Archives de catégorie : Arbres morts ou encre électronique

Lest Darkness Fall, de Lyon Sprague de Camp.

« De peur que les ténèbres », en VF. Un historien se retrouve projeté dans la Rome du Ve siècle et diffuse des inventions telles que l’imprimerie et le télégraphe et espérant empêcher l’arrivée du Moyen-Âge. Ça faisait longtemps que je voulais le lire, mais introuvable sur papier. C’est sympa mais c’est pas révolutionnaire, c’est de l’uchronie à la grand-papa.

Culture & Gecko

Tiens donc. Ceci est un post que j’avais rédigé au Kenya (daté du 30 décembre) et qui traîne dans les brouillons du blog depuis. En exclusivité donc, un bout de Kenya extemporé.

Bon, je me rends compte que cela fait un certain temps que je n’ai pas aligné des listes de bouquins en me vantant de les avoir lus, plutôt que de vous envoyer des photos de plages paradisiaques.
Mais il est temps de rétablir la vérité : malgré que nous soyons en supposée saison sèche, cela fait une semaine qu’il pleut tous les jours, à durée et intensité variable. Donc je lis, visionne et écoute.
De plus, j’ai eu une liseuse pour Noël, je peux donc transporter un millier de livres sur moi à tout moment. Le bidule est livré avec une série de traducteurs et dictionnaires intégrés, très pratique pour lire de l’anglais (et à plus long terme de l’espagnol et de l’italien). Je voudrais ajouter à ça un certain nombre de livres de base, qu’il est toujours utile d’avoir sur soi. Je pense que je trouverai sans problème Les Deux Testaments et le Coran, mais si quelqu’un sait où trouver une version epub de Je Sais Cuisiner de Ginette Mathiot, qu’il me fasse signe. Quand j’aurais un véhicule motorisé, je suppose qu’un précis de mécanique ne fera pas de mal, et peut-être qu’un rappel des premiers soins pourrait être utile. Et puis bien sûr, j’ai une bonne centaine de romans dessus. En français, en anglais, science-fiction, classiques, polars, romances… J’en ai pour tous mes goûts.

Donc ce que j’ai lu, sur papier ou liseuse :

  • L’Œuvre de Zola. Lu dans l’avion pour Nairobi. Très bon, un de ceux qui se lisent le plus facilement, et bonne préface.
  • The Mammoth Book of Alternate Histories. Un recueil de nouvelles uchroniques. Niveau très variable, mais pas transcendant dans l’ensemble.
  • HHhH de Laurent Binet. Un roman français sur l’attentat qui a tué Heydrich, le chef de la Gestapo. Construction du roman très intéressante, avec des allers retours entre l’histoire, les sentiments de l’auteur, des digressions sur son travail de recherche documentaire… Vaut vraiment le détour.
  • Harry Potter and the Methods of Rationality. Et si la tante Petunia avait épousé un scientifique et qu’Harry avait eu une famille aimante qui l’avait formé au raisonnement scientifique ? Eh bien cela donne un texte bien plus intéressant que la version de J.K Rowling. Vraiment plus. C’est un pavé en anglais, mais je n’ai pas pu le lâcher avant la fin (provisoire, de nouveaux chapitres étant toujours attendus)
    [EDIT 11/04/2016 : la fin est arrivée et elle est cool. Je recommande toujours la lecture de cette fanfiction magistrale]
  • La Coureuse de Maia Mazaurette. Autofiction écrite par une sexblogueuse, La Coureuse explore les thèmes des rapports hommes/femmes, de la séduction, du pouvoir, des relations négatives… C’est très prenant, très stressant, et passionnant (Et je voulais le lire depuis l’annonce de sa sortie).
  • Hard Magic de Larry Correia. Une histoire de détective privé et de magie dans les années 30. L’Univers est attirant, mais le roman commence mieux qu’il ne finit, car il verse trop dans le pulp en cours de route. Les gentils américains contre les méchants japonais, merci bien.
  • L’évangile obscur de Jean-Marie Villemot. Une relecture sous la forme d’un polar des années juste avant que Jésus ne se mette à prêcher. Idée originale, belle description de la Judée de l’époque, mais pas incroyable non plus.
  • The Subtle Knife de Philipp Pullman. La Tour des Anges en français, tome deux de la Croisée des Mondes. Relu en VO à Zanzibar, se lit bien et univers toujours aussi magique.
  • Ourania de Le Clézio. Étrange comme un Le Clézio. Un géographe en Amérique du Sud rencontre les membres d’une colonie utopique.
  • Pour seul cortège de Laurent Gaudé. C’est un Laurent Gaudé. Avec la même histoire tout le monde ferait un truc ridicule et pompeux, Gaudé fait du beau et émouvant. Ça parle du cortège funèbre d’Alexandre le Grand.

