Archives de catégorie : Longs métrages

The Man who shot Liberty Valance, de John Ford

Western de 1962. Le sénateur Stoddart revient dans la petite ville où sa légende s’est construite pour l’enterrement d’un vieil ami. Devant l’insistance des journalistes du quotidien local, il finit par raconter les détails de sa relation au mort. Tom Doniphon était un cowboy à l’ancienne qui l’a soutenu quand il est arrivé en ville, espérant implémenter un système judiciaire correct et pousser pour la transformation du territoire en État du Colorado, malgré les pressions des barons du bétail et les attaques de Liberty Valance, le hors-la-loi qui terrorise la ville.

J’ai beaucoup aimé, on est sur du western un peu méta, qui parle de la fin du Far West et l’arrivée de la civilisation dans les territoires non-incorporés. Ransom Stoddard représente l’homme moderne, qui porte un tablier de serveur et croit au système judiciaire, face aux cowboys qui vivent selon la loi du plus fort. Doniphon, joué par John Wayne, sent que son époque est passée, et s’efface pour le bien de la collectivité. Seul quelques personnes connaitront son rôle, joué dans l’ombre.

Les plans sont assez réussis, les personnages souvent archétypaux mais ça fonctionne bien. La structure en flashback (double flashback même)
fonctionne très bien (avec un très beau fondu sur un nuage de fumée).

Je recommande.

Spiderman: Across the Spiderverse, de Joaquim Dos Santos, Justin K. Thompson et Kemp Powers

La suite de Into the Spiderverse. On retrouve Miles Morales dans un multivers où l’existence des spiderfolks a pris une place centrale,
avec l’idée qu’il ne faut pas perturber le canon, les passages obligés de l’histoire des personnes mordues par une araignée, même si ces événements sont tragiques.
Une association transdimensionnelle de spiderfolks, la Spider Society, veille au grain. Comme dans d’autres histoires de multivers, Rick and Morty notamment, on retrouve une association
de personnes qui sont plutôt solitaires dans leurs aventures non multiverselles, et l’idée que cette association devient rapidement une bureaucratie maléfique. L’univers graphique du film
est très beau, avec des styles différents pour illustrer les différents univers, les sentiments, le mouvement. C’était assez chouette, un peu dommage que ce ne soit qu’une partie 1 et non
un film complet, mais j’ai passé un bon moment devant. Clairement on a besoin de plus d’animation et de moins de live action dans les adaptations de comics, ça permet largement plus d’inventivité.
(Après je pense qu’on a aussi besoin de moins d’adaptation de comics tout court).

On dirait la planète Mars, de Stéphane Lafleur

Film canadien sorti en 2023. La première mission habitée est sur le point de se poser sur Mars, pour y passer deux ans, mais des tensions se font déjà sentir dans l’équipage. Une filiale de l’agence spatiale canadienne va recruter cinq personnes aux profils psychologiques les plus proches possibles des astronautes, pour mettre sur pied une réplique de la base et ainsi pouvoir observer et résoudre les problèmes. C’est ainsi que David, prof d’EPS québécois, se retrouve à incarner John. David a toujours voulu aller dans l’espace, et il va osciller, ainsi que ses co-doublures, entre sentiment de participer à la grande aventure spatiale, et prosaïsme de la vie sur Terre dans une base déliquescente.

J’ai beaucoup aimé, c’était assez poétique, avec une bonne dose de wtf. C’est à la fois un film sur l’espace, sur le GN et sur la quête de sens, avec une bonne dose d’accent québécois, une bande-son discrète et une joli esthétique rétro. Recommandé.

Les Tournesols sauvages, de Jaime Rosales

Film espagnol sorti en 2023. On suit trois relations amoureuses de Julia, une barcelonaise mère de deux enfants. C’est un peu trois facettes de masculinité pas terrible (ça va du pire au moins pire, mais c’est quand même trois relations avec finalement assez peu complicité, celle du milieu avec le père de ses enfants étant peut-être la plus aboutie). On voit très peu le reste de la vie de Julia, ce que je trouve dommage, les scènes avec son père et sa sœur étant très bien (on voit une de ses amies 2 minutes au début mais ensuite c’est vraiment centré sur les mecs). Il y avait des éléments intéressants (surtout la seconde séquence à Melilla) mais globalement je suis pas très convaincu par le film.

Les Trois Mousquetaires, de Martin Bourboulon

Paru en 2023, il s’agit de la première partie d’une adaptation de roman de Dumas. Tous les acteurs en vue du cinéma français, des reconstitutions en costume, des combats à l’épée (pas très lisibles), on est dans le grand spectacle (avec absolument tout en teintes de marron et de gris). C’est bankable, mais ça m’a assez peu parlé personnellement. Ça va à toute vitesse, on comprend pas trop les motivations des personnages à part « être viril » et « être un bon camarade ». Je pense que je préfère le kitsch de la version de 2011 avec le casse du coffre de Da Vinci en scène d’ouverture, ou la version en livre.

