Archives de catégorie : Screens, thousands of them.

My name is Nobody, de Tonino Valerii

Western de 1973. Il raconte les trajectoires croisées de deux cowboys alors que la Conquête de l’Ouest touche à sa fin. Jack Beauregard est une des légendes de l’Ouest, tireur hors pair et défenseur de la veuve et de l’orphelin, l’incarnation du cowboy platonicien en quelque sorte. Mais il se fait vieux et cherche à quitter l’Ouest pour l’Europe ou il pourra vivre tranquille sans qu’on cherche à le défier pour être celui qui a abattu la légende. Nobody est un jeune homme lunaire, tireur incroyablement rapide aussi, grand admirateur de Beauregard, qui veut le voir accomplir un dernier éclat qui le ferait rentrer dans la légende pour l’éternité. Il correspond assez peu à l’archétype du cowboy pour le coup puisqu’il n’arrête pas de faire le pitre.
Le film montre comment Nobody va manipuler les événements pour aider Jack mais aussi le forcer à accomplir l’exploit qu’il voulait le voir réaliser.

C’est lent comme tout bon western spaghetti. Ça parle du bon vieux thème des faits vs la légende, de la fin d’une époque. De belles scènes (l’affrontement chez le barbier qui ouvre le film, les démonstrations de vitesse de Nobody, le concours de visée dans le bar). Pas enthousiasmé par la bande son par contre, Morriconne part trop sur le côté comique du film à mon goût.
Je suis content de l’avoir vu, mais il n’est pas au niveau de la Trilogie des Dollars je trouve.

Ralph Breaks the Internet, de Rich Moore et Phil Johnston

Par convention mon « de » donne les noms des directeurices, mais pour des gros films d’animation comme ça je devrais peut-être juste nommer le studio ?

La suite de Wreck-it Ralph, que j’avais beaucoup aimé. Pas très convaincu par cette suite, dont j’ai trouvé qu’elle fonctionnait beaucoup par gimmicks et références (et placement de produits notamment Disney).
Des passages sympas cependant, notamment les moments qui se rapportent aux thèmes des princesses (la scène où Vanellope rencontre les autres princesses Disney, le moment où elle se met à chanter, et le sauvetage de Ralph évidemment).

Par ailleurs je sais que ce n’est pas le propos du film mais y’a d’énorme problèmes de cohérence internes : y’a un réseau de téléphone utilisé par les personnages qui sont… dans le réseau de communication ? Et pourquoi les avatars des princesses Disney ont des *pouvoirs* ???

Bref, ça se regarde gentiment mais on sent un peu trop le syndrome « suite d’un Disney »

Love, Death and Robots, de Joshua Donen, David Fincher, Jennifer Miller et Tim Miller

Anthologie de courts métrages animés sur des thèmes SF/fantasy/fantastique.
Le concept était prometteur, c’est joli à regarder il y a plein de styles d’animation différents, mais les épisodes n’ont pas grand chose à raconter en un temps aussi court, on est très souvent sur des poncifs de la SF.
Par ailleurs, il y avait visiblement un challenge « le plus de nudité féminine gratuite possible » qui courrait dans le studio de prod.

Je ne recommande pas, quelques épisodes mis à part.

Saison 3 : [edit 2022]
Saison plus courte que les deux précédentes. L’épisode final (Jibago) vaut le détour en termes d’animation, l’épisode Bad Travellings est sympa en terme d’ambiance. Deux épisodes beaucoup trop militaristes et inintéressants. Globalement ça reste assez anecdotique.

The Greatest Showman, de Michael Gracey

L’histoire largement romancée de Phinéas Barnum, le créateur du cirque éponyme. Le personnage principal (et son émule), même si le film essaye de les rendre sympathiques, sont visiblement deux beaux connards, bien déterminés à gagner leur place en haut de la société classiste. Y’a un petit écho à Hamilton dans le côté dont Barnum n’est jamais satisfait de ce qu’il a et finit par ruiner son mariage et son cirque dans sa poursuite de la reconnaissance plus large de la société (les parents de sa femme, la bourgeoisie anglaise et américaine)…
Les chorégraphies sont très belles par contre, le film est beau visuellement, et réussit très bien le contraste chorégraphies et musiques modernes avec les costumes et l’époque de l’histoire.

Hereditary, d’Ari Aster

Film d’horreur sorti en 2018. Il est joli dans la mise en scène (les passages brusques jour/nuit sur un plan fixe, certains angles de caméra), y’a des points de scénario intéressants, mais globalement l’histoire reste assez brouillonne, on ne sait pas vraiment quels personnages on suit (même problème que dans The Babadook, où on ne sait pas si le personnage de la mère est un opposant ou un adjuvant. Et pas d’une façon qui rajoute de l’ambiguïté intéressante, plutôt d’une façon qui brouille la compréhension des enjeux).

