Archives de catégorie : Culture/Procrastination

Naissance d’un pont, de Maylis de Kerangal

Roman français paru en 2010. On suit la construction d’un pont de nos jours dans la ville de Coca, dans l’arrière pays californien. On adopte le point de vue de l’ingénieur en charge de la construction, de certains ouvriers et cadres du chantier, du maire qui l’a voulu, on fait un détour par l’histoire de la ville et les tractations de certains notables inquiets que le pont bouleverse leurs rentes de situations.

J’ai bien aimé, le style de Maylis de Kerangal fonctionne bien avec ce genre de sujet (et puis c’est un bouquin pour les gens qui aiment bien les grosses constructions, je me sentais dans le cœur de cible).

L’affaire Nevenka, d’Icíar Bollaín

Film espagnol de 2024. Le film revient sur le harcèlement sexuel qu’Ismael Alvarez, maire de Ponferrada a infligé à Nevenka Fernandez, conseillère municipale, durant les années 99-2001. Après avoir été sous l’emprise du prédateur sexuel, Nevenka Fernandez va réussir à s’en détacher et déposer une plainte qui aboutira à un procès et une condamnation, la première pour un homme politique espagnol.

Le film décrit en détail comment Nevenka revient dans son village natal de Ponferrada, est honoré que la majorité en place lui propose de poste de conseillère municipale exigeant (elle préside la commission des finances) pour le nouveau mandat, est impressionnée par le personnage public d’Ismael, maire charismatique qui semble connaître tout le monde dans le village. Le film montre ensuite les approches répétées d’Ismael, la relation qu’ils ont brièvement (et où déjà Nevenka se sent mal), et surtout la descente aux enfers une fois qu’elle a mis fin à la relation et qu’Ismael Alvarez va la harceler, avec des messages et des appels répétés en permanence (la tension instillée à chaque fois par le déclenchement de la sonnerie du portable de Nevenka est très bien rendue), des dévalorisations en public et en privé alternées avec des déclarations d’amour, de la culpabilisation, des pressions via son entourage, de l’isolement, et des abus sexuels frontaux. Puis enfin, on a l’exfiltration de Nevenka, sa reconstruction progressive, sa décision de porter plainte et le procès, qui aboutira à la condamnation d’Ismael Alvarez.

C’était dur à regarder. Le film ne prend pas de pincettes pour montrer la réalité du harcèlement et son impact physique et mental sur Nevenka Fernandez. Je pense qu’il aurait été possible de passer moins de temps sur la partie descente aux enfers et plus sur la reconstruction. Il y a notamment une scène d’abus sexuels (dans la chambre d’hôtel) qui est assez horrible, et j’aurai bien voulu un peu plus de TW autour du film. En plus, l’histoire se déroulant au début des années 2000, Nevenka est très peu crue, très peu soutenue (même par sa propre famille) : à la violence du harcèlement sexuel vient s’ajouter celle d’une isolation quasi-totale à Ponferrada, où tout le village est dépendant des subventions de la mairie. C’est l’exfiltration à Madrid qui va sauver Nevenka, exfiltration opérée par deux amies qui la mettent dans un car après l’avoir trouvée chez elle dans un état de détresse psychologique absolue – mais qui in fine ne témoigneront pas à son procès parce que trop à risque de voir leur vie détruite…

C’est bien filmé, l’actrice principale joue super bien (l’acteur qui joue Ismael Alvarez aussi d’ailleurs mais dans un tout autre registre), mais gros TW. Allez-y en groupe, quand ça va plutôt bien mentalement et avec du temps pour débriefer après.

We are Lady Parts, de Nida Manzoor

Série anglaise en 2 saisons, la première sortie en 2021. On suit les aventures d’Amina Hussein, jeune anglaise musulmane à la recherche d’un mari respectable. Mais pour se rapprocher d’un mec attirant, Amina va accepter de jouer dans Lady Parts, un quatuor punk formé par 3 autres femmes musulmanes. Vont s’ensuivre des rebondissements alors que le groupe enchaîne les répétitions, tente de décrocher des dates pour jouer et d’amasser l’argent leur permettant d’enregistrer un album, avec au milieu Amina qui a du mal à concilier les différentes facettes de sa vie.

C’était très cool. Histoire efficace, en 2 saisons courtes, des personnages très réussis, ça parle du monde de la musique, d’islamophobie et de rapport à la religion, c’est très drôle et la musique est particulièrement réussie (un petit changement de ton entre les deux saisons, la musique de la première était plus directement punk, la seconde c’est plus varié et un peu plus sage).

Grosse reco.

