aimez bien la mythologie de Superman mais pas indispensable non plus.

Fantastic Four: First Steps, de Matt Shakman

Film de super-héros étatsunien de 2025. Dans des années 60 rétrofuturistes, les Quatre Fantastiques sont des super-héros, aimés par la Terre entière. Apprenant que Galactus va détruire leur planète, ils décident d’aller négocier avec le destructeur de mondes. Celui-ci leur propose un marché de conte de fées : la survie de la planète contre leur premier-né. Ils refusent, et vont trouver une autre façon de défaire le Dieu Affamé.

Pas mal de choix intéressants : le film assume que tous les spectateurs connaissent l’origin story des héros et saute ce passage pour arriver directement 4 ans plus tard quand leur célébrité et superhéroïcité est établie. L’esthétique rétrofuturiste marche assez bien, on sent que les décorateurs se sont fait plaisir. Sue comme la leader politique du groupe, personnage reconnu à l’échelle du globe est intéressant aussi, plutôt que d’en faire la perpétuelle femme invisible. La scène où elle utilise son pouvoir pour rendre son fils visible dans son ventre est sympa aussi, le côté « usage domestique des superpouvoirs » étant un de mes pet peeves.

Dans le moins convaincant, le fait de once again raconter « les 4 Fantastiques contre Galactus » ça me laisse perplexe : pourquoi c’est considéré comme une histoire intéressante en soi ? Le fait que pour protéger son enfant Sue arrive à utiliser ses pouvoirs de façon démesurée ça me un petit goût de conservatisme aussi. Et pour creuser dans cette veine : je vois bien que l’idée du film c’est de s’éloigner au maximum des histoires de super-héros dark et torturé, mais quand même, avoir au centre de l’histoire des gens qui sont présentés comme à la fois les seules personnes avec des super-pouvoirs, le plus grand génie du monde, la femme politique globalement leader du monde, qui sont en plus universellement aimés et représentent la famille idéale, ça a une petite vibe « le fascisme redéguisé en atompunk ». En plus, on est dans les années 60 et y’a zéro mouvement pour les droits civiques ? On voit d’ailleurs à zéro moment un quelconque gouvernement, ni même l’armée pour tenter de contrer une menace existentielle pour l’Humanité, c’est vraiment 4 pelo qui sont la première et dernière ligne de défense.

Bref, sympa mais pur divertissement.

Together, de Michael Shanks

Film étatsunien de 2025. Tim et Millie sont un couple qui a du mal à savoir pourquoi ils restent ensemble. Millie est prof, Tim est guitariste qui espère passer professionnel, mais à 35 ans ce rêve devient de plus en plus utopiques. Les deux vivent à New York, Millie accepte un poste dans une petite ville charmant des US, et les deux y déménagent, dans une grande maison qui fait un peu « case à cocher sur la liste du couple ». Alors qu’ils font une rando dans les bois autour de la ville, ils tombent dans une caverne où ils sont infectés par une maladie mystérieuse : ils sont attirés l’un par l’autre, littéralement. Leurs corps tentent de se rapprocher, et quand ils se touchent, leur corps fusionnent. Ça donne de belles scènes de body horror, et un film sans antagoniste (il y en a un secondaire, mais c’est pas le cœur du film), où la relation entre les personnages principaux (et le fait qu’elle devienne littéralement fusionnelle malgré eux) est le cœur du film. Ça en fait un film d’horreur original qui renouvelle un peu les tropes.

Par contre niveau photographie c’est très classique.

A Desert, de Joshua Erkman

Film étatsunien de 2024. Alex est photographe sur le retour. Muni d’un ancien appareil photo à soufflet, il photographie des lieux abandonnés dans l’Ouest américain. Lors d’une session d’exploration il fait la rencontre de Renny et Suzie Q, un couple de white trash qui n’ont pas l’air d’avoir ses meilleurs intérêts à cœur…

J’ai beaucoup aimé la première partie, la photographie est très belle (et y’a une bande son diégétique très chouette à base de jazz quand on dans la voiture d’Alex), que ce soit dans les lieux urbexés, dans le motel ou en extérieur. Moins fan de la seconde, où on comprend moins ce qui se passe et où le film présente de nouveaux enjeux de façon assez random.

Ash, de Flying Lotus

Film étatsunien de 2025, SF horrifique. Une femme se réveille amnésique, dans un module d’habitation sur une planète extraterrestre. Tous les autres occupants du module sont morts. On frappe à la porte du module…

Les images sont jolies, mais le scénario est étique. On voit de fortes influences d’Alien et surtout de The Thing, mais en moins réussi et en très dérivatif. J’ai pensé que le twist allait être qu’on suivait le point de vue de the Thing mais qui n’avait pas conscience de l’être (parce qu’elle serait une copie trop parfaite), ce qui aurait pu faire de l’horreur existentielle assez intéressante (et un peu de body horror vue « de l’intérieur »), mais même pas, notre héroïne impeccablement maquillée est bien une gentille fille, les flashback où elle tue des gens c’est bien parce que les gens sont devenus méchants, she never did anything wrong in her life.

Donc bon, bof.