L’Âge d’Or, de Roxanne Moreil et Cyril Pedrosa

Bande dessinée médiévale en deux tomes. À la mort du roi, la princesse Tilda, qui doit hériter du trône, est exilée par le régent qui compte mettre son frère plus jeune et manipulable sur le trône. Soutenue par deux nobles en disgrâce à la cour, elle réussi à échapper à son bannissement, et se met en quête d’un mystérieux trésor que son père a évoqué sur son lit de mort. Quête classique, me direz-vous. Sauf qu’en parallèle, une révolte paysanne gronde à travers le royaume écrasé sous les taxes des nobles. Les paysans se réclament de l’Âge d’Or mythique, où la société n’était pas divisée en classe. Tilda et ses compagnons vont aussi tomber sur une communauté de femmes vivant en autarcie dans la forêt en suivant les principes de l’Âge d’Or. Ses compagnons commencent à avoir des doutes sur l’idée de soutenir un monarque contre un autre. Et quelles sont ces visions que Tilda a de plus en plus fréquemment, qui lui font voir une guerre à venir, qui semble l’épuiser et la rendre cruelle ?

C’est très dense. Ce premier tome pose largement plus de questions qu’il n’en résout, mais l’univers semble passionnant. Le dessin de Cyril Pedrosa est magnifique, grosse recommandation.

Tome 2 :
Moins convaincu. Je l’ai trouvé beaucoup moins dense que le premier. Le dessin est toujours très beau, mais l’action est très resserré sur le siège d’une forteresse, il n’y a pas le côté grand panorama qu’il y avait dans le précédent. Les fils narratifs en suspens sont tous résolus, mais il y a beaucoup moins ce souffle épique du premier. Un peu dommage.

Il faut flinguer Ramirez, tomes 1 & 2, de Nicolas Petrimaux

Bande dessinée située dans les années 80, et qui en revendique l’esthétique. Falcon City, Arizona. La Robotop, compagnie d’électroménager, s’apprête à dévoiler au public son nouveau modèle d’aspirateur, dans une mise en scène et une ferveur qui rappelle les lancements de produits Apple. Au sein du service après-vente de la Robotop, un employé hors pair : Jacques Ramirez. Muet, une tache de naissance qui lui prend la majorité du visage, et le meilleur réparateur d’aspirateur que le monde ait connu. Mais pas seulement. Un membre d’un cartel mexicain qui passe par là par hasard le croise, et réalise qu’il s’agit du tueur à gages implacable qui a trahit son cartel quelques années auparavant. Le cartel décide alors d’envoyer ses meilleurs éléments pour flinguer Ramirez…

Les pages sont très belles, avec des couleurs saturées qui revendiquent l’héritage 80’s à fond, et un choix de ne pas avoir de cadre (la bd s’étend vraiment sur toute la page). Le tome est divisé en acte, avec des publicités ou extraits de journaux à la fin des actes pour accentuer l’immersion dans l’univers.

Un reproche cependant, les personnages féminins, essentiellement deux principaux, un couple de femmes en cavale, mais qui sont mises en scène pour servir d’eye candy au lecteur masculin hétéro (bon ça arrive sur la fin de la BD mais c’est franchement nul de faire ça).

Tome 2 :
Le second tome est dans la droite ligne du précédent. Très réussi, il déploie plus largement l’histoire en rajoutant tout un pan du passé de Ramirez, et en éclaircissant les liens avec le cartel mexicain. Je suis très impressionné par les scènes de combat, qui sont ultra fluides à lire et restituent vraiment bien le mouvement. L’histoire est bien construite, les dessins sont très beau, le mélange action et comédie fonctionne très bien. Les personnages féminins sont largement plus intéressants et mis en valeur dans ce tome.

