Archives par mot-clé : néolibéralisme

Physical, d’Annie Weisman

Série étatsunienne de 3 saisons, diffusée entre 2021 et 2023. Dans la Californie du Sud des années 80, Sheila Rubin, femme au foyer, va découvrir l’aérobic, ce qui va changer toute sa vie : elle va devenir financièrement indépendante, gérer sa santé mentale, faire exploser son couple.

C’était assez cool, surtout la première saison (qui est vraiment très bien, petite baisse de régime après, mais ça vaut le coup d’être regardé dans son entièreté même si la saison 3 rushe la fin). La série retranscrit bien le côté individualiste des années 80 : si on est derrière Sheila pour le côté émancipation de son arc narratif, pour autant plus ça va et plus elle devient (redevient ?) de droite. Le personnage de John Breem est très réussi aussi. Globalement tous les personnages de la série sont assez détestables, à des degrés divers, sauf peut-être Bunny et Tyler, qui sont les deux seuls persos de la série qui ne font pas partie de la bourgeoisie locale.

La série réussit bien la représentation des problèmes mentaux de Sheila, à la fois sa boulimie et sa self-hate, présente d’abord comme une voix intérieure puis comme des hallucinations de différentes personnes de son entourage. La façon dont l’aérobic lui permet d’en sortir (un peu) est bien mis en scène : c’est remplacer une obsession par une autre (et potentiellement mettre sa santé en danger avec, quand elle a un problème physique qu’elle ne traite pas pour ne pas apparaitre faible), et c’est une route compliquée, ou elle va avoir des rechutes, une progression épisodique : même si elle a une épiphanie sur l’aérobic, ça ne suffit pas pour que tout aille mieux dans sa vie d’un seul coup.

Je recommande, surtout la première saison qui arrive bien à mêler les enjeux environnementaux aux autres thématiques de la série.

L’État démantelé, dirigé par Willy Pelletier et Laurent Bonelli

Une compilation d’articles sur le sujet de la succession des réformes néolibérales que l’État (français) s’applique à lui-même. On dirait un peu un Manière de voir avec moins d’illustrations. C’était intéressant, tous les articles ne se valent pas, mais c’est cool d’avoir un regard global sur le processus. Le livre a déjà 10 ans, il pourrait être réédité pour prendre en compte les évolutions survenues depuis, mais en l’état il présente comment les filières de recrutement et les valeurs de la haute administration ont évolué depuis le début de la Ve République, faisant disparaître « le sens de l’État », et brouillant les frontières entre dirigeant·e·s d’entreprises et haut·e·s-fonctionnaires, qui auparavant se concevaient comme distincts et surtout avec des intérêts distincts. Le livre se penche aussi sur l’évolution spécifique dans certains secteurs (Poste, Télécom, ESR, EN, hôpitaux, armée, police), et comment les réformes et le New Public Management cascade dans les administrations, les marges de manœuvre ou l’appropriation des principes par les agent·e·s.