Archives de catégorie : Longs métrages

X, de Ti West

Slasher paru en 2022. En 1979, une équipe de tournage débarque sur une ferme du Texas profond pour tourner un film pornographique. Mais il s’avère que le couple de propriétaires grabataires ont quelques squelettes dans le placard et vont éliminer l’équipe de tournage, sauf une final girl qui va réussir à les tuer et s’enfuir.

C’était bien tourné et bien référencé (c’est avant tout un film qui parle de cinéastes, donc on sent qu’ils ont fait leurs devoirs : il y a de belles références à Psycho notamment), mais ça reste un slasher classique, et donc – je trouve – pas vraiment un genre de film d’horreur passionnant.

Lilo and Stitch, des studios Disney

Film d’animation sorti en 2002. Stitch est une créature bioingéniéré en laboratoire pour être une machine de destruction. Déféré devant la Fédération Galactique, il est condamné (alors que c’est pas exactement de sa faute) à l’exil sur un astéroïde. Il réussit à détourner le vaisseau, et le crashe sur Terre, plus précisément à Hawaï. Ses instincts lui disent de trouver une grande ville à détruire, mais Hawaï en est malheureusement dépourvu. Poursuivi par son créateur et un agent de la Fédération, il se dissimule en se faisant adopter comme animal de compagnie par Lilo, gamine turbulente élevée par sa sœur. Vont s’ensuivre moult quiproquos et situations chaotiques, les deux personnages ayant tendance à faire rapidement – volontairement ou non – escalader toute situation.

C’était sympa. Je le voyais pour la première fois, j’ai trouvé le dessin assez beau (à part quelques passages en 3D pour les vaisseaux spatiaux qui sont assez visiblement datés), l’animation est fluide et les persos attachants. J’ai trouvé que la fin était un peu ratée avec des enjeux qui remontent, redescendent, des nouveaux antagonistes, d’anciens antagonistes qui deviennent des alliés… Et globalement Stitch sert un peu trop de couteau suisse, entre créature chaotique, puis mignonne, puis impulsive, puis intelligente… Notamment les passages où il parle ça marche assez mal.

Mais globalement, recommandé.

Isn’t it romantic, de Todd Strauss-Schulson

Comédie romantique parue en 2019, sans grand intérêt. Nathalie (jouée par Rebel Wilson) déteste les comédies romantiques. Suite à un trauma crânien, elle se retrouve dans un univers alternatif qui fonctionne selon tous les clichés des romcoms gnangnans. Elle est genre-savvy et veut en sortir, elle va donc faire en sorte de trouver qui doit lui déclarer son amour pour arriver au happy ending et donc à la fin du film. Le concept était rigolo, mais la réalisation ne réussit pas vraiment à déconstruire la romcom, ça reste au milieu du gué entre dénoncer et embrasser les clichés. Le fait d’avoir voulu faire un film PG-13 y joue probablement, il aurait fallu que l’héroïne puisse davantage casser les conventions du genre pour que ça donne un film intéressant.

Picnic at Hanging Rock, de Peter Weir

Film australien de 1975. Lors d’une sortie scolaire dans le bush australien en 1900, trois pensionnaires et une enseignante d’un pensionnat pour jeunes filles disparaissent. On va suivre l’impact de cette disparition sur le pensionnat et la petite ville à proximité, entre rumeurs sur ce qui a pu se passer, fausses pistes, et évolutions immédiates pour le pensionnat (turns out que les parents, même quand ils sont anglais et distants, n’aiment pas que l’on égare les enfants qu’ils vous ont confiées).

Étrangement ça m’a un peu fait penser à Gone Girl pour un point très spécifique : j’ai l’impression que y’a des espèces de sauts dans l’évolution des personnages, de leur relation, qu’on a un peu du mal à suivre, et qui je pense font dans les deux cas plus sens dans le livre dont le film est adapté, avec des possibilités de narration interne (ou juste d’y passer plus de temps).

