Archives par mot-clé : thriller

Last Straw, d’Alan Scott Neal

Film étatsunien paru en 2024. Nancy est manageuse dans le diner de son père. Restée seule pour le service du soir, elle va devoir affronter une bande d’assaillants qui ont encerclé le restaurant.

J’ai bien aimé. C’est bien filmé, une séquence sous drogue qui retranscrit bien l’état second du personnage, des révélations plutôt réussies, des personnages ambigus. Un home invasion qui va droit au but et raconte son histoire en 1h30, je recommande si vous aimez le genre.

The Last Stop in Yuma county, de Francis Galluppi

Film étatsunien paru en 2023. Dans l’Arizona des années 70/80, un représentant en couteaux s’arrête pour prendre de l’essence dans un diner perdu au milieu de nulle part. Mais le camion-citerne est en retard, et il doit attendre en compagnie des autres clients, qui s’avèrent pour certains assez peu recommandables…

Je n’ai pas été convaincu. C’est très lent à monter sans que ça serve à caractériser les personnages. Ca veut trop faire un hommage aux classiques du genre je trouve, c’est bien maîtrisé mais ça manque un peu de choses à dire (et le personnage principal n’est pas très bien joué, ce qui sort un peu du film).

Sans que ce soit désastreux, je trouve que ça ne vaut pas le visionnage.

Blink twice, de Zoé Kravitz

Get Out x Les Chasses du comte Zaroff

Film étatsunien sorti en 2024. Dans un cocktail, deux serveuses sont invitées par un PDG milliardaire à les accompagner sur son île privée. Là bas, c’est fête non-stop dans un cadre paradisiaque, mais au bout d’un moment elles n’arrivent plus à savoir depuis combien de temps elles sont là, et sans arriver à mettre le doigt sur quoi, elles ont le sentiment que quelque chose ne va pas bien du tout.

C’était pas un désastre, surtout pour un premier film, mais il manquait quelque chose (spoilers ci-dessous).

Divulgâchage

The Invisible Man, de Leigh Whannell

Film étatsunien de 2020. Elisabeth Moss (la Servante Écarlate) incarne Cecilia Kass, prisonnière d’un mariage avec Adrian Griffin, un ingénieur en optique génial mais manipulateur et sadique. Elle réussit à s’échapper et apprend avec soulagement le suicide de son ex-mari. Mais des événements inquiétants dans sa nouvelle vie vont lui faire réaliser qu’Adrian a mis en scène sa mort et a trouvé un moyen de devenir invisible. Elle va devoir se battre contre l’action de son ex-mari alors que son entourage pense qu’elle est en train de perdre la raison.

Je l’ai regardé essentiellement pour voir une fois de plus Elisabeth Moss porter toute la misère du monde sur ses épaules. C’est bien filmé et le twist patriarcal sur l’histoire originale de Wells est intéressant, mais c’est pas le film du siècle pour autant. L’usage de l’invisibilité comme technique au service du gaslighting est prometteuse et aurait valu le coup d’être plus développée : à la fois montrer d’autres formes de gaslighting, et entretenir plus l’ambiguïté sur si Cecilia hallucinait ou non et était elle-même la personne dangereuse. Là le spectateur sait trop vite que non (bon en même temps vu le titre du film l’effet de surprise était ruiné dans tous les cas), et la fin du film part un peu trop dans un trip « le mec est un psychopathe complet qui n’hésite pas à tuer dans tous les sens » et « woo, combat avec un gun contre un homme à demi-invisible ». Alors qu’il y avait quelque chose de plus intéressant à faire avec la tension psychologique induite par le côté « tu peux jamais savoir s’il est là où non vu qu’il est invisible. »

A regarder si vous aimez beaucoup Elisabeth Moss, dispensable sinon.

We Have Always Lived in the Castle, de Shirley Jackson

Roman états-unien de 1962. L’histoire est racontée du point de vue interne de Mary Katherine « Merricat » Blackwood. Celle-ci vit dans une maison de maître isolée sur un domaine, avec son oncle et sa soeur. Merricat est la seule à jamais quitter le domaine, pour aller faire des courses au village le plus proche, où tout le monde semble détester sa famille. On découvre peu à peu les tenants et aboutissants de cette détestation et du passé de la famille, alors que des éléments extérieurs viennent perturber le quotidien des Blackwoods.

