Archives de catégorie : Séries

Babylon Berlin, de Tom Tykwer, Achim von Borries et Hendrik Handloegten

Série policière historique allemande. On suit les tribulation de l’inspecteur Gereon Rath, détaché de Cologne à Berlin sous la République de Weimar, pour enquêter sur des films compromettants pour des hommes politiques (1ère saison) et un train d’armement illégalement importé depuis l’URSS (2de saison).
C’était assez cool de regarder une série allemande, pour changer de l’hégémonie anglophone. Et c’est aussi intéressant de voir montrée une période historique que l’on (que je, en tous cas) connait assez mal. La série a été dotée de bons moyens et ça se voit, les décors et les costumes sont beaux, les acteurs sont bons, et le scénar est globalement intéressant (un bémol à tout ça pour le final de la saison 2 où il y a des effets spéciaux dégueulasse pendant toute une scène, iels avaient peut-être épuisé leur budget à ce moment là).
Les personnages principaux que sont Lotte et Gereon sont intéressants, dans les personnages secondaires mention spéciale à Wolter. Globalement les personnages sont réussis parce qu’ils sont peu manichéens : le ~préfet de police lutte contre la conspiration monarchiste qui veut renverser la République, mais n’hésite pas à faire tirer sur les ouvriers communistes le 1er mai ; les policiers sympathiques défendent cependant l’institution ; etc.
La première saison était très réussie, la seconde est un peu plus confuse, mais globalement je recommande fortement.

The ABC Murders, d’Alex Gabassi

Adaptation en mini-série du roman d’Agatha Christie du même nom, avec John Malkovich dans le rôle d’Hercule Poirot. Je n’ai pas lu le roman mais visiblement la série rajoute tout un contexte à l’enquête, que j’ai beaucoup aimé : Hercule Poirot n’est plus en activité, ses contacts dans la police ont pris leur retraite, et l’atmosphère au Royaume-Uni en cette année 33 est au fascisme montant, rendant le détective belge assez peu apprécié. Une seconde ligne narrative de la série tourne autour du passé d’Hercule Poirot : qui était-il avant d’arriver en Angleterre en tant que réfugié belge en 14-18 ? La résolution est intéressante, mais le traitement de cette ligne narrative est particulièrement poussif, avec les mêmes flashbacks d’Hercule répétés ad nauseam. Le tout dure trois heures, je recommande.

La casa de papel, d’Álex Pina

Série espagnole en 2 saisons. Une équipe de braqueurs effectue une prise d’otage dans la Maison de la Monnaie espagnole, avec pour objectif d’imprimer près d’un milliard d’euros avant de s’échapper.
Ils ont un plan minutieux pour faire durer la prise d’otage le temps nécessaire, mais un plan qui va cependant rapidement être perturbé par les relations humaines entre les braqueurs, entre braqueurs et otages, et même entre braqueurs et policiers…

L’idée de départ est intéressante, y’a de bons passages, mais y’a aussi des facilités de scénario grosses comme une maison (« J’ai prévu un plan parfait, mais il implique qu’aucun d’entre vous n’ai une quelconque émotion le temps du braquage. What could possibly go wrong? »).
On s’attache aux personnages, qui sont bien joués, même si le scénario leur fait souvent faire n’imp.

Gentleman Jack, de Sally Wainwright

Série basée sur la vie d’Anne Lister, une propriétaire terrienne anglaise ayant vécu au XIXe siècle. Anne Lister est lesbienne et n’a pas peur de l’affirmer à une époque où le mariage hétérosexuel est la norme pour les femmes. De façon générale elle n’a pas peur de mener sa vie comme elle l’entend, de voyager seule, de gérer ses terres, de se former à la médecine, et de dire aux mecs d’aller se faire voir.
J’ai beaucoup aimé. Le personnage d’Anne est très intéressant, elle n’est pas présenté comme archétypalement bonne parce qu’elle est l’héroïne : c’est une propriétaire, elle est sans pitié avec ses gens, elle traite mal sa sœur qu’elle considère comme inintéressante, et en même temps elle se jette à corps perdu dans ses relations amoureuses.
C’est super bien joué, grosse recommandation.

Daredevil, de Drew Goddard

Série Marvel de 2015. Je n’ai regardé que la première saison le résumé des deux suivantes ne donnait pas spécialement envie de continuer.

La série raconte l’histoire de Matt Murdock, avocat le jour, et super héros masqué la nuit, sous le nom de… de rien en fait, il la joue profil bas et se donne pas de nom, dans cette première saison. Il est référencé comme « The Man in the Mask » ou « The Devil of Hell’s Kitchen », Hell’s Kitchen étant le quartier de New York où il vit et agit.

Le côté « pas de costume » était intéressant, ainsi que le côté « violence à mains nues ». Y’a une esthétique commune avec Jessica Jones, même si ici pour le coup il n’y a pas eu de questions de féminisme : la série est pas mal centré sur les mecs qui se font justice eux-même en faisant parler leurs poings, et des femmes dans le care.

