Archives de catégorie : Séries

Russian Doll, de Natasha Lyonne, Amy Poehler et Leslye Headland

Saison 1 (vue en 2019) :

Une série Netflix où Natasha Lyonne reprend exactement le même personnage que dans Orange is the New Black (a-t-elle un unique style de jeu, ou essayent-ils de créer un Netflix Extended Universe ?). Fêtant son 36e anniversaire dans l’appart d’une de ses potes qui est un pinacle de concentré d’artistes bohèmes new-yorkais.e.s, elle décède lors de la soirée. Et se réincarne dans la salle de bain au début de la soirée. Encore et encore. Le premier épisode est un peu lent, mais globalement c’est cool. 8×30 minutes, ça se regarde comme un gros film plus que comme une série. Ça part dans pas mal de directions différentes, ce qui est intéressant. La série a le temps de bien explorer le caractère de Nadia et sa relation aux personnes dans sa vie. On sait pas trop où ça va mais un des plaisirs est de se laisser porter par le truc et de regarder Nadia investiguer diverses pistes qui pourraient expliquer ce qui lui arrive. La fin est intéressante dans le choix qu’elle fait de laisser les personnages ne pas avoir une histoire commune et devoir gérer chacun de leur côté la connaissance des boucles temporelles.

Le côté ‘scénario multiples’ fait un peu ce qu’aurait pu donner l’épisode Banddersnatch de Black Mirror avec un vrai scénario (même si là on ne file pas la main au spectateur sur quelles pistes explorer, mais ce serait adaptable).

En revenant quelques mois plus tard sur cette critique, je me dis que y’avait à la fois un côté plaisant à regarder et un côté quand même un peu vide (dont je trouve qu’il se retrouve dans beaucoup de séries Netflix) : Ca avait l’air vraiment cool sur le papier (merci les algorithmes), t’as passé un bon moment devant, mais ça te laisse pas d’impression de long terme, t’en retire pas quelque chose. Un peu de la junk food de série, agréable sur le moment mais que t’oublie vite (bon, sauf que ça te file pas des maladies cardiovasculaires).

Saison 2 (vue en 2025) :

J’ai préféré cette seconde saison à la première. Le personnage de Nadia est confrontée à un nouveau dispositif de voyage temporel : on quitte la boucle, cette fois-ci en prenant le train 6622 du métro new-yorkais elle se retrouve dans le corps de sa mère dans les années 80 (et enceinte d’elle-même), ou de sa grand-mère dans la Hongrie sous occupation nazie. Elle explore son histoire familiale, tente de changer des choses (mais le temps est figé), de réparer les traumas et les erreurs. Mais en parallèle le temps s’écoule dans le présent de ses 40 ans et elle y rate des événements importants. Le rapport à la famille et à l’Histoire est intéressant, la façon dont les paradoxes temporels sont juste acceptés sans explications compliquées fonctionne bien. Voir Natasha Lyonne se balader à travers les époques avec son attitude « Devil may care » c’est très rigolo.

Arcane, de Christian Linke et Alex Ye

Série télévisée en 2 saisons, parue en 2023 et 2024. L’animation est très belle mais l’histoire m’a laissé assez indifférent, une rivalité entre deux sœurs et deux cités jumelles, mais avec des éléments très peu caractérisés j’ai trouvé.

Si la première saison ça va encore, la deuxième c’est clairement le bazar avec 15 000 lignes narratives qui commencent on sait pas trop pourquoi et finissent pas vraiment. Tout les personnages deviennent overpowered, mais pour un truc qui commençait en mode lutte des classes, ça passe vite en mode « 5 individus peuvent changer l’Histoire et les masses les regardent faire », avec en plus un militarisme sous-jacent pas du tout remis en question.

Cool bande-son though.

Silo, de Graham Yost

Série télé adapté du roman éponyme, parue (pour la première saison) en 2023. On suit l’enquête de Juliet Nichols, ingénieure machine promue shérif du Silo, une structure abritant 10 000 personnes sous la surface d’un monde toxique.