Sinon, j’aime bien l’ambiance outback australien et formation géologique random (+ pensionnat du tournant du siècle avec des décos anglaises très moches) et un peu onirique (visiblement pendant le tournage l’équipe mettait des voiles sur la caméra pour avoir ce rendu d’image un peu adouci/flouté, l’origine des filtres instagram enfin révélée). Dans la première partie du film (jusqu’à la disparition) tout le monde a l’air d’être sous drogue (mais c’est peut être juste le fait d’être des anglais.es réprimé.es et cuit.es par le soleil). Après ça se perd un peu je trouve, trop de trucs en parallèle (l’enquête des deux mecs, les conséquences dans le pensionnat, la battue de la ville) mais rien qui n’est exploré à fond (notamment le mystère de ce qui se passe avec le rocher, qui s’il n’a pas besoin d’être résolu, n’a en l’occurence l’air d’inquiéter personne plus que ça. Le côté ça devient un événement médiatique et les gens se font prendre en photo en souvenir de la battue par contre, très intéressant (et on retrouve des parallèles avec Gone Girl et le traitement médiatique des disparitions sensationnelles).

Inside, de Bo Burnham

Film sorti en 2021. Il s’agit d’un seul en scène, tourné pendant la pandémie de covid. Pour le background, Bo Burnham était une star d’internet qui a commencé à faire des spectacles sur scène, puis des crises de panique pendant ces spectacles. Du coup il a quitté la scène, suivi une thérapie, puis il s’est dit en janvier 2020 que c’était le moment de revenir sur scène, ce qui était Pas Le Meilleur Timing™. (Ce contexte n’est pas du tout nécessaire à avoir avant de lancer le film – perso je ne l’avais pas, il rajoute une couche au tout, mais c’est de toute façon évoqué pendant le spectacle). Du coup, il décide de tourner ce « comedy special » entièrement dans la (grande) chambre d’amis de sa maison. Il a masse matos et masse technique de son passé en tant que youTubeur, et il les exploite très bien.

Le spectacle est fait de pas mal de non-sequitur et de petites séquences séparées, Bo Burnham parle de son rapport à la mise en scène de soi, à la pertinence de faire des blagues quand le monde s’effondre, aux trucs merdiques qu’il a pu faire plus jeune (des blagues racistes, au hasard), de sa santé mentale… C’est pas mal méta, techniquement impressionnant, assez inclassable, et plus ou moins la seule œuvre (à l’exception de la saison 2 de Work in progress) qui donne un sentiment réaliste de ce que ça a été de vivre le confinement et ses conséquences.

Je recommande.

Four weddings and a funeral, de Mike Newell

Comédie romantique anglaise parue en 1994. On assiste – comme le titre l’indique à quatre mariage et un enterrement, auxquels on retrouve la même bande d’ami•es qui appartiennent de plus ou moins loin à l’aristocratie britannique, dont Charles (Hugh Grant), le protagoniste, qui va tomber amoureux d’une américaine (Andie McDowell) rencontrée aux différents mariages. On suit l’évolution de leur relation alors qu’iels ne se voient que de loin en loin.

Le film est resté assez moderne : on a le regard cynique du groupe d’amis sur les mariages friqués où ils vont, les rôles genrés sont ok (la cohorte d’ex de Charles sont un peu clichés, mais c’est pour l’effet comique), c’est Charles qui tombe raide dingue de Carrie qui est plus distanciée, c’est lui qui prend un gros risque pour être avec elle (et un risque qui n’est pas prestigieux socialement). Les dialogues avec beaucoup d’humour anglais et de bitching sur le reste de l’assistance sont très réussis.

Je recommande.

Satanic Panic, de Chelsea Stardust

Film étatsunien de 2019. Une livreuse de pizza, Sam, livre des pizzas dans un quartier friqué. Elle se retrouve à interrompre accidentellement une réunion de satanistes, qui réalisent qu’elle peut remplacer la vierge qu’ils avaient trouvé pour un sacrifice à Baphomet. Sam réussit à s’enfuir, mais commence une traque à travers le quartier – où toutes les fortunes sont dues à une pratique particulièrement dévote du satanisme.

Le scénario était rigolo et tient globalement la route, mais c’est une daube. Ça reste mieux joué qu’Abigail, et probablement pour une fraction du budget, mais ça reste pas très bien joué, ça vole pas très haut, y’a de la nudité féminine totalement gratuite.

Je ne recommande pas.

