Archives de catégorie : Séries

La Zona, d’Alberto Sanchez-Cabezudo et Jorge Sanchez-Cabezudo

La série imagine un accident type Tchernobyl dans une centrale nucléaire au Nord de l’Espagne. Des populations ont été déplacées, une zone d’exclusion créée, le gouvernement a géré plutôt mal la situation. 3 ans après l’accident, un inspecteur doit enquêter sur un meurtre qui a eu lieu dans la zone d’exclusion…

J’ai beaucoup aimé. La série prend le temps de poser son ambiance, de montrer comment les gens ont tous été affectés par cette catastrophe mais qu’en même temps la vie continue : le but de la série n’est pas de revenir sur l’accident, de découvrir une vérité cachée sur ce qui s’est passé (mais elle met en scène des complotistes qui pense qu’il n’y a pas eu d’accident, c’est assez brillant), et ce n’est pas non plus de nous détailler sa gestion. Non, tout tourne autour de l’après : comment les gens ont fait leur deuil, comment la décontamination de la zone d’exclusion crée des emplois légaux et illégaux et de nombreuses opportunités de trafics, et comment il faut gérer tout ça.

Globalement c’est un polar social réussi, ou le meurtre du début va être le déclencheur d’une enquête qui va rapidement devenir bien plus large. Du point de vue narratif, ils arrivent bien à raccrocher tous les fils, les personnages secondaires sont intéressants, il n’y a pas de manichéisme. Forte recommandation.

The Terror, de David Kajganich

Saison 1 :

Série fantastique produite par David Kajganich, Ridley Scott et Dan Simmons, entre autres. Adaptation d’un roman éponyme de Dan Simmons, la série raconte ce qu’il est advenu de l’expédition (réellement) envoyée par le Discovery Service de la marine anglaise pour trouver un passage navigable dans les glaces du Pôle Nord. Les deux navires, pris dans les glaces, sont contraint d’hiverner en totale isolation. Les conditions extrêmes, l’isolation et d’autres éléments plus fantastiques vont conduire à la disparition des équipages.

J’ai beaucoup aimé, notamment le côté costumes d’époque et série « maritime » (y’a des bateaux mais passé le premier épisode y’a plus des masses de navigation). C’est bien filmé, bien mis en scène. Il va visiblement y avoir une saison 2, mais qui n’aura rien à voir avec la première, en mode anthologie.

Saison 2 :
Déception. Le cadre choisi était super intéressant : les camps d’internements américains pour les citoyens américains avec des origines japonaises, durant la WWII. Mais l’histoire ne prend absolument pas, il ne se passe rien, et t’as des plot-twists pourris. J’ai arrêté en cours de saison.

Marianne, de Samuel Bodin

Emma, romancière horrifique, retourne à Elden, le village breton de sa jeunesse, juste après avoir tué les personnages principaux de sa série best-seller. Elle se retrouve confronté à la sorcière de ses œuvres, qu’elle avait tiré de ses cauchemars enfantins.

Ce n’est pas incroyable. Il y a de jolis plans, mais l’horreur est ultra convenue : un seul type de jumpscare, un personnage méchant tout puissant, des héros qui savent perdre tout bon sens juste quand le scénario le demande. C’est dommage parce qu’il y avait le potentiel de faire bien mieux. L’alcoolisme de l’héroïne principale aurait été intéressant à traiter, le décalage entre sa vie parisienne et la vie de ses potes qui sont restés au village, les croyances catholiques et païennes…

Ca fait très série netflix traitée par dessus la jambe pour être bankable. Le personnage du policier est quand même à sauver, ainsi que celui de CamCam. L’actrice qui joue la sorcière est très bonne dans son rôle aussi.

