Tous les articles par Machin

Maus, d’Art Spiegelman

Bande-dessinée étatsunienne publiée entre 1980 et 1991. L’auteur met en scène le témoignage de son père, rescapé de la Shoah. Dans le livre, les polonais sont représentés par des cochons, les nazis par des chats et les juifs par des souris. On alterne entre le récit du père d’Art et le contexte de l’enregistrement de son témoignage par Art aux États-Unis dans les années 80.

Le livre entremêle l’Histoire de l’Europe nazie, la vie personnelle d’Art et de son père (en Europe et en Amérique), la difficulté de la relation père/fils dans ce contexte, et l’impact de la parution de la bande dessinée sur son auteur.

C’est très puissant et un Pulitzer bien mérité, je recommande fortement (par contre, obvious TW racisme, antisémitisme et génocide).

The Time-Traveler’s Wife, de Steven Moffat

Doctor Who : the secret Moffat season

Série télévisée de 2022, adapté du roman éponyme. Henry est atteint d’une maladie qui le fait voyager dans le temps sans contrôle sur la durée et la destination de ses sauts. A 28 ans, il rencontre Clare, une femme qui lui déclare qu’ils vont se marier. De son point de vue, elle a connu Henry depuis son enfance, un Henry plus âgé ayant voyagé 150 fois dans son enfance. Mais le Henry qu’elle rencontre à 20 ans la déçoit : il est immature et égoïste, pas le prince charmant de son enfance.

J’ai bien aimé. La série est dirigée par Steven Moffat, qui aime bien raconter des histoires de voyage dans le temps et écrit très mal ses persos féminins ; là le matériau-source le contraint un peu et ça marche mieux que d’habitude. On dirait une V2 plus réussie de ce qu’il avait fait avec les personnages de River Song et Amy Pond dans Doctor Who. Malheureusement la série n’aura pas de saison 2 donc on reste sur une absence de conclusion, mais je pense que ça vaut le coup de la regarder néanmoins. Par contre en dehors des deux personnages principaux, les seconds rôles sont assez anecdotiques.

In universe, la façon dont fonctionne la relation entre les deux personnages est assez étrange : in fine ils sont ensemble parce qu’ils savent qu’ils seront ensemble. L’attraction que Clare éprouve pour Henry est totalement liée au fait qu’il a été une part de son enfance, un référent adulte toujours bienveillant ; c’est quand même assez creepy comme base de relation, les personnages le reconnaissent (mais présentent par contre une fausse équivalence : le Henry idéal de l’enfance de Clare est comme ça parce qu’il s’est adapté à elle tout au long de leur mariage : certes, mais ce n’est pas la même chose de s’adapter à l’autre une fois que tu es adulte et mature vs quand tu connais l’autre à 6 ans et qu’il en a 40). Les interactions d’Henry avec lui même sont intéressantes, ainsi que sa tendance à revisiter involontairement certains moments en boucle.

Bref, je recommande si vous voulez une comédie romantique sans trop d’enjeu et avec du voyage temporel.

Nope, de Jordan Peele

Film étatsunien de 2022. OJ et Emerald Haywood vivent sur le ranch familial, où ils dressent des chevaux qui sont utilisés dans des films. Suite à la mort de leur père, l’entreprise est en mauvaise posture. Mais OJ découvre qu’une créature mystérieuse (et dangereuse) rode dans le désert. Les deux adelphes décident de filmer la créature et de vendre le film pour renflouer leurs finances.

J’ai beaucoup aimé. Le scénario est assez minimaliste, mais il mêle pas mal de thèmes : le cinéma, la relation aux animaux, les relations familiales… de façon réussie. L’extraterrestre est original (avec un design assez low-fi mais qui fonctionne bien), le rapport qu’ont les humains avec lui aussi. C’est très bien filmé et très beau, les personnages sont très réussis. Mêmes les digressions sur le passé de Jupe qui n’ont à première vue pas grand chose à voir avec l’intrigue originale (même si en fait un peu) sont réussies. C’est un peu l’anti-Prey.

Je recommande fortement.

