Archives par mot-clé : fantastique

Else, de Thibault Emin

Film fantastique français de 2025. Suite à l’annonce de l’apparition d’une nouvelle pandémie, le gouvernement annonce un confinement. Anx et Cass viennent de se rencontrer pendant une soirée, mais elle décide de venir se confiner chez lui. Malgré leurs tempéraments qui s’oppose sur pas mal de points, la romance entre eux se développe. Pendant ce temps, dehors, l’épidémie transmise par le regard continue de progresser : les gens fusionnent avec les éléments de leur entourage. La maladie finit par rentrer dans le cocon des deux amoureux : Cass est contaminée, elle commence à se fondre dans les draps de son lit, puis dans l’immeuble tout entier.

C’était original dans le traitement de l’image, avec pas mal de flou, un passage réussi en noir et blanc, des effets spéciaux analogiques (bon et des images en IA pas top dont on aurait pu se passer). Un petit côté Cronenberg dans la soudaine porosité des limites corporelles (et matérielles, les objets se mettant à fusionner entre eux, l’immeuble bourgeonnant, rendant plus étroit l’intérieur de l’appartement…) mais traité sur un mode plus poétique.

Hellboy: The Crooked Man, de Brian Taylor

Film fantastico-horrifique sorti en 2024. Adaptation d’un comics sur les pérégrinations du jeune Hellboy qui rencontre plein de créatures maléfiques. En l’occurrence c’est une incarnation du diable dans les Appalaches, en mode folk horror.

J’avais bien aimé la série de comics sur les jeunes années d’Hellboy, mais j’ai été très peu convaincu par cette adaptation en film. D’une part je pense que y’a des choses qui passent en comics qui marchent beaucoup moins en live action (la pelle bénite notamment), d’autre part c’était assez léger en scénario, dans le mythe général d’Hellboy c’est une histoire parmi d’autre, mais ça tient assez mal debout en tant que standalone.

Nosferatu, de Robert Eggers

Film fantastique de 2024, remake des deux versions précédentes (Murnau, 1922 et Werner Herzog, 1979). Dans la ville de Wisburg en 1838, Thomas Hutter est chargé par son patron d’aller faire signer à un client, le comte Orlok, le bail d’une propriété qu’il souhaite acquérir à Wisburg. Thomas s’embarque pour un voyage de 6 semaines jusqu’aux Carpathes, ou le comte l’accueille dans son château en ruine. Thomas ne réalise pas que son patron est en fait de mèche avec le comte et que le contrat qu’il fait signer le fait en réalité renoncer à ses droits maritaux au profit du comte, obsédé par sa femme depuis que celle-ci l’a fait revenir à la vie avec une prière dans sa jeunesse (parce que pourquoi pas).

Ça reprend fidèlement l’histoire du film de Murnau, qui est un décalque non-autorisé de celle de Dracula (ce qui explique les noms changés, mais sinon ce sont vraiment les mêmes ressorts). C’est assez long (2h10), mais j’ai bien aimé l’ambiance. Comme ça se base sur un vieux film, forcément c’est pas du tout le rythme d’un film moderne, mais les ambiances sont réussies, avec des espèces de nuit américaine qui baignent le film dans des ton grisâtres. Tous les effets qui jouent avec l’ombre du vampire marchent assez bien, la scène où l’ombre de sa main s’étend sur la ville entière notamment, très beau symbolisme et on voit bien l’hommage à l’expressionnisme allemand de l’original. L’apparence du vampire lui-même d’ailleurs, en espèce de cadavre répugnant (on n’est pas du tout dans le vampire sexy) est très réussie aussi.

Je recommande (si vous aimez les vampires dégueulasses).

American elsewhere, de Robert Jackson Bennett

Roman fantastique US paru en 2013, par le même auteur que la trilogie de fantasy The Founders. Mona Bright découvre à la mort de ses parents que sa mère possédait une maison à Wink, petite ville du Nouveau Mexique qui n’apparait sur aucune carte. Wink se révèle une ville construite pour héberger les travailleurs du laboratoire Coburn, un laboratoire de physique expérimentale qui est désaffecté depuis de longues années. Mais les expériences du laboratoire ont été un succès : Wink n’est pas le foyer uniquement d’humain.es, mais aussi d’entités plus mystérieuses, qui ont passé un marché avec les humain.es : leur présence et leurs maniérismes sont acceptés, et en échange ils peuvent faire de Wink l’incarnation du rêve américain, où chacun a un pavillon et une pelouse parfaitement tondue.