J’ai beaucoup aimé, c’est assez différent de mes lectures classiques. On comprend rapidement que Merricat est une narratrice non-fiable, avec tout un système de croyances et rituels qui organisent sa vie et sa perception du monde. Le roman met en scène la crainte de l’autre de façon originale : on n’est pas sur de la xénophobie, antisémitisme ou autre à la Lovecraft, mais on a cependant une peur et une détestation de gens qui n’appartiennent pas à notre communauté qui est mise en scène dans le roman. Dans le cas des villageois, les Blackwoods sont isolé physiquement et moralement d’eux, mais dans le cas des Blackwoods on a aussi une crainte de tout ce qui est extérieur à leur communauté de trois personnes. Si au début j’ai cru que le texte allait vers une révélation de la nature surnaturelle des Blackwoods (vampires, monstres quelconques ?) ce n’est finalement pas ce type d’étrangeté qu’ils possèdent, mais ils sont bien marqués par une étrangeté radicale, avec une vision de la morale qui semble totalement détachée de celle du reste du monde, et hautement questionnable (les villageois semblent être des personnes détestables indépendamment, mais les immoralités ne s’annulent pas mutuellement). J’ai beaucoup aimé comment montre le début de la mise en place d’une légende locale, avec les offrandes rituelles des villageois, la comptine inquiétante et la maison hantée (on retombe sur les schémas de l’horreur classique plutôt que de l’horreur lovecraftienne).

Last Night in Soho, d’Edward Wright

Film anglais de 2021. Ellie, jeune étudiante en design fraichement débarquée à Londres depuis sa campagne anglaise, loue une chambre dans une pension et commence à avoir des visions de l’occupante de la chambre dans les années 60, Sadie. D’abord émerveillée par le côté glamour de la période, elle réalise rapidement que le monde du spectacle de l’époque est entremêlé avec celui du crime et de la prostitution et que la misogynie y est omniprésente.

Plein de très bons éléments, un excellent début notamment : toutes les séquences de vision/rêve d’Ellie sont très réussies, le côté onirique est très bien rendu par l’alternance spectatrice/participante au rêve et par le côté non linéaire. Le jeu sur les reflets dans les miroirs était très bien trouvé aussi, dommage qu’il disparaisse au bout d’un moment.
Par contraste avec le début très réussi, j’ai trouvé que la seconde partie avait beaucoup plus de longueurs et un peu trop de changements de genre/retournements de situation, ce qui perd un peu le spectateur. Visuellement ça reste très réussi tout du long, mais je pense que l’histoire aurait pu être simplifiée un peu et le film gagner une vingtaine de minutes.

Promising Young Woman, d’Emerald Fennell

Film US sorti en 202[0/1]. Cassie est une femme qui passe ses soirées à faire semblant d’être alcoolisée dans les clubs de sa ville, pour tester le comportement des hommes qui vont voir en elle une cible facile, et leur défoncer la gueule le cas échéant. Elle tombe un jour dans le cadre de son travail de jour sur un ancien camarade de promotion datant de l’époque de ses études de médecine. Elle apprend à cette occasion le retour aux États-Unis de l’homme de sa promotion qui avait violé sa meilleure amie. Elle décide alors de mettre un branle un plan de vengeance en plusieurs parties.

C’est un film de rape and revenge avec des twists et une approche plus féministe, mais ça reste un film de rape and revenge et je trouve ça pas incroyable comme genre de base. Ici, j’ai été déçu par l’approche psychologisante du sujet du film. Alors que ça démarrait bien, avec une femme qui prend un rôle de vigilante, finalement elle fait ça non pas pour des raisons structurelles mais pour venger son amie (alors oui on peut faire les deux à la fois, mais là dans les faits elle décide de se focaliser entièrement sur la vengeance au bout d’un moment). De plus, le film la montre n’ayant aucune vie sociale ou personnelle en dehors de sa vengeance. Ce n’est que quand elle tente d’abandonner sa quête qu’elle s’autorise une relation sentimentale (et qui du coup est montrée comme une relation totalement clichée – même si la relation est déconstruite plus loin dans le film, je pense que ça aurait été plus intéressant vu le sujet de montrer une relation où les enjeux de consentement sont plus présents tout du long).
L’esthétique du film est aussi très consensuelle, avec des couleurs pastels, de la violence esthétisée, j’aurai bien voulu vu le sujet quelque chose de plus tranchants sur ce point (là aussi, je vois qu’on est dans la subversion des tropes de la comédie romantique, mais ça ne me convainc pas énormément).