Renfield, de Chris McKay

Comédie étatsunienne de 2023. Renfield apparaît dans le roman Dracula, où il est un aliéné au service du comte. Le film imagine que cette servitude s’est poursuivie à travers les décennies jusqu’à l’époque actuelle, où Dracula (joué par Nicolas Cage, qui cabotine à mort) et Renfield se trouvent à la Nouvelle-Orléans. Renfield participe à un cercle de parole pour personnes codépendantes pour essayer de se libérer de l’influence du vampire. Il va rencontrer la seule flic intègre de la ville (jouée par Awkwafina), et utiliser la force qui lui donne le vampirisme pour agir comme un super héros, le tout culminant dans une bataille avec Dracula (allié à une famille de mafieux).

C’était rigolo. Les acteurs cabotinent juste comme il faut pour ce genre de film, les tropes sont étalés à la truelle, l’acteur qui joue Jean-Ralphio dans Parks and Rec reprend exactement le même rôle ici (mais en tant que fils de mafieuse plutôt que de dentiste – I guess ses parents sont divorcés et il est en garde alternée ?)

Tout le monde aime Jeanne, de Céline Devaux

Film français paru en 2022. Suite à des déboires financiers, Jeanne doit vendre l’appartement de sa mère à Lisbonne, où elle n’est pas retourné depuis le suicide de celle-ci. Dans l’avion, elle croise Jean, un camarade de lycée dont elle ne se souvient absolument pas. À Lisbonne elle va errer entre tentatives de rangement de l’appartement, visites d’agents immobiliers, réminiscences de sa mère, échanges avec son ex et avec Jean (et sa nièce Théodora), pendant que dans sa tête une petite voix (qui prend la forme d’un dessin animé) mine sa confiance en elle.

J’ai beaucoup aimé. C’est très drôle (alors que ça parle de deuil et de dépression), les acteurices jouent très bien, on apprend des techniques pour voler dans les magasins, excellent film.

Ce Sentiment de l’été, de Mikhael Hers

Film franco-allemand de 2015. Un été à Berlin, Sasha meurt. Pendant plusieurs années, l’été va rappeler à sa famille cette tragédie. On suit plus particulièrement Lawrence, son petit ami, et Zoé, la sœur de Sasha. Le film se déroule à Paris, Annecy Berlin et New York, toujours en été. On voit leurs vies qui se déroulent, avec le poids de leur relation à Sasha qui s’impose (ou se rappelle) à eux par moment, et en même temps le reste du monde qui continue d’exister.

J’ai bien aimé. Dans la façon dont c’est filmé, ces paysages urbains, cette caméra à côté des personnages, je trouve que ça rappelle beaucoup la trilogie Before Sunrise de Richard Linklater. Y’a ces déambulations dans la ville, ces personnes qui vivent entre plusieurs villes, pays, continents. Il y a des échos entre les différentes villes, liés au fait qu’on les voit toujours en été : c’est facile d’être dehors, les gens vont dans des bars, des soirées, des parcs, montent sur les toits, les tenues sont les mêmes (la seule différence c’est peut-être qu’en Amérique les gens se déplacent en pickup là où ils sont en vélo ou à pied en Europe).

Recommandé.

Article invité : Wolfwalkers

Film d’animation (Irlande, Luxembourg, France) de 2020.
1650 à Kilkenny, en Irlande. Le père de Robyn est engagé par le Lord Protector comme chasseur de loups, afin de protéger la ville de leur menace, mais surtout d’en débarrasser la forêt pour déforester tranquillement et ainsi de pouvoir augmenter les surfaces agricoles (spoiler : Lord Protector n’est pas le gentil du film). Jeune fille indépendante et audacieuse, Robyn ne tarde pas à se retrouver dans la forêt, malgré l’interdiction, et à découvrir les créatures qui y vivent et la protègent : les wolfwalkers.
L’histoire est un mélange réussi entre Mononoke Hime et Brave. Pas d’immense originalité narrative mais c’est vraiment efficace et attrayant, il y a des personnages chouettes, de la tension, des rebondissements, des course-poursuites et de l’émotion.
J’ai surtout adoré l’animation, magnifique, entre dessins au crayon, effets de lithogravure, split-screens ornementaux, représentation graphique des odeurs et du son.
Et la musique est très chouette aussi.
Je recommande :)

Dungeons & Dragons: Honor Among Thieves, de Jonathan Goldstein et John Francis Daley

Film de fantasy états-unien sorti en 2023 et adopté du jeu de rôle Donjons et Dragons. On suit une bande de voleurs au grand cœur qui tentent de récupérer dans le coffre de leur ancien associé une tablette de résurrection et la fille de l’un d’entre eux (oui ça fait très Ocean’s Eleven).

Beaucoup d’images de synthèse, des donjons, des dragons, des mimiques, des paladins agaçants, des sorciers maléfiques, des bons sentiments, globalement c’est ce que j’attendais. C’est pas un film qui restera dans les annales du cinéma, mais on passe un bon moment devant, c’est de la fantasy à grand spectacle réussie, ça m’allait très bien comme film du dimanche soir.