J’ai aussi vu des films  :

  • Reinni Lola, film allemand sur une fille qui a 20 minutes pour trouver 100 000 marks. Étrange mais bien.
  • La Cité de la Peur. Comme ça j’ai enfin le contexte de toutes les « répliques cultes » que l’on me balance à longueur de journée.
  • Captain Sky et le Monde de Demain. Dieselpunk. Jolies images, mais l’histoire eut gagné à avoir un minimum de profondeur en plus au lieu d’accumuler les clichés.
  • Beasts of the Southern Wild. Le film avec marqué ARTY tout autour. Suite à la fonte des glaces, une portion de bayou de Louisiane où vit une communauté de marginaux va être submergée. Mais Hushpuppy, héroïne de 6 ans, ne quittera pas l’endroit où elle a toujours vécu. Ajoutez des aurochs carnivores et une caméra tremblotante et vous obtenez un étonnamment bon film.

Sinon, je vous ai promis un gecko : le voici, trouvé en récupérant mon linge.
Gecko de poche

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Des vacances à l’ombre du TGV.

Sitôt mon stage fini, j’ai sauté dans un TGV pour rejoindre mes parents sur la Côte d’Azur. Quelques jours avec eux, puis j’ai glissé de Sainte-Maxime à Antibes, puis d’Antibes à Nice. Le 5 j’entamerai un lent mouvement retour en commençant par poser mes bagages à Marseille puis à Lyon, avant d’enfin rejoindre Paris. Je profite du réseau ferré et des ami-e-s qui acceptent de m’héberger (et que je remercie infiniment au passage). J’ai investi dans une connexion internet via la 3G, donc je peux écrire, mais les photos sont un peu trop gourmandes en octets pour être téléversées.

J’ai emporté quelques livres papiers : La mort du Roi Tsongor, Crimes de Seine, L’Aube Incertaine et Le Royaume Blessé (vivent les titres-groupes nominaux !). C’est à peine un quart de ce que j’emporte habituellement pour les vacances.
Mais mon atout caché, c’est la liseuse : pour ce mode de vie semi-nomade, c’est vraiment l’idéal. J’ai donc lu Wicked de Gregory McGuire, Malavita de Benaquista et Little Brother de Cory Doctorow.
Wicked reprend l’histoire du Magicien d’Oz mais la raconte depuis le point de vue d’Elphaba, la Méchante Sorcière de l’Ouest. Les thèmes parcourant le livre sont passionnants : la définition du Mal, la réécriture de l’Histoire par les vainqueurs… Cependant, le style n’est pas incroyable et l’histoire s’envase un peu par moment. Recommandé quand même comme un classique de la culture américaine revisité. Malavita c’est du Benaquista et c’est donc toujours bien. Une famille s’installe dans une petite ville normande sans histoire, et de là les choses dégénèrent. De Benaquista je recommande aussi Saga, qui parlent de l’écriture d’une série télé. Enfin Little Brother (téléchargeable gratuitement ici) aborde les thèmes de la vidéosurveillance, de la lutte contre le terrorisme et des libertés qu’on y perd, et les relie au mouvement yippie et des marches pour les droits civiques. Publié en 2008, l’affaire de la surveillance de la NSA le rend plus que jamais d’actualité.

Check-up

Diverses choses.

Premièrement je suis en période de grands questionnements. Ça m’arrive de temps à autre, en mode «mais qu’est-ce que tu veux faire de ta vie ? », « est-ce que t’es pas en train de perdre ton temps ? », « tu devrais pas profiter de tout ce que tu as plutôt que de rester dans ton coin à te poser des questions stupides ? ». Ça débouche rarement sur quelque chose et ça me rend assez peu heureux, donc je serais content quand ce sera fini. Je me contenterai bien d’une seule crise de la quarantaine, merci.

