Roman étatsunien de 2022. À la mort de son père, cartographe de profession, Nell découvre dans ses affaires une carte routière, celle qui a été à l’origine de leur dispute 7 ans plus tôt, suite à laquelle ils ont coupé les ponts. Son père avait affirmé alors que la carte n’avait aucune valeur. Si c’est le cas, pourquoi n’a-t-il gardé tout ce temps et pourquoi une mystérieuse organisation semble prêt à tout pour mettre la main dessus ? Pour comprendre les secrets de la carte, Neil va plonger dans le passé de ses parents et notamment dans l’été qui a mené à la mort de sa mère dans un incendie.
Booooouh. C’est un livre extrêmement frustrant, parce qu’il part de prémices cools, et il fait n’importe quoi avec. Spoilers, mais le livre tourne autour du concept de relation entre la carte et le territoire, en supposant qu’avec les bonnes cartes on peut accéder aux rues-pièges, voire aux ville-pièges inventées par les cartographes pour protéger leur propriété intellectuelle.
Sauf que. Premièrement ce concept est très mal exploité, puisque les conditions permettant d’accéder aux endroits cachés ne sont absolument pas claires – à un moment un schéma griffonné au dos d’une carte de visite permet d’accéder à un de ces endroits, alors que l’enjeu principal du roman est qu’une unique carte permet d’accéder à une ville spécifique et que donc tout le monde la cherche : pourquoi refaire un schéma ne suffirait pas ? Et de plus c’est clairement une ville-piège parmi beaucoup d’autres, pourquoi celle-ci revêt un tel enjeu n’est jamais explicité.
Deuxièmement, les motivations des personnages ne font aucun sens : le père de Mel a coupé tout lien avec elle et utilisé son influence pour l’empêcher de jamais travailler dans le monde de la recherche pour la « protéger », mais en ne lui donnant aucune information sur la nature de la menace (ni même le fait qu’il y avait une menace), pendant 7 ans (!!). Nell et son ex ont mutuellement des sentiments l’un pour l’autre mais se sont séparés il y a 7 ans, n’ont jamais reparlé ni ne sont jamais passés à autre chose. Les ami.es des parents de Nell attendent dans les coulisses depuis visiblement 25 ans que l’histoire se remette à avancer, ils sont tous très inquiets pour Nell et son père mais n’ont agi en rien contre la menace dont ils connaissent la nature, ils se contentent d’être inquiets (et ne me lancez pas sur le subplot « adultère » dans les flashbacks, où on a l’impression que l’autrice n’a jamais interagi avec des humain.es avant de l’écrire). La logique du grand méchant ne fait pas plus de sens : il tente de récupérer chaque copie de la carte qui permet d’accéder à la ville-piège – avec visiblement accès à une quantité infinie d’argent même quand il est tout juste sorti d’études – puis finit par les détruire parce que c’est plus simple de contrôler une carte que mille, avant de réaliser qu’il les a littéralement toutes détruites et de recommencer à chercher une dernière copie de la carte qui existerait potentiellement. L’héroïne semble n’avoir en tout et pour tout que trois personnes dans sa vie : son père, son ex, et son boss. Aucun.e ami.e sur le/laquel.le s’appuyer, personne en dehors du monde de la cartographie.
Je ne m’attarderai pas sur les révélations qu’on voit absolument toutes venir, mais quand même un mot sur le dernier point agaçant : tout le roman se passe dans le monde de la cartographie et son versant en recherche académique, et clairement l’autrice n’y connaît rien : le père de l’héroïne a une position qui lui permet d’avoir une influence sur absolument tout le domaine de recherche et d’en bannir des gens, les 7 amis d’enfance ont un projet de post-doc qui est censé révolutionner le monde de la cartographie et qui consiste à dessiner la carte de New York avec les conventions de celle de Narnia (????), la mère de l’héroïne réapparaît après 25 ans d’absence alors qu’elle avait disparu juste après sa thèse et on lui file un poste de directrice d’un labo de recherche à la New York Public Library.
Enfin, le style est particulièrement plat, mais pour être honnête, ça je m’en accommode dans beaucoup de romans de fantasy ou de science-fiction.
Contre-recommandé.