Après, c’était bien de faire un film sur ce sujet qui évite la nudité féminine et qui pointe à plusieurs reprises le côté structurel des problèmes (les institutions qui ignorent les soucis et préfèrent préserver la carrière des hommes que les femmes, les hommes qui se soutiennent et se protègent entre eux…) La bande son était assez réussie aussi, même si elle joue bien à fond la carte des reprises en mode mineur. Mais bon je reste quand même globalement pas très convaincu par le film.
OC a davantage aimé, peut-être une contre-revue de sa part ?

Heathers, de Michael Lehmann

Film de 1988. L’action se déroule dans un lycée des Etats Unis. Une hiérarchie sociale stricte est en place, avec au sommet trois filles nommées Heather + l’héroïne du film, Veronica. Cette dernière est tiraillée entre son envie de profiter de sa place quasi au sommet et son désir d’un ordre social plus juste. Elle rencontre un mystérieux nouvel élève qui va se révéler être un psychopathe. Ensemble ils vont exécuter une série de meurtres déguisés en suicide pour tenter de reverser la hiérarchie du lycée mais ne vont faire que la renforcer.

C’était très bien dans le dark. La symbolique sur les couleurs était visuellement réussie (chaque personnage principal est associé à une couleur, les trois Heathers à une couleur vive, dont le rouge pour la leader, Veronica un bleu qui s’assombrit progressivement, JD le noir – les couleurs du lycée sont rouge et noir, les deux pôles populaire et outsider donc, et ça donne aussi aux fanions du lycée un aspect de drapeaux totalitaires).

La mort des personnages éliminés leur donne une profondeur supplémentaires aux yeux de ceux qui leur survivent, au lieu de briser leur emprise sur le groupe elle ne fait que la renforcer. Veronica ne réussi a briser le cycle que quand elle décide d’assumer le rôle de leader et de se montrer bienveillante, plutôt que de tuer dans l’ombre et espérer que les choses s’améliorent d’elles mêmes ensuite.

Toute la réflexion sur les suicides adolescents, les adultes clueless et les effets de popularité et de mode sont assez réussi.

The Third Day, de Dennis Kelly et Felix Barrett

Thriller psychologique diffusé par HBO, en 6+1 épisodes. 6 +1 parce que l’épisode central durait 12h et était diffusé en direct, une performance intéressante.

Les trois premiers épisodes se déroulent en été : Jude Law incarne un père de famille qui se retrouve sur Osea, une île au large des côtes anglaises avec des croyances païennes toujours d’actualité. Venu pour ramener une enfant insulaire perdu sur le continent, il se retrouve rapidement impliqué dans les secrets que recèle l’île.

La seconde partie se déroule 9 mois plus tard en hiver, quand Cass, l’épouse de Jude Law jouée par Naomie Harris vient sur l’île avec leurs deux filles. J’ai bien aimé la première partie, beaucoup moins la seconde : on s’attend à ce qu’elle résolve les questions mises en place durant la première, mais ce n’est pas le cas. Tout les éléments un peu mystiques sont ignorés – ce qui peut être intéressant si on considère qu’on avait le pt de vue de Sam, plus prompt à y croire et à se laisser influencer dans la première partie – mais sans être remplacé par des explications rationnelles : à la place on nous balance une nouvelle histoire – et qui perd en force du fait de se diviser entre les 3 points de vue de Cass, Lu et Ellie (ses deux filles) alors qu’on avait une focalisation sur un point de vue unique dans la première partie.

Bref, bon concept mais réalisation ratée.

Le Patient de Timothé Le Boucher

J’ai moins aimé que sa BD précédente (Ces Jours qui Disparaissent, que je pensais avoir chroniqué ici mais visiblement non). Le seul rescapé du massacre d’une famille sort de 5 ans de coma. Une psychologue le suit, veut comprendre ce qui s’est passé la nuit du meurtre et si sa sœur, la coupable toute désignée, était bien responsable. Le garçon parle d’une présence qui cherche à l’étrangler les nuits dans sa chambre d’hôpital. Mais le rescapé semble aussi moins innocent qu’il ne le laisse paraître au début.

C’est joliment dessiné mais le propos est un peu confus : je trouve ça étrange de faire un thriller avec des mystères et de finalement ne rien résoudre. Il y a plein de lignes narratives qui montre différentes facettes du héros mais ça ne converge pas. Bref, un peu déçu, je recommande par contre Ces Jours qui Disparaissent).