Globalement c’est assez fidèle au bouquin, avec des moyens pour la production. J’ai bien aimé l’apparence qu’ils ont donné au Silo. Par contre après quelques bons épisodes, ça se met à traîner en longueur, et faut attendre l’épisode 8 pour qu’il se remette à se passer des trucs. Sentiment mitigé, donc, mais je recommande toujours le bouquin.

Saison 2 :

J’ai largement préféré le rythme de la saison 2, l’alternance des lignes narratives entre Juliet et la rébellion des étages machines fonctionnait bien, même si côté Juliet y’a beaucoup d’aller-retours. Le personnage de Solo est plutôt bien écrit, les péripéties de la rébellion me semblent s’éloigner de ce qu’il y avait dans le bouquin (mais je me rappelle pas très bien des détails du livre donc sans certitudes). Bernard fait un bon méchant, par contre je n’ai pas été très convaincu par le perso de Simms dont on ne sait pas trop ce qu’il veut. Camille est bien plus intéressante. Bon et à part la construction du pont au début, ça manquait un peu de grosses machines, vivement que dans la S3 ils remettent en route l’excavatrice.

L’esthétique du Silo déserté et en ruine est plutôt réussie aussi, bonne variation sur l’esthétique initiale.

The Penguin, de Lauren LeFranc

Série états-unienne sortie en 2024, qui se passe immédiatement après le film The Batman. On suit l’ascension dans le monde de la pègre d’Oswald « The Penguin » Cobb, un gangster affilié à la famille mafieuse des Falcone, qui va monter cette famille et celle des Maroni l’une contre l’autre pour avoir le champ libre pour régner sur le monde criminel de Gotham City. Pas de présence de Batman ou de supercriminels, on est sur une histoire de gangsters assez classique (nonobstant la place de la psychiatrie et d’une drogue dopée au scenarium). Dans son ascension, le Pingouin va prendre sous son aile (pun intended) Victor Aguilar, un jeune homme qui a perdu sa famille dans les attentats qui ont touché Gotham à la fin de The Batman

La performance de Colin Farrell dans le rôle titre est assez impressionnante, et le maquillage le rend assez méconnaissable. Toute la relation du Pingouin avec sa mère et avec Victor est très réussie et la partie la plus intéressante de la série, ce côté psychologique fonctionne bien et on se retrouve à être à fond pour ce personnage pourtant assez horrible.
J’ai globalement bien aimé la première moitié de la saison, ça perd un peu en rythme et en crédibilité après : la focale faite sur les personnages fait qu’on se retrouve avec la cheffe de la famille mafieuse qui va faire ses basses œuvres toute seule et qui se met en coloc avec le chef de la famille rivale, c’est pas franchement crédible. Toute l’histoire Sofia/Julian Rush était aussi assez accessoire.

Recommandé si vous avez aimé le film The Batman ou Colin Farrell avec beaucoup de maquillage.

Nobody wants this, de Lindsay Golder

Comédie romantique parue en 2024. Joanne est une californienne qui gagne sa vie en enregistrant un podcast avec sa sœur, qui parle de sexualité. Noah est un jeune rabbin qui a mis fin à ses fiançailles. Les deux vont se rencontrer et avoir un coup de foudre l’un pour l’autre, par dessus leurs différences culturelles.

C’était une bonne série romantique. La chimie entre les deux persos fonctionne, il y a des rebondissements pas trop clichés, les persos secondaires (les losers siblings notamment, la relation aux parents) sont réussis. Pas une série inoubliable, mais une réussite pour une série de vacances.

Samuel, d’Émilie Tronche

Série télé française parue en 2024. Je l’ai vue au cinéma d’un seul tenant dans le cadre du festival Séquence, c’était un très bon cadre, ça gagne a être regardé avec les réactions de toute une salle de cinéma (même si je pense que ça marche aussi très bien blotti·e dans son lit).

