Randonnée pyrénéo-internationale, jour 2

Jour 2, du Pla de Lo Mercat au refuge des Fonts. Très joli passage en forêt avant de rejoindre le GR 11 côté espagnol. Montée tranquille sur le GR vers le refuge de Baïau, avant de descendre manger au lac. À la fin de la pause repas, erreur d’orientation, nous grimpons jusqu’au port de Médécourbe au lieu du port de Baïau. Nous ne nous apercevons de notre erreur qu’après être largement redescendus côté andorran, mais il s’avère que cette erreur nous fait gagner du temps sur notre itinéraire. Passage par le refuge du Pla de l’Estany avant de remonter jusqu’au refuge des Fonts où nous nous arrêtons pour la nuit (et faisons un feu dans la cheminée pour remplacer notre brûleur absent).

Pla de lo mercat
Montée vers le col de Médécourbe
Refuge et étang de Baïau
Étang Forcats
Vue sur la vallée de La Massana
Mer d’herbe
Cascade

Randonnée pyrénéo-internationale, jour 1

Trois jours de randonnée dans les Pyrénées, passant en France, Espagne et Andorre, au départ de l’étang de Soulcem. Nous étions trois, Stram, P. et moi. Un petit souci quand le soir du premier jour nous nous sommes rendus compte que le brûleur et la bouteille de gaz emportés n’étaient pas compatibles, mais on a réussi à gérer la situation. Premier jour avec beaucoup de montée et un fort vent de face constant, c’était assez éprouvant. En conséquence, nous n’arrivons pas du tout au refuge de Baïau comme prévu à la fin de la journée, mais au Pla de Lo Mercat, 3h en retard sur les temps annoncés. Nous sympathisons avec des Bretons qui campent un peu plus bas et nous dépannent d’un brûleur, permettant de finir cette longue journée sur un repas chaud.

Étang de Soulcem vu d’en haut
Tente au pla de lo mercat

Article invité : Les méduses n’ont pas d’oreilles, d’Adèle Rosenfeld

Roman français de 2022.
Plongée dans l’expérience de Louise, jeune femme malentendante, qui subit soudainement une grosse perte d’audition supplémentaire et apprend qu’à moins de se faire poser un implant cochléaire, elle deviendra bientôt tout à fait sourde. Or, l’implant implique que la perception sonore est totalement modifiée, qu’on perd les « vrais » sons qu’on captait auparavant.
Alors qu’elle hésite entre les deux options, son quotidien (trouver un boulot avec son statut de travailleuse handicapée et gérer les interactions avec ses collègues, faire des rencontres amicales et amoureuses, jongler avec les rendez-vous médicaux) se peuple peu à peu de personnages, parfois rassurants parfois angoissants, qui semblent dire quelque chose de son rapport au langage et aux sons, et dont on ne sait pas très bien s’ils sont tout à fait imaginaires ou non.
C’est une lecture qui m’a décontenancée par son côté parfois décousu et imaginaire, et régulièrement angoissant, mais aussi emportée. Il faut lâcher sur l’envie de trouver des situations et des réactions rationnelles ou logiques (y compris quand Louise se retrouve, dans son boulot, en contact avec du public et qu’aucune adaptation ne semble être mise en place pour cela). L’autrice, elle-même malentendante et « implantée », travaille une écriture du son, de son absence et de sa perception, avec des dialogues absurdes, des descriptions de parties de visages ou d’expressions faciales, un « herbier sonore » très poétique que j’aurais bien voulu plus approfondi.
Recommandé.

Ce Sentiment de l’été, de Mikhael Hers

Film franco-allemand de 2015. Un été à Berlin, Sasha meurt. Pendant plusieurs années, l’été va rappeler à sa famille cette tragédie. On suit plus particulièrement Lawrence, son petit ami, et Zoé, la sœur de Sasha. Le film se déroule à Paris, Annecy Berlin et New York, toujours en été. On voit leurs vies qui se déroulent, avec le poids de leur relation à Sasha qui s’impose (ou se rappelle) à eux par moment, et en même temps le reste du monde qui continue d’exister.

J’ai bien aimé. Dans la façon dont c’est filmé, ces paysages urbains, cette caméra à côté des personnages, je trouve que ça rappelle beaucoup la trilogie Before Sunrise de Richard Linklater. Y’a ces déambulations dans la ville, ces personnes qui vivent entre plusieurs villes, pays, continents. Il y a des échos entre les différentes villes, liés au fait qu’on les voit toujours en été : c’est facile d’être dehors, les gens vont dans des bars, des soirées, des parcs, montent sur les toits, les tenues sont les mêmes (la seule différence c’est peut-être qu’en Amérique les gens se déplacent en pickup là où ils sont en vélo ou à pied en Europe).

