The Scholomance, de Naomi Novik

Tome 1 : A Deadly Education

Galadriel, fille d’une mage-guérisseuse hippie, a été acceptée dans la Scholomance, la seule école de magie du monde. Si on y apprend bien l’usage des sorts, la fonction principale de la Scholomance est plus basique : elle sert de forteresse pour protéger les jeunes sorciers de toutes les créatures maléfiques qui se nourrissent de magie et visent en priorité les magiciens les plus inexpérimentés. Mais les défenses de l’École sont imparfaites, et des maleficaria parviennent régulièrement à entrer, fournissant le parfait incitatif pour apprendre au plus vite des sorts pour se protéger.

J’ai beaucoup aimé (j’ai lu le tome plus ou moins d’un seul coup). Beaucoup de questions qui restent sans réponse à la fin, mais le tome a quand même en soi une fin satisfaisante. J’espère que Novik va aborder dans le tome suivant les raisons qui font qu’à la fois l’école et la magie de l’univers fonctionnent d’une façon qui semble faite pour tuer les élèves et créer des prophéties autoréalisatrices ; parce que ça fait un fort bon univers mais si la réponse est juste « parce que c’est fun » c’est un peu dommage.

Le fonctionnement de la communauté magique est intéressant et original : la magie demande beaucoup plus d’énergie pour fonctionner en présence des personnes sans pouvoirs, ce qui justifie l’isolation de la communauté magique. Parallèlement, la magie est une énergie convoitée par toutes les créatures maléfiques, ce qui fait que les sorcièr.es sont toujours sur la défensive. Toute la mise en scène d’une méritocratie biaisée en faveur de ceux déjà au sommet de la pyramide est fort intéressante, et très réussie.

Enfin, par rapport aux Novik précédents (ceux que j’ai lus en tous cas), la dynamique de couple est plus intéressante et moins clichée. J’espère que ça va continuer dans les tomes suivants. De ce point de vue là j’ai un peu l’impression de lire une version réussie de La Passe-Miroir. Le personnage de himbo d’Orion est très réussi. Pour l’intrigue plus générale, l’école de magie où les élèves sont misérables et en danger de mort fait penser à Vita Nostra, en moins russe et plus jeunesse dans l’écriture.

Tome 2 : The Last Graduate

L’histoire reprend pile là où s’était arrêté le tome 1, et couvre toute la dernière année d’El dans la Scholomance. Notre héroïne, qui a réussi à atteindre une position où sa capacité à survivre à la cérémonie du diplôme est plus ou moins assurée, va se rendre compte progressivement que sa survie personne n’est plus un objectif assez satisfaisant, et va tenter de sauver le plus de monde possible, un comportement qui – bien qu’elle s’en défende – fait d’elle l’égal d’Orion en héroïsme et en inconscience…
Le rythme était un peu moins réussi que dans le tome 1 j’ai trouvé (mais bon j’ai quand même lu le livre en deux soirs), notamment parce que même si El augmente les enjeux, elle est suffisamment puissante et dans une position suffisamment confortable pour être beaucoup moins dans un état de panique perpétuelle que dans le 1 (good for her, mais ça enlève de la tension au texte). Novik réussit par contre toujours aussi bien l’écriture de sa relation à Orion, encore amélioré par le fait que la relation d’El à ses amies la place dans la même situation qu’Orion par rapport à elle (de tocard de héros solitaire qui comprend pas qu’iel peut demander de l’aide, et se fait call out sur son complexe de martyr par son entourage). Le côté himbo héroïque et narratrice exaspérée marche toujours aussi bien.
La fin du tome ne laisse pas du tout présager de comment va se dérouler le tome 3, du coup je suis assez curieux de ce que ça va donner.

Tome 3 : The Golden Enclaves (ou The Ones who walks away from Verona)

Dernier tome de The Scholomance. Un peu long à démarrer, quand l’héroïne récupère de son trauma après avoir enfin réussi à échapper à la Scholomance. Mais au bout d’un moment l’histoire décolle, et une fois de plus j’ai lu le bouquin plus ou moins d’une traite. J’avais lu il y a quelques mois une fan theory qui tapait globalement assez juste sur les révélations de ce dernier tome, mais l’écriture de Novik et le développement de l’intrigue m’ont quand même suffisamment accroché. Là où les deux tomes précédents avaient une unité de lieu (tout se passait au sein de la Scholomance), là c’est au contraire voyage sur voyage, El passant du pays de Galles à Londres à New York à Dubai, à Mumbai à Sintra, à… mais si les changements de lieu sont nombreux, elle passe son temps à retrouver ses camarades de la Scholomance, le roman garde donc une focale assez serrée, n’introduisant que relativement peu de nouveaux personnages (généralement les parents des camarades d’écoles, comme personnages secondaires).
Je suis globalement assez admiratif de la cohérence de l’histoire sur la longueur des trois tomes : si les fan theories tapaient aussi juste, c’est parce que les éléments étaient en place depuis le tome 1. Il y a une cohérence d’ensemble que l’agrandissement de l’univers ne ruine pas du tout. Je suis aussi assez admiratif de la vibe positive du bouquin : pour une trilogie qui parle de gamins qui se font dévorer par des monstres comme la moins pire des solutions qui a pu être trouvée, l’ensemble de l’œuvre réussit quand même à faire passer comme message que la décision de faire le bien sans jamais se compromettre est la seule règle morale qui puisse fonctionner, et que de grands pouvoirs impliquent toujours de grandes responsabilités. Le tout en mettant en scène de façon positive une héroïne anglo-indienne et adolescente qui a deux relations romantico-sexuelles en parallèle. C’est une sorte de grimdark hopepunk assez inattendue.

Bref, sans surprise au vu de ma réception des deux premiers tomes, je recommande largement, et je suis fort content que Novik ait réussi la conclusion et progressé sur ses tropes relationnels par rapport à ses bouquins précédents.

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