Archives de catégorie : Jeux vidéos

American Arcadia, du studio Out of the Blue

Jeu vidéo paru en 2023. Trevor Hills mène une vie ordinaire dans la ville rétrofuturiste d’Arcadia, dans les années 70. Jusqu’au jour où il commence à recevoir des messages inquiétants via le système informatique de son travail : il vit en fait depuis sa naissance dans une émission de téléréalité, mais vu le peu d’intérêt des télespectateurs pour sa ligne narrative, il a été décidé de le faire disparaître pour diminuer les coûts. Avec l’aide d’une technicienne de la mégacorporation derrière l’émission télé, il va tenter de s’évader d’Arcadia pour vivre dans le monde réel.

L’histoire était sympa (c’est un gros hommage au Truman Show, assumé comme tel, et les cinématiques qui coupent l’histoire ou font des retours en arrière fonctionnent bien en termes de narration ) avec une esthétique rétro qui fonctionne bien, et l’idée d’alterner les séquences Trevor/Angela avec soit du plateformer soit de la 3D fonctionne plutôt bien, mais par contre le gameplay lui-même est assez faible : déjà c’est très clair vu les cinématiques que le jeu sera un tunnel sans choix et c’est pas mal un walking simulator, toutes les séquences sont d’un niveau assez basique. Je pense que ça aurait pu être un film, la forme vidéoludique apporte assez peu d’éléments supplémentaires.

Sympa mais sans plus.

Threshold, de Julien Éveillé

Court jeu vidéo indépendant paru en 2024, avec une esthétique de PSX. On joue le nouvel employé d’un job de maintenance secret : à un poste frontière perdu dans les montagnes, on surveille la vitesse de progression d’un train infini. S’il ralentit, il faut le faire réaccélérer d’un coup de sifflet, mais vu l’altitude l’air est rare, et il faut prendre des cartouches d’air comprimé pour supporter tout effort. On va pouvoir explorer notre environnement de travail pour essayer de comprendre les tenants et aboutissants de la situation, tout en faisant en sorte de continuer à faire avancer le train.

C’était une ambiance un peu (voire carrément) poisseuse, c’est pas de l’horreur au sens jumpscare, c’est psychologique, avec une situation qui nous dépasse mais à laquelle on tente de participer tant bien que mal, alors que les contraintes s’accumulent. Toute similarité avec la condition humaine sous le capitalisme tardif est évidemment accidentelle.

Je recommande si vous aimez les trucs un peu badant et les graphismes low-res.

He fucked the girl out of me, de Taylor McCue

Jeu vidéo (ou fiction interactive, selon votre définition de jeu) créée en 2022. L’œuvre raconte les premières fois dans le travail du sexe d’une femme trans qui a besoin d’argent pour pouvoir payer son traitement hormonal. Ça parle de trauma, ça peut être dur à jouer, par moment, mais c’est réussi dans le traitement de son sujet et dans le partage d’une expérience et d’un point de vue.

Jusant, du studio Don’t Nod

Jeu vidéo sorti en 2023. Un.e jeune muet traverse un désert parsemé de carcasses de bateaux et arrive au pied d’une tour gigantesque. Au fur et à mesure de son ascension de la tour, iel va découvrir l’histoire de ses ancien.nes habitant.es. Ça pourrait être Chants of Sennaar, c’est Jusant. Pas d’énigmes sur la construction du langage, mais de l’escalade pour arriver au sommet de la tour, en parcourant des zones avec des cultures/écologies distinctes.

C’était joli, l’univers est sympa, par contre c’est vraiment un walking simulator. Il n’y a pas de difficulté dans les énigmes, ni dans l’escalade. Si c’est intéressant d’avoir un mécanisme bras droit/bras gauche, pour le reste ça n’a pas du tout un rendu d’escalade. Pas de grimpe avec les jambes, pas de vraie gestion de la fatigue (pourquoi on ne peut pas se reposer sur ses pitons ? Ça m’a grandement perturbé). Si les mouvements du corps du perso sont assez réalistes en termes d’escalade (en imaginant qu’iel soit surmusclé.e et fort.e en technique), par contre point de vue contrôle on n’a jamais de variations.

Sympa pour l’univers et pour faire un jeu détente, mais manque d’un vrai rapport à l’escalade – en d’enjeux qui ne soient pas juste ce qu’on lit dans des éléments ramassés dans le paysage.

Hades, du studio Supergiant Games

Jeu vidéo sorti en 2020. C’est un roguelike (ie, on refait toujours la même progression depuis le début en allant de plus en plus loin, et les rencontres que l’on fait au fur et à mesure sont générées aléatoirement, sauf les boss dont il faut apprendre le pattern d’attaque pour réussir à les battre). On joue Zagreus, le fils d’Hadès, décidé à s’échapper des Enfers pour aller retrouver sa mère Perséphone à la surface. On a a disposition plusieurs armes, et des pouvoirs spéciaux filés par les différents dieux du Panthéon grec, qu’on rencontre aléatoirement au cours du run. Les victoires donnent différentes récompenses qui peuvent être utilisées pour acheter des améliorations des armes ou de nos statistiques de combats, ou des améliorations cosmétiques des salles de départ, où on peut aussi interagir avec différents personnages, ce qui permet de découvrir des bribes de l’histoire du jeu.

