Une semaine de vacances à Biarritz avec OC. Nous avons passé la frontière pour faire une randonnée sur la journée le long de la côte, sur les hauteurs de Fontarabie.
Work in Progress, d’Abby McEnany et Tim Mason
Série télé qu’on a regardé en simultané avec OC, sortie en 2020 et se déroulant à Chicago. On suit la vie d’Abby, femme queer de 45 ans qui commence à sortir avec un mec trans de 22 ans.
C’était fort bien. Le dernier épisode est un peu déstabilisant parce qu’après avoir beaucoup épousé le point de vue d’Abby et fortement empathisé avec elle, on la voit soudain faire de la merde et depuis une perspective plus lointaine.
Je trouve intéressante la présentation d’Abby comme quelqu’un qui à la fois lutte pour gérer ses états mentaux – OCD, parler à la photo de sa psy, mentionner qu’elle est au bord de spiraler à plusieurs moments – et qui en même temps arrive à défoncer les gens qui la font chier, a des ami.e.s, un système de support, bref gère plein de trucs. Et je trouve aussi bien que ses difficultés mentales ne soient pas montrées comme « je rentre chez moi et là à l’abri des regards je fais une crise de panique » comme c’est souvent un cliché dans les films/séries.
De façon générale tous les persos sont très réussis je trouve. Mention spéciale pour sa némésis au boulot, un rôle mineur mais génial.
Saison 2 :
Abby n’est plus avec Chris, sa vie a été bouleversée par pas mal d’événements d’un coup : une promotion, la perte de ses journaux dans une inondation, une colocation avec son amie Campbell. Elle semble à la fois plus stable sur certains points, et en même temps en perte de pas mal de ses repères : un des fils rouges de la saison est constitué de ses tentatives de retrouver un psy qui lui convienne. En plus de ces événements perturbateurs initiaux, plusieurs autres vont arriver dans le cours de la saison, dont notamment l’impact du covid sur sa vie ; la série réussit très bien à mettre en scène l’impact de la pandémie – et je pense que c’est beaucoup lié au réalisme de la série par ailleurs : il est facile d’y intégrer l’impact réel du covid parce que les événements et les personnages montrés sont déjà particulièrement vraisemblables. La série parle toujours beaucoup de santé mentale et de communauté queer, et rajoute tout un pan sur l’enfance d’Abby et sa relation avec son père (là où la première saison parlait plus de sa relation avec sa mère).
On l’a regardé en une semaine avec OC, je pense que c’est une série que je recommande très fortement, qui réussit très bien à parler de sujets complexes et avec un point de vue original.
Schmigadoon!, de Cinco Paul et Ken Daurio
Série télévisée musicale de 2021. Un couple de médecins new-yorkais de notre époque et dont la relation se déteriore se retrouve lors de vacances romantiques coincés dans la ville magique de Schmigadoon, une ville fonctionnant selon les standards des comédies musicales de l’âge d’Or. Là, leurs interactions avec les différents habitants va leur faire prendre conscience que l’amour (comme la Révolution – mais ça c’est moi qui rajoute, pas la série) n’est pas un acquis mais toujours un process.
C’était sympa (mais je suis pas très difficile en terme de série/comédie musicale), mais anecdotique. Le décalage entre les deux protagonistes modernes (dont un des deux n’aime pas les comédies musicales et refuse de chanter) et le reste du cast coincé 75 ans plus tôt et beaucoup trop réjoui fonctionne très bien. Mention spéciale à Kristin Chenoweth qui trippe à fond dans le rôle de la méchante, leader des Mothers Against the Future.
L’Âge des lowtechs, de Philippe Bihouix
Essai de 2014, réactualisé en 2021. Bihouix discute de l’insoutenabilité du fonctionnement de l’économie mondiale et du mode de vie occidental, en terme d’exploitation de ressources finies. Plutôt que d’adopter une perspective catastrophiste dans le style de la collapsologie, il détaille ce que pourraient être des alternatives qui passeraient par l’abandon de la high tech, l’ensemble des technologies et innovations actuellement promues, qui sont là pour minimiser les efforts des utilisateurs et le sentiment de friction avec le monde, mais au prix d’une énorme consommation de ressources et de très gros besoin de maintenance.
