Archives de catégorie : Screens, thousands of them

16 ways to kill a vampire at McDonalds, d’Abigail Corfman

Jeu vidéo textuel, disponible en ligne sur le site de sa créatrice. On joue une chasseuse de vampire qui voulait un jour de repos, mais tombe sur un vampire au McDo où elle va chercher de la comfort food. De toute évidence, c’est aussi ce que le vampire cherche, sous la forme de la caissière. Il va falloir battre le vampire, malheureusement dans le groupe on sert surtout à avoir l’air appétissante pour faire sortir les vampires du bois, il va donc falloir McGyverer un moyen – ou 16 de tuer le vampire.

C’était chouette, une utilisation très réussie de la fic textuelle, une histoire originale et bien menée. Recommandé.

Mundaun, du studio Hidden Fields

Jeu vidéo suisse paru en 2021. Prévenu par une lettre du curée de la mort de notre grand-père dans l’incendie de sa grange, nous remontons au village de Mundaun où il nous a élevé, perdu dans les alpages. Sur place, les événements prennent rapidement une tournure surnaturelle : des créatures de pailles hantent le village la nuit, la chapelle est profanée, et une vision de notre grand-père laisse entendre qu’il est entre les griffes du diable. Armé d’une fourche, de la Muvel grand-paternelle et d’un journal de bord, on va parcourir la montagne pour retrouver dans le passé familial ce qui a fait que notre grand-père a un jour passé un pacte avec le diable…

Il m’a fallu un peu de temps pour rentrer dedans, mais j’ai bien aimé ! L’ambiance est assez particulière, le jeu est en nuances de gris, tous les dialogues sont en romanche, y’a une touche folk horror avec les traditions locales. L’histoire fait légende de rencontre avec le diable très classique, mais ça fonctionne. Le diable en vieil homme mystérieux est très réussi, la scène où l’on voit son reflet dans le lac en contrebas du paysage est ma préférée je pense (de façon générale la mise en scène est très bien faite). Le côté montagne isolée est bien rendu. Quelques allers-retours un peu superflus peut-être mais le jeu n’est pas ultra long pour autant.

Recommandé si vous aimez le romanche et les pactes sataniques.

The Operator, du studio Bureau 81

Jeu vidéo paru en 2024. On joue un agent de bureau du FDI, le Federal Department of Intelligence. En lien avec des agents de terrain, on analyse des éléments collectés sur les scènes de crime pour trouver des indices permettant de comprendre ce qui s’est passé. On fait tout depuis l’écran de notre ordinateur, avec une technologie à la pointe de ce qui se fait en 1992, pour analyser des vidéos, des photos, chercher dans des bases de données… En connectant plusieurs affaires, on va mettre à jour une conspiration dans laquelle le Département lui même semble impliqué.

C’était sympa, l’interface est cool, les graphismes et la musique mettent bien dans l’ambiance, par contre j’ai trouvé que les plot-twists se voyaient venir de très loin.

Sorry, baby, de Eva Victor

Film étatsunien paru en 2025. Agnes et Lydie sont ami.es depuis leurs années de thèse ou elles étaient coloc dans une petite maison de Nouvelle-Angleterre. Agnes y habite toujours, Lydie a déménagé à NY avec son/sa partenaire. Elle revient voir régulièrement voir Agnes, qui est devenue professeure dans la fac où elles ont étudié et a hérité du bureau de son ancien encadrant. Ce qui n’est pas une très bonne nouvelle pour elle, étant donné que celui-ci l’a violée. Le film parle de la gestion d’un événement traumatique et de la personne qu’on devient après. J’ai des ami.es qui l’ont beaucoup aimé, mais perso ça m’a laissé assez froid. C’est pas mal traité, mais je trouve le film ultra classique dans ses plans, son traitement, oui ok y’a une jolie lumière sur la Nouvelle-Angleterre en hiver, mais bon.