J’ai bien aimé. C’est un genre de jeu auquel je suis assez mauvais, mais il est designé pour être très addictif, et ça fonctionne, avec une courbe de progression qui est bien paramétrée (qui a quand même été bien raide pour moi au début jusqu’à ce qu’un truc se débloque, mais il a fallu que j’active le mode facile pendant très longtemps pour acquérir les bons réflexes de combat).

L’histoire est pas révolutionnaire si vous connaissez un peu la mythologie grecque, mais le gameplay est bien réussi et ça file les bonnes doses d’endorphines. Je recommande.

Chants of Sennaar, du studio Rundisc

Jeu vidéo français (le studio est toulousain !) sorti en 2023. Se joue en une dizaine d’heures. Dans une immense tour, différents peuples se côtoient sans se mêler ; n’ayant pas de langage commun et se méfiant les uns des autres, ils se cantonnent à différentes parties de la tour. Le/la protagoniste va traverser ces différentes parties, apprendre le langage de chaque peuple grâce à des éléments de contexte, et servir de traducteurice.

C’était un point-and-click sympa, avec une très belle direction artistique. Un léger bémol sur le côté purement linguistique des énigmes, qui était un peu trop facile à mon sens : il s’agit surtout de déduire le vocabulaire du contexte. Seule une langue a une construction différente de celle des autres, sinon les variations sont minimes (verbe en début ou fin de phrase, pluriel avant ou après le mot) et données très vite à la joueuse (le pb est renforcé par le fait qu’il n’y a ni conjugaison ni déclinaisons).

Je recommande.

Tunic, d’Andrew Shouldice

Jeu vidéo indépendant paru en 2022. On joue un renard anthropomorphique vêtu d’une tunique verte. Notre protagoniste muet va devoir récupérer la Master Sword l’Épée du Héros puis les trois parties de la Triforce Gemmes de Pouvoir en progressant dans des donjons pour délivrer Zelda l’Héritièr.e et affronter Ganondorf un boss final. Vous l’aurez compris, c’est un hommage très appuyé à Zelda, au point que pour moi c’est un Zelda à la licence près. Plus exactement, c’est un hommage aux Zeldas de quand le développeur était petit : il y a une surcouche méta très réussie sur le fait de récupérer les pages du livret du jeu, qui donne des indices et des indications assez essentielles pour progresser dans le jeu, que ce soit les cartes des différents niveaux, des infos sur les ennemis ou des techniques secrètes (sachant que certaines actions nécessitent des combinaisons de boutons qui n’apparaissent jamais en couche extradiégétique mais sont juste mentionnées dans le livret). Le côté indispensable du livret est renforcé par le fait qu’une bonne partie des infos filées dans le jeu le sont dans un langage non-traduit (qui est traductible vers l’anglais, mais c’est un taf en soi et le jeu est pensé pour être faisable sans faire cette traduction, qui est un gros easter egg).

C’est très réussi en terme de mécaniques de jeu, de scénario, de beauté du rendu. Et ça se fait en 12 à 18h je dirais, ce qui est une excellente durée pour ce type de jeu. Grosse recommandation.

The Case of the Golden Idol, de Color Gray Games

Jeu vidéo d’enquête, publié en 2022. Dans les années 1780, a travers une série de tableaux s’étendant sur une dizaine d’années, on va enquêter sur différents meurtres liés à une statuette potentiellement magique et l’ascension au pouvoir d’un nouveau parti politique.

C’était assez sympa mais assez court. Il faut enquêter dans les scènes présentées pour récupérer des mots qui permettent de compléter un texte à trou expliquant les circonstances de la mort. Les énigmes ne sont pas ultra complexes (pour le coup je pense qu’ils auraient pu rendre certains mots plus faciles à trouver mais augmenter le niveau d’intricacy des énigmes), mais l’ambiance années 1800, magie et conspiration est sympa.

Je recommande.

Terra Nil, du studio Free Lives

Jeu vidéo sorti en 2023. On joue une mission chargé de réhabiliter des écosystèmes dévastés. Le jeu fonctionne comme un city-builder, mais on ne construit que quelques bâtiments (des sources d’énergies renouvelables et des petites infrastructures), que l’on devra toutes démanteler à la fin de la mission, le but étant de réintroduire des plantes puis des animaux dans l’écosystème. C’était sympa sans être d’une énorme complexité (5-6h de jeu sans faire les cartes alternatives), ça crée de jolis paysages, avec une carte déserte et quasi statique à la base qui s’anime de plus en plus au fur et à mesure qu’on réintroduit des végétaux puis des animaux.

Je recommande pour un petit jeu zen.

Dredge, du studio Black Salt Games

Jeu de pêche horrifique paru en 2023. On joue un pêcheur dans un petit archipel, dans un monde qui rappelle les années 1920/30, avec une vibe distinctement lovecraftienne. On navigue entre les différentes îles pour pêcher des poissons de différents écosystèmes ou leurs versions corrompues. En même temps, on récupères des reliques pour un mystérieux collectionneur dont il est clair très rapidement qu’il a les intention les plus shady du monde. Et chaque nuit, le brouillard se lève et des créatures mystérieuses rodent dans la brume et tentent de défoncer notre bateau.

C’était cool. Fini en deux-trois soirées dessus, j’ai bien aimé l’ambiance et c’était la bonne durée.