Recommandé.

Article invité : Wolfwalkers

Film d’animation (Irlande, Luxembourg, France) de 2020.
1650 à Kilkenny, en Irlande. Le père de Robyn est engagé par le Lord Protector comme chasseur de loups, afin de protéger la ville de leur menace, mais surtout d’en débarrasser la forêt pour déforester tranquillement et ainsi de pouvoir augmenter les surfaces agricoles (spoiler : Lord Protector n’est pas le gentil du film). Jeune fille indépendante et audacieuse, Robyn ne tarde pas à se retrouver dans la forêt, malgré l’interdiction, et à découvrir les créatures qui y vivent et la protègent : les wolfwalkers.
L’histoire est un mélange réussi entre Mononoke Hime et Brave. Pas d’immense originalité narrative mais c’est vraiment efficace et attrayant, il y a des personnages chouettes, de la tension, des rebondissements, des course-poursuites et de l’émotion.
J’ai surtout adoré l’animation, magnifique, entre dessins au crayon, effets de lithogravure, split-screens ornementaux, représentation graphique des odeurs et du son.
Et la musique est très chouette aussi.
Je recommande :)

Bad Sisters, de Sharon Horgan

Série télé paru en 2022 et se déroulant en Irlande. On suit en parallèle les évènements ayant menés à la mort de John Paul Williams, personnage éminemment antipathique, et l’enquête mené par deux agents d’assurance après sa mort. John Paul est marié à Grace Garvey, que ses sœurs voient décliner de jour en jour. Elle décident donc, en toute logique, d’éliminer JP. Malheureusement, elles ne sont pas très douées pour le meurtre, et il va y avoir une série de tentatives ratées… La série montre l’ensemble de ces tentatives, ainsi que les raisons spécifiques que chacune a d’en vouloir à John Paul. C’est bien réalisé, super bande-son, des relations humaines globalement crédible (petit bémol sur la relation Becka/Matt qui est là je trouve surtout pour faire avancer l’intrigue). Excellente bande-son, avec une très bonne reprise de Who by fire par PJ Harvey en générique.

Une seule saison qui fait une histoire complète, recommandée si vous aimez bien les histoires de sœurs, les whodunnit, les mecs absolument atroce et l’accent irlandais.

L’année sans été, de Gillen D’Arcy Wood

Essai d’histoire mondiale qui s’intéresse aux conséquences de l’éruption du volcan Tambora en 1816. L’éruption du volcan, en plus de faire perdre un kilomètre de haut à l’île et d’en dévaster la surface, a projeté un nuage de cendres et d’aérosols souffrés dans l’atmosphère, modifiant le climat pour les trois années à venir, et donnant à l’année 1816 le surnom d’« année sans été ».

L’auteur détaille les conséquences de cette éruption, qui arrive à la fin du petit âge glaciaire et une autre éruption en 1809 sur différentes parties du monde : l’île de Tambora même, l’Europe, avec son influence sur l’écriture de Frankenstein par Mary Shelley mais aussi l’avancée des glaciers alpins qui connaîtront leur maximum, et une crise de subsistance massive avec toutes les récoltes détruites par les gels tardifs (déclenchant notamment une famine en Irlande), l’Inde avec l’explosion de l’épidémie de choléra, boostée par le climat et les perturbations de la mousson, ensuite exportée par la mondialisation, la course au pôle Nord en Angleterre avec le dégel momentané de l’Arctique suite à la perturbation des courants océaniques (et toute la littérature anglaise exaltant ces explorations, Frankenstein en parlant notamment, mais aussi des œuvres plus récentes comme The Terror) ; la Chine, avec là encore des famines massives qui frapperont la région du Yunnan et participeront à la conversion de l’économie de la région vers la culture du pavot pour la fabrication d’opium ; l’Amérique du Nord, où la crise climatique puis agricole se transformera en la première crise financière du pays récemment indépendant. Enfin, l’impact que cette « météo à la Frankenstein » aura sur le développement de la météorologie et de la théorie des ères glaciaires…

C’était super intéressant à lire, comme exemple de l’impact d’une crise climatique sur plein de domaines différents, et pas très rassurant sur notre futur. Je recommande.

