Archives de catégorie : Culture/Procrastination

How to live safely in a science-fiction universe, par Charles Yu

Un livre sur le voyage dans le temps. Bon, le voyage dans le temps est un prétexte, l’auteur est rapidement assez clair sur le fait qu’il se fiche un peu de faire une histoire cohérente du point de vue du voyage dans le temps, mais ça reste frustrant de ce point de vue néanmoins. Le voyage dans le temps est un prétexte pour un voyage du narrateur à travers ses souvenirs, son rapport au temps et à son père, mystérieusement disparu après avoir inventé la première machine à voyager dans le temps. Je vois ce que l’auteur tente de faire, mais ça ne marche  qu’à moitié, avec des passages nostalgiques/retrospectifs réussis minés par l’univers science-fictionnel/obéissant aux lois de la narration dans lequel vit l’auteur en étant conscient d’y être (et y’a tout un jeu sur la conjugaison avec la machine qui voyage entre des passés/présents/futurs indicatifs mais se retrouve soudainement en mode subjonctif dans une espèce d’univers parallèle hors du temps où les choses sont ce qu’elles devraient être, mais ça marche pas trop non plus faute d’être exploré jusqu’au bout. Ce qui a nouveau est frustrant, parce qu’il y avait des idées/une approche originale.

Bref, dans le genre je recommande plutôt Fugues, de Lewis Shiner (d’ailleurs je vais me recommander de le relire tant que j’y suis).

Wilde Life, par Pascalle Lepas

Un webcomic assez cool et fort bien dessiné. Recommandé par un ami suite à ma recommandation de Long Exposure. Ca parle de phénomènes fantastiques dans une petite ville, et d’amitiés improbables. L’univers est assez intéressant, faisant du neuf avec des tropes vieux comme le monde (sorcières, fantômes, loups-garous…).

Ça vaut le coup de lire les alt-texts des pages, où l’autrice commente les idioties de ses personnages et est hilarante en qq mots.

Kingdoms, de Raw Fury

Jeu vidéo de gestion de ressources en 2 dimensions et en pixel art. J’ai beaucoup aimé le design, mais moins le très faible contrôle qu’on a sur les péons. On a très souvent envie de leur filer des ordres fins parce que leur IA est pourrie, mais on peut pas. Bref, ça donne envie de jouer à AgeOf/Warcraft. Mais très joli design.

Dirk Gently

Saison 1 :
Série de la BBC America basée sur le personnage de Douglas Adams. 8 épisodes, bien réalisés. Ça m’a un peu fait penser à Utopia, y’a beaucoup d’éléments introduits qui ne sont pas dans les livres de Douglas Adams mais qui rendent bien.

Saison 2 :
Un peu moins réussie que la saison 1 (le scénario réussi moins bien l’énorme wtf qui converge soudainement, même si y’a quand même des trucs très imaginatifs et réussis).
Un truc qu’ils ont pas du tout exploité je trouve c’est le clash des systèmes de valeurs entre un univers réaliste et un univers type high fantasy. Mais plein de trucs cools néanmoins, notamment la shériff Tovetino, le design des chevaliers carrés, tout Blackwing…

Comment Blandin fut perdu, de Jean-Philippe Jaworski

Recueil en folio 2€ de deux nouvelles de l’univers du Vieux Royaume, celle du titre du recueil et Montefellone. Fantasy sans magie affichée, le récit d’un siège pour la première nouvelle et un récit enchassé où un peintre itinérant raconte à un bivouac l’étrange histoire d’un de ses anciens apprentis dans le second. Très bien écrit, très immersif, du très bon Jaworski, pour se mettre en appétit avant de se lancer dans Gagner la Guerre du même auteur.