Downriver a tiger, de Víctor Diago

Film espagnol paru en 2025, vu dans le cadre du festival Cinespaña. Júlia est une barcelonaise qui vit à Glasgow depuis 4-5 ans. Photographe dans l’âme, elle prend en photo des gens sur des ponts en journée, et pour avoir un salaire, travaille dans un restaurant le soir. Elle est très isolée, sa santé mentale n’a pas l’air ouf, et sa santé physique non plus, puisqu’elle commence à perdre la vue du côté droit… Elle se rappelle sa rencontre avec Shubham, un Indien qui est venu à Glasgow pour ses études.

Le film arrive bien à poser une atmosphère, mais une atmosphère assez déprimante (de la nuit, du froid, du brouillard, de l’isolation sociale…) du coup on en ressort assez plombé.

Wayward, de Mae Martin

Série étatsunienne de 2025. En 1994, on suit les lignes narratives parallèles d’Alex Dempsey, policier qui vient s’installer dans la ville d’enfance de sa femme qui attend un enfant, et de Leila et Abbie, deux adolescentes envoyées dans un établissement pour enfants difficiles, qui est là où la femme d’Alex a fait sa scolarité, juste à côté de la ville en question.

C’était pas révolutionnaire, mais ça fonctionne bien, on retrouve Mae Martin et Toni Collette exactement dans leurs rôles habituels (personne non-binaire submergée par l’anxiété et leadeuse de secte avec la mère de toutes les resting bitch-faces respectivement), et ça me va très bien (y’a des acteurices que c’est pas la peine de caster à contre-emploi). L’école de Tall Pines est bien caractérisée je trouve : à la fois le côté sectaire et maltraitant pour les enfants, et le fait que les enfants qui y vont sont quand même de base des enfants pas totalement adaptés à la société : ça reste des enfants et ce que leur fait l’école et Evelyn spécifiquement n’est pas acceptable, mais ce ne sont pas des anges pour autant. Le fait que la secte permette aussi à certains de trouver une forme de communauté qu’ils n’auraient pas autrement est intéressant (et on voit assez peu la ville dans cette saison mais de ce qu’on en voit ça à l’air assez idyllique et de n’avoir gardé que les bons côtés du collectif forgé côté école). La réorganisation de la secte autour de Laura (et la façon qu’elle a de réussir à coopter le mouvement en prétendant vouloir en virer les éléments problématiques, mais ça n’a pas l’air si vrai que ça), en parallèle de la récupération de la secte de Weldon par Evelyn est aussi un point intéressant pour montrer comment ces structures survivent aux personnes.

Lorelei and the Laser Eyes, du studio Simogo

Jeu vidéo d’énigme publié en 2024. Une femme est invitée dans un hôtel pour participer à un projet artistique. À son arrivée tout est fermé, mais un chien l’attend avec une lettre. Il va falloir déverrouiller progressivement les différentes pièces de l’hôtel, comprendre ce que l’on fait là et se balader entre plusieurs niveaux d’interprétation.

J’ai beaucoup aimé. C’est tout à fait mon style de jeu d’énigmes, ça demande pas de s’arracher les cheveux mais faut quand même réfléchir un peu sérieusement sur certaines. Et surtout, l’esthétique du jeu est incroyable. Tout est en noir blanc et rouge, avec une espèce de voile sur l’image comme si on suivait le jeu depuis des caméras de surveillance. On a aussi des séquences dans des jeux vidéos dans le jeu vidéo avec une esthétique de Playstation. On évoque des sociétés secrètes, des magiciens ambulants, le cinéma italien des années 60, un superordinateur, c’est vraiment ma came.

Grosse reco.

Weapons, de Zach Cregger

Film d’horreur états-unien de 2025. Dans une petite ville américaine, 17 enfants d’une même classe disparaissent une nuit, à la même heure. Le dernier enfant et la maîtresse sont questionnés, mais aucune piste n’apparaît. On va suivre le point de vue de la maîtresse, d’un parent d’élève, d’un policier, du proviseur, d’un marginal et finalement de l’enfant non-disparu, pour voir les pièces du puzzle se mettre en place.

