Noise, de Soo-jin Kim

Film d’horreur coréen, paru en 2024. Ju-young apprend que sa sœur a disparu sans laisser de trace. Elle vient s’installer dans l’appartement de sa sœur pour mener l’enquête, l’immeuble étant le dernier endroit ou cette dernière a été vue. Sur place elle découvre rapidement que sa sœur et d’autres occupants de l’immeuble se plaignaient de sons dans les plafonds de leurs appartement, et que plusieurs autres personnes ont disparu dans les années précédentes. Un voisin inquiétant habitant l’appartement du dessous vient à répétition se plaindre du bruit qui vient de l’appartement de Ju-young.

C’était chouette. Gros gros travail sur le son, ça vaut le coup de le voir au ciné ou avec une bonne installation, pas sur les hauts-parleurs d’un ordi personnel. La thématique de l’immeuble hanté fonctionne bien, les tensions sociales qui sont exacerbées à cette occasion sont bien mises en scène (l’immeuble est éligible à un programme de rénovations mais pour cela il faut qu’il ait bonne réputation et que des gens viennent s’y installer…). On retrouve la même figure de présidente du syndicat de copropriétaires ultra rigide que dans Concrete Utopia. Je me suis un peu retrouvé dans le côté « problème d’isolation sonore qui vient te pourrir la vie » (mais afaik mon immeuble n’est pas hanté). Quelques passages un peu convenus ou qu’on voit venir de loin (l’avantage de le voir au ciné avec une salle pleine de gens genre-savvy c’est que quand les gens disent dans une cave creepy « séparons-nous » toute la salle rigole).

A House of Dynamite, de Kathryn Bigelow

Film étatsunien paru en 2025. Les systèmes de défense étatsuniens détectent un missile intercontinental une fois qu’il est déjà en vol, à destination de leur territoire. La fenêtre pour son interception est d’une vingtaine de minutes. On suit le déroulement des protocoles de défense, les échanges entre toutes les pièces de la machine gouvernementale qui gèrent le sujet.

Les 30 premières minutes sont très bien. On voit tout le déroulement de la gestion de crise au niveau de gens qui sont relativement haut dans l’appareil sans être les preneurs de décision ultimes, qui réalisent l’impact de l’événement progressivement. C’est un film sur de la gestion de crise, pas du tout un film d’action. Le problème c’est que l’heure et quelque suivante est dédiée à la répétition du même : on repart au moment de la détection du missile mais avec d’autres acteurs, plus haut placé dans la chaine de décision. D’une part on n’a plus l’effet de surprise, mais en plus c’est moins intéressant de suivre cet échelon (et encore moins une 3e fois au niveau président/secrétaire à la Défense). Si ça illustre la dépossession des prises de décisions au profit des protocoles mis en place, ça reste une mise en scène du pouvoir – même si c’est un pouvoir empêché – plutôt que des exécutants. Second reproche, on est sur une mise en scène d’États-Unis encore dans l’ère Obama. Au delà du fait que le Président soit incarné par Idriss Elba, c’est surtout que tous les échelons du gouvernement sont occupés par des personnes compétentes. Alors certes même dans ce cas la menace nucléaire reste terrifiante (parce que oui spoiler rapidement la question n’est plus de savoir s’ils vont réussir à intercepter le missile mais quel scénario de contre-attaque mettre en œuvre contre une attaque prévue comme dévastatrice sur les États-Unis continentaux, même sans savoir contre qui réattaquer : il faut répliquer pour montrer que les États-Unis ne sont pas faibles, par crainte que sinon une seconde attaque pire advienne), mais la réalité actuelle n’est même plus ce scénario mais celui d’une puissance nucléaire dans les mains d’un gouvernement ouvertement incompétent et vindicatif.

Je recommandes les 30 premières minutes.

Vallée du Carnage, de Romain Lucazeau

Uchronie française parue en 2024. À une époque indéterminée mais disposant de technologies militaires plus avancées que celles de 2025, le monde est partagé entre trois grandes puissances : l’Empire Perse, l’Empire Han et la Ligue Pélagique. L’empire Han est isolationniste et a passé un pacte de non-agression avec la Perse. La ligue Pélagique est une coalition de Cités-États rassemblées autour de Carthage. Enfin l’Empire Perse est un empire totalitaire et expansionniste, dont l’invasion de la Cité-État d’Ectabane va finir par déclencher en réaction l’entrée en guerre de la Ligue Pélagique.

Bon, autant j’avais bien aimé Latium du même auteur (surtout le premier tome), autant là… C’est pas mal écrit, et l’idée d’uchronie est relativement originale, mais franchement c’est un livre ultra-sombre. On a dans le détail le fonctionnement de l’Empire Perse, et c’est un empire génocidaire, concentrationnaire, xénophobe, misogyne… Il y a des parallèles assez évident à la fois avec l’invasion de l’Ukraine (Ectabane) par la Russie (l’empire Perse) et la réaction initiale de soutien logistique de l’Europe (la Ligue Pélagique), mais la Perse de ce roman fait aussi penser au IIIe Reich, au Japon fasciste… et la tripartition du monde avec des alliances changeantes fait écho à 1984. Globalement c’est un livre sans espoir. La voix de la narration l’explicite, posant à un moment que c’est un monde sans compassion (les religions du Livre n’ont visiblement jamais émergé, et l’auteur a l’air de sous-entendre que c’est notamment les philosophie qu’elles ont fait émerger qui ont porté principalement ces idées de compassion et d’amour du prochain). Le fantôme d’un personnage sous-entend que ce monde est potentiellement une forme des Enfers, et c’est aussi une histoire portée entièrement par des hommes (là aussi l’auteur explicite que les femmes sont cantonnées à des gynécées, et le pose comme un des facteurs de la brutalité de son univers). Et même si le livre raconte l’effondrement de l’Empire Perse, c’est un peu sous la forme d’un « il faut que tout change pour que rien ne change », on n’est pas vraiment sur une révolution victorieuse. Donc bon. Je sais pas trop pourquoi s’infliger ce roman. Je ne dis pas qu’il ne faut lire que des choses fluffy et uplifting, mais j’aime bien que mon désespoir existentiel soit réhaussé de petites touches d’espoir malgré tout.

