Archives de catégorie : Culture/Procrastination

Le Sang des Princes, de Romain Delplancq

Roman de fantasy français en 2 tomes, parus en 2016 et 2019. On est dans le même univers que dans La Ville au plafond de verre, mais pas dans le même pays ni la même époque. Nous sommes en Slasie, un pays féodal où la famille ducale des Spadelpietra va marier l’héritier du titre à la famille royale. Les Spadelpietra sont des modèles de vertu : adulés par le peuple, ils ont mis fin à la corruption qui était le lot des familles nobles jusqu’ici. Dépensant sans compter pour construire des moulins, des fontaines, des relais de poste, il semble pourtant qu’une partie de la famille est prête à mettre toute cette image publique aux orties pour mettre la main sur l’auteur de tableau qui semblent terrifier les chefs de famille. En parallèle, les clans austrois, des ingénieurs et artistes nomades, accueillent un peintre qui a dû quitter le monastère qui l’hébergeait en catastrophe, et découvrent que certains secrets de leur art semble avoir été découverts par des populations sédentaires, remettant en cause l’équilibre des pouvoirs entre les différents royaumes et nations où ils voyagent…

C’était assez cool, j’ai bien aimé le lire après La Ville… et avoir une autre visions sur le dynamon et ses usages. L’univers est original et bien construit, on s’y plonge vite. La résolution est assez rapide, mais c’est toujours un truc compliqué à faire dans de la fantasy un peu épique. A part ça, on arrive bien à s’y retrouver dans toute une galerie de personnages bien caractérisés, la géographie est relativement claire, les mécanismes « magiques » originaux et clairs.

Recommandé si vous aimez l’epic fantasy à la sauce Renaissance avec une touche de steampunk.

La ville au plafond de verre, de Romain Delplancq

Roman de fantasy français paru en 2023. Korost est la capitale économique des Trois Terres, dont la richesse est assise sur la maîtrise des techniques de forge de l’arnoire par la classe bourgeoise. Ce métal, correctement forgé, est capable de réagir à la lumière du soleil pour produire de l’énergie alimentant des machines. Mais Korost est aussi la cité des verriers, ces ouvriers qui soufflent les ouvrages permettant de canaliser la lumière du soleil vers les mécanismes d’arnoire. Et les verriers, rassemblés en soviet velast, en ont assez de ne récupérer que des miettes de la richesse de la ville. On va suivre le destin de trois personnages de trois classes sociales différentes qui vont traverser les troubles politiques et militaires d’une cité en pleine révolution industrielle.

J’ai beaucoup aimé, et ça vaut le coup de le lire sans en savoir davantage.

Divulgâchage ci-dessous

Abigail, de Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin

Film étatsunien de 2024. Des criminels kidnappent une gamine de 12 ans et attendent la rançon dans un manoir. Ils découvrent que la fille est en fait un vampire, qui va s’attaquer à eux jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une final girl.

C’était nul. Tous les persos sont clichés, le scénario fait pas sens (les persos passent leur temps à se séparer pour chercher une vampire dans un manoir, après avoir constaté qu’ils ont une unique arme potentiellement efficace contre elle…), c’est filmé comme un film des années 80s sans budget. Franchement c’était une purge.

Ne recommande pas du tout.

Comme un lundi, de Ryo Takebayashi

Film japonais paru en 2024. Akemi Yoshikawa travaille dans une petite agence de publicité, qui est dans le rush pour sortir une campagne sur une soupe miso en comprimé. Alors qu’elle tente désespérément de boucler son dossier, deux collègues juniors persistent à l’interrompre pour lui dire que l’agence est prise dans une boucle temporelle. Akemi va progressivement réaliser qu’ils ont raison, et que ses semaines font plus que toutes se ressembler un peu…

C’était fort chouette. Un film de boucle temporelle à petit budget, une satire du monde du travail (satire qui reste très en surface, y’a pas de grosse remise en question), des acteurs qui jouent bien, un film qui ne se prend pas au sérieux (la scène avec les lunettes et les marteaux), c’était un très bon moment.

Je recommande.

Girl on the third floor, de Travis Stevens

Film étatsunien de 2019, par le même réalisateur que A wounded Fawn. Un homme arrive dans une maison de banlieue pour la rénover avant que son épouse et lui-même n’habite dedans. Des phénomènes étranges se produisent, des parties de la maison semblent pourrir ou se déliter très rapidement, et l’homme se trouve rapidement débordé par la tâche… Y’a de l’imagination sur les symptômes de la maison hantée et sur les effets spéciaux analogiques, à base de liquides gluants qui sortent des prises et de billes qui roulent sur le plancher, mais l’histoire tient sinon sur un timbre-poste, c’était clairement pas du tout au niveau de Wounded Fawn (après j’ai de hautes attentes en termes d’histoires qui parlent d’architecture et de surnaturel).

Furiosa: a Mad Max saga, de George Miller

Film australien de 2024, préquelle de Mad Max: Fury Road. On suit la vie de Furiosa, de sa jeunesse une fois séparée de sa famille qui habitait the Green Place (une utopie écologiste au milieu du monde ravagé de la saga Mad Max) jusqu’à sa vengeance contre Dementus, le chef du gang qui l’a enlevée et a tué sa mère.