Globalement, un film un peu brouillon (trop d’éléments je trouve), mais avec pas mal de potentiel. L’ouverture sur une narration par un enfant et le sujet de la disparition d’enfants (+ de la magie) fait un peu conte (mais ça ne colle pas trop avec d’autres éléments plus prosaïques ou adultes du film), la narration non-linéaire est intéressante pour avoir les différents points de vue (mais parfois c’est de la répétition pure, et surtout la clef de l’histoire nous est cachée jusqu’à quasiment la fin – ce n’est pas une addition d’éléments qui nous permet de comprendre l’histoire), le côté violence psychologique sur Alex est bien mis en scène. Mais tous ces éléments ne vont pas forcément bien ensemble, ça fait des variations tonales assez importantes, avec des moments plus horrifiques, d’autres plus comiques, des aspects naturalistes, d’autres plus fantaisistes.

Film améliorable mais réalisateur à suivre je pense.

Brightburn, de David Yarovesky

Superman x Adolescence

Film d’horreur étatsunien paru en 2019. Un vaisseau spatial tombe dans les champs d’un couple du Kansas, qui y découvre un bébé, et l’adopte. Le bébé extraterrestre découvre à la puberté qu’il a des pouvoirs, et le secret de ses origines. Sauf que le message qui lui est transmis par son vaisseau spatial, c’est « Règne sur le monde » (et là je suis très content d’avoir regardé ce film back-to-back avec le Superman de James Gunn – qui était producteur de celui-ci, parce que ça montre vraiment deux traitements d’une même prémisse), et qu’au lieu de devenir un super héros aimé de toustes, le petit Brandon Breyer va devenir un psychopathe tendance incel, réglant son compte à toute sa famille qui tente de le raisonner.

Les rappels au mythe de Superman sont assez réussis : le setup initial évidemment, la cape (avec une couverture), la scène où il porte sa mère dans le ciel qui rappelle les scènes classiques avec Loïs Lane, même la façon dont le leitmotiv du protagoniste est instrumenté. L’enfant-acteur joue très bien le personnage de Breyer, la scène où il explique sa supériorité naturelle à la psychologue est assez glaçante. Son rapport à la fille qu’il apprécie mais dont il casse le bras pour avoir osé s’opposer à lui est aussi bien écrit. L’horreur plus classique avec sa famille est bien mise en scène, avec divers degrés de gore selon les personnages.

Recommandé si vous aimez bien l’horreur et Superman.

Superman, de James Gunn

Film étatsunien de 2025. Yet another version de Superman vs Lex Luthor. Dans la même veine que Fantastic Four: First Steps, on est sur du superhéroïsme optimiste, avec un Superman un peu ingénu. Ça fait du bien de sortir des trucs dark, mais 2h20 c’est vraiment trop long pour un film de Superman. L’esthétique un peu kitsch est chouette, mais bon tous les trucs sur la Justice League ça aurait pu être coupé pour gagner du temps.

Contrairement à FF:FS, vu que Superman se passe à l’époque actuelle, on a bien un gouvernement qui fait des crasses dans l’ombre (en s’alliant à la mégacorporation de Lex Luthor) et des questions de géopolitiques, dans lesquelles un Superman idéaliste se prend rapidement les pieds. Les métahumains créés par Luthor pour affronter Superman sont plutôt réussis (dont un Bizarro pas appelé comme ça parce que ça faisait peut-être un peu trop wacky même pour ce film), par contre beaucoup de retournements de scénario qui sont plutôt des trous de scénario (Métamorpho qui est le seul qui peut fournir un soleil à Superman dans l’univers de poche, dommage que Lex l’ait laissé dans la cellule de Superman…).

Le twist sur le fait que les parents biologiques de Superman lui confiait pour mission de régner sur la Terre (mais qu’il n’a jamais eu la fin du message et qu’il a donc bien tourné) est intéressant, pour sortir de la vision de Krypton comme une civilisation avancée bénéfique, et pour montrer que ce n’est pas la « nature profonde » de Superman qui fait qu’il est bon mais son éducation et ses choix personnels.

Sympa si vous aimez bien la mythologie de Superman mais pas indispensable non plus.