Des éléments intéressants, mais le livre est trop long. Il y a tout un ventre mou de l’installation de Mona à Wink, qui aurait dû être réécrit et condensé. Le côté horreur cosmique est finalement seulement approché, les créatures d’outre-espace étant finalement pour la plupart bien disposées envers les humain.es. L’idée de rapprocher les idées d’American Dream et d’entités eldritch était un bon point de départ, mais n’est pas assez creusée. L’auteur s’approche un peu du sujet avec le fait que la compréhension des créatures fait qu’il est interdit de déroger à des règles qui incluent l’hétérosexualité et le sexe uniquement dans le cadre du mariage, mais s’en tire avec une pirouette sur les questions de race . Dommage, parce que ç’aurait été les thèmes les plus intéressants à creuser.

Pas désagréable, mais oubliable.

L’Homme gribouillé de Frederik Peeters et Serge Lehman

Bande dessinée parue en 2018. Betty Couvreur est une quarantenaire qui travaille pour la maison d’édition qui publie sa mère. Lorsque celle-ci fait un AVC alors qu’un mystérieux inconnu se présente à son domicile et terrorise sa petite-fille (la fille de Betty, donc), ces deux dernières (Betty et sa fille, qu’est-ce que vous trouvez de compliqué à suivre là-dedans ?) se mettent à enquêter sur le passé de leur mère et grand-mère respective. Rapidement leur enquête prend un tour fantastique, entre réseau de la Résistance, groupe de psychogéographie occulte, golem sous légende et village détruit par un tremblement de terre…

J’ai bien aimé, on est dans les thèmes ultraclassiques de Peeters et Lehman, qui tombent pile dans mes marottes. Le dessin en noir et blanc est beau, vu l’histoire un peu style polar je me serai attendu à quelque chose de plus sec et anguleux mais ça marche très bien comme ça.

Replay de Ken Grimwood

Roman fantastique américain paru en 1986.
Jeffrey Winston, journaliste appartenant à la classe moyenne américaine, meurt d’une crise cardiaque à 43 ans, en 1988. Il se réveille en 1963, avec tous les souvenirs de sa vie. Profitant de sa connaissance des événements sportifs et des évolutions du marché, il bâtit un empire financier, change totalement les gens avec qui il vit, et fait surveiller extensivement son cœur à l’approche des 43 ans, sans éviter pour autant la crise cardiaque… et se réveiller en 1963.

J’ai bien aimé. C’est assez original pour une histoire de boucle temporelle au vu de la durée de la boucle qui s’étale sur 25 ans au lieu de une ou quelques journées habituellement. Après c’est assez marqué dans son époque ; notamment c’est assez orienté sur la sexualité (notamment avec le fait qu’il y ait la libération sexuelle au milieu et que donc les premières années de replay se fassent dans un environnement assez corseté même pour des personnages qui sont dans leurs années d’université) et – assez logiquement – il n’y a rien sur le changement climatique, quand le personnage tente dans un de ses replays d’améliorer le cours de l’histoire, il tente d’empêcher l’assassinat de Kennedy en pensant que ça améliorera automatiquement tout ce qui vient après. Je suis un peu sceptique sur la capacité de mémorisation des personnages sur une Histoire (et leur histoire personnelle) qui s’étend sur 25 ans par contre (surtout qu’à la fin ils ont vécu plus d’une centaine d’années de replay, avec des variations autour de motifs). La mécanique de la boucle qui commence de plus en plus tard à chaque fois, figeant les personnages dans les choix qu’ils avaient fait dans leur première vie est intéressante et permet d’explorer le rapport des personnages aux différentes personnes qu’ils ont connu dans leur vie.

Je recommande si vous aimez les boucles temporelles.