The Argonauts, de Maggie Nelson

Essai autobiographique sorti en 2015. L’autrice expose ses pensées sur le sujet de sa grossesse et de sa relation avec son partenaire, trans : leurs deux corps et leur relation et cellule familiale qui évoluent peu à peu lui évoque l’Argo restant le même bateau alors même que toutes ses parties sont peu à peu remplacées. C’est assez difficile à résumer, mais c’était intéressant, notamment les passages sur l’assignation à la maternité des femmes, et son opposé pour les personnes queer et la façon dont ça s’entrelace pour elle : en tant qu’universitaire son nouveau statut de mère est utilisé par certaines personnes pour tenter de la rabaisser, et elle assiste à des moments où inversement des femmes qui travaillent sur des sujets complexes et qui veulent s’intéresser à la maternité se font rabrouer : ce sujet est trop banal, ordinaire pour être digne d’étude. Et à la fois pour elle qui travaille sur la sexualité, la scène SM, on lui renvoie que c’est incompatible avec sa maternité, dans une espèce de panique morale. On retrouve la thématique de la maman et de la putain, qui devraient pour certaines personnes rester des facettes de la féminité totalement séparée. À l’inverse, Maggie Nelson parle de la figure de la sodomitical mother, qui mêle sexualité et maternité. Elle réclame notamment le fait de méler les deux aspects de sa vie (évidemment pas dans un sens pédophile, mais dans le fait qu’elle devrait pouvoir aller notamment voir un spectacle de cabaret avec un bébé (qui n’y comprendra rien) sans qu’on lui dise « euh non le bébé ça va ruiner l’atmosphère pour les autres personnes, c’est supposé être titillant »).

Forteresse Vauban

Quelques détails au hasard de notre promenade. C’est un gros ensemble de bâtiments classés patrimoine mondial de l’Unesco, répartis dans toute l’enceinte de la forteresse, avec des grandes étendues enherbées entre.

La lumière au bout du tunnel
Grille et jeux de lumière
Inscriptions
Cour abandonnée
Bâtiment abandonné
Une des entrées depuis les hauteurs (et les douves). Au loin, la Garonne

Ceux qui brûlent, de Nicolas Dehghani

Bande dessinée française sortie en 2021. Dans une ville industrielle sur le déclin, une flic qui sort juste de convalescence après un accident se voit obligée de faire équipe avec le boulet du commissariat, un flic tout pataud. Lancés sur la piste d’un tueur qui brûle ses victimes à l’acide, le duo va devoir affronter ses démons intérieurs : l’image du flic viril qu’il voudrait être pour Pouilloux, ses crises de vertige métaphysique pour Alex.

J’ai beaucoup aimé le dessin, les couleurs désaturées qui rendent très bien l’état de déclin de l’environnement urbain dans lequel prend place l’histoire. L’histoire est une enquête policière assez classique mais réussie dans sa mise en scène.

Blayais

Une journée dans le Blayais pour voir des ami.e.s. On a profité de la seule journée de beau temps sur le weekend de l’Ascension pour se balader un peu, et visiter notamment la forteresse Vauban qui surplombe la ville.

Un petit message à destination des capitalistes (Bordeaux)
Vue sur les toits de Bourg (le village qui voulait pas s’embêter pour trouver un nom)
Bourg toujours
Salle d’attente (du bac pour traverser l’estuaire)
Épave de bateau de la WWII

Coup de Torchon, de Bertrand Tavernier

All Colons Are Bastards.

Film français de 1981. Dans une petite ville d’Afrique Occidentale Française en 1938, Lucien Cordier est l’unique policier et représentant de l’ordre colonial. Ordinairement totalement amorphe, il décide un jour, poussé à bout par deux proxénètes et les moqueries de son supérieur de la grande ville, de faire le ménage dans les personnes qu’il considère comme mauvaises. Mais sa moralité est toute personnelle, et il va surtout éliminer celles et ceux qui le dérangent personnellement, sans remettre en question l’ordre en place quand il va dans son sens, tout en s’autopercevant comme une espèce de figure messianique.