There Will Be Blood, de Paul Thomas Anderson

Film de 2007 sur l’exploitation du pétrole aux États-Unis dans les débuts du XXe siècle, par des prospecteurs indépendants. Ça parle de pétrole, de famille, de religion. On suit notamment un prospecteur, Daniel Plainview, qui s’installe dans un village misérable de Californie pour exploiter un réservoir gigantesque de pétrole en rachetant les terres à bas prix et en prenant de vitesse les grosses compagnies. Il va se heurter au passage à un pasteur évangéliste qui veut que son église bénéficie des largesses du pétrole local.

Super film, pas très optimiste mais magnifique.

Victor/Victoria, de Blake Edwards

Film de 1982 adapté d’un film allemand de 1933. Le film se déroule dans le Paris de 1934. Une chanteuse classique désargentée rencontre un chanteur de cabaret gay et tout aussi désargenté, qui lui suggère de se faire passer pour un acteur masculin jouant des femmes sur scène. S’ensuive nombre quiproquos et troubles dans le genre, où Victoria revendique son droit à se faire passer pour un homme pour la liberté que ça lui procure, refusant d’abandonner son gagne-pain et sa liberté pour faire plaisir à son amoureux caricaturalement masculin.

Le film est progressiste, bienveillant avec ses personnages, drôle, très bien filmé, grosse recommandation.

Kobane Calling, de Zerocalcare

Un reportage sous la forme d’une bande dessinée. Zerocalcare est un journaliste romain qui est allé dans différentes partie du Kurdistan (en Turquie, en Irak et en Syrie, jusqu’à Kobané même peut après que la ville a chassé l’Etat Islamique). Son reportage est bien foutu, interroge ses propres motivations à vouloir aller voir ce qui se passe là-bas, présente le confédéralisme démocratique mis en place au Rojava, la lutte armée, interviewe des militaire et des civils kurdes ou non… C’est documenté, c’est engagé en en étant conscient et en ne cherchant pas à prétendre le contraire (ce qui suffit à en faire un meilleur reportage que la plupart, sans compter toute la masse d’éthique journalistique en plus et la qualité du boulot).

Je recommande très fortement.

Peste et Choléra de Patrick Deville

Une biographie d’Alexandre Yersin, le découvreur du bacille de la peste, Yersinia pestis. Il a eu une vie assez folle, il a vécu 80 ans (1863 – 1943, une période assez mouvementée en soi dans l’Histoire), a connu Pasteur et participé aux grandes découvertes médicales sur les grandes maladies, s’est intéressé à des milliards de trucs (médecine, navigation, astronomie, agriculture, botanique…), et a acquis et géré un domaine d’une taille gigantesque au Vietnam où il a fini sa vie. Il a une vie très clairement indissociable du système colonial français, ce qui n’est pas fou en soi, et il avait l’air confortable avec (et assez sexiste aussi), mais son destin est un cliché de romanesque et d’aventure moderne qui me fait assez envie (probablement parce que les représentations culturelles en sont toujours complaisantes, et que c’est compliqué de déconstruire ce genre de choses). Et le bouquin est fort agréable à lire.

Un arbre couleur pourpre, de Rémi Caritey

Un court livre où l’auteur relate les pensées que suscitent en lui ses visites périodiques  au hêtre pourpre présent au parc de la pépinière de Nancy. Ça parle de l’évolution du parc et de l’arbre avec les saisons. Quelques réflexions sur les rapports entre les humain.e.s et les arbres, les significations culturelles collées aux arbres.

La partie que j’ai trouvée la plus intéressante personnellement c’est celle que je connaissais déjà : l’arbre est atteint par 2 champignons lignivores et condamné à plus ou moins brève échéance. Il s’agit d’un arbre de 140 ans, classé Arbre remarquable et assez symbolique pour les services de la ville, et il a été décidé d’accompagner sa fin de vie : plutôt que de l’abattre préventivement, un périmètre de sécurité a été établi autour, ses branches maîtresses ont été haubanées, et on attend que la conjonction de son affaiblissement et d’un grand vent le couche. Ce qui est assez intéressant comme forme de « respect » pour une forme de vie qui  est aussi éloignée de nous.