Megamind, du studio Dreamworks

Film d’animation étatsunien sorti en 2010. Deux bébés extraterrestres sont envoyés sur Terre à la destruction de leur planète. L’un a des superpouvoirs et devient le défenseur de Metrocity sous le pseudonyme de MetroMan ; l’autre, forcé par les circonstances, décide de devenir sa némésis, le supervilain MegaMind. Un jour, contre toutes attentes, un des plans de MegaMind fonctionne et il vainc MetroMan. Devenu le maitre de MetroCity, il réalise vite que la vie sans challenge lui est bien fade. Il décide de se créer un nouvel antagoniste, et au même moment se rapproche de la journaliste qu’il avait l’habitude de kidnapper pour inciter MetroMan à venir le combattre.

C’était sympa. Sans être le film du siècle, c’est une subversion réussie des tropes du super-héros et du super-villain. Les plans de MegaMind sont juste ce qu’il faut de convolus, foireux et malins pour être rigolos. Un certain nombre de retournements de situations se voient venir d’un peu trop loin, mais globalement on reste bien accroché dans l’histoire (peut-être un bémol sur le perso de la journaliste qui est essentiellement là pour servir d’intérêt amoureux et qui est moins creusé que les autres).

A Serious Man, des frères Coen

Film étatsunien sorti en 2009 et réalisé par les frères Coen. On suit quelques semaines de la vie de Larry Gopnik, un professeur de physique membre de la communauté juive américaine, alors que tout semble s’effondrer autour de lui : un de ses élèves tente de le soudoyer, sa femme lui demande le divorce, son frère squatte son canapé, ses deux enfants n’arrêtent pas de le submerger de demandes.

J’ai beaucoup aimé. Sans surprise puisque ça parle de la vie dans une communauté juive étatsunienne, ça m’a rappelé certains romans de Philip Roth. Il y a un humour très pince-sans-rire. C’est très bien filmé, très bien reconstitué. C’est difficile de dire en quoi c’est un bon film parce qu’il a l’air très basique, très resserré sur une histoire particulière, mais ça l’est.

Tinker, Taylor, Soldier, Spy, de John Le Carré

Roman d’espionnage britannique paru en 1974. George Smiley, ancien espion récemment à la retraite depuis une opération qui a catastrophiquement mal tourné, est rappelé officieusement par des agents toujours actifs. Une découverte récente laisse penser qu’il y aurait une taupe russe au plus au niveau du Cirque, l’agence britannique de renseignements. Smiley doit conduire une enquête en dehors de tous canaux officiels, pour démasquer la taupe sans l’alerter. Vont suivre 300 pages d’espionnage débridé, a base de courses poursuites à Venise, gadgets astucieux et… Non. Ce n’est pas ce genre de roman d’espionnage. 300 pages d’espionnage dans les règles de l’art à base de coups de fils passés depuis une cabine téléphonique à chaque fois différente, code a base de bouteilles de lait laissées sur le perron et entretien avec d’anciens agents pour corroborer leurs versions d’une nuit cruciale arrivée 3 ans auparavant. L’ambiance est crépusculaire, avec des agents vivant dans le souvenir d’un Empire britannique au centre du Grand Jeu alors que l’Empire n’est plus, professant se battre pour des valeurs quand finalement l’espionnage ne vaut plus que pour lui même, et des recrutements effectués au sein de la noblesse britannique et des grands colleges anglais avec un élitisme décomplexé.

Je recommande.

L’Été meurtrier, de Jean Becker

Film français de 1983, adapté du roman éponyme de Sébastien Japrisot. Dans un village du Sud-Est de la France, une nouvelle famille s’installe. Le père est hémiplégique, la mère d’origine allemande et taiseuse, et la fille, « Elle », (jouée par Isabelle Adjani) fait tourner la tête de tous les garçons du village. Mais elle jette son dévolu sur Pimpon (Alain Souchon, très bon), mécanicien auto et pompier volontaire. Pimpon l’aime aussi, mais il ne comprend pas ses soudaines sautes d’humeur, ses absences inexpliquées et sa fureur à l’évocation de certains détails. A travers une narration qui saute d’un personnage à l’autre, on va découvrir les secrets du passé d’Elle et de sa famille, en passant par plusieurs fausses pistes.

