Archives de catégorie : Culture/Procrastination

Your Monster, de Caroline Lindy

Film étatsunien paru en 2024. Laurie est une actrice de musicals. Atteinte d’un cancer, elle est larguée par son partenaire, qui avait écrit une pièce dans laquelle elle devait avoir le rôle principal. Forcée de retourner vivre dans la maison de sa mère, elle découvre dans son placard un monstre, qu’elle avait connu dans son enfance. Une cohabitation va démarrer, Monstre poussant Laurie à ne pas accepter à sa situation et ne pas dire que tout est ok dans la façon dont Jacob l’a traitée.

C’était rigolo à regarder, mais sans être transcendant. Les acteurices jouent bien, le numéro musical est cool, mais le scénario est assez straightforward, on s’attend à une partie des retournements.

Le Combat des chefs, d’Alain Chabat

Série d’animation française parue en 2025, adaptation de l’album d’Astérix éponyme. C’était sympa de revoir une adaptation d’Astérix dirigée par Chabat, plein de petits trucs sympas dedans (la trouvaille de la mère de César, toute l’idée de la création d’un parc d’attraction pour préparer le combat des chefs, la résolution sans combat à la potion magique, les commentateurs sportifs…), mais en même temps c’était yet another adaptation d’Astérix, ça m’a pas non plus transporté plus que ça.

GLOW, de Liz Flahive et Carly Mensch

Série télé étatsunienne dont les 3 saisons ont été publiées de 2017 à 2019. On suit la création puis les premières années de diffusion du show (réel) Gorgeous Ladies of Wrestling, un programme mettant en scène des matchs de catch féminin. On va donc suivre les actrices du programme, au premier rang desquelles Ruth Wilder (Alison Brie), qui aspire à être une actrice reconnue, et ses relations compliquées avec Debbie Eagan, sa meilleure amie qui va aussi participer au show et avec Sam Sylvia, le directeur.

J’ai beaucoup aimé. La première saison met un peu de temps à démarrer, mais une fois qu’on est pris dedans c’est du binge-watching de qualité. Plein de perso féminins qui sont relativement développés (beaucoup pour les rôles principaux, un peu moins pour les secondaires, mais on a quand même des éléments de background et des storylines et personnalités définies pour une grosse partie des catcheuses. Le ton général est comique mais ça parle d’avortement, de racisme et d’homophobie, de pauvreté (c’est vite mis sous le manteau, mais pour la plupart des participantes c’était un peu le casting de la dernière chance), d’accident du travail, de culpabilité du survivant… Le rythme des trois saisons est très différents, la première prenant le temps d’installer les choses, la 2e étant sur un rythme « classique » et la 3e faisant de brusques saut dans le temps et introduisant rapidement des éléments avant de passer à autre chose (peut-être qu’il fallait boucler plein de lignes narratives), mais ça passe dans les 3 cas.

Même si c’est très fictionnalisé, c’est intéressant d’avoir une série sur l’envers du décor de la production d’un show, avec le côté rêve hollywoodien qui se craquelle – surtout pour un show dans la marge (le catch n’est pas un genre reconnu, les actrices échouent aux castings classiques – ce sont des cascadeuses, des petites mains du cinéma, des actrices de soap, pas des grands noms – le directeur n’a fait que des films de genre, le seul caméraman nommé vient du porno…), et l’aspect années 80 (très bien rendu de façon générale, mais notamment par le sexisme ordinaire de tous les personnages masculins même quand ils sont présentés comme des personnages positifs, notamment le personnage de Sam Sylvia, très très réussi).

Recommandé

Azrael, de E. L. Katz

Film vu lors de l’édition 2025 du Grindhouse Paradise(festival de films de genre toulousain).

Film étatsunien de 2024. 200 ans après le Ravissement, Azraël et son partenaire tentent de s’échapper de la communauté dans laquelle ils vivaient, une communauté perdue dans les bois dont les membres se sont enlevés les cordes vocales pour ne pas succomber au péché de Parole. Mais les membres de la communauté veulent les retrouver et les sacrifier aux Brûlés, des créatures humanoïdes et anthropophages qui rodent dans les bois. Azraël va se confronter à la communauté, réalisant que la seule manière de gagner sa liberté est d’en éliminer tous les membres.

