Archives par mot-clé : film français

Tous au Larzac, de Christian Rouaud

Documentaire sur la lutte dans les années 70 contre l’extension du camp militaire sur le plateau du Larzac. La lutte commence par les paysan.ne.s locales et locaux qui ne veulent pas se faire exproprier alors que le plateau est redevenu dynamique depuis quelques années, avec de nouvelles installations. Puis des mouvements dans toute la France rejoignent les paysan.ne.s du plateau pour les soutenir, que ce soit les organisations agricoles (qui gardent une certaine distance) ou des comités locaux de soutien au Larzac dans toutes les villes).

Le documentaire fait parler les actrices et acteurs de l’époque, montre des images d’archives et évite la voix-off. Il montre les différentes formes qu’a pris la lutte : marches, convois de tracteurs, rassemblement sur le plateau, sur Paris, manifestations dans différentes villes. La résonance donnée à la lutte fera que Mitterand mettra l’abandon du projet d’extension dans son programme, actée à son élection en 81.

Le réseau de solidarité et de conscientisation des participant.e.s à la lutte ne s’est pour autant pas délité avec la victoire contre le projet d’extension, et les paysan.ne.s échangent toujours beaucoup, une partie des terres rachetées pour empêcher la cooptation par le camp est toujours gérée en commun et le réseau est actif et militant, notamment dans les questions d’orientation agricoles (contre les OGM, l’agriculture mondialisée, par exemple)

La Nuit Américaine, de François Truffaut

Un film qui parle de cinéma, et plus précisément qui parle du tournage d’un film fictif, Je vous présente Paméla. Truffaut joue le rôle du réalisateur dans le film, et plus généralement il y a plein d’échos entre le vrai tournage, le tournage dans le film et le film dans le film. La vie amoureuse des personnages notamment fait écho au film dans le film.

Très sympa à voir, excellente bande-son, bon rythme. Très bons personnages, notamment féminins. Très bon personnage de mec idiot dans la personne d’Alphonse aussi, qui demande à tout le monde « est-ce que les femmes sont magiques ? » parce que personne lui donne la réponse qu’il veut.

La Fille du 14 juillet, d’Antonin Peretjatko

Un joyeux bazar. Durant leurs vacances d’été brutalement réduites à quelques jours (le gouvernement ayant décidé d’avancer la rentrée d’un mois pour lutter contre La Crise), Hector et Truquette tentent de se séduire mutuellement. Il se passe sans cesse plein de trucs et tous les personnages sont complètement lunaires, un classique chez Peretjatko. Mention spéciale au personnage du docteur Placenta, absolument génial. Petit bémol, les persos féminins sont assez passifs dans le film.

Le Domaine des Dieux, par Alexandre Astier

Adaptation en film d’animation du tome d’Astérix éponyme.

J’ai beaucoup aimé, l’animation était très réussie (notamment les scènes où la caméra se balade dans la forêt, ce qui aurait je pense très difficile à retranscrire dans un film pas d’animation), le rythme est bon, la répartition des actions entre les personnages (entre Astérix et Obélix mais aussi entre les persos secondaires) est mieux réussie que dans les albums, les retournements de situation sont bien faits (notamment la neutralisation d’Obélix, ce qui est souvent ce qui pêche dans les albums), et les gags originaux sont bien trouvés.

Vincent n’a pas d’écailles, de Thomas Salvador

Je recommande le film, si vous voulez le regarder juste sur cette recommandation sans rien en savoir ne lisez pas la suite.
[SPOILERS] Film français d’une heure vingt. Vincent, jeune homme pas super bien inséré dans la société, débarque dans une nouvelle région. Il travaille dans une entreprise de construction et devient ami avec u de ses collègues et est attiré par Lucie. Accessoirement, il se trouve qu’il a un super-pouvoir : sa force physique est décuplée quand il est en contact avec de l’eau. C’est un bon film de super-héros français : il ne se passe pas grand chose, les personnages se contentent de traîner les uns avec les autres et de discuter et d’être posé dans leur vie. La directions des acteurs laisse parfois un peu à désirer (film français, j’ai dit), mais l’histoire est cool (même si je trouve que le héros est vriament pas dégourdi dans son utilisation de son pouvoir, notamment lors de la scène de course-poursuite).

Un regret : il y avait une occasion en or de faire une scène post-générique dans le style des films Marvel/des blockbusters US en général (dans l’idéal, Samuel L. Jackson dans son personnage de Nick Fury ou un équivalent québécois qui vient recruter Vincent)

La Sociale, de Gilles Perret

Film sur la mise en place de la Sécurité Sociale par Ambroise Croizat et Jacques Laroque au sortir de la seconde guerre mondiale, et sur les attaques et remises en cause qu’elle a subi. Images d’archives, entretien avec des témoins de l’époque, des historiens et économistes actuels et des opposants à la Sécu, mais aucune entrée dans les mécanismes du fonctionnement lui-même. Personnellement j’ai bien aimé, mais on peut rester sur sa faim.

The Writers, de Marc-Aurèle Vecchione

Documentaire sur le graffiti parisien de 83 à 2003.

Assez intéressant, retrace l’évolution des différents styles, les différentes générations, les challenges esthétiques et techniques (graffer beau ou graffer dans un endroit difficile/illégal d’accès), les évolutions de la répression (ce qui explique notamment pourquoi le métro n’est plus couvert de tags comme dans les années 80/90).

Le montage pourrait être plus nerveux par moment et les effets spéciaux moches sur le plan de métro disparaître, mais beaucoup d’artistes interviewés (zéro femme cependant, ok la sociologie du graff ça doit pas être du tout 50/50 mais quand même…), beaucoup de graffs montrés, avec éventuellement les dessins préliminaires dans les books et de bonnes images d’archives. Ça vaut le coup de le voir (et au passage je m’interroge sur à quel point le « ne rien prendre/ne rien laisser » des explorateurs urbains est socialement connoté quand on voit comment il s’oppose à l’occupation de l’espace des graffeurs. À quel point on fait ça quand on se sent déjà légitime dans un espace sans avoir à y apposer sa marque en plus ?)

Comment c’est loin, d’Orelsan

Deux aspirants rappeurs qui n’ont rien sorti depuis un freestyle il y a cinq ans se voient poser un ultimatum par leurs producteurs : soit ils ont une chanson d’ici le lendemain, soit c’en est fini de leur collaboration (et de l’appartement gratuit). C’est un film sur l’ennui, sur la panne d’inspiration, sur le confort des rêves qu’on ne tente pas de réaliser, sur le quotidien dans lequel on s’enferme parce que faire des efforts c’est fatiguant. C’est bien vu et bien réalisé. Je suis un peu dubitatif à propos de la fin (parce que ça finit bien, et bon, c’était cool sur le moment mais c’est pas très réaliste).

Le clip de Des Histoires à raconter pour se faire une idée :

Vincennes, l’université perdue, de Virginie Linhart

Un documentaire composé d’images d’archives et d’entretiens, sur l’Université de Vincennes, construite en trois mois après Mai 68 et détruite en trois jours après son évacuation. Une université ouverte à tou⋅te⋅s, avec une implication réelle des élèves dans les programmes, et une très forte politisation. Ça faisait assez rêver, malgré les problèmes de gestion et de drogue (après, le documentaire est très clairement en faveur de l’université).