Sentiment mitigé. L’intrigue globale est intéressante mais le film met longtemps à démarrer, les acteurs ne jouent pas toujours très bien et les rôles féminins sont quand même assez caricaturaux. Après on se laisse prendre au film a partir du moment où on commence à avoir quelques révélations.

Je pense que je recommanderais plus le livre que le film, mais il faudrait que je lise le livre pour confirmer cette impression.

Suspiria, de Dario Argento

Film italien de 1977. Susie, une danseuse new-yorkaise, arrive à Freiburg pour intégrer une académie de danse prestigieuse. Le soir de son arrivée elle croise une élève terrifiée qui meurt dans la nuit. Alors qu’elle voulait être externe, elle se retrouve poussée très fortement à être interne. Sa cothurne lui fait par de ses suspicions qu’il se passe des événements paranormaux dans le bâtiment, et une série de morts vient appuyer cette thèse, jusqu’à un affrontement final entre Susie et l’équipe enseignante.

J’ai beaucoup aimé. Le scénario, n’est pas très élaboré, mais les visuels sont incroyables. Il y a des couleurs dans tous les sens, l’architecture de l’école est magnifique. Les meurtres et plus généralement la mise en scène sont assez outrés, mais ça marche bien dans l’ambiance du film. Mention spéciale à la bande-son, très présente et qui porte énormément l’ambiance du film.

Je recommande, on voit pourquoi c’est un classique du genre.

J’ai depuis vu le remake de 2018, qui présente des défauts (la longueur, des arcs narratifs sans intérêt) mais vaut le coup d’être regardé pour la comparaison.

Point Break, de Kathryn Bigelow

Film étatsunien de 1991. Keanu Reeves dans un de ses premiers rôles interprète Johny Utah, un agent du FBI sur sa première affectation à Los Angeles. Sur la piste d’un gang de braqueurs que son partenaire (plus vieux et plus grognon) pense être composé de surfeurs, Utah va infiltrer le milieu du surf. La philosophie des surfeurs qui vivent dans le moment présent et pour leur dose d’adrénaline va le fasciner, mais il ne va cependant pas perdre de vue son objectif premier, démanteler le gang de braqueurs.

J’ai beaucoup aimé, ce n’est pas une référence pour rien, mais par certains côtés c’est assez daté. C’est pas toujours bien joué, les rôles féminins sont assez nuls (et beaucoup là pour l’eye candy, même si le rôle de Tyler est un peu plus intéressant), mais par ailleurs Bigelow met très bien en scène la fascination que Bodhi (magnifiquement joué par Patrick Swayze) exerce sur son entourage et notamment sur Johnny, et donne vraiment envie d’aller tout plaquer pour faire du surf. Même si le film est pas mal 50 shades of toxic masculinity, il y a aussi un réel attrait dans la vie de rebelle solitaire mise en scène dans le personnage de Bodhi et plus généralement dans le côté impulsif et décisionnaire des personnages masculins mis en scène.

Recommandé, avec un peu de recul sur l’intrigue.

L’Été de Kikujiro, de Takeshi Kitano

Film japonais de 1999. Masao, un enfant de 10 qui habite chez sa grand-mère, se retrouve seul pour passer l’été quand tous ses amis partent en vacances. Une amie de sa grand-mère propose que son compagnon l’emmène chez sa mère pour une semaine. Le compagnon en question s’avère plus intéressé par dépenser l’argent du voyage aux courses de vélo, puis embarque avec regret le gamin vers la ville de sa mère. Ils vont faire un certain nombre de rencontres randoms tout au long du voyage. L’anti-héros qui accompagne Masao se révèle totalement désastreux comme personne, sa première idée pour communiquer avec les gens consiste généralement à les insulter. Malgré ça il arrive souvent à ses fins, et décide au bout d’un moment qu’il a la mission de divertir Masao, recrutant pour se faire un écrivain qui voyage en van et deux bikers qui exécutent sans broncher tous ses ordres.

Globalement j’ai beaucoup aimé le film. Il dégage une ambiance fort estivale, un côté « journées qui s’étendent à l’infini » et chaleur qui pousse à ne pas faire grand chose. Recommandé pour un visionnage estival.