Le film est quasiment sans paroles (y’a un perso qui parle en espéranto non traduit pendant environ 1 minute), ce qui est un choix assez fort. Y’a un côté post-apo (littéral vu que c’est après l’Apocalypse au sens biblique) un peu crado qui est cool, mais aussi un côté « on court beaucoup dans les bois » qui est moins enthousiasmant. Y’a un de mes pet peeves dans les films post-apo : un indice très fort que « l’apocalypse » a en fait été très localisée et que le reste du monde continue de fonctionner très bien. Bonne perf de l’actrice principale, des décors sympa, des effets spéciaux réussis (surtout sur la fin et le design du « bébé » – j’ai été moins convaincu par les Brûlés), mais un scénario qui est quand même assez éthique (c’est des boucles dans les bois autour de la communauté, quoi)/

The Rule of Jenny Pen, de James Ashcroft

Film vu lors de l’édition 2025 du Grindhouse Paradise (festival de films de genre toulousain).

Film néo-zélandais de 2024. Suite à un AVC, Stephan Mortensen, jusqu’ici juge, se retrouve dans une maison de retraite médicalisée. Elle est en dessous du standing qu’il voudrait, mais tous les établissements manquent de place en ce moment. Le juge se considère comme au dessus des autres résidents et interagit peu avec eux, considérant qu’il sera bientôt sorti, dès qu’il aura retrouvé l’usage de sa jambe droite (il est pour le moment en fauteuil roulant).
Stephan réalise rapidement qu’un des résidents terrorise tous les autres, et entend le faire lui aussi rentrer dans le rang. L’homme en question, Dave Crealy, se déplace toujours avec une marionnette thérapeutique – Jenny Pen – et force les gens à professer leur allégeance à la marionnette. Stephan tente de se rebeller contre Crealy, mais la dégradation de son état mental joue contre lui…

Très réussi. C’était assez intense étant donné que c’est de l’horreur « réaliste » : les forces inexorables contre lesquelles se bat le protagoniste c’est son déclin cognitif et le désintérêt de la société pour les personnes âgées (bon et puis Crealy en tant que local bully, mais c’est juste une surcouche finalement). Très bonne performance des deux acteurs principaux.

Recommandé avec un petit TW sur la violence psychologique et la vieillesse.

Dead mail, de Joe DeBoer et Kyle McConaghy

Film vu lors de l’édition 2025 du Grindhouse Paradise (festival de films de genre toulousain).

Film étatsunien de 2024. Dans les années 80s, un homme s’échappe d’une maison et dépose un appel à l’aide dans une boîte aux lettres avant d’être rattrapé par son geôlier. On va suivre la tentative du service postal de retrouver l’origine de l’appel à l’aide avant de voir en flashback comment l’homme s’est retrouvé prisonnier.

J’ai bien aimé. Y’a un grain de l’image particulier, et tout le film fait très d’époque, avec ses enjeux de créations de carte-son pour synthétiseurs et de suivi du courrier.

Recommandé

The Assessment, de Fleur Fortuné

Film vu lors de l’édition 2025 du Grindhouse Paradise (festival de films de genre toulousain).

Film étatsunien paru en 2024. Dans un futur indéterminé, un couple qui souhaite avoir un enfant se soumet à la procédure de l’Évaluation: ils vont héberger pendant une semaine une Évaluatrice qui va les soumettre à une batterie de tests et évaluer leur mode de vie pour estimer s’ils sont aptes à élever un enfant. La procédure est confidentielle, donc ils ne savent pas à quoi s’attendre, mais rapidement le comportement de l’évaluatrice va sembler relativement perturbant et sortir de ce qui permettrait d’évaluer leur capacité à avoir un enfant.

Je n’ai pas été très convaincu. Il y a des éléments intéressants dedans, notamment dans l’arrière-plan (un État vaguement fasciste dont les citoyens sont immortels, mais qui a un territoire tout petit, le reste de la planète étant inhabitable), mais l’histoire principale m’a laissé un peu froid : Le comportement de l’Évaluatrice est un peu trop random : si le début avec les différents tests et les simulations de comportement enfantin marche bien, ça part quand même très loin dans ce qu’elle se permet de faire, et j’ai trouvé la fin trop psychologisante avec l’explication des motivations de l’Évaluatrice. Le tout a un petit côté « les gens matrixés par le désir d’enfant. »

Dead Talents Society, de John C. Hsu

Film vu lors de l’édition 2025 du Grindhouse Paradise (festival de films de genre toulousain).