On suit la vie de Samuel, 10 ans, via ce qu’il en écrit dans son journal intime. Il parle notamment de son sentiment amoureux pour Julie, une de ses camarades de classe. C’est super bien écrit dans la façon dont ça rend les émotions ressenties quand on est enfant – et je pense que la série parle à beaucoup de gens parce qu’on s’y retrouve facilement (aux dernières nouvelles, tout le monde a été enfant). Niveau animation c’est très beau, en noir et blanc, avec sur certaines séquences des inspirations mangas très bien intégrées (la visite au château, le cauchemar de la grande dame). La question des sentiments et des relations est je trouve très bien traitée. Certains passages sur attirances ou sur l’arrivée de l’été m’ont fait penser à The Perks of being a wallflower ou à La Traversée du Temps, deux œuvres que j’aime beaucoup.

J’ai aussi beaucoup aimé l’épisode sur la mort de la grand-mère de Corentin et la mise en scène via Corentin de la construction d’un mode masculin de rapport à ses émotions (là où Samuel est beaucoup plus émotif). Enfin, une dernière analogie que je vois est avec la série Bref, pour le côté épisodes très courts et centrage sur une relation amoureuse hétéro, mais on est sur un traitement beaucoup plus subtil que Bref.

Enfin, excellente bande-son, et pas mal de passage où des personnages dansent (sur de la musique ou tout seuls dans leur chambres) où les mouvements rendent très bien.

Chaudement recommandé.

La Mesias de Javier Ambrossi et Javier Calvo

Série télé espagnole parue en 2023. En 2012, des vidéos YouTube deviennent virales en Espagne : on voit 6 femmes chanter leur amour du Christ dans des montages chelou. Tout le monde est hilare, sauf Enric et Irene : sur les vidéos ce sont leurs demi-sœurs, parties dans un délire sectaire avec leur mère. Pour eux, ces vidéos ravivent les traumas de leur enfance. Ils vont chacun de leur côté tenter de retrouver leurs sœurs. En parallèle, on va voir leur enfance, comment ils se sont retrouvés entrainés dans cet environnement de secte.

C’était dur à voir par moment mais très bien. Les acteurs sont très bons, surtout les trois actrices qui jouent Montserrat. La façon dont elle s’enferme dans son délire et y entraîne ses enfants est bien montré, sa codépendance avec Pep aussi. J’ai trouvé la ligne narrative d’Enric un peu faible dans l’épisode final (on reboucle sur le premier ep, ça montre qu’il tourne en boucle sur des choses qu’il n’a pas dépassé depuis l’enfance, certes, mais c’est pas le plus intéressant thématiquement), là où celles d’Irene et Cecilia fonctionnent très bien jusqu’au bout.

Très bonne bande son aussi, qui fait un bon usage de chansons très classiques. Des plans bien mis en scène avec beaucoup de jeux sur les cadres, les fenêtres, les barreaux, la mise en scène des différents lieux.

Je recommande

Toutouyoutou, de Maxime Donzel et Géraldine de Margerie

Série télévisée française de 2022. Dans les années 80 à Blagnac, Karine, femme au foyer et épouse d’un ingénieur aéronautique, s’emmerde sévèrement et à l’impression d’avoir raté sa vie. Soudain, une nouvelle voisine s’installe, Jane, c’est une américaine qui a l’air de sortir d’un magazine de mode et ouvre une section aérobic dans la salle de sport municipale. Le groupe d’amies de Karine vont s’inscrire, et leurs vies vont être modifiées par cette nouveauté. Non seulement via les cours d’aérobic, mais aussi parce que Jane n’est pas venue s’enterrer à Blagnac sans raison : elle a un certain intérêt pour les entreprises locales qui fabriquent des avions…

C’était une bonne surprise. Le pilote n’était pas incroyable mais la série décolle dès l’épisode 2. Les personnages sont bien écrits et bien joués, les enjeux domestiques des femmes au foyer sont crédibles, la reconstitution des 80’s françaises aussi (notamment tout le trip sur Bernard Tapie ce héros). Mention spéciale pour l’épisode du concours national d’aérobic avec les équipes concurrentes ultra-déterminées. On dirait un peu un successeur spirituel d’OVNI(s), en moins poétique (et pas aussi réussi quand même), entre les questions d’aéronautiques, le décor toulousain et le côté rétro. La fin totalement ouverte de la saison laisse la possibilité d’une saison 2 qui pourrait partir dans pas mal de directions.