Ça souffre un peu du problème habituel des préquelles, qui est qu’on a une bonne idée de quels personnages seront là à la fin et dans quel état et qu’on perd l’effet de surprise – ici on connaissait quasiment tous les personnages et lieux. Quelques longueurs sur la fin (quand on en arrive au face à face Dementus/Furiosa, c’est trop verbeux) et il n’arrive pas à se hisser au niveau du précédent, mais ça reste un film très sympa à voir, qui en met plein la vue. J’ai beaucoup aimé toute la séquence des attaques aériennes sur le war rig, avec l’espèce de méduse de toile, c’était assez poétique. J’aurai bien voulu voir plus de la Green Place par contre (ça pourrait être rigolo de faire un Mad Max optimiste qui se passe dans un endroit où les choses vont bien). En soi c’est de l’exploration du lore et c’est rarement le plus satisfaisant, mais il y a quelques belles séquences (l’attaque aérienne sur le war rig qui est le moment qui rappelle le plus Fury Road ; la séquence au Bullet Mill, tout le début jusqu’à la capture de la mère de Furiosa) qui valent le coup.

A voir si vous avez vraiment beaucoup aimé Fury Road et que vous en voulez plus, sinon (re)regardez Fury Road

ゴジラ -1.0 (Godzilla Minus One), de Takashi Yamazaki

Film japonais de 2023. Dans les derniers jours de la seconde guerre mondiale, Koichi, pilote kamikaze, est témoin de l’apparition de Godzilla sur une île du Pacifique. Une fois démobilisé et revenu dans un Tokyo dévasté, il refait sa vie malgré les crises de stress post-traumatique et la culpabilité du survivant qui l’assaillent. Mais les essais nucléaires des USA vont de nouveau réveiller la créature, qui attaque des bateaux puis directement la ville de Tokyo. Devant l’inaction des gouvernements US et japonais qui ne veulent pas attiser les tensions avec l’URSS par des manœuvres militaires, une initiative privée rassemblant d’anciens soldats japonais va se dresser comme seule ligne de défense de l’archipel devant la créature.

J’ai été moins pris dans le film que pour Shin Godzilla (et je trouve que c’est un film d’action plus classique), mais c’était très bien quand même. Belles reconstitutions de l’époque, design de Godzilla très réussi, les personnages sont attachants, un happy ending sympa.

AJOUT 02/2025 : revu au cinéma en version noir et blanc. Le grand écran et le bon soundsystem font beaucoup pour l’immersion dans le film, et le noir et blanc marche bien

Nos puissantes amitiés, d’Alice Raybaud

Essai paru en 2024, sur les liens d’amitié et la place qui leur est donné dans nos sociétés occidentales modernes. Ca souffre d’un défaut qui est celui de l’« essai de journaliste » : par rapport à des essais de chercheureuses, c’est beaucoup moins fouillé, ça présente des éléments intéressant mais j’ai tout le temps envie que ça aille plus loin. Et par ailleurs la maison d’édition a mal fait son travail, il y a des coquilles dans le texte, ce qui sort de la lecture.

Ces éléments posés, quid ? Le livre se divise en 8 chapitres, qui traitent respectivement de l’Histoire de l’amitié, des amitiés genrées (entre hommes, entre femmes, entre les deux genres principaux), de récupérer des dispositifs pensés pour les couples pour des relations amicales (PACS, cohabitation), d’avoir (ou d’éduquer) des enfants entre ami.es, des amitiés queer, de liens entre militantisme et amitié, de travail/production dans des groupes amicaux (plutôt que dans du salariat classique) et de la vieillesse (avec l’exemple de la maison des Babayagas).

L’ouvrage évoque les soutiens mutuels que peuvent d’apporter des amie.es, la notion de non-exclusivité des amitiés (et le fait que ça n’empêche pas une possible jalousie), le fait qu’au contraire de la relation romantique souvent avec l’amitié on ne met pas « tous ses œufs dans le même panier », ie on ne demande pas à une seule personne d’être à la fois un.e confident.e, un.e partenaire sexuel.le, un.e coparent.e, un soutien psy… Il parle aussi de l’intérêt (et des risques) de mêler militantisme et amitié (avec l’exemple des luttes féministes, mais c’est probablement transposable). Il montre bien que la relation romantique (et la filiation) est la seule envisagée dans les dispositifs légaux d’entérinement des unions entre personnes. Dans la vision du monde c’est pas mal le cas aussi (le couple comme « relation prioritaire » sur les amitiés), mais moins que dans la loi quand même.

Intéressant, mais mériterait d’être encore approfondi comme sujet.

Hades, du studio Supergiant Games

Jeu vidéo sorti en 2020. C’est un roguelike (ie, on refait toujours la même progression depuis le début en allant de plus en plus loin, et les rencontres que l’on fait au fur et à mesure sont générées aléatoirement, sauf les boss dont il faut apprendre le pattern d’attaque pour réussir à les battre). On joue Zagreus, le fils d’Hadès, décidé à s’échapper des Enfers pour aller retrouver sa mère Perséphone à la surface. On a a disposition plusieurs armes, et des pouvoirs spéciaux filés par les différents dieux du Panthéon grec, qu’on rencontre aléatoirement au cours du run. Les victoires donnent différentes récompenses qui peuvent être utilisées pour acheter des améliorations des armes ou de nos statistiques de combats, ou des améliorations cosmétiques des salles de départ, où on peut aussi interagir avec différents personnages, ce qui permet de découvrir des bribes de l’histoire du jeu.

J’ai bien aimé. C’est un genre de jeu auquel je suis assez mauvais, mais il est designé pour être très addictif, et ça fonctionne, avec une courbe de progression qui est bien paramétrée (qui a quand même été bien raide pour moi au début jusqu’à ce qu’un truc se débloque, mais il a fallu que j’active le mode facile pendant très longtemps pour acquérir les bons réflexes de combat).

L’histoire est pas révolutionnaire si vous connaissez un peu la mythologie grecque, mais le gameplay est bien réussi et ça file les bonnes doses d’endorphines. Je recommande.