Comédie paranormale taïwanaise parue en 2024. Après leur mort, les gens deviennent des fantômes, qui continue d’exister tant que les vivants conservent des éléments matériels significatifs liés à eux (variation sur la prémisse de Coco). Une fois que ce n’est plus le cas, ils disparaissent au bout de 30 jours, sauf s’ils arrivent à se faire un nom en tant que légende urbaine. Le film suit une fantôme ordinaire qui va devoir devenir une légende urbaine, alors que le champ est bien concurrentiel, les légendes urbaines les plus connues étant des stars dans le monde des morts.

Le traitement était assez rigolo, avec gestion des légendes urbaines de la même façon que les influenceurs, besoin de se faire connaitre, d’avoir des vidéos qui deviennent virale… Le côté planification des manifestations surnaturelles avec la participation de plusieurs fantômes non visibles qui font les « effets spéciaux » : tenir une assiette dans les airs, appuyer sur le bouton d’arrêt d’urgence d’un ascenseur (idée assez brillante parce que du coup ça limite les effets spéciaux à mettre en œuvre dans le film (même si on a quelques scènes du point de vue des humains pour faire le parallèle), et un fantôme avec une « licence de hantise » qui peut se rendre visible aux humains. Le film met l’accent sur le boulot qu’est ce monde d’influenceurs, plusieurs personnages se plaignant que c’est plus de boulot maintenant qu’ils sont morts.

Recommandé.

King Tide, de Christian Sparkes

Film vu lors de l’édition 2025 du Grindhouse Paradise (festival de films de genre toulousain).

Sur une île au large de Terre-Neuve, une communauté de pêcheurs survit tant bien que mal, menacée par la surpêche des bateaux industriels. Mais après les grandes marées annuelles, les insulaires découvrent un bébé dans une barque, doté de pouvoirs surnaturels qui pourraient résoudre tous leurs problèmes. La communauté décide de couper tout contact avec le continent pour garder l’enfant miraculeuse pour eux. 10 ans plus tard, la vie s’est réorganisée autour d’Isla, quand elle semble souffrir d’un burnout messianique. Comment accepter d’un seul coup que les miracles qui étaient devenus votre quotidien puisse soudainement vous être retirés ?

J’ai beaucoup aimé. Le film est présenté comme du folk horror, mais c’est un twist particulier sur ce sujet. Il y a bien un culte insulaire chelou (on sent un peu l’hommage à The Wicker Man, même si y’a moins de folklore chelou), mais celui-ci est récent, et basé sur des miracles très perceptibles. On ne suit pas la découverte des coutumes locales depuis le point de vue d’étrangers à la communauté, mais on voit comment les bouleversements de la communautés que sont l’apparition puis la disparition des pouvoirs d’Isla sont perçus par les différents membres de cette communauté. Les personnages secondaires sont particulièrement réussis, notamment en ce que les raisons d’agir des antagonistes du film sont totalement compréhensibles : notamment le comportement de Faye, qui est prête à tout pour préserver le fonctionnement des pouvoirs d’Isla : le fait que ce soit ça où un retour à la démence sénile pour elle rend son comportement totalement crédible (mais il reste inexcusable).

Les paysages sont très beau et les acteurs jouent bien, notamment celle qui joue Isla, rôle pas du tout évident à 10 ans.

Recommandé.

Penalty Loop, de Shinji Araki

Film vu lors de l’édition 2025 du Grindhouse Paradise (festival de films de genre toulousain).

Film japonais paru en 2024. Après le meurtre de sa petite amie, Jin décide de tuer le meurtrier, dont il a retrouvé la piste. Mais il se retrouve pris dans une boucle temporelle, et sa victime elle aussi semble être consciente de la boucle. Après de multiples variations sur les modalités du meurtre, les deux personnages vont se rapprocher, et si Jin est obligé de tuer son comparse chaque jour, ils vont de plus en plus échanger entre ces assassinats.

J’ai bien aimé comment c’est filmé en termes d’images, mais j’ai quelques réserves sur le scénario. Déjà c’est un cas assez clair de femme dans le réfrigérateur. Ensuite, même pour un film qui se veut une réflexion sur la peine de mort, ça reste un peu perturbant que Jin devienne ami avec le meurtrier de sa compagne. Toute la relation de Jin a sa compagne est d’ailleurs assez étrange, mais ça c’est clairement volontaire. L’explication de la boucle temporelle est relativement originale, mais ça ne rattrape pas les autres gros trous dans le scénario