De ce point de vue, les deux persos les plus intéressants sont Foggy Nelson (le pote de Matt comic relief, qui est assez débrouillard, ne correspond pas aux codes de la virilité du reste de la série mais a son code éthique en tant qu’avocat et est actif pour s’en prendre aux injustices sans avoir de super pouvoirs) et Wilson Fisk, le grand méchant qui s’humanise en tombant amoureux et en prenant du temps pour autre chose que ses activités criminelles en s’inquiétant pour sa copine (bon pas de chance elle est vénale et tout a fait pour qu’il continue sa carrière dans le crime).

Sympa sur une saison donc, mais pas révolutionnaire.

Love, Death and Robots, de Joshua Donen, David Fincher, Jennifer Miller et Tim Miller

Anthologie de courts métrages animés sur des thèmes SF/fantasy/fantastique.
Le concept était prometteur, c’est joli à regarder il y a plein de styles d’animation différents, mais les épisodes n’ont pas grand chose à raconter en un temps aussi court, on est très souvent sur des poncifs de la SF.
Par ailleurs, il y avait visiblement un challenge « le plus de nudité féminine gratuite possible » qui courrait dans le studio de prod.

Je ne recommande pas, quelques épisodes mis à part.

Saison 3 : [edit 2022]
Saison plus courte que les deux précédentes. L’épisode final (Jibago) vaut le détour en termes d’animation, l’épisode Bad Travellings est sympa en terme d’ambiance. Deux épisodes beaucoup trop militaristes et inintéressants. Globalement ça reste assez anecdotique.

Russian Doll, de Natasha Lyonne, Amy Poehler et Leslye Headland

Une série Netflix où Natasha Lyonne reprend exactement le même personnage que dans Orange is the New Black (a-t-elle un unique style de jeu, ou essayent-ils de créer un Netflix Extended Universe ?). Fêtant son 36e anniversaire dans l’appart d’une de ses potes qui est un pinacle de concentré d’artistes bohèmes new-yorkais.e.s, elle décède lors de la soirée. Et se réincarne dans la salle de bain au début de la soirée. Encore et encore. Le premier épisode est un peu lent, mais globalement c’est cool. 8×30 minutes, ça se regarde comme un gros film plus que comme une série. Ça part dans pas mal de directions différentes, ce qui est intéressant. La série a le temps de bien explorer le caractère de Nadia et sa relation aux personnes dans sa vie. On sait pas trop où ça va mais un des plaisirs est de se laisser porter par le truc et de regarder Nadia investiguer diverses pistes qui pourraient expliquer ce qui lui arrive. La fin est intéressante dans le choix qu’elle fait de laisser les personnages ne pas avoir une histoire commune et devoir gérer chacun de leur côté la connaissance des boucles temporelles.

Le côté ‘scénario multiples’ fait un peu ce qu’aurait pu donner l’épisode Banddersnatch de Black Mirror avec un vrai scénario (même si là on ne file pas la main au spectateur sur quelles pistes explorer, mais ce serait adaptable).

En revenant quelques mois plus tard sur cette critique, je me dis que y’avait à la fois un côté plaisant à regarder et un côté quand même un peu vide (dont je trouve qu’il se retrouve dans beaucoup de séries Netflix) : Ca avait l’air vraiment cool sur le papier (merci les algorithmes), t’as passé un bon moment devant, mais ça te laisse pas d’impression de long terme, t’en retire pas quelque chose. Un peu de la junk food de série, agréable sur le moment mais que t’oublie vite (bon, sauf que ça te file pas des maladies cardiovasculaires).

A Series of Unfortunate Events

Adaptation par Netflix de la série de livres éponyme. C’est bien adapté, avec pas mal de clins d’œil au spectateur (« Aller au cinéma ? Je préfère regarder des longs formats télévisuels de chez moi, c’est bien plus confortable »), de confusion sur l’époque à laquelle se déroule l’histoire, et de références pour celleux qui ont lu les livres (détails d’arrière plan, catchphrases faisant référence aux tomes à venir ou à ceux d’All the Wrong Questions), et une histoire qui s’écarte du canon pour donner des éléments nouveaux et pour intégrer dès le début les éléments qui n’arriveront que dans les tomes suivants dans les livres. Bref, un énorme appel du pied aux fans.

Saison 2

Adaptation des livres 5 (The Ersatz Elevator) à 9 (The Carnivorous Carnivale). Des ajouts à l’histoire des livres avec des scènes qui ne suivent pas les orphelins mais des personnages adultes qui tentent de les aider. Quelques divergences du canons mais plutôt intéressantes. J’ai beaucoup aimé l’adaptation de The Hostile Hospital, pourtant pas le meilleur tome sur le papier mais très bien réalisée. Toujours des références méta et une cohérence in-universe plus grande de par le fait de savoir dès le début où ils vont. Une (unique) référence explicite à All the Wrong Questions, durant laquelle il est dit qu’ils ne pouvaient pas en parler avant pour des raisons de copyright. Je ne sais pas si ça veut dire qu’ils ont récupéré les droits depuis, mais si c’est le cas ce serait cool qu’à la suite d’ASOUE (il ne reste qu’une saison 3 de 8 épisodes avant d’atteindre la fin des livres), ils enchaînent sur une adaptation d’ATQW.