C’est peut-être une vision personnelle mais pour moi un bon film d’horreur ça reprend les mécanismes de la tragédie antique, avec un côté mécanique implacable, là y’a des trucs qui arrive sans que l’on sache trop pourquoi, les mécanismes ne sont pas cohérent.

The Favourite, de Yórgos Lánthimos

Film qui se passe à la cour de la reine Anne d’Angleterre. Il raconte l’ascension d’Abigail Hill au sein de la cour et la chute symétrique de Sarah, la confidente et amante de la reine, la relation entre les trois femmes, et les relations entre les membres de la cour. C’est assez difficile à décrire, comme film. C’était intéressant à regarder, c’est très bien joué avec de beaux décors, mais je sais pas vraiment quoi en dire de plus.

The Death of Stalin, d’Armando Iannucci

Comédie anglaise sur la bataille pour le pouvoir au sommet du Parti Communiste d’URSS à la mort de Staline. Très caustique, mettant en scène le gang de requins à la tête du Parti et du pays, et le règne de terreur qui fait partir en vrille tout événement avec un tant soit peu de visibilité publique. Les personnages de Béria et de Krouchtchev notamment sont incroyables, sans trop savoir ce qui relève du registre du film et ce qui relève de la réalité.

Le Grand Bain, de Gilles Lellouche

Film français de 2018. Grosse recommandation.

Bertrand, chômeur et en dépression, rejoint l’équipe de natation synchronisée qui s’entraîne dans la piscine qu’il fréquente. Collection d’hommes aux vies un peu bordélique, il va y trouver sa place et l’équipe entière, pourtant totalement amatrice, va s’entraîner pour participer aux championnats du monde de la discipline.

C’était très bien. Les personnages sont filmés avec beaucoup de tendresse (tout en montrant bien qu’ils font pour la plupart des choix désastreux et qu’ils sont assez problématiques par pas mal de points). On s’implique très vite émotionnellement dans le film à leurs côtés (j’ai totalement vécu le stress pré-compétition avec les personnages, je pense que le montage de toute cette séquence est super bien faite, on est totalement dedans). Les personnages des deux entraineuses sont très bien fait aussi, dans leurs relations à l’équipe, entre elles, et dans leur caractères.

Into the Spiderverse, de Bob Persichetti, Peter Ramsey, et Rodney Rothman

Film d’animation Spiderman, qui suit comment Miles Morales devient le nouveau Spiderman de son univers avant de rencontrer des spiderfolks de différentes dimensions.

J’ai bien aimé. Je connaissais déjà le personnage de Miles Morales, un renouvellement bienvenu de Spiderman, et il est bien mis en scène. L’animation du film, avec des éléments graphiques qui reprennent les codes des comics (onomatopées qui apparaissent, représentation physique du spidersense) est intéressante, et la bande-son excellente. On aurait pu se passer de l’embryon de romance entre Gwen et Miles mais sinon c’est un fort bon film.

Russian Doll, de Natasha Lyonne, Amy Poehler et Leslye Headland

Une série Netflix où Natasha Lyonne reprend exactement le même personnage que dans Orange is the New Black (a-t-elle un unique style de jeu, ou essayent-ils de créer un Netflix Extended Universe ?). Fêtant son 36e anniversaire dans l’appart d’une de ses potes qui est un pinacle de concentré d’artistes bohèmes new-yorkais.e.s, elle décède lors de la soirée. Et se réincarne dans la salle de bain au début de la soirée. Encore et encore. Le premier épisode est un peu lent, mais globalement c’est cool. 8×30 minutes, ça se regarde comme un gros film plus que comme une série. Ça part dans pas mal de directions différentes, ce qui est intéressant. La série a le temps de bien explorer le caractère de Nadia et sa relation aux personnes dans sa vie. On sait pas trop où ça va mais un des plaisirs est de se laisser porter par le truc et de regarder Nadia investiguer diverses pistes qui pourraient expliquer ce qui lui arrive. La fin est intéressante dans le choix qu’elle fait de laisser les personnages ne pas avoir une histoire commune et devoir gérer chacun de leur côté la connaissance des boucles temporelles.

Le côté ‘scénario multiples’ fait un peu ce qu’aurait pu donner l’épisode Banddersnatch de Black Mirror avec un vrai scénario (même si là on ne file pas la main au spectateur sur quelles pistes explorer, mais ce serait adaptable).

En revenant quelques mois plus tard sur cette critique, je me dis que y’avait à la fois un côté plaisant à regarder et un côté quand même un peu vide (dont je trouve qu’il se retrouve dans beaucoup de séries Netflix) : Ca avait l’air vraiment cool sur le papier (merci les algorithmes), t’as passé un bon moment devant, mais ça te laisse pas d’impression de long terme, t’en retire pas quelque chose. Un peu de la junk food de série, agréable sur le moment mais que t’oublie vite (bon, sauf que ça te file pas des maladies cardiovasculaires).