Labyrinthes, de Frank Thilliez

Polar français paru en 2022, qui appartient à une trilogie composée du Manuscrit Inachevé et de Il était deux fois. Une femme a été retrouvée dans la forêt, à côté d’un cadavre au visage réduit en bouillie. Le psychiatre qui la suit va confier à l’enquêtrice comment sa patiente s’est retrouvée là, en détaillant l’histoire de trois femmes, la kidnappée, l’électrosensible et la journaliste. On va suivre en parallèle ces histoires et voir comment elles convergent.

J’ai bien aimé mais à force de lire Thilliez, certaines ficelles deviennent apparentes. Il aime bien jouer avec les amnésies, mais là le truc à la Mémento/Le Caméléon se voit un peu venir. Ca fait un polar sympa, mais en terme d’ambiance vraiment poisseuse je préférais ses premiers de la série des Sharko/Hennebelle.

Voyage en misarchie, d’Emmanuel Dockès

Roman à thèse français publié en 2020. Dans la lignée des Voyages de Gulliver ou autre écrits utopiques, le livre épouse le point de vue d’un voyageur européen (un professeur de droit français en ce cas), qui se retrouve suite à un accident d’avion dans un pays avec des règles radicalement différentes des nôtres, qui vont progressivement lui être expliquées. En l’occurrence il est arrivé dans la misarchie arcanienne, l’Arcanie étant le territoire (mais ni un État ni une nation), et la misarchie le système d’organisation de la société, qui vise à casser au maximum les pouvoirs constitués. Dans le système présenté, ça se rapproche d’Eutopia, avec une part importante accordée à la socialisation du salaire, mais on n’a pas tout à fait le même cadrage (et narrativement dans Eutopia on avait un narrateur natif du pays et que l’on suivait depuis sa naissance, là c’est une personne extérieure qui découvre le système à l’âge adulte).

Le système présenté est intéressant, même si la partie kyriarchie (partielle, il y a des règles qui restent les mêmes pour tous, et les systèmes légaux alternatifs ne peuvent concerner que des petits groupes de personnes à la fois pour éviter la constitution de blocs de pouvoir) ne me parait pas forcément idéale. Il y a aussi une emphase mise sur le sexe et l’amour dans le livre (pas dans la société, mais c’est le cadrage que choisit l’auteur, avec une première rencontre qui a un caractère sexuel et un coup de foudre du narrateur pour une femme qu’il a rencontré et qui va servir de fil rouge à ses actions le long du bouquin) qui n’est pas vraiment ce qui me passionne le plus dans la présentation de ce genre d’alternative à nos sociétés. Il manque peut-être une partie sur la gestion des ressources et de l’énergie, là ça fonctionne sans souci, en arrière-plan. Par contre le bouquin parle des addictions : c’est une question personnelle, la liberté prime, même s’il y a des structures d’aide qui font des tournées pour aller à la rencontre des publics en difficulté.

Je recommande, pour envisager des alternatives aux sociétés faiblement démocratiques et fortement capitalistiques qui sont les nôtres.

Randonnée à la brèche de Roland : 2e jour

Levés vers 8h le second jour, une grasse mat selon les standards randonnesques. On est un peu plus bas que le premier jour, moins dans la caillasse (par moments) et donc on voit plus d’animaux, des isards et des marmottes principalement, des choucas, un troupeau de moutons et quelques rapaces aussi.

Après un petit déjeuner et un rangement rapide du bivouac, on descend un peu pour récupérer de l’eau (nos réserves étaient vraiment basses après le petit-déjeuner). On dissimule les sacs pour faire un aller-retour qui nous permet de voir de plus près le canyon d’Ordessa sans s’engager sur la vire des fleurs (on a beaucoup hésité, mais ça aurait fait une trop grosse journée).

Après un passage par (et un déjeuner au) lac de Salarons (à sec), on attaque la montée vers le col d’Escuzana, puis une montée sans les sacs au pic de Mondarruego avoisinant (2845m). Retour vers la France par la vire d’Escuzana (qui nous console de celle des Fleurs), puis par le col de Gabietou. Retour aux voitures, puis covoit de Lourdes à Toulouse.

Marmotte
Isard bondissant
Isards
Isard sur la crête
Isard sur la crête
Le canyon d’Ordessa
Vue sur le Doigt
Vire des fleurs depuis le pic de Mondarruego
Genets depuis le pic de Mondarruego
Vire d’Escuzana
Choc des couleurs
Aiguilles au col de Gabietou
Retour vers le port de Boucharo