Neon Genesis Evangelion, d’Hideaki Anno

Animé de 1995, une saison, 26 épisodes de ~20 minutes. En 2000, un événement, le Second Impact, a dévasté l’Antarctique, déclenchant une montée des eaux, un changement climatique massif et la mort de millions de personnes. Suite à ce cataclysme, l’ONU a déplacé son siège à New Tokyo et initié le programme NERV, une initiative de défense consistant en des robots géants se synchronisant mentalement avec leurs pilotes, pour défendre l’Humanité contre les Anges : des créatures mystérieuses à l’origine du Second Impact et convergeant sur New Tokyo.

Ça a l’air bourrin dit comme ça, mais en fait non. Parce que la série se concentre sur les deux (puis 3) pilotes des méchas. On parle d’enfants de 14 ans chargés de protéger l’Humanité entière, avec une pression de dingue sur les épaules, qui ne sont pas en super forme mentale. La série nous fait surtout suivre Shinji, pilote et fils du directeur de la NERV, qui pilote parce qu’il a l’impression que c’est la seule chose qui fait qu’il a une valeur aux yeux des autres.

J’ai beaucoup aimé. L’animation est belle, les thèmes intéressants. Un peu trop de fanservice (y’en a pas des masses dans la série mais ça sert vraiment à que dalle), et les deux épisodes finaux sont très WTF. La série est très elliptique, ça vaut le coup de lire wikipédia ou l’adaptation manga pour comprendre tous les enjeux.

Babylon Berlin, de Tom Tykwer, Achim von Borries et Hendrik Handloegten

Série policière historique allemande. On suit les tribulation de l’inspecteur Gereon Rath, détaché de Cologne à Berlin sous la République de Weimar, pour enquêter sur des films compromettants pour des hommes politiques (1ère saison) et un train d’armement illégalement importé depuis l’URSS (2de saison).
C’était assez cool de regarder une série allemande, pour changer de l’hégémonie anglophone. Et c’est aussi intéressant de voir montrée une période historique que l’on (que je, en tous cas) connait assez mal. La série a été dotée de bons moyens et ça se voit, les décors et les costumes sont beaux, les acteurs sont bons, et le scénar est globalement intéressant (un bémol à tout ça pour le final de la saison 2 où il y a des effets spéciaux dégueulasse pendant toute une scène, iels avaient peut-être épuisé leur budget à ce moment là).
Les personnages principaux que sont Lotte et Gereon sont intéressants, dans les personnages secondaires mention spéciale à Wolter. Globalement les personnages sont réussis parce qu’ils sont peu manichéens : le ~préfet de police lutte contre la conspiration monarchiste qui veut renverser la République, mais n’hésite pas à faire tirer sur les ouvriers communistes le 1er mai ; les policiers sympathiques défendent cependant l’institution ; etc.
La première saison était très réussie, la seconde est un peu plus confuse, mais globalement je recommande fortement.

The ABC Murders, d’Alex Gabassi

Adaptation en mini-série du roman d’Agatha Christie du même nom, avec John Malkovich dans le rôle d’Hercule Poirot. Je n’ai pas lu le roman mais visiblement la série rajoute tout un contexte à l’enquête, que j’ai beaucoup aimé : Hercule Poirot n’est plus en activité, ses contacts dans la police ont pris leur retraite, et l’atmosphère au Royaume-Uni en cette année 33 est au fascisme montant, rendant le détective belge assez peu apprécié. Une seconde ligne narrative de la série tourne autour du passé d’Hercule Poirot : qui était-il avant d’arriver en Angleterre en tant que réfugié belge en 14-18 ? La résolution est intéressante, mais le traitement de cette ligne narrative est particulièrement poussif, avec les mêmes flashbacks d’Hercule répétés ad nauseam. Le tout dure trois heures, je recommande.