Inside out, des studios Pixar

Film d’animation sorti en 2015. Les aventures des émotions dans la tête d’une fille de 11 ans. C’est un film pour enfants théoriquement, mais qui fait passer un message assez complexe sur l’importance des sentiments négatifs pour grandir, la perte, la maturité…

Au niveau des techniques de cinéma c’est comme toujours avec Pixar très bien animé, ça reste assez classique dans la facture (il y a un passage cool où les personnages rentrent dans une zone d’abstraction et se retrouvent en 2D, mais ça ne dure pas longtemps), le message et la réalisation sont réussis.

Je recommande.

Inside out 2

Un second volet, paru en 2024. On retrouve Riley et ses émotions deux ans plus tard, à l’orée de son adolescence. Sa puberté vient de commencer, et avec elle de nouvelles émotions sont apparues : Anxiété, Ennui, Envie et Embarassement. Joie et les autres émotions originelles vont se retrouver évincées par Anxiété et sa gestion prévisionnelle de Riley, qui va jusqu’à mettre en péril son sense of self. C’était joliment animé, mais j’ai trouvé ça beaucoup moins profonds que le premier, l’intrigue est quand même assez cousue de fil blanc.

I saw the TV glow, de Jane Schoenbrun

Film étatsunien de 2024. En 1996, Owen, 12 ans, est fasciné par les bande-annonce pour la série The Pink Opaque, qui passe après son heure de coucher. Il rencontre dans son collège Maddy, une fille de quelques années de plus qui est passionnée de l’émission aussi, et ment à ses parents pour aller regarder l’émission chez elle. Elle va ensuite lui enregistrer tous les épisodes sur cassette, jusqu’à sa mystérieuse disparition. Owen re-rencontre Maddy 10 ans plus tard, qui lui déclare qu’ils appartiennent à l’univers de The Pink Opaque et que ce monde est une illusion faite pour les retenir loin de leur réalité…

C’était assez cool. Le côté « fascination pour une série télé dans laquelle on trouve des trucs auxquels s’identifier qu’on n’a pas dans sa vie de tout les jours » est bien rendu – ainsi que la série télé des années 90 avec des monsters of the week avec des costumes en papier maché. L’ambivalence (et le côté bad trip) de « est-ce qui me semble être ma réalité n’est pas qu’une illusion élaborée »/ »est-ce que ce que je prends comme la seule chose possible n’est pas des limitations que je me suis mis tout.e seul.e » aussi. Le personnage d’Owen est assez déchirant du coup, dans son acceptation d’une situation qui le tue (que ce soit littéralement ou métaphoriquement). (La scène où il déclare face caméra avoir une famille qui est tout pour lui – mais qu’on ne voit jamais est très grinçante aussi).

Le film est une métaphore sur la transidentité – c’est d’ailleurs exactement la même métaphore que Matrix, donc c’est assez visible. Y’a un beau travail sur les lumières, et une esthétique « film d’horreur à petit budget » qui fonctionne bien (même si c’est pas à proprement parler un film d’horreur, y’a des éléments qui s’en rapprochent mais c’est pas exactement ça).

Je recommande (si vous aimez les métaphores sur la transidentité et les films d’horreur à petit budget).

Kiki la petite sorcière, du studio Ghibli

Dessin animé japonais, paru en 1989. A 13 ans, comme il est traditionnel pour les sorcières, Kiki quitte son foyer pour s’installer en tant que sorcière indépendante dans une nouvelle ville. Déterminée à voir l’océan, elle trouve une cité sur la côte. N’ayant pas appris à faire des potions ou des sorts, son talent principal est sa capacité à voler sur son balai. Elle va donc ouvrir un service de livraison, qui va lui permettre de rencontrer plein de gens. Mais rapidement, le fait d’être éloignée de sa famille, et de transformer le plaisir du vol en une source de revenu l’épuise, et elle en vient à questionner ce qu’elle fait, ce qui conduit à l’affaiblissement de ses pouvoirs.

C’était bien, comme la plupart des Ghibli. Les personnages sont assez réussis, que ce soit Kiki elle-même ou tous les gens qu’elle rencontre : le couple de boulangers, Ursula la peintre, la vieille dame, Tombo… Le côté épuisement du travail (surtout à 13 ans, purée) est bien rendu.

Je recommande.