Archives par mot-clé : comédie musicale

Wicked, part 1, de Jon M. Chu

Film étatsunien de 2024, adaptation de la comédie musicale éponyme, elle même adaptation du livre de Gregory Maguire. Je suis un grand fan de la comédie musicale, donc j’étais à la fois impatient et dans l’appréhension de ce qu’allait donner l’adaptation en film, mais franchement ça va. Je ne suis pas convaincu totalement par toutes les reprises des chansons, mais ça reste très fidèle aux versions de la comédie (avec parfois un peu plus de parlé-chanté), et des thèmes musicaux qui reprennent les motifs principaux entre les phases de chansons.

Visuellement, c’est saturé d’effets spéciaux la plupart du temps, mais c’est un kitsch qui fonctionne bien avec l’esthétique de la comédie musicale. Cynthia Erivo et Ariana Grande sont toutes les deux très bien castées et habitent bien les deux rôles principaux (et le reste du cast fonctionne bien aussi, Jeff Goldblum en tant que Wizard c’était le choix de la facilité mais c’est exactement ce qu’on voulait, Fiyero et Mme Morrible sont très bien aussi). Il est un petit peu trop mis l’accent sur le fait que Glinda est écervelée dans cette partie 1 (je pense que c’est la partie 2 qui donne plus d’épaisseur au perso anyway), mais c’est vraiment un reproche mineur. Le fait que les effets spéciaux s’arrêtent pendant la scène où le Wizard montre ses plans pour Oz aux deux héroïnes est bien trouvé (vu qu’il ne maitrise pas la magie on le voit juste montrer des maquettes et faire des ombres chinoises), et l’apparition d’Idina menzel et Kristin Chenoweth a été une vraie surprise et un très beau clin d’œil.

Recommandé avec tout mon petit cœur de fan.

Inside, de Bo Burnham

Film sorti en 2021. Il s’agit d’un seul en scène, tourné pendant la pandémie de covid. Pour le background, Bo Burnham était une star d’internet qui a commencé à faire des spectacles sur scène, puis des crises de panique pendant ces spectacles. Du coup il a quitté la scène, suivi une thérapie, puis il s’est dit en janvier 2020 que c’était le moment de revenir sur scène, ce qui était Pas Le Meilleur Timing™. (Ce contexte n’est pas du tout nécessaire à avoir avant de lancer le film – perso je ne l’avais pas, il rajoute une couche au tout, mais c’est de toute façon évoqué pendant le spectacle). Du coup, il décide de tourner ce « comedy special » entièrement dans la (grande) chambre d’amis de sa maison. Il a masse matos et masse technique de son passé en tant que youTubeur, et il les exploite très bien.

Le spectacle est fait de pas mal de non-sequitur et de petites séquences séparées, Bo Burnham parle de son rapport à la mise en scène de soi, à la pertinence de faire des blagues quand le monde s’effondre, aux trucs merdiques qu’il a pu faire plus jeune (des blagues racistes, au hasard), de sa santé mentale… C’est pas mal méta, techniquement impressionnant, assez inclassable, et plus ou moins la seule œuvre (à l’exception de la saison 2 de Work in progress) qui donne un sentiment réaliste de ce que ça a été de vivre le confinement et ses conséquences.

Je recommande.

The Guy who didn’t like musicals, de Jeff Blim

Invasion of the bodysingers

Captation d’une comédie musicale de 2018. Dans la petite ville d’Hatchetfield, Paul, un employé ordinaire qui a un crush sur la barista du café proche de son travail, déteste les comédies musicales. Mais la chute d’un météore dans la ville va être le point de départ d’une invasion d’aliens qui prennent l’apparence des humains et communiquent exclusivement en chantant. Dans cette apocalypse taillée juste pour lui, Paul va devoir trouver un sens à sa vie et un chemin pour s’échapper de la ville.

J’ai bien aimé. Le côté théâtre amateur fonctionne très bien avec l’histoire un peu parodique, les références à d’autres comédies musicales aussi, et le côté méta évidemment.

Schmigadoon!, de Cinco Paul et Ken Daurio

Série télévisée musicale de 2021. Un couple de médecins new-yorkais de notre époque et dont la relation se déteriore se retrouve lors de vacances romantiques coincés dans la ville magique de Schmigadoon, une ville fonctionnant selon les standards des comédies musicales de l’âge d’Or. Là, leurs interactions avec les différents habitants va leur faire prendre conscience que l’amour (comme la Révolution – mais ça c’est moi qui rajoute, pas la série) n’est pas un acquis mais toujours un process.

C’était sympa (mais je suis pas très difficile en terme de série/comédie musicale), mais anecdotique. Le décalage entre les deux protagonistes modernes (dont un des deux n’aime pas les comédies musicales et refuse de chanter) et le reste du cast coincé 75 ans plus tôt et beaucoup trop réjoui fonctionne très bien. Mention spéciale à Kristin Chenoweth qui trippe à fond dans le rôle de la méchante, leader des Mothers Against the Future.

The Prom, de Ryan Murphy

Streep saves a saccharin-soaked script and steals the scenes, ou une ethnologie des rites de passage nords-américains.

Dee Dee (Meryl Streep ♥) et Barry, deux vedettes de comédies musicales, voient leurs espoirs d’un Tony Award s’évanouir quand leur nouvelle comédie fait un flop le soir de sa première. À la recherche d’un peu de mise en valeur facile, ils décident d’aider Emma, une jeune lesbienne de l’Indiana à pouvoir aller à son bal de fin d’année, que l’association de parents d’élèves veut garder hétéro. Bien intentionnés malgré leurs arrières pensées, ils vont débarquer dans la vie d’Emma et bouleverser la vie de la petite ville de l’Indiana non sans elleux-mêmes apprendre quelques leçons sur les valeurs de l’amour.

Ça commençait bien, mais c’est quand même très mièvre. C’est vraiment la tolérance et l’inclusivité à la sauce major hollywoodienne et néolibéralisme. Tout le monde est beau, les couleurs sont vives, les problèmes économiques n’existent pas, l’inclusivité est juste one tap dance number away. Mais bon y’a Meryl Streep qui porte le film, et les personnages d’Emma et Barry sont plutôt réussis aussi (excepté le fil narratif de la famille de Barry). Les autres personnages secondaires sont assez anecdotiques.

Idoine pour les soirs de petite forme émotionnelle.

The Greatest Showman, de Michael Gracey

L’histoire largement romancée de Phinéas Barnum, le créateur du cirque éponyme. Le personnage principal (et son émule), même si le film essaye de les rendre sympathiques, sont visiblement deux beaux connards, bien déterminés à gagner leur place en haut de la société classiste. Y’a un petit écho à Hamilton dans le côté dont Barnum n’est jamais satisfait de ce qu’il a et finit par ruiner son mariage et son cirque dans sa poursuite de la reconnaissance plus large de la société (les parents de sa femme, la bourgeoisie anglaise et américaine)…
Les chorégraphies sont très belles par contre, le film est beau visuellement, et réussit très bien le contraste chorégraphies et musiques modernes avec les costumes et l’époque de l’histoire.