Récemment j’ai réalisé un très court métrage avec un ami. Je ne le poste pas ici parce que je ne veux pas lier mon nom et ce blog (même si je ne m’illusionne pas trop sur le degré d’anonymat que ce blog me procure). J’ai lu des romans et des essais sympas : Un roman russe d’Emmanuel Carrère, Beauté Fatale de Mona Chollet (féminisme et injonction à la beauté), Do It de Jerry Rubin (yippisme), Le dragon Griaule de Lucius Shepard, Apocalypse Bébé de Virginie Despentes.
J’ai fini Elementary, qui est décidément une très bonne série.

Sinon, j’ai découvert cet article : Portrait of a hacker, disponible aussi en français. Il est très très très bien. Je me suis déjà fait une bonne partie des réflexions qui sont dedans, mais en moins bien structuré et en moins bien écrit. Incidemment je connais l’auteur IRL et c’est quelqu’un de merveilleux.

Masqué, de Serge Lehman

J’ai fini hier le dernier tome de Masqué, une bande dessinée de Serge Lehman. Enthousiasmé par le premier tome j’avais décidé d’acheter la série, mais j’avais été assez déçu par les tomes 2 et 3. Le quatrième renoue avec la formule du premier, et si le « Fin du premier cycle » qui termine la dernière case tient ses promesses, il va y avoir de belles choses à lire.

De quoi s’agit-il ?
Un militaire français, revenant d’une mission de six ans dans le Caucase, retrouve un Paris méconnaissable, transformé sous l’impulsion du préfet spécial chargé d’en faire une métropole de rayonnement mondial. Amené à côtoyer le préfet, le héros va se retrouver au cœur des évènements menant à l’apparition de surhommes dans la métropole…

Serge Lehman n’en est pas à son coup d’essai. De lui j’avais lu le Haut-Lieu, superbe recueil de nouvelles. Il est aussi à l’origine de la Brigade Chimérique, parlant de super-héros dans l’Europe des Années Folles. C’est dans la continuité de cette série que s’inscrit Masqué. Après une parenthèse de cinquante ans, les super-héros sont de retour en Europe.

Masqué, T1

Le projet est ambitieux. Pas dans l’histoire, où le scénariste n’a qu’à dire « abracadabra » pour avoir autant de surhommes qu’il veut. Mais ce que veut Lehman, c’est faire renouer la culture populaire européenne avec la figure du héros. Car il y a eu une tradition du héros qui a disparue. Des feuilletons tels le Nyctalope mettent en scènes des super-héros en 1911, bien avant que l’Amérique ne voit apparaître son boy-scout kryptonien.
Masqué est un manifeste. Émaillé de référence à ces héros vieux d’un siècle et de ceux qui agitent les pages des comics américains, (matériel Stark Industries, une photo de Superman…), il tente d’imposer une Nouvelle Mythologie à la BD française. Pas question de se complaire dans la dépréciation et le sarcasme si typiquement français, il est temps d’avoir des étoiles dans les yeux et de croire en son pays. Il est assez jouissif de voir le drapeau tricolore faire l’objet du traitement que l’on a l’habitude de voir réservé dans les cases de BD à la bannière étoilée.

Si Lehman parvient à insuffler un peu de cette fierté américaine dans les BDs de bonne vieille France, ce ne peut être qu’une bonne nouvelle.

[EDIT : relisant ça en 2016, je suis beaucoup moins convaincu par l’intérêt de faire refleurir le patriotisme en France… mais dans la BD c’est plus une reprise des codes du patriotisme US dans les comics, c’est porté par un personnage de militaire, ce n’est pas un véritable appel à une version française de ce patriotisme, et je ne pense pas que Lehman soit du genre réac, encore que ça faudrait le coup de vérifier]

Bars et weekends

Bon, niveau labo, la vie suis tranquillement son cours. Les tomates poussent, les mouches passent les filets et les congélateurs congèlent. Pas de résultats aberrants ou intriguants pour le moment, mais un rythme de travail agréable (je dois dire que ça fait du bien d’avoir des choses à faire de sa journée, Internet n’étant pas si immense que cela finalement.
C’est coté temps libre que se situent mes découvertes. Déja, les trajets en bus m’ont permis de lire en quantités appréciables : Sociologie du Tourisme, Nocturnes de Kazuo Ishiguro (et en VO s’il vous plait), le Roi de Bruyère de Greg Keyes (fantasy), Superfreakonomics, la Mort est mon métier de Robert Merle… Un réapprovisionnement va bientôt être nécessaire.