A la place, il propose de se tourner vers les low techs, des technologies moins efficientes mais plus résilientes, faisant la part belle à une sobriété d’utilisation des ressources rares, une augmentation drastique de la réparabilité, du réemploi et du recyclage des différents composants des appareils techniques nous entourant. Il avertit que celà passe par une modification importante des modes de vie, un renoncement à un certain confort matériel mais au profit d’une diminution énorme de leurs coûts cachés, qu’ils soient délocalisés dans des pays non occidentaux ou aux classes moins aisées de ces pays : on perd la possibilité de la voiture individuelle et des trains à grande vitesse, mais au profit d’une diminution énorme de la pollution et d’une augmentation du temps libre. On renonce aux projets mégalos d’énergies fossiles comme renouvelables pour le fait de mettre davantage de pulls en intérieur en hiver, en promouvant la sobriété énergétique.
C’est une approche intéressante, pas forcément très optimiste sur le succès que nous aurons a effectivement effectuer cette transition, mais qui rassemble des éléments que j’avais pu lire chez Fressoz, Servigne, Négawatt… un ouvrage intéressant pour penser la transition de façon globale et en évitant les pièges du marketing autour du développement durable et de la croissance verte ou autres équivalents greenwashants.
Spinning, de Tillie Walden
Bande-dessinée autobiographique où l’autrice de On a sunbeam raconte les années de sa jeunesse où elle faisait du patinage artistique et synchronisée. Elle détaille comment les entrainements et les compétitions dans des patinoires du sud des États-Unis rythmaient sa vie, ses amitiés féminines, son coming out auprès de sa famille, son premier amour…
C’est une BD assez volumineuse mais très agréable à lire, Walden est très douée pour faire partager des sentiments, des émotions. Le dessin est en noir et blanc et jaune, avec le jaune utilisé pour mettre en valeur certaines illuminations, ça marche très bien.
Je recommande.
A Ghost story, de David Lowery
Film de 2017. Suite a un accident de voiture, un homme meurt. Il devient un fantôme qui reste dans la maison dans laquelle il vivait, et voit s’écouler l’histoire du lieu.
J’ai bien aimé. Le fantôme est représenté par un acteur recouvert d’un immense drap blanc avec deux trous noirs pour les yeux, c’est tout simple mais ça marche très bien. On le voit percevoir le temps différemment des humains, assistant à des scènes de la vie des différents occupants de la maison, se manifestant occasionnellement, discutant avec un autre fantôme. Le rythme du film retranscrit bien ça, avec des scènes qui s’étirent (pas mal de longs plans fixes), d’autres où les moments s’enchainent, le décor change, des ellipses temporelles surviennent. Le personnage avant sa mort n’est pas particulièrement sympathique, c’est intéressant de voir sa version fantôme devenir un personnage plus intéressant.
Je recommande.
16 Ways to defend a walled city, de KJ Parker
Roman de fantasy britannique de 2019. Orhan, le narrateur, est un militaire de l’empire Robur.
Chef du Corps des Ingénieurs, il a réussi à obtenir son poste à force d’intrigues et d’astuces, alors même qu’il ne fait pas partie de l’ethnie dominante de l’empire, qui affiche ouvertement des opinions et politiques racistes. Par la force des circonstances, Orhan se retrouve à devoir organiser la défense de la capitale de l’empire, alors que celle-ci se retrouve assiégée par un ennemi qui a très exactement su comment exploiter les faiblesses de l’organisation centralisée de l’Empire.
J’ai bien aimé. C’est beaucoup de descriptions présentant comment arranger in extremis des situations désespérées en détournant les procédures et les fonctions, il y a un petit coté « la version fantasy de The Martian ». Le narrateur a un humour pince-sans-rire qui passe très bien et ça se lit tout seul. L’univers mis en place est intéressant aussi, avec un empire qui rappelle l’Empire romain + le côté puissance navale de l’empire britannique, avec une technologie fin du Moyen-Âge et des politiques ségrégationnistes. Quelques défauts cependant : la fin ouverte est un peu frustrante, on a l’impression que l’auteur en a eu marre de son histoire au bout d’un moment. De plus, sur certains passages on sent que l’univers est excessivement organisé pour que le narrateur puisse tenter de mettre en place ses hacks. C’est détourné par le fait que le narrateur dit explicitement à un moment qu’il n’est pas forcément un narrateur fiable, mais quand même.
Très bonne lecture si vous aimez le worldbuilding et les ingénieurs désabusés.