Last Straw, d’Alan Scott Neal

Film étatsunien paru en 2024. Nancy est manageuse dans le diner de son père. Restée seule pour le service du soir, elle va devoir affronter une bande d’assaillants qui ont encerclé le restaurant.

J’ai bien aimé. C’est bien filmé, une séquence sous drogue qui retranscrit bien l’état second du personnage, des révélations plutôt réussies, des personnages ambigus. Un home invasion qui va droit au but et raconte son histoire en 1h30, je recommande si vous aimez le genre.

We are zombies, d’Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell

Film de zombies canadien paru en 2023. L’apocalypse zombie est arrivée. Sauf que… non ? Les morts reviennent à la vie mais ils ne sont pas affamés de chair humaine. Par contre ils sont infatigables (mais prompts à perdre des morceaux de corps), ce qui les rend très compétitifs sur le marché de l’emploi (surtout qu’ils n’ont pas besoin de manger). Dans une ville dominée par la Coleman Corporation, Karl et Freddie se font passer pour des employés de l’entreprise pour collecter des zombies chez les gens, mais au lieu de les emmener dans les « maisons de retraite » de la corporation, ils les revendent à un artiste qui utilise les corps pour ses performances. Jusqu’à ce que la corporation décide de se venger de cette perte de revenus.

C’était assez réussi. Ca fait film de série B des années 80/90 (pensez Kung Fury pour l’esthétique rétro), avec des personnages particulièrement stupides – la comédie basée sur les idiots ça marche assez bien – dans un univers lui aussi stupide.

Je recommande dans le genre qui ne se prend pas du tout au sérieux.

The Last Stop in Yuma county, de Francis Galluppi

Film étatsunien paru en 2023. Dans l’Arizona des années 70/80, un représentant en couteaux s’arrête pour prendre de l’essence dans un diner perdu au milieu de nulle part. Mais le camion-citerne est en retard, et il doit attendre en compagnie des autres clients, qui s’avèrent pour certains assez peu recommandables…

Je n’ai pas été convaincu. C’est très lent à monter sans que ça serve à caractériser les personnages. Ca veut trop faire un hommage aux classiques du genre je trouve, c’est bien maîtrisé mais ça manque un peu de choses à dire (et le personnage principal n’est pas très bien joué, ce qui sort un peu du film).

Sans que ce soit désastreux, je trouve que ça ne vaut pas le visionnage.

Semiramis et Don Juan, de Christoph W. Gluck, chorégraphiés respectivement par Ángel Rodríguez et Edward Clug

Ballets vus au Théâtre du Capitole, orchestre mené par Jordi Savall. Gluck est un compositeur baroque du 18e siècle (1714-1787). La mise en scène du ballet était contemporaine par contre, ça rendait très bien. J’ai particulièrement apprécié Sémiramis, avec les jeux sur la lumière, le rideau de fond de scène, les costumes dans des tons rouges. Don Juan me semblait plus classique dans le contemporain (avec mon expérience préalable de 0 ballets vus).

My Own Private Idaho, de Gus Van Sant

Film étatsunien de 1991. Regardé parce que je voulais approfondir la filmographie de River Phoenix après avoir vu Running on Empty. Mike et Scott sont deux gigolos gays qui vivent dans la rue. Mike (River Phoenix) est à la recherche de sa mère qui l’a abandonné quand il était jeune, et souffre de narcolepsie. Scott (Kaenu Reeves) est le fils du maire de la ville. Les deux partent dans une quête pour retrouver la mère de Mike. Ce dernier a des sentiments pour Scott, mais ils ne sont pas réciproques : pour Scott, la vie dans la rue est temporaire, un jour il se rangera, pour se caser dans une relation hétérosexuelle et prendre sa place d’héritier de la famille.

C’était assez wtf. Ça part dans plein de directions, c’est en partie adapté de Shakespeare (Henri IV partie 1, spécifiquement), il y a des parties qui sont assez radicalement différentes les unes des autres même s’il y a toujours Mike et Scott comme fil rouge.

Je sais pas trop ce que j’en ai pensé.

Jagged Mind, de Kelley Kali

Film psychologique/fantastique étatsunien de 2023. Billie est affectée de pertes de mémoire. Elle se rend compte progressivement qu’elles sont dues à sa compagne, qui a le pouvoir de remonter le temps et s’en sert pour tenter de rendre leur relation parfaite.

C’était pas fou. Je l’ai regardé à la suite de Fresh parce que ça rentrait aussi dans la catégorie horreur et relations de couple, mais c’est moins bien réalisé. Les personnages sont très archétypaux.