J’ai bien aimé. C’est une ambiance assez particulière, un système colonial où l’on voit une petite notabilité blanche s’entredéchirer, sur fond de menace de guerre permanente et de délitement de toutes valeurs. L’espèce de croisade cheloue de Cordier peut faire un peu penser à un Apocalypse Now à la française – ou à un film sur un tueur en série, entrecoupé de scènes de séduction avec Isabelle Huppert.

Un ami à moi que nous nommerons Saul a aussi bien aimé. Il trouve que c’était « un peu comme un épisode de Rick & Morty », mais il n’a pas compris les scènes d’intro et de fin. « Ça illustrerait son passage en mode full nihilisme ? ». Une autre amie, Cénédicte , a trouvé ça un peu bizarre « mais a bien aimé Isabelle Huppert ».

Palm Springs, de Max Barbakow

Le Sens de la Fête x Groundhog Day

Film de boucle temporelle sorti en 2020. Nyles est à un mariage d’amis de sa femme. Et il est coincé dans une boucle temporelle. Lors d’une itération, il emporte accidentellement Sarah, la sœur de la mariée, dans la boucle. Ensemble, les deux vont tuer l’éternité comme il peuvent, s’entraînant dans une spirale nihiliste tout en profitant de la compagnie de la seule autre personne avec qui ils peuvent avoir une conversation originale.

C’était fort réussi. Une belle proposition sur le thème de la boucle temporelle, avec des personnages attachants et crédibles, terriblement imparfaits. J’ai beaucoup aimé la façon dont la boucle temporelle est finalement résolue. C’est pas un film particulièrement profond, mais il est réussi dans ce qu’il propose et joliment filmé tout en couleurs saturés

The Map of Tiny Perfect Things, de Ian Samuels

Film financé par Amazon et sorti en 2021. Variation sur le thème de la boucle temporelle : deux adolescent.es sont coincé.es dans une journée qui se répète en boucle de leur réveil à minuit pile. Ils vont se trouver puis trouver ensemble un moyen de sortir de la boucle, après avoir appris la valeur des bonheurs simples et des leçons sur l’inévitabilité du temps qui passe.

J’ai trouvé ça chiant. Y’a du mumbo jumbo scientifique sur le pourquoi de la boucle temporelle, les deux personnages sont ultra lisses et ne veulent que faire le bien autour d’elleux, la clef de la sortie de la boucle c’est évidemment l’amour, et les personnages sont poussés ensemble par le film. Tout est bien propre, bien léché rien qui dépasse. Regardez plutôt Palm Springs (dont je croyais avoir fait la revue mais visiblement non ; bientôt sur ce blog !)

Cordes sur Ciel

Randonnée à vélo depuis Albi jusqu’à Cordes sur Ciel, élu village préféré des français.es en 2014 (d’après la plaque apposée sur la mairie). C’est un joli village médiéval construit en haut d’une colline pour repérer les catholiques qui viennent réprimer les cathares (et de façon plus générale pour des raisons défensives). Entre le ciel qui n’a pas voulu laisser passer un seul rayon de soleil et la fermeture générale des magasins pour cause de pandémie dans un village qui semble essentiellement vivre du tourisme (et possède une densité incroyable d’atelier d’artisan.es), l’ambiance était un peu étrange.

Sinon la rando vélo c’était sympa mais Un Peu™ trop long : j’ai fait 52 km dans la journée, et c’était vallonné, et y’avait un vent persistant de face avec des rafales bien violentes sur tout le retour. Je suis rentré un peu cuit, mais je suis content de l’avoir fait.

Sur le chemin

En chemin je suis tombé sur l’église de saint-Jean le Froid, une petite église au milieu des champs avec juste le cimetière collé à l’église. Il y a visiblement des travaux de réfection et de mise en valeur du patrimoine qui ont été faits, mais on sent qu’il y a peu d’argent dans la commune.

Église de saint-Jean le Froid
Église de saint-Jean le Froid
Église de saint-Jean le Froid, détail
Cordes
Chapelle dans Cordes
Maison bourgeoise
Vue depuis les murs de Cordes
Depuis une des poternes
Une des rues