Sinon, je suis parti à Banyuls pour un weekend. Banyuls c’est quasi à la frontière avec l’Espagne, au bord de la mer, et tout petit. J’étais accueilli par My-Hai, une camarade de promo qui fait aussi une césure. Au programme, baignade, balade dans l’arrière-pays, balade dans la ville, dégustation de Banyuls (un vin doux naturel, qui ressemble un peu au porto ou au muscat), visionnage d’épisodes de Doctor Who, discussions en franglais… Un excellent WE.

Et quand je reste à Montpellier ? Eh bien Pierre semble connaitre absolument tous les bars de Montpellier et sait saisir chaque prétexte pour me les faire découvrir. Si l’on ajoute à cela son impressionnant réseau d’amis, d’amis d’amis, de connaissances de collègues et autres relations qu’il ne prendra même pas la peine d’expliciter, cela fait un certain nombre de personnes qui veulent lever le coude avec lui à n’importe quel moment. On peut donc citer comme haut lieu de Montpellier la Fabrik, bar servant de la Chartreuse et dont les propriétaires enchaînent les Spice Girls et Metallica, la Distillerie, bar à Rhum dans lequel le restaurant d’à coté vient vous apporter votre burger (le partenariat le plus brillant depuis l’endosymbiose mitochondrienne) (je vous recommande le Stairway to Heaven, burger au pesto) (je vous recommande aussi de ne pas aligner les parenthèses comme ça, c’est syntaxiquement et esthétiquement très laid), ou encore le Vert Anglais (pinte à trois euros). Tout cela sans même mentionner les soirées à domicile.

Ce weekend ce sera départ pour la Côte d’Azur pour l’anniversaire de mariage des grands-parents, avec la grande question : mais quand vais-je pouvoir regarder l’épisode de Doctor Who ?

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Lectures expatriées

Plutôt que des photos magnifiques de Pondy ou le récit de l’avancement (laborieux) de mon stage, quelques notes sur ce que j’ai lu ici :

  • Le Bloc de Jérôme Leroy. Politique-fiction sur le prochain quinquennat, le Bloc raconte la nuit de négociations qui signera l’entrée du Bloc Patriotique (comprendre Front National) au gouvernement. Deux membres-clefs du Bloc se souviennent des années qui les ont mené ici. Polar glaçant et génial, parfait en cette période pré-électorale.
  • Trouble dans le Genre de Judith Butler. Un des ouvrages essentiels du féminisme. Pas encore fini, mais de toute façon fini ou pas il me manque des tas de références et des heures de réflexion personnelles sur le sujet pour le comprendre. Passionnant néanmoins.
  • Life de Keith Richards. L’autobiographie du guitariste des Stones. Je n’en suis qu’au tout début, mais le premier chapitre sur son arrestation en 75 aux US est un régal.
  • Gödel, Escher, Bach de Douglas Hofstader. Je viens de passer l’après-midi dessus. Réflexion sur les mathématiques, Lewis Carroll, la biologie… Un bouquin essentiel pour mon sujet de stage et à ma grande surprise un essai scientifique vraiment abordable et intéressant.
  • Promenade avec les Dieux de l’Inde de Catherine Clément. Parce que le panthéon hindou est assez complexe, et que je me sens très con à ne rien connaitre à la culture du pays où je suis.
  • Bref, je n’ai pas vraiment l’habitude de lire autant de livres en parallèles, peut-être y aura-t-il des mélanges intéressants à la fin.

    Sinon, je n’ai rien visionné depuis que je suis ici, mais je viens de télécharger Salaam Bombay pour une première approche du cinéma indien.
    [Edit 02/2016 : J’ai enfin vu Salaam Bombay. À Nancy.]