Saison 3

Meh. Le début de la saison était pas mal, mais dans les deux épisodes qui couvrent The Penultimate Peril, ils retirent toute l’ambiguïté morale – notamment en ce qui concerne les événements de la génération précédente – pour proposer dans un contresens complet de l’œuvre originelle une adaptation manichéenne où y’a des gentils, des méchants et de malheureux concours de circonstances. De plus, le jeu d’acteur devient très lisse, avec beaucoup de déroulé de dialogues (mais il reste de très beaux décors, que ce soit le sous-marin pieuvre ou l’hôtel Dénouement).  Le problème empire encore dans The End où la série prend le contre-pied du livre en voulant refermer toutes les questions et renouer tous les fils, alors que la thèse du livre c’est que y’a plein de questions ouvertes et de récits qui s’entremêlent sans forcément de logique d’ensemble. Et ils explicitent le contenu du sucrier !!! Bref, assez déçu par cette fin.

Il miracolo, de Niccolò Ammaniti

Série italienne de 2018. Lors d’une descente de police chez un mafieux, l’unité de l’armée qui intervient découvre une statue en plastique de la Vierge qui pleure des larmes de sang, 9 litres par heure. Il n’y a pas de truc, il n’y a pas d’explication physique raisonnable, c’est un miracle. Un miracle que le général d’armée en charge de l’intervention met au secret, informant juste le premier ministre. Premier ministre qui n’avait pas besoin de ce problème en plus, empêtré dans un référendum sur une sortie de l’Italie de l’UE qui devait être imperdable et semble soudain cristalliser toutes les tensions du pays.
Comment juger cette série ? J’ai regardé les 8 épisodes en un weekend et j’ai bien aimé, mais a posteriori… il se passe pas grand chose et le scénario n’a pas beaucoup de sens. Mais c’est bien filmé, la bande-son est impeccable, c’est cool de regarder une série non anglophone. Les persos masculins sont intéressants, les persos féminins par contre assez majoritairement caricaturaux (sauf peut-être la chimiste). Je recommande, mais j’aurai voulu un meilleur scénar.

Black Mirror, saison 3 & 4

Bandersnatch :
Sans grand intérêt. L’idée de faire un film interactif était intéressante et bien réalisée d’un point de vue technique, mais le scénario est vraiment creux. Ça part très vite en méta sur l’interactivité, ce qui donne quelques scènes rigolotes certes, mais ça se sent qu’ils ont fait ça parce qu’ils étaient à court d’idée pour faire d’autres trucs. Et par ailleurs ça n’a aucun rapport thématique avec le reste de Black Mirror.

Saison 4 :
J’ai trouvé cette saison largement inférieure aux précédentes (et comme la précédente était déjà faiblarde, voir infra, ça sent quand même bien la pente descendante).
Globalement, mon reproche c’est que ce qu’il y avait d’intéressant dans les premières saisons c’était « Comment tel développement technologique pourrait bouleverser (pour le pire, généralement) la société ? ». Là, c’est plus « comment tel développement technologique pourrait être très mal utilisé dans tel cas particulier ? », ce qui est sans surprise beaucoup moins fort. Tu ne finis pas les épisodes en te disant « ouais ça fait réfléchir quand même ».
Le premier, le concept de dénoncer une relecture de Star Trek  comme une fantaisie de pouvoir de mec blanc sans tout le côté progressiste est intéressant, mais pour le reste bof. Le second c’est celui qui fait le plus Black Mirror originel je trouve. J’ai trouvé Metalhead (le cinquième) sympa à regarder et bien réalisé, mais c’est pas du Black Mirror et c’est vu et revu depuis Second Variety de Philip K. Dick (adapté à l’écran dans Planète Hurlante). Crocodile et Hang the DJ n’ont aucun intérêt en tant qu’épisode de Black Mirror, mais Hang the DJ est rigolo à regarder. J’ai détesté Black Museum, le final qui reprend le concept de l’épisode White Christmas en moins bien. Aucun intérêt narratif, et il est juste voyeuriste (en faisant semblant de dénoncer ce qu’il te donne à voir), avec des valeurs de merde (trop cool la vengeance et la souffrance !).

Saison 3 :
J’ai trouvé cette saison plus faible que les deux précédentes. L’épisode San Junipero est cool, Shut up and dance est très bien réalisé (et glaçant, notamment parce qu’il pourrait se dérouler maintenant) mais pour les autres je trouve qu’ils sont restés très convenus. Les thèmes ont déjà été explorés depuis longtemps par d’autres œuvres, et parfois avec plus de subtilités. J’ai particulièrement été agacé par le dernier où j’ai apprécié le fait d’avoir des personnages principaux féminins dans des rôles classiquement masculins, mais l’histoire est mal racontée, les retournements de situations se voient venir à des kilomètres et y’a d’énormes failles dans le scénario.