La casa de papel, d’Álex Pina

Série espagnole en 2 saisons. Une équipe de braqueurs effectue une prise d’otage dans la Maison de la Monnaie espagnole, avec pour objectif d’imprimer près d’un milliard d’euros avant de s’échapper.
Ils ont un plan minutieux pour faire durer la prise d’otage le temps nécessaire, mais un plan qui va cependant rapidement être perturbé par les relations humaines entre les braqueurs, entre braqueurs et otages, et même entre braqueurs et policiers…

L’idée de départ est intéressante, y’a de bons passages, mais y’a aussi des facilités de scénario grosses comme une maison (« J’ai prévu un plan parfait, mais il implique qu’aucun d’entre vous n’ai une quelconque émotion le temps du braquage. What could possibly go wrong? »).
On s’attache aux personnages, qui sont bien joués, même si le scénario leur fait souvent faire n’imp.

Gentleman Jack, de Sally Wainwright

Série basée sur la vie d’Anne Lister, une propriétaire terrienne anglaise ayant vécu au XIXe siècle. Anne Lister est lesbienne et n’a pas peur de l’affirmer à une époque où le mariage hétérosexuel est la norme pour les femmes. De façon générale elle n’a pas peur de mener sa vie comme elle l’entend, de voyager seule, de gérer ses terres, de se former à la médecine, et de dire aux mecs d’aller se faire voir.
J’ai beaucoup aimé. Le personnage d’Anne est très intéressant, elle n’est pas présenté comme archétypalement bonne parce qu’elle est l’héroïne : c’est une propriétaire, elle est sans pitié avec ses gens, elle traite mal sa sœur qu’elle considère comme inintéressante, et en même temps elle se jette à corps perdu dans ses relations amoureuses.
C’est super bien joué, grosse recommandation.

Daredevil, de Drew Goddard

Série Marvel de 2015. Je n’ai regardé que la première saison le résumé des deux suivantes ne donnait pas spécialement envie de continuer.

La série raconte l’histoire de Matt Murdock, avocat le jour, et super héros masqué la nuit, sous le nom de… de rien en fait, il la joue profil bas et se donne pas de nom, dans cette première saison. Il est référencé comme « The Man in the Mask » ou « The Devil of Hell’s Kitchen », Hell’s Kitchen étant le quartier de New York où il vit et agit.

Le côté « pas de costume » était intéressant, ainsi que le côté « violence à mains nues ». Y’a une esthétique commune avec Jessica Jones, même si ici pour le coup il n’y a pas eu de questions de féminisme : la série est pas mal centré sur les mecs qui se font justice eux-même en faisant parler leurs poings, et des femmes dans le care.

De ce point de vue, les deux persos les plus intéressants sont Foggy Nelson (le pote de Matt comic relief, qui est assez débrouillard, ne correspond pas aux codes de la virilité du reste de la série mais a son code éthique en tant qu’avocat et est actif pour s’en prendre aux injustices sans avoir de super pouvoirs) et Wilson Fisk, le grand méchant qui s’humanise en tombant amoureux et en prenant du temps pour autre chose que ses activités criminelles en s’inquiétant pour sa copine (bon pas de chance elle est vénale et tout a fait pour qu’il continue sa carrière dans le crime).

Sympa sur une saison donc, mais pas révolutionnaire.

Love, Death and Robots, de Joshua Donen, David Fincher, Jennifer Miller et Tim Miller

Anthologie de courts métrages animés sur des thèmes SF/fantasy/fantastique.
Le concept était prometteur, c’est joli à regarder il y a plein de styles d’animation différents, mais les épisodes n’ont pas grand chose à raconter en un temps aussi court, on est très souvent sur des poncifs de la SF.
Par ailleurs, il y avait visiblement un challenge « le plus de nudité féminine gratuite possible » qui courrait dans le studio de prod.

Je ne recommande pas, quelques épisodes mis à part.

Saison 3 : [edit 2022]
Saison plus courte que les deux précédentes. L’épisode final (Jibago) vaut le détour en termes d’animation, l’épisode Bad Travellings est sympa en terme d’ambiance. Deux épisodes beaucoup trop militaristes et inintéressants. Globalement ça reste assez anecdotique.