Gremlins, de Joe Dante

Film fantastique américain sorti en 1984. Durant les fêtes de Noël, un père de famille ramène à son fils un animal de compagnie acheté dans une mystérieuse boutique chinoise : un mogwai.
Cette créature intelligente et mignonne est accompagnée de trois règles pour en prendre soin : ne pas l’exposer à la lumière, ne pas l’exposer à l’eau, ne pas lui donner de nourriture après minuit. Évidemment ces trois règles sont transgressées, et le mogwai donne naissance à une pléthore de gremlins, son alter ego maléfique, qui vont dévaster la petite ville de Kingston Falls, jusqu’à ce que les héros réussissent à s’en débarrasser avec l’aide de Gizmo, le mogwai originel.
C’était assez sympa, ça respecte bien la forme du conte de Noël avec des personnages (les humains comme les gremlins) over the top, la dévastation causée par les gremlins est cool à regarder (les gremlins ont d’ailleurs une compréhension assez instantanée de comment fonctionnent la société et les machines humaines – renforçant leur statut de créatures magiques)

C’était cool comme film de Noël, et il en existe une bien meilleure critique dans Chroma.

Extraordinary, d’Emma Moran

Série anglaise de 2023. Jen vit dans un monde où les gens acquièrent un super pouvoir autour de leur majorité. À 23 ans, le sien ne s’est toujours pas déclaré, ce qu’elle ne vit pas très bien. On voit sa vie entre ses colocs, le chat qu’elle vient de récupérer dans la rue, son PQR et son boulot dans une boutique de costumes.

J’ai beaucoup aimé. C’est un peu Misfits x Fleabag : une héroïne avec une vie chaotique dans un univers avec des superpouvoirs lowkey (mon headcanon est d’ailleurs qu’on est dans le futur de Misfits, où les superpouvoirs se sont généralisés). La série est bien écrite, les blagues fonctionnent bien, les personnages sont des désastres ambulants mais attachants.

Saison 2 [Edit 2024] :
More of the same, et ça fonctionne toujours aussi bien. La représentation de l’esprit de Jen en tant que librairie chaotique est très drôle. Pas mal d’émotions avec la résolution de la relation de Jen à son père. Je recommande toujours.

The Magicians, de Lev Grossman

Roman de 2009. Quentin Coldwater, adolescent surdoué et dépressif, découvre que la magie existe quand il est recruté dans une école de magiciens. Émerveillé de faire partie d’une élite et de connaître la réalité du fonctionnement du monde, il va rapidement réaliser que ces nouveaux pouvoirs ne suffisent pas à combler le vide en lui, et va chercher toujours plus loin des façons d’oublier sa condition humaine, que ce soit dans la drogue, le sexe, ou l’exploration d’un univers parallèle inspiré de la série Narnia-like qu’il lisait enfant, où il espère que les règles binaires du monde vont lui permettre d’avoir une aventure moralement satisfaisante.

J’ai bien aimé, mais faut pas avoir peur des héros antipathiques. Quentin, qui commence juste comme un ado dépressif et incel, finit comme une espèce de monstre qui détruit tout ce qu’il touche avec son incapacité à être heureux cinq secondes d’affilée. Le livre présente les magiciens comme une élite nihiliste, qui ne se contente de rien puisqu’elle peut tout avoir sans efforts. C’est un point de vue un peu dark sur le monde.

Suzume, de Makoto Shinkai

Film d’animation japonais sorti en 2023. Suzume, lycéenne, vit dans une ville de campagne où elle est élevée par sa tante. Un jour, elle croise un bishonen énigmatique qui mentionne chercher une porte dans une zone en ruine. Elle va se mettre à la recherche de la porte, et déclencher accidentellement une série de catastrophes. Son crush transformé en chaise et une entité menaçant de détruire le Japon, elle va devoir voyager à travers l’archipel pour fermer des portes dans diverses zones abandonnées. Au fil de son voyage, elle va rencontrer plein de gens qui vont l’aider, et clarifier la situation avec son crush et avec sa tante.

C’était très beau, plein de paysages en ruines, de vues plongeantes de la côte et des montagnes japonaises, ça donne envie d’y aller. Par contre l’histoire ne m’a pas du tout parlé. Y’a plein de trucs qui se mêlent, la romance sort un peu de nulle part. Très saoulé aussi par le discours de Suzume à elle-même enfant, qui me semble un peu l’inverse de ce qu’il faut dire à quelqu’un en deuil (« tu vas grandir et tu vas rencontrer d’autres gens » ? Wesh elle vient de perdre sa mère et elle a 4 ans, un peu de compassion plutôt que du stoïcisme ce serait pas mal).