Saison 2 (et finale) :

Très réussie aussi. Une tonalité plus sombre que la 1, Karine étant passé du côté espionnage. Toujours assez surpris des gros changements de ton que la série se permet et réussit, en traitant en parallèle les questions d’espionnage, d’aérobic, de vies personnelles. L’arc moral de Karine est assez réussi. Un peu dommage que la série nous colle un trope de tragic gay story. L’évolution du personnage de Mapi fonctionne bien, et la vibe toulousaine de la série est assez réussie juste avec certains plans de coupe (et c’est jamais « oh regardez, voici Toulouse centre », c’est vraiment le côté périphérique). Enfin, le coup de génie du titre : Toutouyoutou two, pour une série qui est à fond sur un bilinguisme qui tourne au franglais, c’est assez parfait.

Slow Horses, de Will Smith

Série télévisée anglaise produite par Apple TV, dont la première saison est sortie en 2022. On suit les aventures de la branche « voie de garage » du MI5 : la division où sont envoyés les espions qui ont suffisamment raté une mission pour être exfiltrés du QG et des opérations courantes. À la tête de la division, Jackson Lamb, ancien héros de la Guerre Froide qui a voulu un poste sans enjeux pour finir sa carrière. En jeune premier, River Cartwright, petit-fils d’un ancien dirigeant du MI5, qui a horriblement raté un exercice d’entraînement. La vie devrait être tranquille dans cette division, mais les dirigeantes du MI5 les emploient périodiquement pour des missions en dehors des circuits officiels, notamment pour des luttes de pouvoir intestines…

C’est bien réussi. On est sur un format mini-série, avec chaque saison qui couvre une histoire complète en moins de 10 eps. Le scénario de la première était très bien (kidnapping par un groupe d’extrême-droite), les suivantes sont plus invraisemblables, mais le timing de la 3 (tiger team) était super, j’ai pas pu lâcher, j’ai bingewatché la saison en deux soirs (et la 4e était un peu plus faiblarde, ça s’essoufle quand même un peu, mais franchement 1 et 3 valent le coup).

La réussite de la série tient aux acteurs et aux relations toutes anglaises entre les personnages. Jackson Lamb applique la recette classique du personnage ultra-compétent mais qui déteste tout le monde et insulte à tour de bras (Malcom Tucker by any other name), les slow horses ont le bon mélange de sympathie et d’incompétence pour les rendre attachants, les seconds rôles sont très réussis aussi (Taverner notamment, en n°2 manipulatrice du MI-5).

Je recommande pour de l’espionnage sans enjeux.

We are Lady Parts, de Nida Manzoor

Série anglaise en 2 saisons, la première sortie en 2021. On suit les aventures d’Amina Hussein, jeune anglaise musulmane à la recherche d’un mari respectable. Mais pour se rapprocher d’un mec attirant, Amina va accepter de jouer dans Lady Parts, un quatuor punk formé par 3 autres femmes musulmanes. Vont s’ensuivre des rebondissements alors que le groupe enchaîne les répétitions, tente de décrocher des dates pour jouer et d’amasser l’argent leur permettant d’enregistrer un album, avec au milieu Amina qui a du mal à concilier les différentes facettes de sa vie.

C’était très cool. Histoire efficace, en 2 saisons courtes, des personnages très réussis, ça parle du monde de la musique, d’islamophobie et de rapport à la religion, c’est très drôle et la musique est particulièrement réussie (un petit changement de ton entre les deux saisons, la musique de la première était plus directement punk, la seconde c’est plus varié et un peu plus sage).

Grosse reco.