The Summer War, de Naomi Novik

Novella parue en 2025. Celia vit dans un royaume qui a une frontière avec un royaume féérique. Après des décennies de guerre, son père a été l’artisan de la paix avec les Fées. Mais l’écoulement du temps est perçu différemment par ces derniers, et il est possible que la guerre soit relancée à tout moment. De plus, Celia découvre de la pire des façons que la magie qu’une de ses ancêtres possédait est présente chez elle aussi : elle lance une malédiction à son frère, l’empêchant de trouver l’amour.

C’était pas désagréable à lire mais on retrouve la Novik pré-Scholomance ; le thème du mariage forcé, de la découverte a posteriori de la possibilité de faire converger ce qui semblait être des différences irréconciliables… Je recommande plutôt de lire Spinning Silver, dans le même style.

The Fisherman, de John Langan

Roman étatsunien horrifique paru en 2016. Le narrateur, Abraham, raconte comment il a été témoin d’événements inexplicables lors d’une sortie pour aller pêcher dans une rivière se jetant dans le réservoir Ashokan. Avant la construction du barrage qui a permis la création du réservoir, la vallée secondaire où coule la rivière a déjà été le lieu d’étranges événements et des traces en persistent, qui vont faire écho au deuils qu’Abraham et son partenaire de pêche portent.

J’ai bien aimé. Le roman fait un usage réussit du récit enchâssé, avec tout un passage sur les événements qui se sont passés avant puis pendant la construction du barrage. Il prend son temps pour passer dans le surnaturel, avec toute une partie établissant le contexte de la vie d’Abraham. C’est pas explicitement du lovecraftien mais ça s’en rapproche, et c’est pas mal de garder un contexte aquatique, mais de passer de l’océanique au lacustre.

Abbaye de Lagrasse

Visite de cette abbaye dans l’Aude, qui abrite le centre culturel des Arts de Lire. Bon, cette seconde partie n’était pas très visible durant la visite (exceptée l’excellente librairie dans laquelle on a passé pas mal de temps à la fin de la visite), mais l’architecture de l’abbaye vaut à elle seule la visite. À noter qu’une seconde partie de l’abbaye est toujours utilisée par une congrégation de chanoines, mais peut se visiter aussi.

Tortue qui joue de la cornemuse

El Llanto, de Pedro Martín-Calero

Film d’horreur de 2024. De nos jours à Madrid, Andrea découvre un homme à l’arrière plan de nombreux selfies qu’elle a pris. Elle ne sait pas qui c’est et surtout il lui semble impossible qu’il ait été visible à cet endroit au moment où elle prenait la photo. 20 ans plus tôt en Argentine, le même phénomène semble avoir affecté Marie.

J’ai bien aimé. Y’a un petit coté It follows pour le monstre invisible, la photographie est assez belle. Le film n’explique rien des origines de la malédiction ni même de son fonctionnement, mais ça me semble toute a fait acceptable dans un film d’horreur. Le côté évolution de la technologie qui rend le monstre de plus en plus détectable est intéressant.

16 ways to kill a vampire at McDonalds, d’Abigail Corfman

Jeu vidéo textuel, disponible en ligne sur le site de sa créatrice. On joue une chasseuse de vampire qui voulait un jour de repos, mais tombe sur un vampire au McDo où elle va chercher de la comfort food. De toute évidence, c’est aussi ce que le vampire cherche, sous la forme de la caissière. Il va falloir battre le vampire, malheureusement dans le groupe on sert surtout à avoir l’air appétissante pour faire sortir les vampires du bois, il va donc falloir McGyverer un moyen – ou 16 de tuer le vampire.

C’était chouette, une utilisation très réussie de la fic textuelle, une histoire originale et bien menée. Recommandé.

Madelaine avant l’aube, de Sandrine Collette

Roman français paru en 2024. À une époque indéterminée mais précédant l’industrialisation de l’agriculture, la vie est dure au Pays Arrière. Les paysans s’échinent sur des terres dont les moissons sont fauchées par les conditions météorologiques bien trop souvent, et même les bonnes années, trop part en taxes prélevées par le seigneur du coin, Ambroisie. Dans le hameau des Montées, 3 fermes seulement, habitées par 2 soeurs, leurs maris et une vieille guérisseuse. La répétition du même scandé par les saisons va être bouleversée par l’arrivée de Madelaine, enfant sauvage adoptée par le hameau, qui va refuser instinctivement certaines injustices.

C’était bien écrit, mais l’histoire ne m’a pas touché plus que ça. Un twist au milieu qu’on voit venir (sur l’identité d’un perso mais ça ne change pas fondamentalement l’histoire).