Tome 2 : How to run an Empire and get away with it
Petite baisse de niveau par rapport au tome 1. On est dans le même univers, 7 ans plus tard. Le siège de la Cité est toujours en cours, Orhan est mort. Notker, un acteur de théâtre est recruté par la junte en place pour jouer le rôle de Lysimachus, l’ancien garde du corps d’Orhan et visage du régime. A force de jouer le rôle du régent, Notker va peu à peu assumer la fonction, et trouver des solutions aux différents problèmes qui minent la Cité.
On est sur le même type d’intrigue que dans 16 Ways…, mais Notker est un dirigeant moins crédible qu’Orhan (au vu de son passé et de la façon dont il se retrouve au pouvoir) – et un personnage moins intéressant, étant Robur et non pas d’une minorité ethnique. De plus, le principe du fix-it fonctionne moins bien quand on est sur des questions de politique que sur des questions d’ingénierie comme dans le premier tome. Le point de vue de vue d’un outsider sur les événements des premiers tomes et comment le rôle d’Orhan a été effacé de l’Histoire même seulement sept ans après est intéressant, mais globalement l’histoire fonctionne quand même moins bien que dans le tome 1.
The Rift, de Nina Allan
Roman anglais de 2017. On suit le point de vue de Selena puis de sa sœur Julie. Julie a disparu quand elle avait 17 ans, et elle réapparaît une quinzaine d’années plus tard. Elle révèle à Selena qu’elle s’est accidentellement retrouvée sur une planète extraterrestre pendant ce laps de temps, et qu’elle est revenue sur Terre tout aussi involontairement il y a quelques années. Selena a logiquement un peu de mal à croire sa sœur.
Je classerai le roman en weird fiction. La question de si Julie invente ce qu’elle raconte n’est pas tranchée à la fin du roman : il y a des éléments qui confortent ce qu’elle dit, mais le roman ne donne pas non plus de preuve irréfutable. Il complique même encore la situation avec les révélations du dernier chapitre. Pour autant, le roman n’est pas orienté science-fiction mais largement plus sur le côté prosaïque des relations familiales et humaines. Le style littéraire est intéressant : par moment la narration classique s’interrompt pour laisser de courts passages façon script de film, ou laisse la place à des articles encyclopédiques décrivant des animaux évoqués dans le court du récit. Les événements sont aussi racontés de façon non chronologique, avec ce qui semble être un présent de narration situé au moment du retour de Julie, mais fréquemment entrecoupé de retour en arrière sur sa disparition, la vie de Selena et de ses parents entre temps, le long passage de la description de la vie de Julie sur Tristane et l’organisation de la société de Tristane, les extraits du journal de Quinn…
Sans avoir été pris aux tripes par le livre, j’ai trouvé intéressante l’approche stylistique un peu expérimentale et le coté weird fiction.
Circuit vélo Albigeois et Bastides
Ballade dominicale avec Charlie sur une des boucles vélo du département. 65 km avec de beaux dénivelés. Départ de Gaillac, fond de vallée le long du Tarn jusqu’à Lisle-sur-Tarn. Pause pour manger des figues sur un arbre du bord de la route, puis on pousse jusqu’à Couffouleux et Rabastens, où l’on fait notre pause déjeuner. De là on quitte le Tarn pour commencer à grimper, vers Salvagnac d’abord. Petite déception en haut, on nous avait recommandé le Café au bord du monde, mais il est en fermeture exceptionnelle. On ne se laisse pas abattre et on repart au gré du vallonnement vers Castelnau-de-Montmiral, notre dernier point haut. De là, on se laisse redescendre jusqu’à la gare de Gaillac pour attraper le train du retour.
La Maison, d’Emma Becker
Roman français de 2019, autobiographique (ou autofictionnel). La narratrice relate ses deux ans à travailler en tant que prostituée dans une maison close berlinoise, expérience qu’elle a apprécié (dans le second bordel qu’elle a fréquenté, le premier étant plus glauque et sans solidarité féminine). Il y a quelques passages intéressant du point de vue du fond et de la forme, mais sur l’ensemble du roman je n’ai pas été passionné, ça se regarde un peu trop le nombril et ça parle un peu trop de sexe (ça se regarde un peu trop la vulve, quoi). Pour le second point ça pourrait sembler obligé vu le sujet, mais au contraire, ce sont les passages qui ne parlent pas de sexe mais de relation humaine autour, avec les clients ou avec les autres prostituées ou autres employées du bordel qui sont les plus intéressants.